Quand le théâtre se joue de lui-même

Quelle pièce aller voir une fin de semaine, quand les autres partent en week-end ou en vacances et que l’on reste à Paris? Une idée me vient en consultant le web : les Faux British ! Je ne l’ai pas encore vue, mais, quand j’en parle, on me dit qu’elle est tellement bonne qu’on irait bien la revoir…

Direction donc les beaux quartiers, où je trouve heureusement une place non loin de la Comédie des Champs-Elysées. A la limite… Quelle idée d’avoir ainsi avancé les heures de spectacles! Maintenant, on se trouve placé-e devant un choix cornélien : dîner ou « spectater »… Combien de salles se trouvent moins fréquentées à cause de cela? Car d’aucun-e-s .ne peuvent se passer de repas. Ce n’est pas mon cas, et j’arrive donc à l’heure sans avoir mangé… enfin, pas depuis 5 heures, ce qui reste supportable, n’est-ce pas?

J’adore l’ascenseur gigantesque de ce théâtre, avec son liftier, à qui je n’ai pas osé demandé pourquoi il n’était pas vêtu comme Spirou. Ce qui aurait été très seyant, car il est mignon comme tout. Et très aimable, ce qui ne gâche rien. Impossible de le photographier, car il est pris d’assaut… Mais quelques vues (pas très bonnes) du théâtre, dont je vous ai déjà parlé sur ce blog, voici bien longtemps…

Plusieurs surprises à l’arrivée au théâtre, mais je ne vous en dirai rien. Je vous laisse les découvrir, si vous allez voir ce spectacle, ce que je vous recommande chaudement. De quoi oublier tous les tracas du quotidien!

Car j’ai passé une heure trente à rire, rire, rire. Voilà qui fait du bien! Et à admirer des acteurs et actrices qui jouent le rôle des pires interprètes possibles. A cela s’ajoutent tous les gags liés à la mise en scène et aux décors, sans compter les textes dits de toutes les manières possibles…

Bref, un excellent moment dans cette belle salle ancienne, où seuls les genoux se plaignent…

Les artistes offrent toute une gamme de « jeux » tout aussi réjouissants les uns que les autres, flirtant parfois avec le burlesque sans vraiment y tomber.

J’ai un peu regretté la trop grande place accordée à l’un d’entre eux, visiblement tout aussi danseur que comédien. Car cela s’est fait au détriment d’autres, beaucoup plus subtils…

Je vous laisse comparer l’état du décor : avant / après… cela vous donnera peut-être une idée du spectacle?

Le public, hélas très peu nombreux (j’ai été « surclassée »!), ne cessait d’applaudir, et il a fallu couper court aux innombrables rappels.

Gaspard Proust à la Comédie des Champs Elysées

Gaspard Proust
Un titre adapté…

Je n’étais jamais allée à la Comédie des Champs Elysées qui, comme son nom ne l’indique pas, ne se trouve pas sur l’Avenue éponyme mais sur l’Avenue Montaigne… Un site intéressant… Accès à l’étage par un ascenseur un peu « Art Déco », immense, avec un liftier qui pourrait être de la même époque…

L’étonnant ascenseur
Source : kactus.com

Un bar classique, avec moultes bouteilles de Champagne bien en vue pour appâter le chaland…

theatre de la comédie des champs-elysées
La salle (1913)
Source : site du théâtre

Une belle salle qui comporte tout ce que l’on peut en attendre, malgré sa petitesse : des balcons, des corbeilles… et même une scène! Par contre, je n’ai pas vu de rideau, car il était levé à l’arrivée, et l’est resté tout le temps du long monologue de l’artiste, censé venir de la loge de celui-ci – et peut-être est-ce vrai?

Long monologue, effectivement… et une sacrée performance d’acteur, dans le sens où l’on assiste à une sorte de logorrhée – comme je l’ai entendu dire par une jeune femme sur le quai du métro, hier, une « logorrhée de paroles » (sic!) – qui a beaucoup séduit un public visiblement acquis d’avance, et a fait rire à gorge déployée mes voisines de devant et de derrière.

Bon, vous l’avez deviné, pas moi. Pourtant, j’apprécie beaucoup l’humour, le premier, le second, voire le troisième degré. Mais en l’occurrence, j’ai vraiment très peu ri et peu apprécié ce spectacle pour « bobos in ». Certes, on pourra me reprocher d’être un peu coincée si je dis que, pour moi, on ne peut pas rire de tout, de la Shoah par exemple. Certes, on pourra m’accuser d’être un peu bourgeoise quand je reconnais ne pas aimer les gauloiseries grasses ni les images d’éjaculation faciale. Et aussi d’être idéaliste pour penser qu’un artiste se doit de s’engager, à défaut d’être engagé.

Car c’est pour moi le principal défaut de ce type de spectacle : à force de tout dénoncer, on ne dénonce rien. On « noie le poisson » – et on noie ses idées par la même occasion. Il est facile de critiquer les politiques, les croyants de tout bord, les adeptes du bio, les vieux, les jeunes, etc. Mais quand cela devient une forme de parti pris sans relief, toute la satire perd de sa valeur et aucune idée forte n’émerge. D’accord, je suis peut-être partiale, mais je trouve regrettable de ne pas mettre un tel talent au profit de causes, quelles qu’elles soient…

Il n’en reste pas moins que ce spectacle vaut la peine d’être découvert, ne serait-ce que pour deux choses : la performance de l’artiste, et les rires de la salle.