Errare humanum est

Quelque peu fatiguée par la semaine de travail et déprimée d’être seule, je me suis décidée rapidement, ce soir, à aller au cinéma. Bien sûr, mon choix s’est porté sur une comédie. Il me fallait rire si je ne voulais pas pleurer! Je choisis en conséquence un film réputé comique, qui est sorti cette semaine : « Classe moyenne ». La distribution en est alléchante. Jugez-en vous-même :

Mal m’en a pris. Si certaines scènes font sourire, l’ensemble est si féroce et violent que c’est plus déprimant que drôle! Je ne vous dévoilerai pas le scénario, pour le cas où vous voudriez en juger par vous-même, mais surtout n’y allez que si vous êtes « gonflé à bloc » et prêt à tout.
Néanmoins un film intéressant.
La satire des avocats est amusante.
Et la villa avec piscine à débordement fait rêver…


Brillants Lumière(s)

Un couple rencontré à la terrasse de l’un de mes lieux de restauration (dans tous les sens du terme) préféré, l’Ebouillanté (dont je vous ai déjà parlé maintes fois), m’a conseillé d’aller voir un documentaire. Or je ne suis pas une fana de ce genre. Mais je les ai écoutés. Et je m’en suis félicitée, ô combien, tout au long de la projection à l’UGC Danton. Son titre?

Un film certes fondé sur un parti-pris : le génie incontestable d’un père et de ses fils. Mais pas seulement. De leurs femmes, leurs enfants, bref, un film à la gloire de la famille. Ce qui pourrait faire fuir, me direz-vous. Non, surtout, ne fuyez pas. Et si vous en avez l’occasion, allez le voir. Car il faut le voir sur grand écran. Cela perdrait trop sur celui de votre ordinateur ou de votre téléviseur.
En effet, ce qui rend ce film littéralement extra-ordinaire, c’est que la technique a permis de restaurer suffisamment les innombrables « vues » tournées par Louis Lumière, son frère Auguste et les opérateurs qu’ils ont formés et envoyés aux quatre coins du monde.

Le cinématographe Lumière

En cherchant sur le net, pour préparer cet article, j’ai trouvé à ma grande surprise un article de 2015 évoquant déjà un film du même type, article très intéressant.

« À la différence de ce qu’ont subi la plupart des films de l’époque du muet, les films réalisés sous la marque Lumière ont été remarquablement préservés. Béatrice de Pastre, directrice des Archives françaises du film, donne le chiffre de 1.422 «vues» réalisées sous la bannière des industriels lyonnais. Le DVD aujourd’hui édité par l’Institut Lumière en propose un choix de 114, remarquablement restaurés, et offrant un survol aussi complet que possible des principaux aspects de la production de la firme du quartier Monplaisir.« 

Car à cette époque, c’est en DVD que ces films avaient été proposés, si j’ai bien compris, avec un montage totalement différent de celui qui prévaut dans le documentaire actuel. Un autre parti-pris : une structuration autour de thématiques. Pas géniale, mais qui « embarque » le spectateur et la spectatrice dans une « histoire » telle que l’on ne s’ennuie à aucun instant. « Embarquer », ce terme n’est pas choisi par hasard. Car naviguer à la proue d’un bateau à voile, c’est ce que proposent des images choisies dans ce film. Je ne les ai pas trouvées sur le net, mais vous pourrez voir ici celles de l’embarquement familial à La Ciotat, fief de la famille Lumière.

Outre la beauté des images, ce documentaire m’a séduite pour de multiples raisons, qu’il serait trop long de décliner ici… Je préfère donc vous laisser le découvrir vous-même, comme je l’ai fait grâce à cette belle rencontre en terrasse au soleil printanier…

Grand Tour

Un film presque totalement en noir et blanc. Une plus grande proportion de narration en voix off que de dialogues. Et surtout une ribambelle d’anachronismes délibérés. Voilà ce qui me vient à l’esprit au sujet du film Grand Tour, de Gomes.

Peut-être aussi l’exploitation des stéréotypes : les « Caucasien-ne-s » sont expansifs, incarnés par des acteurs/trices qui surjouent, alors que les « Asiatiques » ont le verbe rare et restent de marbre en toute situation.

