Les décâblés

Que choisir quand deux jeunes filles de 18 ans vous demandent de les emmener voir un spectacle de théâtre « hors du commun »? Telle est la question à laquelle je me suis trouvée confrontée hier soir… Qui plus est, un lundi. Et, cerise sur le gâteau, à 19h45!

Heureusement j’avais déjà anticipé, et passé quelques temps le matin à regarder la liste des spectacles parisiens en ce lundi de février… Et j’avais notamment remarqué qu’il y avait du théâtre d’improvisation. Or nous avions déjà vu ensemble une pièce, « Bio », que j’ai commentée jadis sur ce blog. Et cela avait tellement plu à l’une d’entre elles qu’elle avait voulu retourner la voir avec son amie.
Me voici donc réservant « en catastrophe » sur le site du théâtre des Blancs Manteaux, pour un spectacle remarqué le matin même sur le net, les Décâblés.

Me voici donc sur la page « billetterie », et ne comprenant pas pourquoi il y avait un tarif « promotionnel » différent d’un tarif « préférentiel », tous deux différents d’un tarif « normal » et d’autres tarifs par catégories sociologiques… Un vrai casse-tête! J’ai donc appelé le théâtre, et ce fut le premier gag de la soirée : il faut choisir celui que l’on préfère, et aucun justificatif n’est demandé… A tout hasard, j’ai pris le moins élevé (13 euros)… et ai obtenu mes places sans peine… Si, je vous assure. Et si j’ajoute que, pour entrer, nous n’avons été soumises à aucun contrôle… Voilà qui rend bien sympathique, dès l’abord, ce théâtre!

Sympathique, il l’est. Et plein de charme aussi. Si discret, dans cet angle de rue, que nous étions passées devant sans le voir… Et si chaleureux, une fois que l’on pénètre dans le bar adjacent ou dans la petite salle un peu (beaucoup) défraîchie…

Le bar et l’entrée du théâtre

Les codes des théâtres parisiens héritiers de la tradition bourgeoise des XVIII et XIXèmes siècles sont joyeusement transgressés, si l’on excepte la couleur rouge… des bancs! La scène et le rideau sont noirs… Et, pour cette pièce, une télévision rouge venait casser tout le sombre du fond de salle… Une télévision-urne, dans laquelle le public était invité à glissé un bulletin avec son prénom et une « phrase-thème » de son choix.

La télévision – urne

Car c’est l’un des principes de ce spectacle : pas de « spectateurs/trices », mais des personnes en interaction avec les acteurs, et même convoquées sur scène pour jouer avec eux, comme cette « Pimprenelle » choisie, avec deux autres personnes, dans le public pour réellement interagir sur scène en binôme avec un acteur.

L’acteur dialoguant avec sa partenaire avant de jouer « Les Z’amours »

En l’occurrence, il s’agissait de l’émission Les Z’amours, pour laquelle l’animateur (quatrième acteur, un peu « hors scène » mais tellement « sur scène »!) pose des questions à des couples… Le public est donc à la fois co-auteur et co-acteur de ces sketches déjantés sur les émissions de télévision. Et là, je dois avouer que mon manque de culture télévisuelle a été pour moi un handicap, car par moments les autres étaient pliés de rire, alors que je ne comprenais pas pourquoi… et comme je n’ai jamais vu Koh Lanta, N’oubliez pas les paroles ou encore On n’est pas couchés, je ne pouvais saisir la finesse de certaines répliques… Pas plus que je n’ai pu évaluer la justesse des paroles (ni de l’air) quand ils ont été amenés, dans un sketch dont le thème était « J’aime la pêche », à chanter du Céline Dion et du Metallica!

Mais l’entrain, le jeu et le sens de la répartie des 4 jeunes gens, reconnaissables par les couleurs assorties du tee-shirts et des chaussures (rose, bleu,vert pour les 3 « sur scène »), à l’exception de « l’animateur », tout de noir vêtu et aux chaussures de cuir fauve, ont entraîné le public dans un délire de plus d’une heure. Un public conquis, dans toute sa diversité d’âge, de sexe, de milieu et de genre… Car il a bien été question de genre, aussi, dans ce spectacle, et des stéréotypes y afférant, dans une gaie satire qui n’épargnait personne. Un seul regret, me concernant : le glissement vers des formes de vulgarité, à certains moments… Dommage… mais cela n’enlève rien au plaisir partagé avec les deux jeunes filles qui m’accompagnaient…