Christian Krohg, une belle découverte…

Je suis allée récemment au Musée d’Orsay, pour y voir diverses expositions, mais il m’en restait une à visiter, qui se termine le 27. Or, hier, c’était déjà le 24. Un jeudi. Juste le jour de la « nocturne ». Belle conjonction! Me voici donc dans le bus qui me conduit vers le Musée d’Orsay, puis la file d’attente (car le billet pris par Internet avait mystérieusement disparu), puis filant vers les salles repérées au préalable.

Et je n’ai pas été déçue! Les émotions ont bien été au rendez-vous!

Bien sûr, il y avait celles que j’attendais, que j’espérais. Dans la série « marins », dont un tableau figurait sur l’affiche (voir ci-dessus!). Cependant je n’avais pas perçu l’originalité (pour l’époque) de son approche : l’angle de vue et le sens du détail. Le tableau reproduit sur l’affiche ci-dessus en est un exemple. En voici deux autres, qui, pour la fan de voile que je suis, illustrent deux des rôles importants sur un voilier…

Saisissant, non? Saisi, sans le « ssant », également!

Cette technique n’a pas été exploitée que sur l’eau… en voici un autre exemple, que j’ai beaucoup aimé.

Quelle intemporalité! Qui d’entre nous n’a pas eu ce geste, au grand dépit des parents ou grands-parents? Et qui ne continue pas à en être témoin, actuellement? C’est l’un des paradoxes que j’ai ressenti au cours de ma visite. A la fois une inscription réelle dans son époque – je dirais même une forme de révolte contre les injustices sociales, de militantisme – et une permanence au travers des siècles, notamment dans les interrelations humaines. Commençons par quelques peintures « narrant » littéralement des faits témoignent de la pauvreté, de l’injustice, de ce que l’on ne nommait pas encore la précarité.

La série de portraits de couturières épuisées par leur labeur est remarquable, et je ne résiste pas à l’envie de la partager avec vous.

Certaines oeuvres montrent combien la beauté subsistent malgré les difficultés, n’est-ce pas? Comme dans un des tableaux les plus connus du peintre, qui prenait parfois comme modèle des prostituées, ce que lui reprochait la « bonne société ».

Venons-en maintenant à ce que j’ai qualifié d’intemporel, de permanent, de « résistant ». En peignant des moments de la vie privée et/ou familiale, l’artiste soulève des émotions empreintes de l’écho qu’ils éveillent en nous. En tout cas, en moi. Car j’ai été très émue, je l’avoue, devant certains tableaux.

Au moment où j’écris ces lignes, il ne vous reste que le week-end pour aller voir l’exposition… Courez-y vite, si vous le pouvez. A défaut, il vous reste le net, où documentaires et photos ne manquent pas pour que vous puissiez « rencontrer » ce Norvégien qui n’a pas été que peintre, mais également écrivain et journaliste…

Quatre acteurs, une actrice… Un beau délire !

En quête d’évasion à la suite de difficultés professionnelles et de mauvaises nouvelles concernant la santé d’amis, je décidai que rien ne valait une bonne comédie. Quand je dis « bonne », je ne parle pas de la qualité de l’écriture, mais de son impact sur le public : une comédie qui fasse vraiment rire. Un délire, quoi! Et je fus servie… Mon choix, un peu à l’aveugle au départ, mais ensuite étayé par des commentaires en ligne, s’est porté sur une pièce qui se joue actuellement au Théâtre Gaîté Rive Gauche à Montparnasse. « Mission Florimont ». Peut-être attirée par l’affiche, car Florimond « Long Minton » est le « Géant » de Doullens, dans la Somme.

Oui, c’est comme les Dupont/d, l’un avec un t, l’autre avec un d… Comme Florimond Robertet, fort apprécié de Charles Quint

« Ce personnage a marqué l’Histoire de France. Jugez plutôt : il a servi pas moins de trois souverains, Charles VIII, Louis XII et François Ier, remplissant pour eux les plus hautes fonctions comme les missions les plus sensibles (…) ’activité de ce bourreau de travail fut surtout diplomatique et ses interventions revêtent très souvent un caractère dramatique, voire romanesque. (…) Charles Quint le considérait comme le seul interlocuteur valable. » (source Historia)

La pièce ne le met pas en scène, mais il y a des liens… à commencer par Charles Quint. Drôlatique à souhait, son interprétation : l’acteur adopte tour à tour les accents slave, allemand, italien, espagnol, pour évoquer l’aspect international de son pouvoir. Charles Quint qui tente d’intercepter, avec l’aide d’un policier digne des plus noirs polars humoristiques, le dénommé Florimond, bâtard de La Courneuve. Lequel lui a confié trois graines qui permettent de se sauver des situations les plus difficiles.

Je ne vais pas vous narrer l’intrigue, car mieux vaut la découvrir. Quant à l’humour, il utilise toutes les gammes possibles… Et même moi qui n’aime pas trop les gauloiseries ni le burlesque, je dois reconnaître que je me suis amusée tout au long du spectacle. Même si je n’ai pas compris toutes les références, extrêmement nombreuses et empruntées à toutes sortes de contexte, y compris la chanson contemporaine! Le tout pour une histoire censée se dérouler entre François Premier, Charles Quint et Soliman le Magnifique, et qui nous entraîne à travers l’Europe et la Turquie. Et l’exploitation des anachronismes permet de jouer les Voltaire, en attaquant les politiques de notre époque.
A aller voir absolument pour une cure de rire! Et bravo aux acteurs et à l’actrice qui, à 5, jouent d’innombrables rôles… Le site du théâtre annonce 30 personnages, mais l’un des acteurs en interprète seul, par jeux de mimiques, une trentaine à la fois!!!

