J’entendais jadis souvent cette expression, en particulier concernant les transitions. Qu’elles soient des présentateurs / trices de la télévision de l’époque, ou des élèves dans leurs rédactions. Mais aussi sur les déductions, notamment dans les discours des politiques. Mais je trouve qu’elle se fait rare. Pas vous?
Quoi qu’il en soit, c’est celle qui m’est venue à l’esprit à la sortie du cinéma, l’autre soir, à Montparnasse. J’ai hésité à la reprendre dans cet article, car vous allez y voir sans doute un mauvais jeu de mots à propos de ce film. Tant pis, j’assume.
Un scénario pourtant né d’une bonne idée : vanter le courage d’une partie de l’Humanité. Dans trois contextes socio-culturels très différents : l’Inde des Intouchables, l’Italie du Sud des artisans en TPME et le Canada des cadres supérieur-e-s qui se battent pour des promotions internes.
Pourquoi pas? Même si ce parti-pris est déjà un peu stéréotypique. Mais là où cela se gâte, c’est que ne sont concernées que des femmes. Et que le courage que l’on vante tout au long de ce film revêt une forme « exceptionnelle ». Alors, pourquoi que des femmes? Si on veut les valoriser, pourquoi ne pas plutôt promouvoir le courage « ordinaire » de celles qui se lèvent aux aurores et s’effondrent le soir, après avoir fait face à tous leurs « devoirs » familiaux, conjugaux, professionnels et autres… Car on en trouve même qui ont le courage de défendre les Autres, d’être militantes, d’être généreuses envers celles et ceux qui vivent dans des conditions encore pires que les leurs.
Les figures de la Mère, de l’Entrepreneure, de la Malade, on les connaît. Et je ne vois pas en quoi elles défendent la cause des femmes, car il est aussi bien des hommes qui correspondraient à ces figures. Avec en plus, pour le premier cas, le regard d’une partie étonnée de la société, de les voir sortir de leur « rôle ».
Je vous parais peut-être dure, mais j’ai été vraiment choquée par le procédé. D’autant plus que les images sont superbes, bien qu’un peu trop « léchées » à mon sens. Et que les actrices incarnent au mieux les personnages. Mais oser les relier par une histoire de cheveux, de manière aussi grossière, est pour moi une insulte à toutes les femmes et à tous les hommes qui luttent au quotidien pour l’Humanité / l’humanité…
Pourtant certaines scènes du film la retracent, cette bravoure ordinaire, cette résilience quasi-permanente.
Je me méfiais de ce film annoncé d’une telle manière. J’avais bien raison. On nous renvoie à l’époque narrée par mon vieux professeur de français, lorsque j’étais au lycée. Il nous racontait que le plaisir de sa (très, pour moi) vieille maman était d’aller au cinéma voir des mélodrames en noir et blanc (il devait avoir plus de 50 ans en 1965, donc sa maman devait être née vers 1890…). Et elle avait au bras un panier rempli de mouchoirs…
J’allais oublier de vous dire pourquoi l’expression pourrait être interprétée comme un mauvais jeu de mots !
Le film pourrait se résumer ainsi, si l’on s’en tient aux cheveux : une Canadienne en chimio achète une perruque faite de vrais cheveux. Ceux-ci sont préparés par des femmes dans un atelier du sud de l’Italie. La jeune fille qui en hérite lutte contre les difficultés financières, et son ami Sikh l’aide à importer des cheveux provenant d’un temple indien où les femmes se font raser pour que leurs voeux soient exaucés. Je n’invente rien!
Et j’allais aussi oublier de préciser de quel film il s’agit.
Voici l’affiche en question…