L’accueil d’un vigneron ardéchois

Photographie empruntée au site Gîtes de France, car j’ai raté toutes mes photos!

Que faire quand on désire s’arrêter en route, pour prendre un peu de repos, et qu’il est plus de 19 heures? Vite, recherche sur le net… Premier appel : plus de places. Second appel : on éclate de rires. Crainte : on se moque de moi? Que nenni… L’homme explique que, justement, il lui reste une chambre et qu’il sera ravi de me recevoir. Alors j’ose : « Est-il possible aussi de dîner? » Nouvel éclat de rires… « Je n’ai rien prévu pour ce soir ». J’insiste « Je ne suis pas difficile, un plat de pâtes me suffirait ». Hésitation. « J’ai bien mes ouvriers qui vont rentrer tout à l’heure. Je leur ai préparé un poulet au curry et du riz. » Réponse immédiate : « Super! » « Mais je n’ai pas de pain! » « J’en ai un entier, et du fromage, et des fruits, on peut partager » « Oui, le poulet, s’il y en a pour deux, on peut partager ». Et le rendez-vous est pris. Il reste à quitter la vallée du Rhône, grimper le versant occidental au milieu des vignes, prendre une étroite petite route de crêtes, et me voici à Cheminas, adorable village sis sur le haut plateau du nord de l’Ardèche, non loin de Tournon.

Une bâtisse impressionnante, assez austère pour me séduire. Deux chiens devant la porte. L’un, sorte de labrador gigantesque, vient gentiment me saluer. L’autre, tout à fait différent, reste en retrait. J’apprendrai plus tard qu’il s’agit de la maman du premier. Impossible à deviner : il et elle n’ont rien en commun : ni couleur, ni taille, ni poil… Rien.

La porte s’ouvre sur un homme d’une cinquantaine d’années environ. Grand, bien bâti, souriant. « Entrez ». Ce que je fais. L’intérieur allie modernité et tradition : une cuisine américaine, surprenante en ces lieux, et une vaste salle de séjour organisée autour d’une magnifique table en bois.

L’hôte me guide à l’étage, par un escalier de bois orné d’une séparation de corde brute. J’adore.

La chambre est spacieuse, avec un mini-coin toilette et une belle douche. Il me laisse et redescend.

Lorsque je le rejoins, il a préparé tout un assortiment de charcuterie sur le bar, ainsi que deux bouteilles : rouge et blanc. Car ici, on boit la production du propriétaire-vigneron. J’opte pour un Viognier blanc. Etonnant. Surprenant. Excellent. La conversation s’engage, tandis que l’hôte continue à cuisiner. Je comprends cette fois l’intérêt de la cuisine ouverte, moi qui n’apprécie pas franchement cela habituellement…

Une camionnette stationne devant la bâtisse. « Ah voilà mes ouvrier. Déjà? » Il est 21 heures! Effectivement, deux jeunes gens entrent. Je vous ai déjà parlé d’eux, à propos d’ensilage, et ne vous les présente donc plus. Echanges « Je ne suis jamais arrivé si tôt! » dit le premier. A mon étonnement, il ajoute « D’habitude, c’est plutôt très tard dans la nuit, voire à l’aube ». J’apprends alors tout ce que je vous ai déjà expliqué, à savoir que l’ensilage s’effectue quand on le peut, souvent en urgence avant un épisode pluvieux ou orageux. Il faut finir les champs à tout prix.

La charcuterie est délicieuse, et je me régale, moi qui pourtant ne suis pas une fana de ce type de nourriture. Le pâté proposé en entrée le sera tout autant. Il est fait maison par le patron, dont le père était charcutier. Après un long apéritif passé à faire connaissance, nous passons à table. Et commence un repas agrémenté d’échanges « vrais » autour de nos goûts alimentaires (l’un des jeunes gens aime tout ce qui est abats…) et de nos vies (clairement, beaucoup de grosses déceptions amoureuses…). Salade, pâté, poulet, riz. Arrive le fromage. Un régal aussi. Par contre, pas de dessert. J’apporte mes fruits. On m’offre un yaourt. Le tout avec une dégustation de vins.