Ou encore une accumulation de saynètes qui pourraient sortir d’un guide touristique sur les pays visités et leurs spectacles étonnants : ombres chinoises, marionnettes, sports de combat, combats de coqs, musique difficile à faire accepter à nos oreilles policées par le classique ou le jazz, danses subtiles…

Mais surtout la beauté des images, des paysages, les choix de cadrage qui tour à tour plongent le spectateur / la spectatrice dans des villes bruyantes, tourbillonnantes, virevoltantes, ou dans des vallées montagneuses impressionnantes de sérénité et de silence uniquement troublé par le froissement d’ailes d’oiseaux ou le grignotage des pandas.

Si j’ai éprouvé quelques difficultés à « entrer » dans l’histoire, tant le scénario est rocambolesque, je me suis laissé porter par la suite, jusqu’aux trois quarts du film. J’ai moins apprécié la fin, beaucoup trop mélodramatique à mon goût.
Car, dans ce film, on oscille en permanence entre rires et larmes, et la « guimauve » n’est jamais loin. Un art certain de funambule pour le réalisateur… trahi à la fin par une précipitation pour clore le tout. Dommage!

Néanmoins une oeuvre « rare », qui fait oublier, le temps de la séance, le monde ambiant pour nous plonger dans nos rêves et nos fantasmes, au sein d’un univers souvent poétique. A voir, donc, pour se forger sa propre idée…

En fanfare

Le titre du film m’avait intriguée, et les bribes d’informations que j’avais m’ont alléchée… Me voici donc dans une salle sombre, prête à découvrir ce que j’espérais un hymne à la fraternité et à la musique.
De ce côté, je n’ai pas été déçue. Je ne vous raconterai pas l’histoire, car cela déflorerait le sujet, au cas où vous viendrait aussi l’idée d’aller le voir…

Côté « fraternel », les bons sentiments, toujours proches des rejets, ne manquent pas. Et les deux acteurs sont si opposés et jouent si bien que ça « passe », sans trop virer à la guimauve.

Côté « musique », pas de doute, « ça baigne »! On passe de l’univers classique au jazz, via la chanson française, y compris Sardou… Le Boléro venant réconcilier tout le monde à la fin. Les amateurs de classique comme ceux de jazz seront ravis, et les fans de Sardou pas moins. On ne peut pas faire plus « consensuel »! Un peu trop, peut-être, sussurre en moi un diablotin…

Toujours côté « musique », si vous n’appréhendez pas bien en quoi consiste la conduite d’un orchestre, c’est un bon tutoriel. Vous finissez pas comprendre beaucoup de choses, y compris que diriger un orchestre symphonique de haut niveau n’est pas si différent que mener une fanfare d’amateurs/trices plutôt fantaisistes, voire fantasques.

Alors, me direz-vous, qu’est-ce qui fait qu’on vous sent « retenue »?

Les stéréotypes concernant le pays minier. Pourtant, j’avais été la première à m’extasier devant « Bienvenue chez les ch’tis ». Mais Dany Boon connaît et aime son pays, et s’est joué des stéréotypes avec brio. Ici, ce n’est pas le cas. Parfois même je me suis sentie gênée. Pourquoi? Difficile à expliciter!

Trop d’emphase autour de la solidarité des ouvriers/ères et des mineurs?

Trop de gentillesse chez dans les portraits de femmes dégoulinant de courage, d’amour et de bons sentiments?

Trop de caricature dans les décors, notamment la maison en briques des quartiers populaires? Sans compter l’incontournable canal…

Et le côté invraisemblable, notamment de la fin, qui fait plus « conte de fées » que film réaliste. Ce qui m’amène à la troisième raison : un « mélange des genres » pour moi assez difficile à accepter. Mais ce ne sont que mes impressions, et je vous conseille de vous faire votre propre opinion, en allant voir ce film. Car il est un bon dérivatif à la grisaille et la froideur (dans tous les sens du terme) ambiantes…

Une alternative : aller à Walincourt?

La simple vue de cette carte suffit à comprendre que l’on n’est pas en pays minier: celui-ci est situé beaucoup plus au nord! et encore moins près de la mer!

Mais pour ce qui est de la musique, vous ne serez pas déçu-e si vous y allez ce week-end…

Avatars du Dit du Genji

Rassurez-vous, je vais finir aujourd’hui cette série sur une visite qui m’a vraiment marquée… Ne serait-ce que parce que je suis frustrée de ne pouvoir vous faire vivre avec moi la semaine que je suis en train de passer dans mon fief niçois… Mais je ne voulais pas ne pas vous parler des autres découvertes durant cette visite! Elles sont au nombre de 3.

