En quête de l’éclipse de Lune

Hélas pas de moi… Une éclipse en 2017. © Getty – John Finney photography

5 heures du matin… Je me lève et me précipite vers la fenêtre de ma chambre… Où est la lune? Ah! la voici… Et là, surprise ô combien agréable. L’éclipse a commencé, et elle est bien visible. Je vérifie sur le net. Elle est prévue comme entière à 5 h 29.
Mais la lune ne va pas tarder à disparaître derrière les arbres. Vite, je m’habille, saute dans ma voiture, et monte sur le plateau picard. Et là… plus rien. Aucune lune visible. Le soleil point déjà à l’est.
Tout à coup, un bond auprès de moi… Je me tourne… Et voit dépasser des hautes céréales deux bois se détachant nettement du ciel déjà bien clair à l’est. Deux yeux me regardent avec curiosité. Puis l’animal se retourne et s’enfuit en sautant haut dans le champ… Un chevreuil… C’est le deuxième que je rencontre d’aussi près cette semaine. La dernière fois, c’était au Parc de Saint Cloud. Alors que je marchais vite pour ne pas me retrouver enfermée dans l’enceinte du parc, il était là, tout près, dans une clairière, et son regard semblait moqueur. « Ah? tu vas passer la nuit ici, avec moi? » Celui-là ne s’était pas enfui. Il est resté immobile, à quelques mètres de moi. Et j’ai bien regretté de ne pouvoir rester là, tranquillement, en face de lui. Il me fallait courir…

Mais revenons à ce lundi matin. Toujours pas de lune en vue, éclipsée ou non. Les nuages, il faut le dire, sont nombreux à l’horizon. Je reprends donc ma route et décide d’aller sur le versant d’en face. Direction donc le Monument Foch à Doullens. De celui-ci, la vue est imprenable vers l’ouest. Hélas, lorsque j’y arrive, toujours rien… Je monte au sommet, sur le plateau… Mais non, l’astre est décidément bien caché. Ou déjà « couché »? Car, de l’autre côté, le soleil a fait son apparition. Comme en ce moment nous sommes proches de la pleine lune…

C’est donc bien dépitée que je reprends la route. Descente vers le bourg, puis remontée de l’autre côté, en faisant un détour pour me retrouver à nouveau en hauteur. Nouvel arrêt pour scruter l’horizon. Nouvelle déception. Il est 6 heures, il ne me reste plus qu’à rentrer.

Peut-être aurais-je dû rester tranquillement dans ma chambre, et aurais-je pu assister davantage au phénomène?

Mais j’ai été récompensée d’une autre manière. D’abord, par les doigts de rose de la Belle Aurore qui ont teinté le ciel de nuances suaves. Ensuite, par la délicate senteur des roses qui s’épanouissent en ce moment dans la cour. Une merveille, en cette aube fraîche, après la pluie nocturne!

J 20 après N-C

Sérénité et rêveries devant le lever de soleil, qui m’a accueillie ce matin sur les bords de Seine, quand j’ai décidé de ne pas prendre le bac de La Bouille, et de poursuivre en bord du fleuve vers le bac de Duclair… Je ne commençais la journée de travail qu’à 9h et disposais donc d’un peu de temps! J’aime à me laisser aller à la contemplation de l’eau au levant, quand la brume renvoie aux contes de fées et mystères médiévaux…

Aube

J’ai embrassé l’aube d’été.

Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombre ne quittaient pas la route du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.

Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq. A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.

En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.

Au réveil il était midi.

Arthur Rimbaud