Une école d’art à Monaco : le Pavillon Bosio

Deux jeunes amies sont actuellement étudiantes en art, et elles fréquentent une école de Monaco. Hier, elles m’y ont invitée; et j’ai découvert une pépinière dans un cadre idyllique.
Je n’aime pas Monaco, comme vous le savez si vous suivez ce blog depuis des années. Cette verrue sur la côte, hyper urbanisée, où les immeubles veulent dépasser la crête environnante… Mais il est un espace qui serait préservé s’il n’était pas envahi par des hordes de touristes : le Rocher.

Or c’est sur le Rocher que se situe l’école en question, le Pavillon Bosio. Direction donc le Parking des Pêcheurs, avec sa montée en colimaçon qui fut naguère le témoin d’une de mes folies (faire crisser les pneus grâce à la vitesse en montant et descendant, n’importe quoi, mais qu’est-ce qu’on a ri!)

Ascenseurs, escalators, ascenseurs… Il est à peine 10 heures, mais des troupeaux de retraité-e-s s’amassent déjà devant les portes… Heureusement, ils et elles restent grégaires, et n’ont pas vu qu’un ascenseur est libre, sur leur droite. Elsa, que je conduis à son cours, ne sera pas trop en retard. Car il n’est pas prévu, dans la ville hyper-fréquentée par les touristes, de laisser des voies réservées aux habitant-e-s ni à celles et ceux qui travaillent ou étudient. Or c’est une vraie galère quand les flots de touristes envahissent tout!

Nous arrivons enfin « au sommet », et nous dirigeons vers un bâtiment dont le nom m’interpelle. « Ministère d’Etat ». Pour moi, un « ministère » est toujours « d’état », pensai-je d’abord. Puis me vint l’expression « ministère du culte ». Une question à creuser? Alors, bien sûr, c’est ce que je fais ce matin en écrivant cet article. Vite, le site officiel!

« Le Ministre d’État représente le Prince. Il est la première autorité après le Prince. Il est nommé par Lui. En tant que président du Conseil de Gouvernement, il est chargé de l’administration du Pays et dispose, à cet effet, des services exécutifs de l’État.
 
Le Ministre d’État, en vue d’assurer sa mission, est assisté de cinq Membres du Gouvernement qui sont placés à la tête de Départements spécialisés de l’Administration. Les Conseillers de Gouvernement – Ministres sont responsables de leur mission devant le Prince. »

En quelque sorte, c’est notre Matignon, si je comprends bien. Mais mieux situé, avec vue sur la mer… et dont la porte s’ouvre sur une Nymphe…

Si vous parvenez à lire la plaque, vous verrez que la statue est d’un certain… François-Joseph Bosio! Pourquoi lui? Parce qu’il est né à Monaco, justement, en 1768. Alors, pourquoi l’Encyclopédia Universalis le proclame-t-elle « français »?

« Sculpteur français. Né à Monaco, François-Joseph Bosio, certainement le sculpteur le plus en vue de l’Empire et de la Restauration, se forma seul, en marge des écoles ; il passa quelque temps à Paris dans l’atelier de Pajou, puis de nombreuses années en Italie où l’on pense qu’il rencontra Canova. Sa production italienne, qui fut abondante et consista surtout en œuvres religieuses, n’est pas bien connue. Se fixant en France en 1807, mais restant en rapport avec les sculpteurs italiens les plus remarqués de l’époque, Bartolini entre autres, Bosio connut déjà un très grand succès sous l’Empire. Pendant la Restauration, il devint Premier sculpteur du roi et fut fait baron. Académicien et professeur à l’École des beaux-arts en 1816, portraitiste recherché, il reçut de nombreuses commandes officielles et exposa régulièrement aux Salons. »

Je ne vais pas vous raconter l’histoire si complexe de Monaco ni celle de ses rapports avec la France. En gros, on considère que la principauté existerait depuis 1314 (fondation de la dynastie des Grimaldi) – même si d’autres y ajoutent un siècle-, et c’est six siècles plus tard qu’est reconnue, en 1918, son « égalité » avec la France (traité du 17 juillet 1918). Bosio était donc bien « monégasque » de naissance. Mais il a oeuvré bien ailleurs. D’abord en Itale, puis en France, où il a d’ailleurs été anobli par le Roi, comme « baron ». Et, si vous avez fréquenté les lieux célèbres de Paris, donc le Louvre, vous ne pouvez pas ne pas avoir vu une de ses oeuvres, sans même entrer dans le musée. Il suffit de lever la tête, en tournant le dos à la pyramide et en regardant les Tuileries : c’est lui qui est l’auteur du groupe sommital de l’Arc de Triomphe du Carrousel. En vérifiant cette information (car, pour moi, il s’agissait d’une copie de celui qui orne la porte principale de la basilique Saint-Marc à Venise, j’ai découvert l’histoire de ces statues de bronze.

Ci-dessus, on voit le quadrige dominant la place du Carrousel où passent Napoléon et ses troupes, en 1810.

Digital Foxing

Regardez de plus près… Pas d’aurige!

Et pour cause. L’aurige a été placé ensuite. Et devinez qui il représentait? Napoléon, bien sûr.

« La statue de Napoléon placé sur le char, fut retirée à la demande de l’empereur, puis, en 1815, le char et les deux statues furent enlevés (les statues seront conservées) et les chevaux furent récupérés par les Autrichiens qui les restituèrent à Venise. »

Je résume : on vole un quadrige à Venise, on le place sur l’arc de triomphe parisien; on place une statue de Napoléon sur le char, comme aurige. Ensuite, l’empereur fait retirer la statue. On démonte les deux « renommées » en fer et plomb qui encadrent le quadrige, que l’on rend ensuite aux Vénétiens, qui le placent sur Saint-Marc. Les renommées, elles, sont conservées.