5. Le Dit en manga et en animation

A peine sortie de la salle où j’ai appris ce qu’est une « parodie » et qui se ferme sur un splendide palanquin, me voici brutalement plongée dans un étrange univers, qui forme un contraste surprenant avec celui qui précède.

Et pourtant, il s’agit bien du même texte! L’oeuvre a été reprise en manga, dans diverses éditions, et en film d’animation.

Je ne vous en dirai pas davantage, car je suis totalement ignare dans ces deux domaines : les mangas et les films d’animation. Et je dois avouer que je suis passée assez rapidement dans cette salle, à qui j’en voulais de « casser » la magie en me transportant dans un univers tout autre. La salle suivante m’a réconciliée avec l’exposition, bien qu’elle parle d’une période bien plus récente que celle de Murasaki Shikibu…

Le livre des solutions

Voilà longtemps que je n’étais pas allée au cinéma, avant cette froide semaine de janvier. Et maintenant trois films à la suite! Après la campagne, encore la campagne. Mais, cette fois, la campagne-refuge, dans les Cévennes, pour un réalisateur hors-normes qui veut (doit???) fuir les studios parisiens.

Et hors-normalité.

Je ne vais pas vous en dire plus, car je ne m’attendais pas du tout à ce genre de film quand je suis partie le voir, sur la gentille invitation d’une jeune femme qui signalait, sur le site OVS, que le cinéma UGC Montparnasse proposait de revoir les films que l’on avait « ratés » dernièrement, pour la modique somme de 5 euros. Une excellente initiative. Pas seulement pour le montant de l’entrée, mais surtout parce que je suis LA spécialiste du « trop tard », pour aller voir les films que je souhaite découvrir. Du printemps à l’automne, parce que je préfère profiter des belles journées et longues soirées. L’hiver, parce que je privilégie danse, concert, théâtre ou restaurant (de préférence au coin d’une cheminée, comme vous l’avez lu dernièrement)!.

Je ne vous dévoilerai donc pas davantage le scénario. Mais si vous voulez voir un film original à différents points de vue, aux acteurs convaincants (bien que le premier rôle soit un peu trop omniprésent à mon goût), au scénario inédit (à part une scène dont je me serais bien passée), et qui offre des moments inoubliables… Alors c’est celui qu’il faut aller voir.

Attendez-vous à être bousculé-e, voire dérangé-e… bref, un film qui est loin de détendre, distraire (même si certains membres du public ont beaucoup ri) et reposer… Il m’a poursuivie toute la nuit, et cela continue…

Deux films promouvant la vie à la campagne…

J’avais très envie de voir « 5 hectares », car un peu fan, je l’avoue, de Lambert Wilson… Un peu plus frileuse pour le « Bonnard » sur lequel certains critiques étaient très réservés. Néanmoins, grâce au mauvais temps de ces derniers jours, je suis allée voir les deux, et ne puis m’empêcher de vous en faire retour.

5 hectares

Si vous recherchez un film « intellectuel », puissant, savant, passez votre chemin. Si vous avez envie de vous détendre et que vous appréciez l’humour au deuxième, voire au troisième degré, filez vite le voir, il ne va sans doute pas rester longtemps sur les écrans…

Pourtant, que cela fait du bien de voir un tel film, aussi vivant, dynamique, optimiste, rafraîchissant! J’ai passé un excellent moment, loin de la fureur du monde. Et partagé l’amour du héros pour les tracteurs… et la campagne, peut-être un peu trop esthétisée (si j’ose ce néologisme?)…

Et une scène d’anthologie : celle qui montre l’homme hyper-policé foncer sur les douaniers et contrôleurs qui viennent poser problème aux fermiers travailleurs! Un moment inoubliable! Mais il en est d’autres plus calmes, voire romantiques… je vous laisse les découvrir…

Bonnard

Pierre et Marthe

J’apprécie le peintre, mais je crains toujours les « biopic », comme on dit maintenant, ces films qui retracent la vie ou une partie de la vie d’un être célèbre… d’où la frilosité dont je vous faisais part plus haut… La personne qui m’accompagnait pour cette séance hivernale n’avait, elle, guère envie de voir ce film, assez bien démoli par les critiques de l’émission Le Masque et la Plume. Mais à la sortie, le contentement était partagé, nous y avions trouvé notre compte, et passé un excellent moment en compagnie de Pierre et de Marthe. Car le héros du film n’est pas vraiment le peintre. C’est plutôt celle qui est devenue sa femme tard, très tard, au crépuscule de sa vie.