Les vins rouges portent le nom des filles de notre hôte.

Car il élève seul, une semaine sur deux, Coline et Lily, dont les dessins ornent quelques surfaces. Et je le questionne : « Comment faites-vous pour cultiver les vignes, produire votre vin, le commercialiser, recevoir pour les dégustations, tenir table et chambres d’hôtes, faire de la charcuterie, assurer la gestion de tout cela, et… tenir le coup? »

C’est visiblement difficile, et se fait au prix d’une vie organisée autour de ses petites, pour lesquelles il agrandit le patrimoine modeste laissé par ses parents. Il a considérablement agrandi la surface de vignobles, a diversifié les cépages et donc la production de vin… et il continue… nous discutons investissement (financier et physique), association, solidarité… et vie amoureuse. Difficile de trouver, et surtout de garder une jeune femme quand on travaille autant! Alors que le projet de l’accueil d’hôtes a été pensé avec et pour elle, pour qu’elle s’épanouisse, rencontre beaucoup de monde, puisse continuer à créer, voire exposer et vendre ses oeuvres…

Le repas se poursuit jusqu’à presque minuit. Je comprends que les hommes sont fatigués, ils doivent travailler tôt le lendemain. Et je m’éclipse.

Au réveil, une superbe table de petit-déjeuner m’attend. Et un accueil tout aussi chaleureux.

Alors, que vous dire de plus? Sinon de faire le détour si vous passez sur l’A 7 ou la N86. Voire prendre une semaine de découverte dans un des superbes gîtes attenant à la maison principale. Et vous aurez le bonheur de « respirer », de partager la vie d’un vigneron, de découvrir un homme extraordinaire, et peut-être d’apprendre, encore et encore… Que du bonheur, non?

Ah! J’allais oublier de vous donner les coordonnées. Et d’abord le nom de l’hôte : Philippe Michelas.

5 impasse de la Chapelle Ceintres, 07300 Cheminas

philippe.michelas@orange.fr

06.82.58.19.45

Et vous en saurez davantage en visitant le site très bien conçu, présentant à la fois le domaine, les chambres et gîtes, et les vins : https://le-clos-de-ceintres.com/

Un film présente même le Clos, vu par drone .

Un bel endroit qui convient à la fois au/à la solitaire désirant « se retirer », au couple souhaitant un peu d’intimité, à la famille dont les enfants vont s’épanouir dans la nature et pour lesquels des jeux et une cabane sont à disposition, et un groupe d’ami-e-s qui veulent partager des moments de loisirs ou de découvertes… et je ne fais pas de pub! (rires)

L’ensilage

Le village de Cheminas, où j’ai découvert ce mot

Vous savez combien j’aime découvrir de nouveaux mots. Ce fut le cas l’autre soir, dans une maison de vigneron en Ardèche, dont je vous parlerai quand mon travail me laissera un peu plus de loisir pour ce faire. Autour d’une table d’hôte, nous faisions connaissance. Deux jeunes gens de la Haute Loire venaient des environs du Puy en Velay pour travailler dans le coin. Lorsque je leur demandai en quoi consistait leur métier, ils m’expliquèrent qu’ils faisaient de l’ensilage.

Je pensai tout de suite au « silo », mais nous étions loin des plaines céréalières que je connaissais… Pourtant je n’avais pas tout à fait tort! Lisons le CNRTL, comme d’habitude…

« AGRIC. Opération de mise en silo (pour sa conservation pendant l’hiver) d’une récolte (de grains, racines ou fourrages verts). Herbes et trèfles ramassés pour l’ensilage; prairies artificielles destinées à l’ensilage.L’ensilage repose sur le déclenchement de fermentations qui favorisent la conservation (Wolkowitsch, Élév.,1966, p. 147).

