Un avis sur un site de sorties partagées. Intriguée, je partage à mon tour l’idée. Le 17 à midi, ouverture de l’inscription à un concert à la Sorbonne, orchestre et choeur. « Inscrivez-vous vite, il y a peu de place ». Je partage immédiatement l’info. Pour en faire profiter d’autres, mais aussi parce que, ce jour-là, je travaille à Lille sans répit, déjeuner compris.
C’est avec émotion que je retrouve donc le mardi soir, après une seconde longue journée de travail, l’édifice historique qui a accueilli, voici bien longtemps, très longtemps, une jeune fille de 17 ans en rupture d’hypokhâgne, et, dans un passé plus récent, une thésarde tardive qui avait demandé à soutenir en ces lieux, Amphithéâtre Dürkheim.
Cette fois, c’est un autre amphi que nous cherchons, l’Amphi Richelieu. La Sorbonne fait un peu « ruche » à mon arrivée. Dans la cour, dans le grand hall, dans d’autres amphis, une nuée de jeunes en tenue sombre. Que dis-je, sombre! Noire! Pas la tenue ordinaire des étudiant-e-s qui fréquentent ces lieux. Je suis intriguée par leur nombre, aussi.

L’amphi est déjà bien plein quand j’y pénètre. Il faut dire que le tiers environ des places les plus proches de la scène, face et côtés, sont marquées soit par des dossiers noirs soit pas des « réservé ». Une jeune « ouvreuse » explique que c’est pour le choeur et les invité-e-s. Le choeur? Etonnant, non? Ordinairement il est plutôt sur scène!
Montée donc par l’étroit escalier qui conduit à l’étage supérieure. Installation sur les bancs de bois toujours aussi durs, avec des dossiers raides qui n’épargnent pas le dos et un espace qui ne permet pas aux personnes de taille normale d’y placer leurs jambes… D’ailleurs mon voisin du rang suivant, un grand jeune homme tatoué et annelé, cheveux décolorés, ne parvient pas à glisser ses jambes longues, longues, longues, entre siège et dossier du rang précédent. Il passera toute la soirée à se tortiller en tout sens pour tenir bon. Comme mon voisin immédiat, un peu moins grand, mais qui cherchera une position à peu près tenable tout au long du concert.
La salle est pleine de spectateurs, et le spectacle des nombreuses places réservées, vides, est étrange…
Un organisateur se trémousse, puis prend la parole pour remercier, dire combien il est heureux, etc. Notamment parce que le Président de l’Université est dans la salle. Je ris intérieurement. C’est unE PrésidentE. Elle est d’ailleurs deux rangs devant moi, discrètement installée au sein de la foule du balcon. Seule la présence de deux jeunes hommes en tenue de gala, au rang suivant, qui se penchent régulièrement vers elle, a attiré mon attention…
Puis un grand escogriffe entre en scène. On nous a annoncé l’un des deux chefs. Mais ce n’est pas une baguette qu’il a en main! C’est un djembé! Et il ne se glisse pas derrière le pupitre! Il s’assied, oui, il s’assied sur le bord de la scène ! Et se saisit de son instrument, commence à en jouer doucement.

Au rythme de celui-ci, alors, arrivent sur scène, mais aussi dans les deux espaces permettant de descendre dans les rangées de sièges, trois longues files de jeunes, tout de noir habillé-e-s. Une cérémonie étrange. Intrigante. Trois vagues déferlant doucement (bel oxymore, n’est-ce pas?)…

Et le chant commence. Tout doucement, d’abord. Puis de plus en plus fort. Jusqu’à emplir tout l’espace et enivrer les personnes présentes. Les choristes dansent en chantant… La surprise est totale.
Le reste du spectacle sera plus « classique ».

Présentation de la saison 2022-2023. Le chef d’orchestre expose, explique, annonce, et introduit pour chacun des premiers spectacles les extraits qui seront joués et chantés. A chaque fois, la scène est recomposée, les musiciens et choristes alternent ou au contraire se retrouvent. Un vrai ballet. Et des morceaux très disparates, du 18ème au 21ème siècle.

Pour ce faire, l’orchestre évolue, du « grand » (enfin, le plus grand possible, vu l’étroitesse de la scène!) au quatuor…


J’ai pour ma part particulièrement apprécié deux d’entre eux.
Le premier, une chanson composée par une jeune Ukrainienne à partir d’un discours de son président. Un jeu entre deux chanteuses, qui avaient pris place au plus haut des espaces latéraux, et le choeur situé sur scène. A capella. Emotion intense, partagée.

Le second, une oeuvre dont le compositeur, Jean-Yves Bernhard, actuellement en résidence à l’Abbaye de Fontevraud, venait d’être présenté.

Il a pris place au milieu du premier rang du choeur, et le son de son saxophone donnait le rythme au chant, pour, en toute fin, s’allier à celui-ci. Autre émotion, mais différente.
La soirée s’est achevée sur un appel à la participation des auditeurs/trices. Car il est organisé deux fois dans l’année des concerts participatifs. L’un autour du Gospel. L’autre autour de chants de compositeurs actuels. Mais la salle a peu participé au Choeur des Gitans de Verdi, qui a clos cette étonnante soirée…

Seuls trois spectateurs sont restés particulièrement calmes, bien tapis dans la pénombre… Les connaissez-vous? En voici deux… Qui est le troisième?


Une dernière information : une captation du concert a été faite, annoncée… mais quand et où sera-t-elle disponible? Peut-être sur YouTube, où l’on peut voir beaucoup de vidéos du COSU?