« Bon public », peut-être, comme disent d’aucun-e-s avec mépris de celles et ceux qui s’émeuvent devant un grand écran? Je ne sais. Mais le film ne se contente pas de nous faire revivre le passé, de nous faire voyager, des bords de Seine à ceux de la Méditerranée, de nous montrer les processus de création… Il nous fait vivre aussi intensément toutes sortes d’émotions, du rire aux larmes, de l’enthousiasme à la sidération…

A voir donc absolument, que vous aimiez ou non les oeuvres des Nabis…


Un scenario « tiré par les cheveux »

J’entendais jadis souvent cette expression, en particulier concernant les transitions. Qu’elles soient des présentateurs / trices de la télévision de l’époque, ou des élèves dans leurs rédactions. Mais aussi sur les déductions, notamment dans les discours des politiques. Mais je trouve qu’elle se fait rare. Pas vous?

Quoi qu’il en soit, c’est celle qui m’est venue à l’esprit à la sortie du cinéma, l’autre soir, à Montparnasse. J’ai hésité à la reprendre dans cet article, car vous allez y voir sans doute un mauvais jeu de mots à propos de ce film. Tant pis, j’assume.

Un scénario pourtant né d’une bonne idée : vanter le courage d’une partie de l’Humanité. Dans trois contextes socio-culturels très différents : l’Inde des Intouchables, l’Italie du Sud des artisans en TPME et le Canada des cadres supérieur-e-s qui se battent pour des promotions internes.

Pourquoi pas? Même si ce parti-pris est déjà un peu stéréotypique. Mais là où cela se gâte, c’est que ne sont concernées que des femmes. Et que le courage que l’on vante tout au long de ce film revêt une forme « exceptionnelle ». Alors, pourquoi que des femmes? Si on veut les valoriser, pourquoi ne pas plutôt promouvoir le courage « ordinaire » de celles qui se lèvent aux aurores et s’effondrent le soir, après avoir fait face à tous leurs « devoirs » familiaux, conjugaux, professionnels et autres… Car on en trouve même qui ont le courage de défendre les Autres, d’être militantes, d’être généreuses envers celles et ceux qui vivent dans des conditions encore pires que les leurs.

Les figures de la Mère, de l’Entrepreneure, de la Malade, on les connaît. Et je ne vois pas en quoi elles défendent la cause des femmes, car il est aussi bien des hommes qui correspondraient à ces figures. Avec en plus, pour le premier cas, le regard d’une partie étonnée de la société, de les voir sortir de leur « rôle ».

Je vous parais peut-être dure, mais j’ai été vraiment choquée par le procédé. D’autant plus que les images sont superbes, bien qu’un peu trop « léchées » à mon sens. Et que les actrices incarnent au mieux les personnages. Mais oser les relier par une histoire de cheveux, de manière aussi grossière, est pour moi une insulte à toutes les femmes et à tous les hommes qui luttent au quotidien pour l’Humanité / l’humanité…

Pourtant certaines scènes du film la retracent, cette bravoure ordinaire, cette résilience quasi-permanente.

Je me méfiais de ce film annoncé d’une telle manière. J’avais bien raison. On nous renvoie à l’époque narrée par mon vieux professeur de français, lorsque j’étais au lycée. Il nous racontait que le plaisir de sa (très, pour moi) vieille maman était d’aller au cinéma voir des mélodrames en noir et blanc (il devait avoir plus de 50 ans en 1965, donc sa maman devait être née vers 1890…). Et elle avait au bras un panier rempli de mouchoirs…

J’allais oublier de vous dire pourquoi l’expression pourrait être interprétée comme un mauvais jeu de mots !

Le film pourrait se résumer ainsi, si l’on s’en tient aux cheveux : une Canadienne en chimio achète une perruque faite de vrais cheveux. Ceux-ci sont préparés par des femmes dans un atelier du sud de l’Italie. La jeune fille qui en hérite lutte contre les difficultés financières, et son ami Sikh l’aide à importer des cheveux provenant d’un temple indien où les femmes se font raser pour que leurs voeux soient exaucés. Je n’invente rien!

Et j’allais aussi oublier de préciser de quel film il s’agit.