P. méton.La récolte ainsi conservée.Des bêtes (…) sont entretenues l’hiver avec du foin, du maïs, de l’ensilage (Wolkowitsch, Élév.,1966, p. 147). »

C’est donc bien la même racine. Mais alors, pourquoi venir de si loin effectuer ce travail? Les agriculteurs/trices du coin ne peuvent-ils et elles pas le faire? Eh bien non, car cela nécessite des engins qui sont extrêmement onéreux. Iels préfèrent donc souvent « louer » la machine et son chauffeur. L’un des jeunes gens était le chauffeur, l’autre, le patron, qui avait monté sa petite entreprise car il est fan de mécanique.

Inconvénient du métier : le coût en investissement, les déplacements, et les horaires. D’après leurs dires, rentrer dîner à 21h est exceptionnel. Bien souvent, on passe la nuit, ou tout au moins une grande partie de la nuit aux champs.

Avantage du métier : être seul, sur son engin, tranquille. Faire de la mécanique l’hiver, quand on est au repos. Et surtout cela : on ne travaille dans les champs que d’avril à octobre. Un de leurs collègues peut ainsi, l’hiver, aller damer les pistes de ski…

Je me suis depuis enquise de la production de l’ensilage. Sur ces plateaux ardéchois, au-dessus de la vallée du Rhône, c’est de l’herbe qu’on ensile, ce que d’aucuns qualifient d’ « or vert ».

« Dans nos régions herbagères, notre or vert c’est l’ensilage d’herbe, estime Patrice Dubois, directeur de Rhône conseil élevage (Fidocl). La culture de l’herbe s’inscrit parfaitement dans des rotations longues, type : trois années de prairie, un maïs puis une céréale. Un bon ensilage d’herbe apporte une réponse en lait de près de 2 litres pour 1 kg de matière sèche ingérée. »

En hiver, les vaches doivent pouvoir retrouver le goût et la valeur de l’herbe sur pied qu’elles ont connues au printemps. Et pour cela, encore faut-il couper de la bonne herbe au bon stade, qui sèche rapidement au sol pour ne pas dégrader la qualité et assurer une conservation sans moisissure au silo. » (source)

Je me suis demandé la raison du « duo ». Puisqu’il y a un chauffeur, pourquoi un ensileur? La réponse, je l’ai trouvée en recherchant pour vous des images.

Eh oui, il faut deux engins : l’ensileuse, ou récolteuse – hacheuse ou faucheuse – hacheuse – chargeuse et le tracteur qui tire la benne pour collecter ce qui est coupé.

Et en trouvant cette image sur ce site, j’ai aussi trouvé une autre définition de l’ensilage, sur laquelle je vous laisserai méditer.

« L’ensilage est un mode de conservation des fourrages par fermentation anaérobie (en l’absence d’oxygène). Il s’obtient en hachant un fourrage (maïs, ray gras, fétuque, luzerne, méteil…) qui est ensuite gardé en silo. Soigneusement tassé et bâché, il développe des fermentations grâce aux bactéries lactiques contenues dans la plante. Il permet de constituer des stocks plus riches en protéines digestibles dans l’intestin (PDI) et en unités fourragères (UF) que le foin et d’assurer la sécurité alimentaire du cheptel.« 

L’univers fascinant de la batellerie

J’ai déjà eu maintes occasions, sur ce blog, d’évoquer les péniches, et encore davantage les écluses. Normal, pour une enfant ayant grandi entre les bords de Sambre et le port du Tréport…

Faisant dernièrement route vers le Sud, j’ai choisi un léger détour pour aller pique-niquer sur les rives de l’Aisne. Après petite étude sur le net, j’avais jeté mon dévolu sur un village dénommé Berry-au-Bac. Car je ne sais si vous avez déjà remarqué cela, mais, très souvent, les lieux où se situaient jadis des bacs ne manquent pas de charme ou de curiosités.