Et, comme le sommet est « nu », que fait-on? On fait faire une autre statue. A qui? Au « premier sculpteur », bien sûr. Donc à Bosio. Vous me suivez? On place ce nouveau quadrige au sommet de l’arc, et on replace, quelques temps plus tard, les deux renommées qui avaient été mises de côté. Ce qui donne le groupe que l’on peut voir actuellement, dénommé « Le quadrige de la Paix ». Vous pouvez observer, ce n’est certainement pas Napoléon qui le conduit!

Laissons là Paris, et revenons à Monaco, où le buste du sculpteur nous accueille.

Et ce que vous voyez derrière, c’est le Pavillon Bosio, sujet (un instant) oublié de ce texte.

Voici comment l’établissement se présente sur son site officiel.

« Le Pavillon Bosio occupe depuis une vingtaine d’années une place particulière parmi les écoles d’art avec un enseignement spécialisé en art et scénographie. La scénographie, traditionnellement enseignée dans les écoles d’art appliqué ou dans les écoles d’architecture, est ici placée au coeur d’une pédagogie qui a vocation à former des artistes. Ce positionnement, unique en son genre, accompagne une tendance de fond, celle qui replace les artistes au coeur d’une multiplicité d’aventures collectives et dans une variété de rôles : scénographes, commissaires, metteur·euse·s en scène, réalisateur·rice·s, décorateur·rice·s… En pratique, cela signifie que les étudiant·e·s développent, d’une part, un travail personnel exposé et commenté au moment des galeries d’essai, des bilans, des Dna et des Dnsep et, d’autre part, qu’ielles participent chaque année à un ensemble de projets collectifs relatifs à la question de la scénographie. »

On pourrait s’attendre à ce que la scolarité soit hors de prix. Pas du tout! Le coût annuel est de 690 euros pour les Français-e-s (650 pour les Monégasques). Si vous voulez en savoir plus sur l’Ecole : https://pavillonbosio.com/admissions/concours

C’est effectivement une école très originale, et c’est cette politique spécifique qui a attirée mes jeunes amies. Elles y oeuvrent (c’est le cas de le dire!) dans une vaste salle ouverte sur la Méditerranée.

Dans la salle des « Première Année », des oeuvres en cours de conception, ou attendant d’être évaluées. Ci-dessous, celle d’Estelle Résigné, hélas en contrejour.

Elle crée notamment des « costumes » en matériaux divers, et imagine des scénographies avec ses collègues. L’Ecole présente peu les résultats de leurs travaux, mais en voici un en ligne. Ils sont extrêmement variés… J’ai rencontré une autre étudiante, qui travaille, pour sa part, à partir des pierres et bois « chahutés » par la crue de la Vésubie, car elle est originaire de Saint Martin. Une oeuvre, dans la cour, a été, elle détruite la nuit précédente par le vent. Elsa Mallet-Orlianges, sa conceptrice, m’a promis de m’envoyer une photo de l’installation initiale! Mais, à partir d’une recherche sur Internet à partir de son nom, vous pourrez voir des vidéos d’autres travaux.

L’environnement est calme, serein, loin de l’agitation de la ville, avec de jolies perspectives qui donneraient presque du charme à l’architecture affreuse.

Et j’ai pu constater l’effort fait pour laisser de la place à la nature, avec notamment une sorte d’ « arboretum » urbain : des panonceaux présentes les espèces, comme ce Brachychiton rupestris, qui a la particularité de retenir l’eau dans son tronc, ce qui lui permet de résister à la sécheresse, d’où son surnom d’ « arbre-bouteille ».

Ou encore ce Pin de Norfolk, qui, contrairement à ce que pourrait faire croire son nom, n’est pas un pin, et dont l’expansion racinaire est telle qu’il pourrait menacer des habitations environnantes (notons, soit dit en passant, qu’il jouxte le Ministère d’Etat, que vous apercevez derrière…

Un dernier regard pour la place devant ce Ministère, près duquel un passant se repose…

George Segal, 1984, Man on the bench

Un dernier regard sur la sirène de Bosio, et je quitte le havre de paix où le Pavillon Bosio permet à de jeunes talents de se développer…

Dieppe sous la neige

Je n’avais jamais vu la côte normande sous la neige. Pas une fine couche, mais une vraie couche de neige. De celles qui vous font regretter de ne pas avoir de skis de fond pour vous déplacer à pied, et qui empêchent les véhicules de circuler normalement. Et voici qu’en ce week-end de début décembre, alors qu’à Paris et Rouen tout ressemblait à un automne grisâtre, le paysage change brutalement entre Rouen et Dieppe, au point que l’on pouvait se demander s’il n’y avait pas eu erreur de destination…

Jugez-en plutôt… Voici le paysage, peu avant Rouen…

Progressivement les couleurs changent…

… jusqu’à ressembler aux contreforts vosgiens.

Et la photo prise à la gare de Dieppe est parlante… Sachant qu’il est environ midi!!!

Je devais attendre en gare les ami-e-s qui venaient m’y chercher, mais la curiosité l’emporta, et je me précipitai (à pas de tortue, car cela glissait très fort!) vers le port d’abord, la Prairie ensuite. Et je ne fus pas déçue!

Comme vous pouvez le constater, le soleil a fait une apparition, timide puis plus affirmée. Et, sur la Prairie, il fait grand beau quand j’arrive…

Mais les nuages reviennent par le sud-ouest, et le château est menacé…

Il est grand temps de regagner le centre ville, et de retrouver mes ami-e-s vers le port, pour leur montrer le magnifique marché de Dieppe. Même les choux, sur les étals, n’ont pas été épargnés!

Gréolières

Rassurez-vous, ce sera la fin du périple de ce dimanche, qui vous a conduits de la vallée du Var au versant adret, puis à travers cols et clues vers Gréolières, où nous arrivons au couchant. Sans, souvenez-vous, la moindre châtaigne ni le moindre champignon! Et sans la moindre randonnée. Car on ne peut compter comme telles les marches dans les différents villages et bourgs, n’est-ce pas?

En descendant vers notre destination, je ne sais vers où me tourner, et décide de stationner entre les deux points qui ont attiré mon attention.