Voici l’affiche en question…

Burlesque ou navet ? Débat autour d’un film…

En raison de la programmation qui, cette année, s’arrête le 24 août, c’était la dernière occasion d’assister à une séance de cinéma de plein air à la citadelle de Villefranche-sur-Mer. Cela fait des années que je vous parle de ma fascination pour ce cadre idyllique, entre mer et étoiles… Proposition d’une amie, acceptée, d’un film comique.

A la sortie, débat entre spectateurs/trices. Je ne ferai pas de statistiques, mais, dans le trio, deux avaient détesté, et un avait apprécié.
Apprécié quoi? Un côté burlesque. La satire de la SNCF. Des répliques hilarantes.

Détesté quoi? Le côté trop burlesque. Des situations attendues : groupe de personnes en situation de handicap, de jeunes de banlieue, de junkies…

Je ne vous raconterai pas l’histoire : je n’en ai vu que la moitié et ne sais pas si le train a percuté un obstacle, si la drogue est bien arrivée, ni si Artus et Elsa Zylberstein (qu’allait-elle faire dans cette galère?) sont « tombés en amour », comme disent nos cousins Québécois… J’ai en effet préféré d’abord rêvasser sous les étoiles, puis m’endormir.

Mais la conversation dans la voiture au retour était animée entre les deux protagonistes. L’une animée d’un violent sentiment de remords de nous avoir entraîné-e-s dans ce traquenard, l’autre, naguère fan des Monthy Python, défendant le film et disant qu’il avait apprécié certains passages.

A vous de voir si l’aventure vous tente…

Magnificat

Non, ce n’est pas de musique ni de choeur dont je vais vous parler aujourd’hui… Quoique la musique soit bien présente dans le film, mais davantage en écho au scenario et à ses fondements qu’en accompagnement de l’intrigue, contrairement à d’autres musiques de films. Film… le mot est lâché… car c’est du 7ème art dont il est question. L’affiche est elle-même riche de symboles, que je vous laisse découvrir.

« Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais, tous les âges me diront bienheureuse. »

Qui est « l’humble servante » dans cette oeuvre si forte? La Vierge, statue abîmée abritée par des lierres en une cache sylvestre, à qui l’adolescent confie le canif avec lequel il s’auto-mutilait ? Sara la Kali, que les Gitan-e-s honorent chaque année, le 24 mai, aux Saintes Maries de la Mer? La transgenre, dont le certificat de décès révèle qu’elle a pu devenir puis rester prêtre pendant des années et sur laquelle va enquêter la chancelière diocésaine? Cette dernière elle-même, dont on découvre progressivement le drame et la richesse de sa vie passée? La jeune diacre, qui s’épanouit dans l’exercice de ses fonctions… en attendant de pouvoir devenir prêtre? Autant d’avatars de la Femme placée devant les injonctions limite contradictoires de l’Eglise catholique…

Vous le voyez, le scénario est riche… un peu trop foisonnant peut-être, il aurait pu être « purifié » à mon sens. Mais un film étonnant, prenant, émouvant à plus d’un titre, qui questionne la place des femmes dans cette Eglise qui devrait être ouverte sur le monde et accueillir chacun-e en égalité… Rassurez-vous, ce n’est pas un plaidoyer. Mais l’intrication d’histoires personnelles qui entrent en résonances.

Bref, j’ai été totalement séduite. Et le jeu des acteurs et actrices est impressionnant. Berléand assume les contradictions de son personnage. La jeune Anaïde Roland-Manuel, alias Anaïde Rozam, est lumineuse. Le choix de cette actrice a-t-il été guidé par sa ressemblance avec l’une des héroïnes du film italien au titre similaire, sorti en 1993, qui porte, lui, sur le Moyen-Age?

Avouez qu’il y a une troublante ressemblance entre la novice du film italien, incarnée par Consuelo Ferrara, et la diacre du film français, non?

Les critiques n’ont pas été tendres avec ce film. Et certains de mes amis ont trouvé le jeu de Karin Viard inégal. Mais je n’ai pas honte de dire que j’ai apprécié. Pas pour le côté « féministe ». Il est surpassé par le côté « quête de spiritualité transculturelle, transgénérationnelle, trans… tout ce que vous voudrez »…Si vous ne craignez pas les salles obscures en ce début d’été, filez vite voir ce film, vous y trouverez beaucoup de Lumière(s)…