Et je n’ai pas regretté! C’est en ces lieux la jonction de la rivière avec le canal de l’Aisne à la Marne.

A croire qu’un génie avait tout prévu pour ma halte de déjeuner: une table sur un promontoire herbeux, pile à la jonction des deux cours d’eau.

J’ai emprunté la première photo à un blog où vous trouverez des traces de la riche histoire du lieu et de la triste Côte 108. Sur la seconde, vous admirerez l’herbe fraîchement coupée et en imaginerez le délicat arôme…

Une péniche passant l’écluse dans le sens canal-rivière, et une autre attendant pour passer dans l’autre sens, ce qu’elle fit ensuite.

Et ça, ce n’est pas évident. En effet, le gabarit du tunnel pour accéder à l’écluse est strictement adapté à la largeur des péniches de type Freycinet (voir article dédié à ce sujet).

La petite maisonnette que vous voyez sur ces photos est un ancien café, tenu par Monsieur Brasseur. Celui-ci a pris sa retraite, le café est fermé. Mais il s’intéressait toujours à la batellerie lorsqu’un article de l’Union lui était consacré.

« Chez les Brasseur, le Café de la Marine, c’est une histoire de famille. Christian l’a tenu durant plus de 40 ans. Auparavant, c’était son père Albert qui était aux commandes, et quelques années avant, c’était ses grands-parents. Aussi, même si aujourd’hui Christian est à la retraite, il ne s’imagine pas une seule seconde vendre son commerce et déménagé. « « Chez les Brasseur, le Café de la Marine, c’est une histoire de famille. Christian l’a tenu durant plus de 40 ans. Auparavant, c’était son père Albert qui était aux commandes, et quelques années avant, c’était ses grands-parents. Aussi, même si aujourd’hui Christian est à la retraite, il ne s’imagine pas une seule seconde vendre son commerce et déménager ».

Car il tenait aussi un magasin d’accastillage…

Je tenterai prochainement de placer quelques-unes des séquences vidéo que j’ai prise, relatant de difficile passage d’écluse…

Un lycée que j’aurais aimé fréquenter…

Avez-vous déjà été invité-e dans un lycée pour un vernissage? Moi, jamais. Aussi, poussée par la curiosité, ai-je accepté cette invitation, moi qui ai plutôt tendance à fuir les mondanités… Et je n’ai pas regretté. J’ai découvert un univers scolaire exceptionnel, et une proviseure remarquable de « peps », de dynamisme, et de « professionnalité épanouie », si vous me permettez cette expression.

Imaginez… Vous êtes dans la petite ville royale de Eu, non loin du Château des Comtes (et, voici peu, surtout de la Comtesse) de Paris. Non loin de l’ancien Collège des Jésuites, avec sa chapelle qui, elle, abrite souvent des expositions. Non loin de l’historique glacière, où l’on conservait les pains de glace venus par bateau sur la Bresle. Le long de cette rivière, justement. Verdure. Statues. On se croirait dans un jardin. La bâtisse elle-même n’a rien de très esthétique, même si l’on perçoit la créativité d’architecte en quête de modernisme. Portail : ouvert. Porte : ouverte. Personne à l’accueil. Nous errons en quête de l’espace « Galerie ». Découvrons des murs ornés de photographies, de peintures diverses… Une dame souriante arrive « Je peux vous aider? » et indique le chemin vers la galerie. Il faut sortir de l’autre côté du bâtiment, traverser une cour, longer le second, beaucoup plus moderne, lui, avec de grandes baies vitrées. Espaces verts, encore. Tables en bois évoquant les aires de pique-nique. Une passerelle semble conduire vers la ville. Nous arrivons au bord du canal qui mène du Tréport à Eu. Et trouvons enfin les lieux.