A gauche, vers le haut, des ruines et une église encore bien visible.

A droite, vers le bas, un village entier, bien conservé, et une autre église – excusez la mauvaise qualité des photos, mais, comme vous le voyez, le soleil a déjà disparu!

Mes fidèles lecteurs et lectrices me connaissent : je n’ai pu m’empêcher d’aller fouiller le net en quête de l’histoire du village, car je ne comprenais pas pourquoi une telle distance (sans compter la différence de niveaux) séparait les deux sites.

Les historiens s’accordent à reconnaître une importance à l’époque romaine, car elle était située sur la voie Vence-Castellane. Certains datent son existence de plus loin dans le temps.

« La commune de Gréolières formait probablement un territoire pré-romain dont le centre devait être constitué par un oppidum placé sur le sommet du Bau de Saint-Jean. La romanisation de cette région a été relativement poussée. D’une part, ce territoire est traversé par une voie romaine aujourd’hui bien étudiée. D’autre part, les traces d’une occupation antique, se poursuivant éventuellement durant le haut Moyen Age, sont relativement nombreuses. Mentionnons pour exemple le site des Champs Gelés. » (source)

Mais alors, pourquoi deux sites? Sans oublier le troisième, sur le Bau de Saint-Jean… Question de terres, semble-t-il.

« Vers 1230 ou peu après, suite à la construction d’un nouveau château sur le territoire de Gréolières (cf. le château de Hautes Gréolières), sans abandon de l’ancien, le fief est partagé. Un autre castrum est créé, mentionné pour la première fois vers 1232 sous la forme de « l’autre castrum de Gréolières  » et en 1232 sous la forme de « Gréolières supérieures ». Celui-ci se développe et en 1315 il est affouagé pour 86 feux de queste, soit beaucoup plus que ceux des Ferres (36) et de Bouyon (56), presque à l’égal de celui de Coursegoules (97) ; celui de Basses Gréolières est affouagé pour 102 feux. Mais, ne disposant que des terres les plus pauvres, situées dans la montagne du Cheiron, Hautes Gréolières résiste mal aux crises du XIVe siècle. Le village est encore affouagé en 1400 et en 1442 ; en 1471 on y compte 15 familles. En 1787, il ne s’y trouve plus que quelques habitants (ibidem). Le cadastre de 1841 mentionne encore 15 maisons, 4 masures, une bergerie et son « courtil », un four et une chapelle : Hautes Gréolières n’est plus qu’un écart. Les 19 bâtiments (maisons et masures) correspondent aux ruines du secteur. »

Mais aussi question de rivalité entre deux branches d’une même famille.

« En fait, de 1322 à 1518, les deux fiefs de Basses et Hautes Gréolières sont détenus par deux branches cousines de la famille de Villeneuve. En 1518, Pierre de Villeneuve, par ailleurs seigneur de Vence, prête hommage une dernière fois pour Hautes Gréolières le 15 janvier. Après quoi il teste, le 8 avril, en faveur de son cousin Antoine, seigneur de Basses Gréolières . C’est probablement cette réunion des deux parties du vieux territoire qui porte le coup de grâce à l’agglomération de Hautes Gréolières, d’autant plus qu’elle a lieu au moment où Basses Gréolières connaît un nouvel essor. On peut donc se demander si la réunion des deux fiefs en une seule main, en 1518, n’était pas partiellement destinée à en favoriser la renaissance. Toutefois la réunion effective n’a pas lieu tout de suite et on distingue Basses et Hautes Gréolières jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. »

En fin de compte, le village supérieur n’a disparu que depuis peu… A présent, s’il y a bien toujours deux sites habités, ce sont Gréolières, que vous voyez ici, et Gréolières-les-Neiges, la station de ski qui fête cette année ses soixante ans, car elle a été fondée en 1963.

Quittant le chemin dans lequel s’éclate, au son d’un reggae retentissant, un jeune homme qui y vit dans un superbe camion aménagé, je descends pour enfin aller boire un verre, car j’ai aperçu d’en haut les lumières d’un café qui semblait donc bien ouvert, lui, contrairement aux précédents. Ma soif ne s’était pas éteinte au fur et à mesure du coucher du soleil!

Et je n’ai pas été déçue.

Le Relais… Un de ces lieux comme je les aime. Accueil plein d’humour de l’aubergiste… Au point que nous décidons que la Saint Philippe (c’est son prénom, comme je l’apprends tout de suite) pourrait se fêter non plus le 3 mai, mais le 22 octobre… Quand mon amie demande une citronnade au lieu de la bière pression, il éclate… entre rire et colère simulée : comme il s’apprêtait à fermer, il a nettoyé le presse-agrumes. Elle propose de changer de boisson, mais il refuse et lui prépare un délicieux citron pressé.

En pression, de la Pietra. Rare, en montagne, n’est-ce pas? Je lui demande s’il a des liens avec la Corse. Et j’apprends que, comme c’est son pays, il y part en vacances… le lendemain! En réalité, il ferme pour des congés bien mérités après un été chargé. Nous nous installons en terrasse, Pietra et citron pressé en mains, quand je lève la tête. Et là, que vois-je avec stupeur?

Orval? Ici? En pays grassois, à presque 1000 mètres d’altitude? Alors qu’on a déjà tant de mal à en trouver dans les Hauts-de-France? Voilà qui me conduit à questionner « Philippe ». Et j’apprends qu’il est effectivement ravitaillé par un de ses amis belges, qui lui descend deux caisses chaque fois qu’il vient le voir. Comme l’Orval est peu connue dans le coin, et que les vrais connaisseurs de bière ne sont pas légion, cela lui suffit.

« Dans le long passé d’Orval, il y a probablement toujours eu une brasserie à l’abbaye. En attestent les anciens relevés de plans, une description précise de fabrication laissée par un visiteur franciscain, il y a trois cents ans et un lieu dit « houblonnière » tout proche du monastère. Brasser était, en effet, l’usage dans ces contrées peu propices à la culture de la vigne. La bière était d’abord et avant tout considérée pour ses vertus nourrissantes. On l’appelait le « pain liquide ». (source : le site de l’abbaye)

Si vous souhaitez en savoir davantage sur l’une de mes bières préférées, allez visiter le site des moines, il est remarquablement bien fourni.