Une journée extra-ordinaire

Il est des jours où tout s’enchaîne mal, où les petits problèmes s’accumulent et nous poussent à penser que « tout va mal ». Ce n’est pas du tout ce qui s’est produit hier, où, au contraire, les faits se sont enchaînés pour me faire croire à une bonne étoile… Il n’est guère dans mes habitudes de vous raconter ma vie sur ce blog où je préfère partager mes découvertes, mes plaisirs, mes coups de gueule comme mes coups de coeur… Mais j’ai trop envie de vous narrer ce qui s’est produit et vais donc céder à cette envie.

Episode 1. Efficience de l’URSSAF

Ma journée s’annonçait plutôt pénible, avec de l’administratif. Comme je n’avais pas obtenu de réponse de l’URSSAF pour finaliser ma déclaration d’impôts, et qu’il est difficile d’avoir un interlocuteur (qui est le plus souvent une interlocutrice) au bout du fil, je tentai une connexion (mais le site a évolué et se « loguer » devient une épreuve que je ne réussis pas – je parle au passé simple, ça fait bien n’est-ce pas?) une nouvelle fois, j’osai un nouvel appel. Miracle, seulement quelques sonneries, et une voix me répond. Et me donne toutes les informations dont j’ai besoin, notamment où trouver la fameuse fiche qui m’a été adressée suite à ma demande (autre miracle!). Bref, en 10 minutes tout était résolu!

Episode 2. Un RDV pour une échographie une demi-heure après, dans un centre conventionné tout près de chez moi

Autre épreuve que je décidai d’affronter alors : trouver un rendez-vous pour une échographie dans les deux jours qui suivent, sans payer un supplément tel que les 122 euros de mon précédent examen. Vite, Doctolib. Il est alors 11h20 Première réponse, en première ligne : une proposition pour 12h (si, si!) au Centre de santé proche de chez moi (où tout est pris en charge).

Mais il faut être à jeun depuis au moins 6 heures. Une chance! J’ai oublié de petit-déjeuner! Et une seconde : je sors de la douche, il ne me reste plus qu’à me vêtir, chausser, attraper l’ordonnance et filer. Une heure après, l’examen était fait et je pouvais rentrer.

Episode 3. Un colis livré dans l’heure

Alors que je m’apprête à sortir dans la rue, je me retourne pour demander à l’homme que je venais de croiser, l’air perdu, si je pouvais l’aider. « Oui, je dois placer un avis de passage pour un colis pour Madame X ». « Eh bien, c’est moi, Madame X! Vous avez le colis? » « Non, je l’apporterai vers 13h » « Je ne suis pas sûre d’être de retour, car je pars faire un examen médical. » « Alors ce sera jeudi ». « Mais, jeudi, je ne serai pas ici. Puis-je vous laisser mon numéro de téléphone, et vous m’appellerez tout à l’heure, j’essaierai de vous retrouver dans le quartier? » Il accepta et m’appela pour que je garde trace du sien. A mon retour, je lui envoie un SMS. Il m’appelle aussitôt : « J’arrive dans 5 mn ». Et c’est ainsi que je pus réceptionner un gros carton, toute étonnée, car je n’avais rien commandé. Qui contenait un minuscule boîtier adressé gratuitement par Orange…

Episode 4. Cadeau d’un commerçant

Comme j’étais sortie très vite du Centre de santé, je décidai de pousser jusqu’au magasin de matériel informatique Gingko, un peu plus loin sur le Boulevard Saint Germain, car j’étais en manque d’encre pour mon imprimante. J’y achetai un jeu de cartouches noire et de couleurs. Au moment de payer, le commerçant me demande si je ne voudrais pas une bleue en supplément. Gratuite. Je n’ai pas refusé, bien sûr!

Episode 5. Une rencontre étonnante

Revenons un peu en arrière. Alors que j’arrivais au magasin sus-cité, s’y trouvait déjà une belle jeune femme. Qui s’adressa à moi : « Vous allez assister à une résurrection! » Je lui demandai si elle avait fait un voeu avec un cierge à l’église (intégriste) voisine… Le réparateur-commerçant dont je viens de vous narrer la générosité avait réussi à réparer son Mac alors qu’il l’avait totalement lâché. Nous échangeons sur nos professions. Elle me déclare mener des expériences autour de la démocratie participative. Je lui demande si elle s’inscrit dans la même mouvance que mon ami José Dhers. Elle ne le connaît pas, mais aussitôt regarde sur le net. Comme je la questionnais sur ses « expériences », elle me parla de « Ma Voix », à l’Assemblée Nationale.