Car oui, dans cet établissement scolaire, le Lycée Anguier, a été créée une galerie d’art, inaugurée le 1er octobre 2021. Le professeur d’arts plastiques n’est autre qu’un ancien artiste, comme il me l’a expliqué, qui a conservé ses réseaux. Jugez-en à partir de ce petit extrait trouvé sur le net, concernant Thibault Le Forestier.

« Administrateur de la Fraap
Membre de l’association Flux Lem et du CRI Haute Normandie
Représentant du CAAP en Haute Normandie
Vice président de l’association des Beaux Arts de Rouen
Professeur d’arts plastiques au Lycée Anguier Eu »
« Administrateur de la Fraap
Membre de l’association Flux Lem et du CRI Haute Normandie
Représentant du CAAP en Haute Normandie
Vice président de l’association des Beaux Arts de Rouen
Professeur d’arts plastiques au Lycée Anguier Eu »

La galerie sert, tout au long de l’année, à exposer les oeuvres des élèves qu’il accompagne. Et, de temps à autres, des oeuvres d’un artiste plus connu. C’est le cas en ce pont du 8 mai. Mais, avant d’en arriver à l’exposition elle-même, je souhaiterais, si vous le permettez, poursuivre sur le lycée. Il offre une option Arts Plastiques de la seconde à la Terminale, et est en lien avec les classes préparatoires aux Ecoles des Beaux-Arts (ce n’est pas tout… il y a aussi photo, théâtre, etc.). En préparant ce texte, j’ai découvert le blog hébergé sur le site du lycée : c’est ici. Soit dit en passant, iels ont aussi un Instagram, bien sûr!

D’autres oeuvres sont exposées dans ce qui ressemble davantage à une salle à manger de restaurant bobo qu’à un réfectoire.

Même la cuisine ne ressemble pas à une cuisine…

Eh oui, ce sont bien les oeuvres de l’artiste exposé à la galerie, que vous voyez sur le mur du fond. L’Art au Réfectoire… Incroyable, non? Et superbe audace de la Proviseure, Sophie Perrat, une femme visiblement exceptionnelle, heureuse, selon elle, dans son travail et dans sa vie dans cette petite ville de Normandie, elle qui a exercé dans des établissements et des villes de plus grande importance.

Les tableaux sont ceux de Jean-Marc Thommen, qui expose ici jusqu’à la fin de l’année scolaire, ou presque.

Il vient de publier un livre, « Les stratégies de débordements », chez un éditeur peu connu EndEdition. Voici une présentation de celui-ci.

« Jean-Marc Thommen explique dans ce livre, entre autres sa façon autant de se réapproprier l’ébauche en un processus infini que dans la manière immersive de préparer une exposition (à la galerie des Jours de Lune).
Reste toujours une part d’énigme dans une telle approche autant par ce qu’elle fait que par les gestes pour la mobiliser ainsi que les phénomènes qui interrogent le créateur.
Plus particulièrement et comme le souligne Pauline Lisowski, avec Débauche d’ébauches l’artiste invente toute une série de superpositions de découpes pour jouer entre décision et indécision, commencement et recommencement.
Et c’est ainsi qu’une telle œuvre suit son cours. »

Je vous laisse maintenant continuer à découvrir cette exposition, non plus au réfectoire, mais dans la salle dédiée, la Galerie…

Vous l’avez peut-être deviné, la dernière oeuvre présentée est ma préférée… Normal, je travaille en ce moment sur « La Sombritude »…

Violoncelle et orgue

Il me faut vous présenter des excuses… j’ai été absente un long moment… Non pour cause de vacances, mais parce que j’étais débordée de travail. Quand on accompagne des personnes qui doivent rendre des écrits et ont des difficultés pour ce faire, et lorsque les échéances arrivent, l’urgence fait que l’on aide à rédiger, mais que l’on n’est plus disponible pour écrire soi-même. C’est ce qui m’est arrivé dernièrement.