Nous échangeons longuement à propos des bières, en particulier des trappistes, et je lui parle de la Saint Sixtus (alias Westvloeteren) qui fait l’objet de nos conversations mersoises et d’équipées régulières vers la Belgique…

Là encore, allez voir le site de l’abbaye... qui ouvre sur cette déclaration :

« Nous ne vivons pas pour brasser. Nous brassons pour vivre.

LES MOINES DE L’ABBAYE DE SAINT-SIXTE »

Il accepte de lancer le défi à son ami. J’espère savoir un jour s’il a réussi à en servir à Gréolières ! En attendant, nous lui souhaitons de bonnes vacances corses et repartons vers la Villa niçoise et les Bières du Comté et Socca Bières…

De Collongues à Gréolières

Rassurez-vous, ce sera le dernier épisode de la sortie dominicale, qui a vu un projet « Fête des Châtaignes » se transformer en « quête de champignons » pour aboutir à « découverte de villages du pays grassois »…

Direction donc Briançonnet. Un charmant petit village dominant une verte vallée. Le cimetière offre une belle vue sur les Alpes…

Il jouxte une imposante église, hélas fermée comme les autres.

De nombreux passages couverts (à Lyon, on dirait « traboules ») permettent de passer d’une ruelle à l’autre.

Deux photos que je n’ai pas pu ne pas prendre…

La route ensuite est superbe, et nous emmène dans une splendide clue.

Qu’y a-t-il dans cette cavité si importante? Vite, arrêtons-nous! Et je découvre à ma grande surprise un sanctuaire dédié à la Vierge.

Il est situé au point le plus resserré de la clue, là où la paisible rivière que je découvrirai au-delà devient torrent fugueux.

De l’autre côté, un centre de loisirs aquatiques. On comprend pourquoi!

Une adorable maison semble gardienne de cette clue.

Un lac est annoncé, ainsi qu’un café dans un camping.

Arrêt, donc, pour une promenade. Mais le café est aussi fermé! Et pas de lac en vue… En regardant l’ancien village de Saint Alban, il est bien difficile de trouver le passage entre les montagnes…

Poursuite de la route sur un haut plateau, pour un léger détour vers Thorenc. Envie de boire un verre en terrasse, en admirant le couchant qui arrive déjà… Mais déception! Je n’ai pas trouvé un seul café ouvert! Ce que j’ai découvert, c’est une « station climatique » en plein déclin. Qui a visiblement eu son heure de gloire, vu la taille imposante et l’architecture parfois chichiteuse des grandes demeures ou des anciens hôtels. Mais peut-être faut-il prendre plus de temps pour apprécier? L’heure continue à tourner…

Le regard est tout à coup attiré par de drôles d’animaux qui paissent non loin de la route. Des bisons! Accompagnés de biches et de cerfs…

Un panneau fait comprendre qu’il s’agit d’une réserve. « Parc Naturel régional Préalpes d’Azur ». Trop tard pour aller visiter, hélas! Il faudra revenir… Nous poursuivons la route, et une jolie descente nous amène au village de Gréolières.

Mais c’est une autre histoire…

Collongues

Rappel du précédent épisode : suite aux dégâts causés par Aline, le projet de la Fête des Châtaignes à Valdeblore a dû être abandonné. Un couple rencontré à l’Auberge des Acacias, à Puget-Théniers, a indiqué qu’il y avait peut-être des champignons dans les bois près de Collongues. Nous franchissons donc le col de Saint Raphaël, puis nous dirigeons vers ce village.

Après La Penne, nous atteignons Collongues, petit village un peu perché, et le visitons dans un calme seulement troublé par la présence de trois enfants qui créent une oeuvre d’art, allongés dans la rue.

A l’arrivée, un accueil très souriant d’un couple inattendu.

Ils ornent la place de la Mairie. Une mairie bien « habitée », et dont le hall ouvert offre la possibilité de choisir des livres à foison.

Le vin du Var et le genepi sont-ils à l’origine de la question posée par mon amie : que signifie « ROF »?

Face à l’édifice, une jolie terrasse fleurie.

La vue sur la campagne environnante est plaisante, et nous nous dirigeons vers l’église, située non loin de là. Etonnement, en arrivant devant ce bel édifice, de constater le contraste entre les couleurs vives des pots et rambardes!

Je n’ai, pour ma part, jamais vu de pots roses autour d’un monument aux morts! L’alliance du « moderne » et de l’histoire est visiblement une volonté forte des édiles (et des 74 habitant-e-s?).

Une partie du cimetière, d’ailleurs, ressemble à une sorte de « HLM troglodytiques », avec des tombes à différents étages.

Par contre, subsistent les traditionnelles chapelles familiales.

Celle qui a été photographiée porte un long texte sur son flanc gauche.

Il semble que tous les maires naissent dans cette famille Castel, car l’actuel maire, Raoul, a succédé à Roger. Et Paul, l’auteur de ce texte, est également un Castel, né, lui voici 100 ans.

L’église est fermée, impossible de la visiter, et nous ne trouvons pas trace de l’ancien château. Mais qu’à cela ne tienne, nous profitons de la sérénité ambiante.

Et nous questionnons sur l’omniprésence de paons.

Le net nous apprend que, la ville n’ayant pas soumis d’armoiries jadis, on lui a attribué en 1696 cet animal.

« D’or au paon passant d’azur sur une terrasse de sinople« 

C’est sans doute ce qui explique l’horreur rencontrée lors de l’arrivée par la route…

En réalité, une oeuvre d’art d’un sculpteur brésilien installé à Nice, comme me l’apprend un article de Nice Matin, qui montre la photo de son inauguration avec le maire actuel, Raoul Castel.