Si cela vous intéresse, un mémoire sur ce sujet m’a permis de mieux comprendre ensuite. Nous décidons d’échanger nos coordonnées. Etonnée par son prénom et son nom, je les lui fais répéter… D’abord, le prénom, plutôt rare : Quitterie. Si vous voulez en savoir plus sur Sainte Quitterie, patronne d’Aire-sur-l’Adour, allez ici. Le prénom latin renvoie à la notion de « calme », de « tranquillité » : c’est la même racine que « quiet » « quiétude »… Ensuite, le nom, qui vous évoquera peut-être quelqu’un d’autre : « De Villepin ». Et, effectivement, c’est sa famille. Le net m’a appris qu’en réalité c’est une des branches des « Galouzeau de Villepin », très fournie en énarques…

« Ayant commencé sa carrière au début des années 2000 en créant des campagnes de communication pour des ONG, Quitterie de Villepin, 38 ans, connue aussi son nom de femme mariée – Delmas –, est devenue la responsable de la campagne numérique de François Bayrou en 2007. Se disant dégoûtée par la politique politicienne, elle a ensuite quitté le Modem. Elle est cependant restée très présente sur les réseaux sociaux, notamment grâce à sa campagne menée contre les marques de textile à la suite de l’effondrement meurtrier de l’atelier bangladais du Rana Plaza en 2013 (elle avait été invitée sur Arrêt sur images pour en parler, à voir ici). Elle est à l’initiative du mouvement #MaVoix lancé en 2015 qui veut « hacker l’Assemblée nationale », en imposant des candidats citoyens. »

Attention, cet article a 9 ans, elle en a donc 9 de plus… mais fait très jeune! et réside dans mon quartier… d’où sa visite à ce magasin, un 8 juillet au matin, qui permit cette rencontre… Elle tient un blog, je l’ai appris depuis… d’une bien meilleure qualité que le mien, à tous points de vue!

Episode 6. Une conjonction de livraisons bien menées

J’avais espéré déjeuner avec un ami ce midi-là. Mais il était retenu à la Défense, dans l’attente d’une livraison, et m’avait donc déclaré l’impossibilité de nous rejoindre. Vers 13 h, donc, après avoir réussi avec l’URSSAF, reçu mon colis dans les temps, chez moi (alors que je dois toujours me déplacer à la poste), fait mon échographie, acheté mes cartouches et en voir reçu une gratuite, rencontré Quitterie de Villepin et être rentrée chez moi, je m’apprêtais à pique-niquer dans mon studio. Je reçus alors un appel « La livraison est faite, je peux te rejoindre, sur le trajet de la ligne 1 ». Rendez-vous fut alors pris pour la sortie de la station Saint-Paul… Malgré une panne de mon téléphone, je réussis à y retrouver mon ami pour un agréable déjeuner… Et c’est alors que je vécus un autre moment étonnant…

Episode 7. Une rencontre plus que surprenante

Nous voici donc à la recherche d’un restaurant dans ce coin que je connais mal, bien qu’y ayant joué les touristes, dans l’église Saint Pierre Saint Paul et en découvrant l’Hôtel de Sully. Enfin nous en repérons un, que je vous recommande : le Café Fontaine Sully (au calme dans rue perpendiculaire à celle de Rivoli, et avec un personnel très sympathique).

Au moment de nous y installer en terrasse, une voix masculine : « Bonjour, Madame! ». Un charmant jeune homme… Mais qui pouvait-il être? Vite, mon cerveau tourne… Un stagiaire? Arrive alors une jeune femme, puis une autre, puis une dame plus âgée… Ce ne sont autres que les 4 personnes rencontrées la veille dans le train en provenance de Calais. J’avais entendu, tout au long du trajet depuis Abbeville, leur conversation. Une grand-mère et 3 jeunes gens venus passer quelques jours à Paris, en « touristes ». J’avais alors proposé mes services pour les aider à distinguer ce qu’il et elles avaient à voir, où aller manger peu cher, etc. Et leur avais donné l’adresse de ce blog. Un peu plus de 24 heures après, nous voici donc réuni-e-s par le hasard, dans un quartier où je vais assez rarement! Surprise réciproque, vous imaginez bien!

J’espère ne pas vous avoir ennuyé avec ce récit un peu long. Mais j’avais vraiment envie de partager cela avec vous. Peut-être vous demandez-vous comment j’ai achevé la journée? Au théâtre, à me tordre de rire… Mais c’est une autre histoire…

Notre Dame rénovée…

J’ai toujours détesté le « faux ancien ». Vous savez, ces salles de séjour faussement Henri II ou ces manoirs modernes voulant se faire passer pour historiques? De même que je ne comprends pas la lutte contre les rides de certaines personnes, à coup de Botox et d’opérations chirurgicales.

Alors, vous pouvez comprendre mon appréhension à l’idée d’aller revoir Notre-Dame après sa restauration. J’aurais dû m’abstenir. Pour garder le souvenir de celle qui était pour moi si symbolique du Moyen-Age, cette si belle « vieille dame »…

Car j’ai eu un véritable choc en entrant. A découvrir ces voûtes toutes blanches, qui font vraiment « faux ancien »! Jugez-en plutôt…

Heureusement, des éléments « modernes » rappelleront à l’avenir le souvenir de notre époque…

Les vitraux eux-mêmes m’ont posé question. Du style « Qu’est-ce qui est authentique? Qu’est-ce qui ne l’est pas? Et « authentique » de quelle époque? ». A vous de jouer…

Pour les tableaux, c’est un peu plus facile… Des « anciens » sont toujours là…

… et des « nouveaux » les ont rejoints, dont certains plutôt exotiques, voire rafraîchissants…

Je ne sais dans quelle catégorie classer la série d’icônes au fond de la nef, ni cette étonnante « oeuvre ».

