Etats d’âme

Je m’étais dit que la fin du confinement marquerait la fin de la série « poème »… Mais j’ai envie de continuer… et les commentaires des un-e-s et des autres m’y poussent aussi, je dois le dire…

En me promenant sur le net pour chercher qui est ce José Ramon Ripoll dont « Karlhiver » nous a transmis un très beau poème, je suis tombée par hasard ou par algorithme sur un autre poète, qui écrit aussi en langue espagnole, car il est Cubain : José Marti. Je ne suis pas à même de le traduire, mais je pense que, comme moi, vous pourrez en sentir la saveur dans le texte original.

Yo soy un hombre sincero
De donde crece la palma.
Y antes de morirme quiero
Echar mis versos del alma.

Yo vengo de todas partes,
Y hacia todas partes voy:
Arte soy entre las artes,
En los montes, monte soy.

Yo sé los nombres extraños
De las yerbas y las flores,
Y de mortales engaños,
Y de sublimes dolores.

Yo he visto en la noche oscura
Llover sobre mi cabeza
Los rayos de lumbre pura
De la divina belleza.

Alas nacer vi en los hombros
De las mujeres hermosas:
Y salir de los escombros,
Volando las mariposas.

He visto vivir a un hombre
Con el puñal al costado,
Sin decir jamás el nombre
De aquélla que lo ha matado.

Rápida como un reflejo,
Dos veces vi el alma, dos:
Cuando murió el pobre viejo,
Cuando ella me dijo adiós.

Temblé una vez -en la reja,
A la entrada de la viña,-
Cuando la bárbara abeja
Picó en la frente a mi niña.

Gocé una vez, de tal suerte
Que gocé cual nunca: cuando
La sentencia de mi muerte
Leyó el alcalde llorando.

Oigo un suspiro, a través
De las tierras y la mar,
Y no es un suspiro. -es
Que mi hijo va a despertar.

Si dicen que del joyero
Tome la joya mejor,
Tomo a un amigo sincero
Y pongo a un lado el amor.

Yo he Visto al águila herida
Volar al azul sereno,
Y morir en su guarida
La víbora del veneno.

Yo sé bien que cuando el mundo
Cede, lívido, al descanso,
Sobre el silencio profundo
Murmura el arroyo manso.

Yo he puesto la mano osada
De horror y júbilo yerta,
Sobre la estrella apagada
Que cayó frente a mi puerta.

Oculto en mi pecho bravo
La pena que me lo hiere:
El hijo de un pueblo esclavo
Vive por él, calla y muere.

Todo es hermoso y constante,
Todo es música y razón,
Y todo, como el diamante,
Antes que luz es carbón.

Yo sé que el necio se entierra
Con gran lujo y con gran llanto, –
Y que no hay fruta en la tierra
Como la del camposanto.

Callo, y entiendo, y me quito
La pompa del rimador:
Cuelgo de un árbol marchito
Mi muceta de doctor.

Au pays où sont les tombes des héros, Antanas Zmuidzinavicius (1911)

Juste pour ajouter un mot sur José Marti, si vous ne le connaissez pas : il a été tué à 42 ans lors de la guerre d’indépendance de 1895, au cours de la première bataille contre les Espagnols, lui qui avait été le fondateur du Parti Révolutionnaire.

José Marti

PS : en recherchant les illustrations de cet article, je viens de découvrir un blog très intéressant, qui présente notamment des tableaux de pays dont l’art m’est moins familier que d’autres. Voici la page dont est extraite celui qui nous vient de Lituanie. Et voici l’adresse du blog qui m’a mise sur la piste de José Marti.

2 commentaires sur “Etats d’âme

  1. Ma passion pour la peinture des pays de l’ex-union soviétique,des pays baltes, des pays nordiques … m’ont naturellement amené à m’intéresser aux poètes de ces pays au patrimoine culturel très ancien. J’ai choisi 3 poètes au hasard . un extrait de « La confession d’un voyou » de Serguei Essénine (1895-1925) : »J’aime immensément ma Russie -Bien qu’en elle la rouille de la tristesse se penche en saule – Elles me sont douceur,la gueule sale des cochons – Et dans la paix des nuits la voix sonore des crapauds – Je suis tendrement malade de souvenirs d’enfance – La torpeur,la moiteur des soirs d’avril hantent mes songes… » Bien sur un poème de Marina Tsvétaïeva (1892-1941) : « Légère est ma démarche – Ma conscience est légère -Légère est ma démarche -Ma chanson est sonore – Dieu m’a mise seule -Au milieu du monde – Tu n’es point femme mais oiseau – Alors – Vole et chante. ». Mon 3° poème est court aussi (Hanne Bramness 1959- Norvège) : « Le Blues du coquillage  » – Un dé à coudre rempli d’eau peut fort bien apaiser la soif – nul besoin d’être très grand, ni d’être très intelligent – Pour faire de très peu assez, très largement. » … Je n’ai pas d’autre choix que de nourrir la page Un jour Un tableau avec des tableaux de peintres de Lettonie, de Lituanie… dans une totale improvisation et précipitation !

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