Le maire félicite l’artiste

« C’est une œuvre commandée par la municipalité, réalisée par un talentueux sculpteur plasticien brésilien installé sur Nice, Arch Regees. Réalisé en inox et fibre de verre, ce paon aux couleurs vives, est la première œuvre publique installée en France par l’artiste : « Collongues devient une petite partie de chez moi, a une place dans mon cœur. » L’artiste voulait un paon tout blanc : « Je ne voulais rien ajouter à sa forme, mais quand on m’a dit qu’il neigeait ici en hiver, j’ai changé d’avis. J’ai présenté trois modèles aux élus, c’est mon préféré qui a été choisi ».

L’heure continue à filer, le couchant n’est plus très loin… mais l’espoir d’une randonnée « champignons » s’amenuise… Où aller les chercher, sans conseils d’autochtone, dans les forêts environnantes?

Waze indique qu’il nous faudra presque deux heures pour rentrer à Nice… Il faut donc reprendre la route. Direction : Briançonnet.
A suivre donc…

Un projet revu à cause d’Aline

Cet avant-dernier dimanche d’octobre hésite entre le rose de noble cause et le noir/orange de cette fête hideuse importée d’un monde celtique revisité par le capitalisme. Que faire pour échapper à l’un (plages devenues terrains de sport) comme à l’autre (spectacles, animations, bals…)? La montagne y a peut-être échappé? Donc projet : direction arrière-pays niçois. Cela tombe bien : une « Fête des Châtaignes » est annoncée à Valdeblore. L’occasion d’apprécier l’ambiance d’un petit bourg montagnard, et d’acheter de quoi compléter la dinde qui sera bientôt sacrifiée sur l’autel des traditions familiales.

La route la plus courte, par la Vallée de la Vésubie, est impraticable, je le sais. De ce fait, il faut, d’après Mappy, plus d’1h30 pour atteindre l’objectif, en passant par la vallée du Var puis les Gorges du Cians. J’adore ces gorges, aux magnifiques teintes rouges. Cela motive les troupes pour un trajet que d’aucun-e-s trouvent un peu long, sachant qu’il est déjà 11h quand la décision est enfin prise! Mais haut les coeurs! La châtaigne attire, ainsi que l’idée d’un repas partagé avec les autochtones, et d’une belle randonnée sur les sommets environnants.

Je demande à mon copain Waze de m’indiquer le chemin vers Valdeblore. Refus successifs. Jamais vu un GPS se rebeller! Je mets « La Bolline ». Idem. Je recommence. Il finit par m’indiquer une route, de plus de 100 km et en trois heures. Je me dis que les sorcières d’Halloween ont déjà frappé! Et ne le crois pas. DIrection Digne, donc, par une voie Mathis qui se termine en piste dans un paysage d’après-guerre…

Le Var s’amuse à ressembler à un torrent grisâtre. La route est en travaux, mais pour cause de sécurisation des tunnels, ce n’est pas nouveau. Tout va bien et les premières clues sont passées dans la joie et la bonne humeur. Panneau de signalisation : Valberg et la Colmiane ne sont pas accessibles par la Vésubie. Nous le savons! Mais ce que nous ignorions et que nous apprend le panneau suivant, à l’entrée de la route du Cians, c’est qu’elle est aussi barrée! Il faut donc, effectivement, aller faire tout un tour pour accéder à ces coins.

Comme je l’enseigne à mes stagiaires, un projet doit pouvoir être réajusté. Pourquoi ne pas aller sur le plateau de Dina, que j’aime beaucoup, et revoir par la même occasion la jolie vallée de la Roudoule, voire revisiter son petit Musée si charmant? Et comme il est l’heure de déjeuner, un resto au passage. Il y a bien un micro-pique-nique qui nous vaut une horrible odeur de fromage dans le véhicule, mais il est destiné à être consommé en regardant le couchant…

A Puget-Théniers, un marché vient d’avoir lieu. En attestent la difficulté à accéder au parking, et l’odeur de vaches (ou autres bestiaux) qui envahit les lieux. La carte du seul restaurant ouvert ne tente pas. Trop ordinaire et trop cher. Mais en passant, nous avions vu, un kilomètre plus bas, un petit restaurant avec terrasse. Appel. Peu aimable, l’aubergiste demande où nous sommes. Quand je lui dis que nous pouvons être là rapidement, il accepte de nous recevoir. Il n’est pourtant que 13 heures… Un dimanche!

Nous sommes accueillis par un couple charmant. L’homme a retrouvé son sourire. La femme, elle, n’a pas perdu son accent « de pays de l’est ». Nous jouons à deviner son origine. Une table en terrasse, soleil hélas caché par de grands arbres. L’ardoise est alléchante, et vaut une belle hésitation. J’opte finalement pour une planche partagée en apéritif, puis un gratin de ravioles aux cèpes.

Comme vin? Je ne connais pas les deux vins de pays proposés, et en discute avec celle qui nous sert, pour finalement opter pour un Taradeau, qu’elle me dit préférer.

En attendant le repas, je vais profiter des nacelles de la terrasse voisine, en me balançant tranquillement au soleil…

Le repas est délicieux, le vin, très agréable, bien fruité et très tannique.

Nous apprenons que la dame est Polonaise, et que Basia est le diminutif de Barbara. Elle nous explique que, dans son pays, on utilise beaucoup de diminutifs pour les prénoms féminins. Quand nous lui demandons comment, de Pologne, on arrive à un bourg si éloigné de tout, elle nous répond que c’est une longue histoire, et nous n’en saurons pas davantage. Si ce n’est qu’elle est l’épouse de l’aubergiste, lui-même tenant ce restaurant depuis 25 ans, et qu’ils ferment pour partir au Mont Blanc en vacances avec leur fils… C’est donc le dernier repas qu’ils servent avant cette parenthèse. Le repas se termine par un Genepi fait maison. Et nous nous promettons de revenir à l’Auberge des Acacias

En discutant avec d’autres convives, nous apprenons que la vallée de la Roudoule est aussi fermée! Mon amie a envie d’aller aux champignons, on nous décourage (il n’y en aurait pas cette année) mais nous conseille d’aller à Collongues, en passant par le col de Saint Raphaël. Je suis déjà passée par ce col (et crois même me souvenir qu’un article de ce blog en parle), mais pas le village en question. Donc, changement de cap. Direction Collongues.