Heureusement, il reste des éléments qui témoignent de l’Histoire… je vous en parlerai dans un second article, si vous le voulez bien…

Une chorale philadelphienne à Saint-Sulpice

L’affiche m’avait surprise : que venait faire une chorale de Philadelphie dans notre vieux Paris?

Et qui plus est, un lundi à 15 heures! La moitié des compositeurs sus-cités m’intéressait… les autres, pour moi étaient d’illustres inconnus, mon « savoir » sur la culture américaine étant quelque peu lacunaire. Cependant, j’ai tenté… et me suis retrouvée au premier rang, suivie par un public plutôt clairsemé, qui s’est progressivement étoffé car des touristes l’ont rejoint.

Bref, les chanteuses et chanteurs étaient presque aussi nombreux/euses que celles et ceux qui les écoutaient! Car le nombre, il faut le dire, était impressionnant. Une bonne cinquantaine! Les voici arrivant « sur la scène », devant l’autel en une longue, longue file.

File suivie par son « directeur », Jeffrey Brillhart.

Enfin, tout le monde est installé, le concert peut commencer. Directement : aucun commentaire, aucune présentation. En réalité, il fallait lire le papier qui avait été remis à l’entrée, et dont j’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’un faire-part de deuil.

Et au verso, le programme, dont a priori nous ne comprenions pas bien la structuration.

Si je devais le décomposer en « parties », ce serait simple : la première et la seconde. Au début, pour moi, une belle découverte. Je ne vous ferai pas l’injure de vous présenter Bruckner ni Poulenc ni Duruflé. Mais peut-être, comme moi, ne connaissiez-vous pas Thompson? Voici une autre version de la chanson qui initiait le concert. Quant à Pierre Villette, je n’ai pas trouvé de version d’un Ave Maria, mais une d’un Salve Regina, interprété par un choeur inattendu… Né à Duclair, près de Rouen, en 1926, et décédé en 1998 à Aix-en-Provence, où il avait dirigé le conservatoire pendant 23 ans, il a composé 80 opus, peu connues en France :

« De façon étonnante, son œuvre n’a jamais été très reconnue en France, sans doute du fait de sa carrière accomplie en province quand Paris domine la vie artistique du pays. » (Wikipedia)

J’ai donc beaucoup apprécié ce début de programme, notamment la « comparaison » possible de deux compositions autour du texte « O magnum mysterium ».

« O magnum mysterium, et admirabile sacramentum, ut animalia viderent Dominum natum, jacentem in praesepio! Beata Virgo, cujus viscera meruerunt portare Dominum Christum. Alleluia. »

En français:

« O grand mystère, et admirable sacrement, que des animaux voient leur Seigneur nouveau-né, couché dans une mangeoire! Heureuse Vierge, dont le sein a mérité de porter Le Christ Seigneur. Alleluia! »

Eh oui, c’est un chant de Noël, un chant grégorien créé pour les matines de Noël. Et j’ai ainsi appris, en préparant cet article, qu’il n’y avait pas deux versions, mais que de multiples compositeur-e-s l’avaient mis en musique (liste de Wikipedia)

« Bon nombre de compositeurs ont créé des polyphonies de ce chant ; parmi lesquelles les plus connues sont celles de Byrd, Morales, Victoria, Gabrieli, Palestrina, Alessandro Scarlatti, Poulenc, Judith Bingham, Harbison, La Rocca, Mäntyjärvi, Pierre Villette, Lauridsen, Kevin Memley, Busto, Louie, et Miškinis. »

Parmi elles et eux, donc, Poulenc et Lauridsen. Si vous voulez « jouer » comme moi, en voici deux interprétations. D’abord, Poulenc, par la Maîtrise de Notre-Dame de Paris. Puis celle de Lauridsen par le Choeur de Radio France. Très différentes, ces oeuvres, n’est-ce pas? Mais que c’est beau à entendre!

Le programme annonçait ensuite quatre motets… ce qui faisait 5, car le texte précédent est aussi un motet! Ensuite, on enchaîne sur la deuxième partie. Quel écart! Me voici soudain dans une ambiance toute autre, évoquant vaguement le Godspel.

Voici le tout dernier morceau, que j’ai très partiellement enregistré pour vous le faire entendre. Peut-être aimerez-vous?

Dernière oeuvre du programme ci-dessus: Moses Hogan

Vous devinez que j’ai beaucoup moins apprécié… et vous avez raison… Et de ce fait, mon regard s’est davantage promené aux alentours. Au pied du gnomon, un prêtre confessait… hors du confessionnal…


Mozart chez les Bernardins

La relation qu’entretenait Mozart avec la religion m’a souvent questionnée. D’où ma surprise lorsque j’ai découvert ce tout nouveau spectacle « immersif » proposé à Paris depuis hier…

Autre surprise : pas de problème pour obtenir une place au tout dernier moment! Et quand je dis « tout dernier »… Il était 16h20 pour une entrée à… 16h20! Car il faut retenir, pour pénétrer dans les lieux, et les flux se font toutes les 20 minutes. Le prix me paraissait assez élevé (32 euros), mais en cet après-midi où toute randonnée était exclue et tout déplacement rendu difficile par la chaleur, on ne comptait pas! Un petit café à l’ombre, avant de gagner le Collège et pour éviter la queue au soleil…

Un petit groupe d’heureux/ses élu-e-s participa donc avec moi à ce qui tient à la fois de la visite des lieux (que je n’avais jamais pu faire car les expositions et concerts déjà vus ici se tenaient au rez-de-chaussée), visite théâtralisée, de mini-concerts avec projections, de ballets, le tout impliquant au maximum le public, jusqu’à lui faire danser le menuet… Inutile de vous dire combien le rythme est soutenu pour que tout puisse se faire en 1h20.

