Je vous avais promis de vous emmener visiter champs, jardins et bois tels que représentés par Van Gogh dans les derniers mois, voire jours de sa vie. Nous y voici donc.

Vous en avez eu un aperçu, déjà, dans les deux premiers articles de cette série. Mais aujourd’hui, allons humer l’air printanier ou estival d’Auvers-sur-Oise et de ses environs. C’est en effet un des aspects de l’exposition qui m’a le plus marquée : l’attention, voire une forme de passion, pour « rendre » l’atmosphère de cette ruralité « du nord » qui contrastait tant avec ce qu’il venait de vivre dans le sud.
Par quoi commencer? Les jardins? Allons-y…
Les jardins
Deux jardins notamment sont assez abondamment représentés : celui du Docteur Gachet, dont vous avez déjà eu un aperçu, et celui de Daubigny.
Commençons par le premier… Vous vous souvenez? C’est ce médecin homéopathe, spécialisé dans la « mélancolie » (on ne parlait pas de « déprime » ni de troubles à l’époque), qui était davantage porté sur les arts que sur la médecine…

Son jardin a inspiré Van Gogh… à moins que ce ne soit cette belle jeune fille qui s’y promenait?


Quant à Daubigny, c’est un peintre qu’admirait beaucoup l’artiste.
« « L’oncle m’a dit que Daubigny est mort. Cela m’a fait de la peine, je l’avoue sans honte,…Ce doit être une bonne chose d’avoir conscience en mourant d’avoir fait des choses vraiment bonnes, de savoir que, grâce à cela on restera vivant dans la mémoire d’au moins quelques-uns, et de laisser un bon exemple à ceux qui nous suivent. » (Vincent Van Gogh, lettre à Théo, 1878.)
Il avait installé un atelier à Auvers en 1860, soit trente ans avant, et ses amis le convainquirent d’en faire un lieu unique, en le décorant ensemble. Corot notamment y peignit des paysages d’Italie.

Le « Botin », foyer artistique d’Auvers. Source : site de l’Atelier
Le jardin de Daubigny a inspiré des oeuvres qui se rapprochent d’une forme de pointillisme, si j’ose dire.

D’autres tableaux sont plus proches de la facture à laquelle nous sommes habitué-e-s.



Vous l’aurez peut-être remarqué : les jardins semblent associés aux femmes, quel que soit leur âge : à la fille du Docteur Gachet se substitue ici la veuve de Daubigny.
Ce sont aussi des femmes qui se promènent dans la campagne (vous n’êtes pas sans remarquer l’habile transition!). Sans doute l’épouse et la fille de Gachet, si l’on en juge par le chapeau de cette dernière.

Les champs
Je me suis demandé, en préparant ce texte, quelle structuration choisir pour la présentation des nombreux tableaux qui les magnifient. C’est finalement pour un choix par couleur que j’ai opté.
Bleus et verts contrariés par le rouge et le jaune
Je ne sais pas si je vous l’ai dit, mais je confonds certains bleus et verts. C’est pourquoi j’ai choisi de les associer dans cette partie. Mais ce n’est pas la seule raison : ils le sont souvent dans la campagne peinte! L’exemple le plus frappant me paraît être cette oeuvre.

Approchons-nous un peu…

Le contraste s’amplifie quand vient l’orage…

Ici une touche de rouge, pour les coquelicots. Ailleurs, de jaune, pour la paille, mais un jaune qui se cache dans le vert…



Dans le tableau qui suit, c’est le ciel qui devient jaune, au crépuscule.

Néanmoins parfois le vert prédomine…


Le rappel des couleurs du sud : le jaune et le violet

Le rouge
Dans les environs d’Auvers, le rouge fait irruption, porté par les coquelicots qui, plus tard, deviendront le symbole du sang versé lors de la « Grande Guerre ».

Les bois
Peu représentés par le peintre, ils semblent plus de l’ordre du symbolique que de la représentation. Connaissait-il le poème de Baudelaire lorsqu’il peignit, dans les derniers temps de sa vie, ce couple dans une forêt de « piliers »?

Le couple est-il celui de Gachet et de son épouse, de Théo et de sa jeune femme, ou le couple idyllique auquel il a pu rêver parfois dans sa triste vie?