Au lieu de prendre une vallée vers le nord-est, nous prenons un col vers le sud-ouest. La vue est magnifique en montant, et le contraste entre ubac et adret, remarquable. Nous atteignons La Penne. Détour? Non, l’heure avance, et ici le soleil se couche tôt! Un petit arrêt près de la jolie chapelle du 11ème siècle (bon, d’accord, remaniée au 13ème), et nous admirons le village de loin, avant de reprendre la route.

A suivre…

L’art du détour. Episode 3

Petit rappel pour celles et ceux qui n’auraient pas suivi les précédents épisodes… Retour aéroport – Villa : en temps normal, une vingtaine de minutes. Mais recherche de terreau pour agrumes servant de prétexte, je me retrouve d’abord dans un vallon, puis à Bellet, et enfin dans une vieille famille nissarte qui cultive les agrumes. Nous en étions au moment où je regagnais la Vallée du Var par une petite route de montagne. Autrement dit, où je me dirigeais vers l’ouest alors que ma Villa est plein est…Descente donc vers la vallée du Var, un Var qui est resté étonnamment en eau cet été, alors qu’on parlait de sècheresse! Passage devant le centre commercial… J’oublie de m’arrêter pour faire le plein, un des objectifs du détour! Car à l’ouest de Nice le carburant coût en moyenne 20 centimes de moins que de l’autre côté… Arrivée dans le coin des jardineries et entreprises d’horticulture, je m’aperçois que midi est passé depuis un bon moment. Or, ici, tout ferme entre 12 ou 12.30 et au moins 14 heures! Soleil oblige!

Une idée alors : pourquoi ne pas aller déjeuner « Chez Michel », à Castagniers? Je ne suis pas bien loin de ce village perché où l’enseigne existe depuis le début du XXème siècle et où m’entraînait autrefois une famille nissarde qui, comme les autres, allait, le dimanche midi, y faire ripaille. Direction donc Castagniers. Petite grimpette en lacet, et le tour est joué. Il y a de la place pour stationner, contrairement à la dernière fois que j’y suis venue!

L’auberge est toujours là, dominant la vallée, avec sa jolie terrasse devant l’église du village.

Un accueil souriant par un jeune couple, qui se relaiera pour nous servir. Les parasols sont agréables par cette chaleur, et j’adore déjeuner près de l’eau. Ici, une fontaine surmontée d’une étonnante statue.

L’ardoise est alléchante, et je choisis de déguster des gnocchis aux girolles. Un régal!

Accompagnés d’un vin du Var, car, comme je le disais dans le précédent article, le vin de Bellet est trop coûteux, ces petites auberges ne le servent pas. Des mignardises sont proposées en entrée, et il fait bon déjeuner tranquillement après le trajet Paris -Orly dans un bus surpeuplé, le vol Paris -Nice dans un avion sentant les produits chimiques, la route aéroport – Boulevard de la Madeleine – Chemin du Génie – Route de Bellet – Vallée du Var – Catagniers! Un peu de répit bien mérité, non? Bref, le temps a passé, et 14h sonnent à l’église. Un petit café? Oui, bien sûr. Quand j’ai enfin le courage de me lever de mon siège, c’est pour une petite promenade dans le village.

Un dernier regard sur l’auberge…

En face, la Mairie, joliment décorée d’une peinture abstraite.

La petite placette qui la jouxte est, elle, ornée d’une charrette fleurie, qui me rappelle les charrettes des marchandes de fleurs du Cours Saleya, naguère.

Comme, hélas, dans la plupart des villages français, on croise peu d’habitant-e-s. Mais leurs demeures font des clins d’oeil.

Ici une piscine avec vue imprenable sur les montagnes… Là, le rouge des statues animalières attire le regard…

Beaucoup d’oliviers, et je constate que la récolte doit être proche, quelle que soit la couleur du fruit.

Plus de 15 heures maintenant… les magasins sont ouverts, mais l’envie de plage est plus forte ! Pas de redescente, donc, vers la Vallée du Var. Direction : l’est. En passant par Tourrette-Levens, autre village perché que j’aime beaucoup. Et voilà comment, de 20 minutes envisagées, le trajet de retour de l’aéroport a occupé 6 heures de la journée. Comment aussi je suis rentrée avec un réservoir quasi-vide, et sans le terreau pour nourrir mes citronniers. Mais que de beaux et bons souvenirs!

L’art du détour. Episode 2

Je vous ai laissé hier – haletant-e-s, j’en suis sûre, et attendant avec impatience la suite – sur les hauteurs du Bellet, au milieu des vignes. Objectif : redescendre côté ouest (je vous rappelle que c’est de là que j’étais partie!) pour aller acheter terreau pour agrumes et carburant pas trop cher dans la vallée du Var.

Nouveau chemin en lacet pour commencer la descente. Et tout à coup, une enseigne. Annonçant… un producteur d’agrumes. Vite, volant à droite, pour prendre un petit chemin et pénétrer dans une cour.

Hors du temps. C’est l’expression qui me vient en premier lorsque je sors. Un endroit hors du temps. Des serres. Des outils et engins un peu pêle-mêle. Un vieux Volkswagen décoré de jaune, bleu, etc. Et une maison sans âge, avec large baie vitrée ouverte sur la cour. Des tables rondes en métal et fauteuils semblent attendre des invités du XIXème siècle.