Dès l’entrée, le petit groupe est happé par la musique et la narration…

Mais il est très vite entraîné par un joyeux Papageno vers la Flûte enchantée, où Mozart révèle son appartenance à la Franc-Maçonnerie.

Le grand réfectoire s’anime, s’illumine, prend des couleurs… et c’est ensuite le Mariage de Figaro, où Mozart reprend les critiques de Beaumarchais contre le droit de cuissage.

Papagayo nous entraîne ensuite vers le jardin, puis l’escalier menant au sous-sol. Dont je découvris donc alors avec beaucoup d’intérêt les différentes salles, servant jadis pour la plupart de cellier. Dans chacune, un accueil chaleureux, et une nouvelle oeuvre.

Loin de moi l’idée de vous en faire une présentation exhaustive. Juste trois moments forts… L’un assez ludique : deux personnes du public furent désignés comme chef-fe-s d’orchestre, devant assurer le tempo de deux symphonies sous l’oeil averti de leur hôte.

Le deuxième, magnifiquement esthétique : un mini-ballet de Mourad Merzouki sur La Petite Musique de Nuit.

Les jeux de lumière répondent à la musique et à la danse, et la petite salle voûtée se transforme…

Ambiance totalement différente dans la salle suivante, où nous sommes invité-e-s à nous recueillir pour quelques minutes du Laudate dominum.

Et je dois avouer que les projections, ici, pour moi, étaient quelque peu perturbantes une écoute intimiste.

La visite du sous-sol se termine, et la remontée dévoile le magnifique escalier, ainsi présenté sur le site de la Région:

« Cet escalier à vide central est entièrement en stéréotomie. La rampe d’appui est composée d’arcades à enroulement reliées par des étriers. Elles se rattachent à une plate-bande inférieure et supérieure par des billes. Des rouleaux sont placés entre les arcades« .

Vous ne savez pas ce qu’est la stéréotomie? Je l’ignorais aussi, et me suis précipitée sur le site de la BNF pour en savoir plus. Cette « technique de découpage et d’assemblage des pierres » « suppose une connaissance approfondie de la géométrie ».

« À partir du 16e siècle, cette technique fait l’objet de nombreux traités exposant des schémas complexes exécutés avec règle, équerre et compas. Cet art du trait dépend aussi du savoir-faire du tailleur de pierre, qui débite et taille les blocs, du calepineur, qui transforme les dessins de l’architecte en plans d’exécution, et de l’appareilleur qui trace ces plans directement sur le chantier.« 

Jugez par vous-même!

Le résultat?

Mais revenons à Mozart… Nous voici invité-e-s à apprendre le menuet.

De beaux fous-rires, quand nous dûmes mettre des perruques, puis apprendre en quelques minutes toute une séquence de menuet!

Genrées, les perruques! Plutôt blanches pour les femmes (ci-dessus), et grises pour les hommes (ci-dessous).

Mais la fin approchait… Dans tous les sens du terme ! Car c’est un prélat qui nous accueillit pour la dernière étape, dans l’oratoire. Je ne vous parlerai pas (ici et maintenant) longuement de ces trois extraits du Requiem, dont le Lacrimosa qui m’émeut toujours autant. Et cette ultime séquence me bouleversa. Et, une fois encore, je regrettai les projections murales qui n’auraient pas perturbé autant l’écoute si elles étaient restées telles qu’à notre entrée dans les lieux.

Inutile de vous dire, à la suite de cette narration, combien je vous encourage, quelles que soient vos idéologies et quel que soient vos âges, à participer à cette aventure. Et vous ne regretterez pas, je pense, la somme versée pour y parvenir…

J’ai découvert la somathèque

En allant dîner ce soir-là au restaurant argentin proche de chez moi, El Sur, « Le Bistro simpatico de Paris » – comme le présente son site -, je savais que je mangerais de délicieux empenadas et que je pourrais m’amuser à déguster le très bon guacamole avec des chips de maïs…

Je savais aussi qu’il me serait possible de goûter à un nouveau Malbec (encadrés en jaune, ceux que j’ai déjà tentés, et en vert le « nouveau », plus léger que les autres…

Je savais aussi que j’allais passer une bonne soirée avec mon « meilleur ami » qui adore ce restaurant car il est ce qu’on appelle un « viandard » (non pas dans le sens de « mauvais chasseur », mais dans celui de « grand mangeur de viande », et je dirais pour ma part plutôt « très amateur de bonne viande »). Le tout dans une ambiance chaleureuse, avec des serveurs et serveuses tou-te-s aussi jeunes et tou-te-s aussi sud-américain-e-s, bien que provenant de pays différents (Argentine, Mexique, Chili…).

