Une histoire de destructions successives…
J’étais déjà allée à Gien, où le camping en bord de Loire m’avait séduite, mais jamais je n’avais eu le temps d’aller visiter la faïencerie… J’ai donc trouvé excellente l’idée des organisatrices de la sortie oenologique précédemment narrée : compléter la visite du Domaine Couet par une autre découverte, à savoir la faïencerie de Gien. Le temps splendide me poussa à compléter celle-ci par une petite balade solitaire en bord de Loire, celle-ci étant toute proche, comme vous pouvez le voir sur le plan ci-dessous.

Vous avez peut-être remarqué qu’une grande surface jouxte le musée… Il faut se reporter à l’époque où une autre marque, évoquant les mastodontes de la Préhistoire, achetait des terrains pour construire les premiers hypermarchés… Elle a ainsi détruit une grande partie de ce qui fut un des joyaux de l’industrie génoise…

Le triangle rouge que j’ai tracé maladroitement sur la photo correspond à toute la partie qui a disparu, pour laisser place à un affreux parking et à un non moins affreux magasin… Car la faïencerie a subi bien des déboires, comme il est expliqué sur son site officiel, qui qualifie de « parenthèse » la période 1918-1984. Une bien longue « parenthèse » pour une entreprise née en 1821. Et qui elle-même avait causé la destruction d’une maladrerie (source)

Et celle d’un couvent, celui des Minimes, fondé par Anne de Beaujeu. Avez-vous besoin d’un petit rappel historique? Anne de France, née en 1461, était la fille aînée de Louis XI, devenue de Beaujeu par son mariage avec Pierre. Mariage célèbre, car précoce : elle n’avait que 12 ans alors que son époux en avait déjà 35 (mais il faut dire que son précédent fiancé, Nicolas de Lorraine, était mort en juillet de la même année ! Précoce aussi, son accession à de hautes fonctions : elle n’avait que 22 ans quand son père est décédé. Comme son frère était encore plus jeune, elle devint « régente du royaume » pendant 8 ans. Elle était née dans les Pays-Bas bourguignons, mais c’est au centre de notre France actuelle qu’elle passa la majeure partie de sa vie. Lisez le récit de celle-ci, vous n’en reviendrez pas… Une série de négociations, d’expansion de territoires, de stratégies en tout genre. Et c’est une autre Anne qui va l’écarter du pouvoir : elle avait marié son frère à Anne de Bretagne pour agrandir le royaume, mais celle-ci lui en voulut d’avoir mis fin à l’indépendance de la Breizh!
La voici représentée sur un triptyque peint par « le Maître de Moulins », Jean Hey, en 1502 (à genoux, à droite). (Source)

Excusez-moi pour ce détour, mais il permet de comprendre l’histoire du couvent détruit par celui qui n’écrasait pas que les prix!

Anne avait eu un fils en 1476, alors qu’elle n’avait que 15 ans. Mais elle dut attendre la même durée pour accoucher enfin d’une fille, en 1491. Ce serait pour remercier le ciel qu’elle aurait fait construire le couvent concerné. Pourquoi les Minimes? Ce serait grâce à l’intercession de François de Paule que Dieu lui aurait accordé la joie d’enfanter à nouveau, à 30 ans… Un thaumaturge qui n’avait pas réussi à sauver son père.
« Depuis 1478, Louis XI est malade et semble avoir été victime d’un accident vasculaire cérébral, son corps le fait souffrir et il survit dans la terreur de sa fin prochaine. C’est alors qu’il entend parler des miracles accomplis par l’ermite de Calabre, François de Paule, créateur de l’ordre mendiant et pénitent des Minimes.…
François de Paule pria le roi d’accepter sa mort prochaine contre laquelle il ne pouvait rien, mais peut-être obtiendrait-il son salut. Les deux hommes furent inséparables alors que Louis XI passera ses « avant-derniers moments » à Gien, comme en témoigne sa nombreuse correspondance. Il décéda auprès du saint homme au château de Plessis-lèz-Tours le 30 août 1483, remettant son âme à Notre Dame d’Embrun.…
Si Anne de Beaujeu, aussi duchesse de Bourbon habitait le plus souvent au château de Moulins, elle résidait également à Gien et y invitait François de Paule. » (récit et plan tirés de ce site consacré aux Minimes).
La construction dura 4 ans, et le couvent des Minimes fut inauguré en 1498.

Il ne reste de ce couvent que la chapelle… Je ne l’ai pas vue, car elle est cachée derrière le grand magasin actuel.

Est-ce qu’il avait fallu détruire autre chose pour construire les divers bâtiments du couvent? L’histoire ne le dit pas…
Voici donc, habilement cadrée pour que vous ne subissiez pas la vue du magasin et du parking, la vue extérieure du musée que je vous présenterai dans un prochain article.

Quel plaisir d’en apprendre sur cette petite ville voisine dont j’aime les charmes du bord de Loire, merci
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Je suis ravie que mes recherches vous intéressent… Bonnes lectures!
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