Une dame sort, s’essuyant les mains et s’excusant « Je reviens du marché ». Je lui explique ma quête. « Hélas, nous n’en avons plus en ce moment. Mais nous devrions en recevoir demain. » Pas envie de partir si vite… je poursuis donc la conversation. Et lui demande depuis combien de temps existe cette pépinière. « C’est la cinquième génération », me répond-elle. Je lui fais alors remarquer que cela vaudrait la peine d’écrire l’histoire de la famille. « C’est en cours ». Nous continuons à échanger, et elle m’explique, avant que je ne parte, qu’elle est contente de m’avoir rencontrée, que je suis fort sympathique, dénonçant les gens désagréables qu’elle reçoit parfois. Je quitte à regret ces lieux enchanteurs, me promettant d’y revenir plus tranquillement.

Avant d’écrire ces lignes, j’ai regardé sur le net ce que l’on voyait de cette famille. C’est le fils, Sébastien, qui a repris l’exploitation. On le trouve sur Facebook. Un article sur le net le présente en action. Mais surprise : un autre article de journal sur lui m’apprend que ses agrumes fournissent des tables de grands chefs, mais aussi que son grand-père n’est autre que le peintre Vincent Fossat, dont une rue de Nice porte le nom, et qui figure en bonne place au Musée Masséna.

La famille Del Fossat est d’origine italienne, installée à Nice dès le XVIème siècle. L’originalité de l’oeuvre de ce peintre réside dans le fait qu’il a été le peintre officiel du Muséum d’Histoire Naturelle, au moment de sa création par Barla, en 1846 – à cette époque, le Muséum se situait sur la Place Saint François, dans ce que l’on nomme « La Vieille Ville ». Il avait développé ses talents d’aquarelliste avec le corsaire Ambroise Louis Gameray, et faisait des planches botaniques et des reproductions d’animaux pour le musée, en aquarelles mais aussi en lithogravure comme le montre cet exemple emprunté à un très intéressant article scientifique à son sujet.

Mais en parallèle, il peignait les paysages niçois.

Il a entre autres peint le fameux « Château de l’Anglais » qui a été si défendu par les Nissarts récemment car menacé de destruction, et est actuellement en cours de rénovation.

Et le Pont des Anges qui enjambait le Var près de son embouchure.

Et l’on comprend mieux le nom donné à la Pointe de Rauba Capeu (le vent, « Voleur de Chapeaux »), en voyant cette oeuvre.

Si cela vous intéresse, vous pourrez trouver la biographie de ce peintre dans cet article. On y apprend notamment l’intérêt de Monod pour les oeuvres du Muséum.

« En septembre 1922, l’éminent professeur Théodore Monod, alors jeune assistant au Museum d’Histoire Naturelle de Paris visite le Museum de Nice et ne peut retenir un « long cri d’admiration », en découvrant les aquarelles. Il note dans ses carnets personnels en septembre 1922 : « Figurez-vous qu’il y a là quelque chose d’unique au monde : une collection d’aquarelles merveilleuses de champignons, de plantes et de poissons . Il y en a peut-être cinquante cartons représentant, peut-être, mille planches ou plus . Et tout cela est totalement inconnu, je suis un des rares privilégiés qui connaissent ce trésor inouï et d’une inestimable valeur . C’est l’œuvre d’un peintre -à la fois grand artiste et observateur scrupuleux- qui gagnait cinq francs par jour pour créer de l’Immortel, de la Beauté, les seules choses qui ne puissent passer ni vieillir.»

J’ai trouvé un portrait de lui, mais dont la reproduction est interdite. Vous le verrez ici.

Qu’est-ce qui relie le peintre à la belle propriété horticole? Cela reste à découvrir… En attendant, nous poursuivons la descente vers la Vallée du Var… ce sera l’objet d’un troisième épisode…

L’art du détour. Episode 1

Un petit détour, d’abord, pour demander à mes fidèles lecteur-e-s de me pardonner pour ce long silence. L’accompagnement de la finalisation de mémoires est à la fois chronophage et source de surcharge cognitive! Me voici un peu plus sereine (il n’en reste plus que deux) et donc prête à reprendre le dialogue (ou monologue?) avec vous. J’ai quitté les 11 degrés parisiens pour revenir ce week-end à Nissa la Bella… et dès l’aéroport, c’est un autre univers!

Comment faire plus de 50 kilomètres pour rentrer de l’aéroport à son domicile? Voilà ce que j’envisage de vous narrer ce jour…

Vous le savez ou l’ignorez, l’aéroport de Nice est l’un des rares à être situé en pleine ville. Il a été construit sur la mer (au prix de vies humaines, soit dit en passant), à l’extrémité ouest de la « piu bella cita del mondo ». Certes, la Villa qui m’abrite est à l’est, mais le chemin ne fait qu’une douzaine de kilomètres. Alors, que s’est-il passé? Permettez que je vous le narre?

Au départ, le projet d’acheter du terreau pour agrumes. L’un de mes (deux, n’imaginez pas un verger!) citronniers va mal, et le second, planté l’an dernier, grandit lentement. Donc, direction une enseigne trouvée sur le net, promettant des terres diverses pour les plantations (Terre Terre!). Waze me conduit dans un des vallons de Nice. La voie commence par une large avenue, puis se rétrécit au fur et à mesure que l’on monte. Je connais mal ce coin de la ville, jadis peuplé d’Italiens et, sur ses hauteurs, d’Arméniens. A vrai dire, je ne suis jamais passée par là. Donc ravie de la découvert du Boulevard de la Madeleine! Adresse trouvée. Pas trace d’une boutique. Même pas d’un hangar ou d’une réserve. Ni d’un terrain horticole! Or les autres enseignes – que je connais, elles! – sont toutes situées dans la vallée du Var. Vallée qui longe… l’aéroport! Waze conseille de « redescendre » pour reprendre la Prom’. Mais pas question – celles et ceux qui me connaissent bien le savent – pas question de reprendre le même chemin! Je poursuis donc la « montée » du vallon. L’avenue est devenue rue, mais maintenant devient rue très étroite, pour finir dans une clue! C’est vert, c’est beau! On ne se croirait pas en ville… et pourtant c’est toujours Nice!