Ce que j’ignorais, c’est que j’allais discuter philosophie avec l’une des personnes qui nous servaient! Et découvrir un nouveau mot, voire un nouveau concept : la « somathèque », que cet étudiant d’origine chilienne exploitait dans le contexte de la thèse qu’il prépare.

Dès qu’il l’a prononcé, mon cerveau d’helléniste (même pas distinguée!) a vite tourné. Soma, le corps. Thèque, l’endroit où l’on dépose, conserve, permet de consulter. Mais qu’est-ce qu’on peut bien conserver dans un corps? « Des traces… des souvenirs… Les marques de sa vie… etc » tenta-t-il de m’expliquer.
Un peu frustrée quand même, car il ne pouvait passer sa soirée à notre table, je décidai de m’enquérir de son sens et de son exploitation par la suite. C’est maintenant chose faite, et, si vous le voulez bien, je vais partager cela avec vous.
Le « papa » de ce concept, le voici : Paul B. Preciado, un Espagnol qui a eu comme conseiller pédagogique Jacques Derrida, pour vous préciser la « filiation intellectuelle ». Née comme Beatriz en 1970, iel a commencé quarante ans plus tard une « transition douce » et est devenu Paul.

« Pour son ouvrage Testo Junkie, Preciado expérimente pendant 236 jours un dispositif d’écriture accompagné d’une prise de doses de testostérone synthétique en gel, exercice s’inscrivant plus largement dans le cadre d’« expérimentations performatives et biotechnologiques de la subjectivité sexuelle et de genre. » (2008, p. 301). »

« La testostérone en tant que « liquide performatif » (Preciado, cité dans Smith, 2023)
participe à cette manifestation de notre transitude qui, à défaut d’être perceptible dès le premier instant, doit d’abord se constituer dans l’imaginaire. D’où l’importance des récits et de leur valeur poétique dans notre mise au monde trans : « C’est dans notre imagination en tant que force de transformation politique que nous commençons à devenir trans. » (Preciado, 2023)
. »

(source)

« Preciado a été professeur d’histoire politique du corps, de théorie du genre et d’histoire de la performance à l’Université Paris VIII et a été directeur du Programme d’études indépendantes (PEI) du Musée d’art contemporain de Barcelone (MACBA).
[ 5] Il a été conservateur des programmes publics de la documenta 14, de Kassel et
d’Athènes
. » (Wikipedia).
Mais ce n’est pas tout : il a aussi écrit, réalisé des films, et été commissaire d’expositions. Sans compter qu’il a partagé la vie de Virginie Despentes de 2005 à 2014…

Mais revenons à la « somathèque ». Le philosophe s’exprimait en ces termes dans un interview à l’occasion de son invitation en tant qu’ « invité intellectuel » au Centre Georges Pompidou en 2020 :

« La notion du corps est une des plus imprécises en philosophie. L’idée moderne de corps en tant qu’ensemble d’organes, le corps-objet biologique, n’est qu’une des fictions politiques du discours anatomique et médical. Il est aujourd’hui nécessaire de faire place à la notion de somathèque, un appareil somatique dense et stratifié, pour nommer et intervenir sur l’ensemble des pratiques de (re) production, de gestion et de destruction du corps, mais aussi de résistance et de contre-culture. La notion de somathèque surpasse et inclut le corps-anatomie pour penser une archive politique et culturelle vivante faite de représentations, de langages et de codes informatiques et traversée de flux organiques et inorganiques. »

« Le corps, c’est une somathèque : un ensemble de représentations, de rituels, de techniques, de normes de théâtralisation.” (2020) »

Voilà, vous en savez autant que moi, je vous laisse poursuivre vos découvertes, si le sujet vous intéresse. J’ai pour ma part trouvé d’innombrables écrits sur ces sujets… mais je suis encore loin de tout comprendre!!!

De retour de Nice…

Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas être aussi diserte que pour l’aller, un seul article suffira pour vous parler de deux haltes.

La première nous a accueilli-e-s dans un superbe camping, à Goudargues, surnommée « La petite Venise gardoise ». Et elle mérite bien son nom!

Le camping Le Saint Michelet est situé au bord de la Cèze, avec une jolie plage… un peu décalée de la rive, c’est original!

Il offre aussi la possibilité de se baigner dans une jolie piscine, au bord de laquelle se situe le café – restaurant à l’ambiance sympathique, où nous avons pu assister à la fin d’un match de football qui restera dans les mémoires.

Le Clos des Sources… Retenez ce nom, car le personnel y est charmant, l’endroit très reposant, et bien aménagé… Il y a même une maisonnette qui abrite une vaste salle de douche et toilettes pour les personnes en situation de handicap physique! Et la gérante a eu la gentillesse de faire un énorme geste commercial quand elle a appris la situation dans laquelle nous étions, avec un véhicule qui nécessitait le second pour pouvoir démarrer à coup de pinces crocodile! Et qui, après que nous eûmes pris un délicieux petit-déjeuner au bord de la piscine, nous a prêté le lendemain matin l’outil dont nous avions besoin…

Au couchant, nous décidâmes d’aller « en ville », car l’aperçu du bourg à l’arrivée nous avait séduit-e-s. Et à juste titre, comme vous avez pu le constater sur la première photo de cet article.

Plusieurs restaurants bordent la rivière, et nous avons choisi La Bocca, car la serveuse fort aimable proposait une adorable table tout au bord de l’eau. Un merveilleux endroit! Et la nourriture ne l’était pas moins, avec une souris d’agneau dont je ne suis pas venue à bout…

Mais la salade Bocca n’était pas mal non plus… Jugez-en plutôt!

