Saisir l’instant

Une petite fille courant dans le jardin, ramassant des branchages, s’élançant sur le champ…

Un groupe de jeunes femmes, sur des écrans, échangeant, travaillant, réfléchissant, discutant, se soutenant…

Un jeune chef d’orchestre privé de musiciens, de spectateurs, de concerts, avec ses petits jouant…

Un peintre isolé, penché sur l’oeuvre en cours, créant, créant, créant…

Un couple et son enfant, apportant oeufs, brioche, sourires, et l’apéritif partageant…

Un ami comprenant le désespoir profond, sans retard appelant…

Ce que j’ai vécu hier, et qui permet, jour après jour, de « tenir » dans ce confinement.

Alors, en cette pré-aube où brille un beau croissant montant, un poème d’une écrivaine qui a vécu d’autres confinements, bien plus dramatiques, car juive née en 1927, dont la famille avait décidé de résider en France, et qui a été sauvée par des familles belges : Esther Granek.

Alexi Zaitsev, un peintre à découvrir!
Merci à « Rosalie dans tous ses états« 
Un beau diaporama sur ce peintre ici

Saisir l’instant

Saisir l’instant tel une fleur
Qu’on insère entre deux feuillets
Et rien n’existe avant après
Dans la suite infinie des heures.
Saisir l’instant.

Saisir l’instant. S’y réfugier.
Et s’en repaître. En rêver.
À cette épave s’accrocher.
Le mettre à l’éternel présent.
Saisir l’instant.

Saisir l’instant. Construire un monde.
Se répéter que lui seul compte
Et que le reste est complément.
S’en nourrir inlassablement.
Saisir l’instant.

Saisir l’instant tel un bouquet
Et de sa fraîcheur s’imprégner.
Et de ses couleurs se gaver.
Ah ! combien riche alors j’étais !
Saisir l’instant.

Saisir l’instant à peine né
Et le bercer comme un enfant.
A quel moment ai-je cessé ?
Pourquoi ne puis-je… ?