Un premier lacet, me voici sur le « Chemin du Génie ». Les lacets se succèdent dans une montée à flanc de montagne. La vue est superbe. Mais je crains de rencontrer un quelconque véhicule! Car l’aplomb est vertigineux… Il fait partie du GR de 42 km qui traverse Nice, Lou Camin Nissarte.

Je rejoins alors la route de Bellet. Mais avant, petit arrêt photo. Un instantané vers le Nord-Est…

… et un autre vers le Sud (en contre-jour, normal : il est midi!)

Tentation d’aller visiter les Châteaux de ce quartier niçois (en écrivant, j’ai vérifié : ce n’est pas une commune, mais un bout du territoire de la ville). Quel Français, hors Alpes Maritimes, connaît les vins produits sur ces collines. Il faut avouer que 650 hectares, c’est peu. Mais quand même! Certes, ils sont un peu chers… au point que je n’en ai jamais bu! Promis, je les goûterai un jour pour vous.

Que faire? Redescendre pour regagner sagement l’est et ma maison, ou revenir vers l’est pour aller acheter la terre à agrumes?

La suite au prochain épisode…

La Bretagne, du nord ouest au sud est… Saint Pol de Léon

Revenons un peu en arrière, si vous me le permettez. Souvenez-vous, je vous ai laissé-e-s à la cathédrale de Saint Pol de Léon…

Un dernier regard à l’édifice, et direction « La Maison de l’Artichaut ». Je ne sais si cela fait partie de votre bagage de connaissances, mais le Léon est une grande région productrice d’artichauts. Et il existe même une Confrérie de l’Artichaut, à laquelle j’ai emprunté cette photo et le texte qui suit, qui organise en juillet une Fête de l’Artichaut.

« C’était en 1989 ! Dans l’indifférence générale, une poignée d’amis, producteurs, journalistes… décidaient de s’associer pour fonder la Confrérie de l’Artichaut. Les réunions des « frères » devinrent vite un creuset d’idées. Un peu plus tard, une délégation se rend aux Etats-Unis dans le but de comprendre comment la petite ville de Castroville en Californie a réussi à s’autoproclamer « capitale mondiale de l’artichaut ». Sur la côte Pacifique, trois producteurs cultivent à eux-seuls la même surface que 3.000 Bretons…. »

Eh bien, j’ai été déçue! Rien. Absolument rien. Ni accueil, ni exposition, ni dégustation. Ce n’était pas LE bon jour ni LA bonne heure de la semaine! Enfin, rien… si, il y a un artisan qui fait honneur au légume de son bra. Devinez son métier?

Eh oui! c’est un sabotier qui m’a fait découvrir les fleurs dont j’ignorais l’apparence…

Par contre, les commerçants profitent du joyau de leur région : on peut le déguster sous toutes ses formes, y compris en glace! et un restaurant gastronomique le décline en farci.

Déçue, je reprends la visite de la ville, pour découvrir une architecture hétéroclite mais quelques beaux joyaux.

Déjeuner à la petite crêperie, que vous apercevez sur cette photo. Deux heures pour deux krampouz!!! Une jeune femme se démenait, tandis qu’une seconde « glandait »… et plus d’une dizaine de client-e-s ont été refusé-e-s pendant que je patientais entre deux bières, entre deux crêpes… Bon, d’accord, cela valait le coup car elles étaient excellentes, et originales. Notamment la crêpe à… l’artichaut, bien sûr!

Une erreur s’est glissée dans mon texte : je n’ai pas bu de bière! Non, c’était de la cervoise!

Au fait, savez-vous quelle est la différence entre les deux?

« Ancêtre de la bière de l’époque gauloise, la cervoise est concoctée avec de l’eau, des céréales et des herbes aromatiques. Le mélange d’herbes aromatiques est appelé « gruit ». En fait, ce qui va caractériser la cervoise par rapport à une bière, c’est qu’elle ne contient pas de houblon. »

Mais l’étiquette m’a quelque peu interpellée…

Quant au plat, jugez plutôt : aussi beau que bon…

Promenade digestive à travers la cité… direction, les lavoirs.

Il y avait plusieurs lavoirs dans la cité.

« Pendant longtemps, la rue des Lavoirs a été un axe principal de la commune. L’accès à la ville, y compris pour les diligences du XIX ème siècle, empruntait un itinéraire sinueux depuis le Kreisker pour aboutir dans cette rue. L’hôtel attenant était autrefois un relais de poste. Avant de servir à laver le linge domestique, les lavoirs étaient utilisés pour blanchir le fil de la toile de lin mais aussi pour nettoyer les abats des boucheries de la rue aux Os (aujourd’hui aux Eaux !). » (source)

Le premier, que vous apercevez à gauche de cette photo, est davantage une fontaine, en breton « lenn« .

« A l’origine, la fontaine Lenn ar Gloar ( de la Gloire) portait le nom du premier évêque, Saint Pol qui l’aurait bénite en arrivant dans la ville au VI ème siècle.

Jamais on ne l’a vu tarir, même par les temps de grande sécheresse. La fontaine de dévotion qui alimente le lavoir voisin abrite une niche supportant une statue de la Vierge à l’Enfant en kersantite du XVI ème siècle. Pendant très longtemps, un pardon s’y tint chaque année le 15 août. Elle est réputée fontaine guérisseuse : souvent en versant cette eau sur soi, beaucoup d’infirmes et de malades auraient retrouvé la santé. »

Effectivement, il y avait de l’eau, à cette époque de sécheresse.

Un peu plus bas, un grand lavoir attend celles que l’on ne nommait pas ici « bugadières », mais « kannerez » ou « gwalc’herez ».

Il est désormais bien déserté, et les lentilles d’eau posent question quant à sa fonction première, mais naguère il fut très fréquenté, comme en attestent photos et tableaux. Comme celui-ci, exposé à l’autre bout de la France : au Musée de Lunéville auquel il a été donné en 1909.

On y reconnaît les maisons photographiées ci-dessous (source).

L’heure tourne, il est temps de revenir à Gwen Glass (mon vieux Master), pour aller explorer les alentours… Non sans m’intéresser à d’autres aspects de la ville…