Quant aux frites, elles sont dignes d’un estaminet, en accompagnement de brochettes!

Personnel adorable, avec qui j’ai noué connaissance, et couple de patron-ne-s tout aussi gentils, au point de rechercher l’outil dont nous avions besoin et le prêter aux inconnu-e-s que nous étions. Petite promenade au retour, avant de regagner le camping.

Bref, vous l’avez compris, une halte qui a mis du baume au coeur aux malheureux automobilistes confrontés à la panne et aux difficultés de circulation en ce week-end prolongé.

Après une journée assez éprouvante, en raison de la circulation, mais aussi d’un orage de grêle tel qu’une petite partie de route était bordée de congères… Pas question donc d’arriver le soir en Picardie. Repos à Orléans, afin de profiter à nouveau des bords de Loire. Hélas, toutes les guinguettes sont fermées en ce dimanche soir… Mais une belle balade au couchant, quand même, et le plaisir d’aller à nouveau dîner africain au Boloye, chez Khady. Toujours un bel accueil, et l’ami qui ne connaissait pas les plats africains a pu goûter au poulet Yassa, aux alokos, à l’attiéké et même au foutou banane, si rare en France!

Vous acceptez de regarder de mauvaises photos? Alors je vous emmène faire une petite promenade nocturne dans Orléans. D’abord, la cathédrale…

On ne peut oublier ici l’influence de Jeanne d’Arc ni de la lignée royale…

Et j’apprécie toujours autant les maisons à colombages, que l’on retrouve dans tant de région de France.

Pour comprendre le retour, une petite carte?

De Mers-les-Bains à Nice (4). Retour à Gien

Voici peu, je vous ai parlé de Gien, où avait lieu la sortie annuelle de l’association Vanvino… Une semaine après, me voici de retour dans cette ville, pour une pause déjeuner en ce jeudi de l’Ascension, après les haltes de l’abbaye de Fleury et de Sully, objets de précédents articles.

Premier objectif : le château, que je n’avais pu voir lors de la sortie collective la semaine précédente.

Hélas, il est fermé, et je ne peux que le photographier à travers la grille.

Ainsi qu’une statue qui devrait vous aiguiller sur ce qu’il est devenu…

Eh oui! Un Musée de la Chasse, comme le présente son site officiel. L’édifice construit par Anne de Beaujeu (encore elle!) est devenu un musée. Si son histoire vous intéresse, vous la suivrez sur cette vidéo. Elle n’y habitera pas, car son époux et elle partent à Moulins avant la fin de la construction. On dit qu’il a le style « Première Renaissance française » : briques rouges et noires mêlées à la pierre de taille. Au XIXème siècle, il devient siège administratif:

« En 1823, le vicomte de Riccé, préfet du Loiret, rachète le château de Gien à la famille Feydeau de Brou pour le compte du département du Loiret. Le monument est ensuite réaménagé pour accueillir la sous-préfecture (aile Est), un tribunal (Etage) et une prison (Rez-de-chaussée et caves).
La sous-préfecture et la prison resteront en place jusqu’en 1926 tandis que le tribunal ne déménagera qu’en 1962.
« 

Et il survivra aux bombardements des Allemands les 15 et 16 juin 1940, qui détruiront une grande partie de la ville.

Cette année, il abrite des hôtes étonnants…

Une affiche péda (ou andra?) gogique explique ce qui s’est produit, concernant le pont.

Décidément, pas de chances pour les visites ce jour : à l’église, d’abord une fin de messe, puis un baptême… Je ne puis la voir que de l’extérieur. Mais pas trop chagrinée de ce contretemps, car elle est résolument « moderne ». Il reste à admirer le paysage vu de la colline sur laquelle se situent château et église.

Pas de visite, mais finalement sans regret : c’est l’heure du pique-nique! En zoomant, vous pouvez voir cohabiter Hauts-de-France et Loire!

Une vraie chance : une guinguette en bord de Loire est fermée, et nous profitons honteusement de ses installations avec une jolie vue sur le fleuve…

Mais il faut repartir, il reste bien des kilomètres jusqu’à la destination, Nice!

Pour revoir l’ensemble du trajet, une carte avec son tracé…

Un nouveau mot dans mon vocabulaire

J’ai glissé voici quelques jours un mot dans un de mes articles, mot que je venais tout juste d’apprendre… Apparemment, tout le monde le connaît car je n’ai eu aucune question à son sujet! Ce mot? « Anatidés ». Cela vous dit quelque chose?

Il est en Italie un plat que j’aime beaucoup, mais que je n’ai jamais retrouvé en France (de même qu’il est difficile d’y manger le « foutou banane » ivoirien) : les « bigoli all’anatra » ou « bigoli co’l’anatra ». Vous connaissez? C’est une recette du Veneto, la région de Venise. Les bigoli, ce sont de gros spaghetti, assez épais, qui présentent l’avantage qu’on les sert parfois coupés comme les macaroni. Voici l’appareil qui sert à leur fabrication, la bigolara (source).

Mais, me direz-vous, cela n’apporte nulle réponse à l’explication du terme « anatidés »! Certes, mais j’y viens. Vous allez comprendre à partir de la recette, qualifiée de « facile » par l’auteur du blog dont elle est extraite.