J’ai donc de nombreux articles en souffrance. Au moment de reprendre, je me pose la question : revenir sur eux? ou commencer par « l’actualité »? Je fais le choix, en ce lundi matin d’un mai peu chaleureux, de la seconde idée. Et vais donc vous parler du concert que j’ai vu hier après-midi…

Mes fidèles lecteurs/trices le savent bien, j’adore le violoncelle… Hier après-midi, concert annoncé, en l’église Saint Rémy de Vanves.

Me voici donc parmi la cinquantaine de personnes venues profiter de cette aubaine. Car le programme annonçait en outre de l’orgue. Jamais je n’avais entendu de concert violoncelle et orgue. Moi qui suis fana de « trompette et orgue », c’est l’occasion de découvrir! C’est l’association Orgues de Vanves qui a eu cette bonne idée d’une association assez rare, me semble-t-il.

Le premier morceau ne m’a pas séduite. Qui plus est, trois erreurs de l’organiste, pourtant virtuose. Peut-être parce qu’il ne connaît pas l’instrument, dont il n’est pas titulaire?

Deuxième morceau, cette fois, le violoncelle en solo, devant l’autel. Un ravissement. Mais que vois-je? A peine fini, le violoncelliste reprend son instrument, le range, et file en courant par la porte de côté. Effarement. Moi qui viens écouter le « cello »!

Un deuxième morceau de l’orgue en solo… cette fois, sans couac. Très beau.

Et, surprise, l’oeuvre suivante est en duo. En réalité, Christophe Jeannin avait rejoint rapidement son collègue, Lorenzo Cipriani, au balcon! Une succession d’interprétations émouvantes, qui me font frissonner, voire, pour deux d’entre elles, verser quelques larmes.

L’entente des deux interprètes est remarquable, et ils entraînent le public dans leur univers musical. Jamais je n’avais entendu jouer de l’orgue ainsi, avec tant de « douceur » et de volupté. Jamais non plus je n’avais imaginé que ces deux instruments réussiraient à quasi concurrencer la voix humaine dans l’interprétation de mon Ave Maria préféré… Je n’en ai trouvé qu’un exemple sur le net, mais beaucoup moins bon à mon sens. Mais si l’un-e d’entre vous en connaît un autre, n’hésitez pas à transmette?

Longs applaudissements d’un public ravi, debout, tournant le dos au tabernacle… Car oui, c’est l’inconvénient d’un tel concert : on ne voit pas les musiciens, qui sont en haut, et derrière… Mais après tout, écouter les yeux fermés, cela n’amplifie-t-il pas l’émotion?

Murmuration

Celles et ceux qui me lisent depuis longtemps ont déjà vu ce titre… Et les autres peuvent découvrir, en remontant au 27 janvier 2022, l’article dans lequel j’expliquais le ravissement de sa découverte. Mais ce n’est ni d’oiseaux ni de langage dont je vais vous parler aujourd’hui… Quoique… En y réfléchissant bien, si, je vais aussi vous parler d’oiseaux et de langage. Car c’est de danse dont il s’agit, et d’une danse qui évoque la murmuration animale, voire humaine, et le langage des membres, comme autant d’axes de vie et de liens labiles.

La salle a été littéralement transportée par l’oeuvre du chorégraphe Sadeck Berrabah, pourtant parfois décrié par les critiques. Et je l’ai été aussi. Transportée… Le mot me semble le plus juste pour décrire l’intensité de l’emprise du spectacle, avec un côté « hallucinant », dans tous les sens du terme. Je ne vais pas trop vous en parler, car il faut le voir. Absolument. Vous en penserez peut-être moins de bien que moi. Mais tentez. Allez partager avec les autres spectateurs cette alternance de « subjugation » et de « défoulement » collectifs.

C’est au 13ème art, cette salle qui propose des spectacles souvent novateurs. Et revenez me dire ce que vous en avez pensé?