« Pour 4 personnes
Préparation : 45 min. – cuisson : 1h15

 Ingrédients

300 g de farine complète (T110)
3 oeufs
1 canard (avec les abats)
1 oignon
2 carottes
2 branches de céleri
50 g de beurre
1 bouquet de sauge
50 g de parmesan râpé
sel, poivre

un robot à pâte avec filière à bigoli« 

Premier problème : il faut une bigolara! Admettons que vous l’avez, je continue donc. Non sans avoir précisé, au passage, que la farine complète correspond à la recette traditionnelle, mais qu’on peut aussi les faire avec une farine blanche si on préfère. Avez-vous déjà une idée de ce qu’est un « anatidé »? Non? Pas encore?

Pour les pâtes, la recette ne varie guère des autres, si l’on excepte l’appareil.

« Mélangez la farine, les œufs et le sel jusqu’à l’obtention de miettes grossières (style crumble). Laissez reposez 1/2 heure. Passez la pâte petit à petit dans le robot pour obtenir des bigoli. »

La recette que j’ai trouvée sur ce site se fait avec les bigoli entiers. On va donc laisser reposer les pâtes crues pendant qu’on prépare la suite.

« Dans une grande casserole d’eau, froide salée, faites un court-bouillon avec le canard, le céleri, les carottes et l’oignon. Dès qu’il y a ébullition, laissez cuire pendant une heure.

Pendant ce temps, découpez les abats en morceaux. Dans une petite poêle, faites brunir le beurre et la sauge, ajoutez les abats et mouillez-les avec une louche du bouillon qui est en train de cuire. Salez et poivrez, et faites cuire environ 30 minutes à feu doux.

Quand le canard est cuit, retirez-le et filtrez le bouillon avec une passoire très fine. Portez à nouveau le bouillon à ébullition et jetez les bigoli. Faites-les cuire al dente (comptez environ 5 à 8 minutes).

Egouttez les bigoli et versez-les dans un plat à spaghetti bien chaud. Assaisonnez avec le jus des abats et saupoudrez abondamment de parmesan râpé. »

L’auteur pose alors une question surprenante : « que faire avec le canard? ». Alors, je relis la recttes… Mais oui, c’est vrai, on l’a cuit, on a cuisiné ses abats, mais ensuite? On le mange cuit à l’eau??? Oui, mais avec une sauce…

« Le canard blanchi pourra être servi comme plat principal avec des légumes verts (asperges, petits pois par exemple) et une sauce pour bouilli.

Les sauces ne sont jamais servies sur la viande mais à côté pour ne pas altérer le goût de la viande. Parmi les plus connues, il y a la sauce pearà (sauce au poivre), la salsa decren (sauce au raifort), la salsa verde (sauce verte) et la salsa coi càpari (sauce aux câpres).

Recette de la salsa verde  

Ingrédients

1 œuf dur
filets d’anchois débarrassés de leur sel
20 g de pignons
100 g de persil frais
20 g de câpres
le jus d’un demi-citron
100 ml d’huile d’olive
la mie de 2 tranches de pain (mouillé d’un peu de bouillon de cuisson)
sel & poivre

Préparation

Pas de grand mystère, hachez menu les ingrédients solides, amalgamez avec le jus de citron et l’huile, épaississez avec la mie de pain, salez et poivrez. »

Et surtout ne le servez pas avec les pâtes! En Italie, souvenez-vous, on mange d’abord la pasta en premier plat, puis la viande, avec ou sans légumes, en second plat!

Pour parfaire votre culture culinaire vénitienne, sachez que les bigoli peuvent évidemment être cuisinés autrement, par exemple « in salsa », avec une sauce aux anchois.

Mais revenons-en à nos moutons… ou plutôt à nos canards. Car, vous l’avez deviné, « anatra », c’est le canard, comme le confirme le Larousse.

anatra

sostantivo femminile

1.zoologia   canard m, cane f
 anatra selvatica   canard sauvage
2.cucina   canard m
 anatra all’arancia   canard à l’orange

Notons que le mot est épicène : il désigne aussi bien le mâle que la femelle… Dans une partie de la France, on ne parle pas de « canard » mais d’ « anatra ». Où? En Corse bien sûr, où il est le héros de quelques chansons, comme celle-ci, de Ricardo Tesi et Maurizio Geri. Je l’ai vu interpréter récemment, c’est très drôle… L’équivalent de notre « Alouette, gentille alouette », et le compagnon du chanteur montre au fur et à mesure les différentes parties de son corps. En nissart, le mot comporte la même « racine ». En effet, « canard » se dit parfois « aneda » mais le plus souvent « canart » ou « camart ». Par contre, l’occitan utilise une autre racine, dans son « guit ».

Il n’y a cependant pas que des canards ou canes parmi les anatidés: on y trouve aussi les cygnes…

… Et les vaillantes gardiennes du Capitole!

Pour finir, si vous voulez voir un film aussi beau qu’intéressant sur cette famille de l’ordre des Anseriformes, je vous conseille celui-ci. Encore un nouveau mot! Savez-vous ce qu’il signifie? « . Demandez à Rabelais, qui a utilisé l’adjectif « ansérin » : « Un lict a triple couche de plume anserine« . D’accord, un oiseau… Lequel des anatidés? L’oie…