Mozart chez les Bernardins

La relation qu’entretenait Mozart avec la religion m’a souvent questionnée. D’où ma surprise lorsque j’ai découvert ce tout nouveau spectacle « immersif » proposé à Paris depuis hier…

Autre surprise : pas de problème pour obtenir une place au tout dernier moment! Et quand je dis « tout dernier »… Il était 16h20 pour une entrée à… 16h20! Car il faut retenir, pour pénétrer dans les lieux, et les flux se font toutes les 20 minutes. Le prix me paraissait assez élevé (32 euros), mais en cet après-midi où toute randonnée était exclue et tout déplacement rendu difficile par la chaleur, on ne comptait pas! Un petit café à l’ombre, avant de gagner le Collège et pour éviter la queue au soleil…

Un petit groupe d’heureux/ses élu-e-s participa donc avec moi à ce qui tient à la fois de la visite des lieux (que je n’avais jamais pu faire car les expositions et concerts déjà vus ici se tenaient au rez-de-chaussée), visite théâtralisée, de mini-concerts avec projections, de ballets, le tout impliquant au maximum le public, jusqu’à lui faire danser le menuet… Inutile de vous dire combien le rythme est soutenu pour que tout puisse se faire en 1h20.

Dès l’entrée, le petit groupe est happé par la musique et la narration…

Mais il est très vite entraîné par un joyeux Papageno vers la Flûte enchantée, où Mozart révèle son appartenance à la Franc-Maçonnerie.

Le grand réfectoire s’anime, s’illumine, prend des couleurs… et c’est ensuite le Mariage de Figaro, où Mozart reprend les critiques de Beaumarchais contre le droit de cuissage.

Papagayo nous entraîne ensuite vers le jardin, puis l’escalier menant au sous-sol. Dont je découvris donc alors avec beaucoup d’intérêt les différentes salles, servant jadis pour la plupart de cellier. Dans chacune, un accueil chaleureux, et une nouvelle oeuvre.

Loin de moi l’idée de vous en faire une présentation exhaustive. Juste trois moments forts… L’un assez ludique : deux personnes du public furent désignés comme chef-fe-s d’orchestre, devant assurer le tempo de deux symphonies sous l’oeil averti de leur hôte.

Le deuxième, magnifiquement esthétique : un mini-ballet de Mourad Merzouki sur La Petite Musique de Nuit.

Les jeux de lumière répondent à la musique et à la danse, et la petite salle voûtée se transforme…

Ambiance totalement différente dans la salle suivante, où nous sommes invité-e-s à nous recueillir pour quelques minutes du Laudate dominum.

Et je dois avouer que les projections, ici, pour moi, étaient quelque peu perturbantes une écoute intimiste.

La visite du sous-sol se termine, et la remontée dévoile le magnifique escalier, ainsi présenté sur le site de la Région:

« Cet escalier à vide central est entièrement en stéréotomie. La rampe d’appui est composée d’arcades à enroulement reliées par des étriers. Elles se rattachent à une plate-bande inférieure et supérieure par des billes. Des rouleaux sont placés entre les arcades« .

Vous ne savez pas ce qu’est la stéréotomie? Je l’ignorais aussi, et me suis précipitée sur le site de la BNF pour en savoir plus. Cette « technique de découpage et d’assemblage des pierres » « suppose une connaissance approfondie de la géométrie ».

« À partir du 16e siècle, cette technique fait l’objet de nombreux traités exposant des schémas complexes exécutés avec règle, équerre et compas. Cet art du trait dépend aussi du savoir-faire du tailleur de pierre, qui débite et taille les blocs, du calepineur, qui transforme les dessins de l’architecte en plans d’exécution, et de l’appareilleur qui trace ces plans directement sur le chantier.« 

Jugez par vous-même!

Le résultat?

Mais revenons à Mozart… Nous voici invité-e-s à apprendre le menuet.

De beaux fous-rires, quand nous dûmes mettre des perruques, puis apprendre en quelques minutes toute une séquence de menuet!

Genrées, les perruques! Plutôt blanches pour les femmes (ci-dessus), et grises pour les hommes (ci-dessous).

Mais la fin approchait… Dans tous les sens du terme ! Car c’est un prélat qui nous accueillit pour la dernière étape, dans l’oratoire. Je ne vous parlerai pas (ici et maintenant) longuement de ces trois extraits du Requiem, dont le Lacrimosa qui m’émeut toujours autant. Et cette ultime séquence me bouleversa. Et, une fois encore, je regrettai les projections murales qui n’auraient pas perturbé autant l’écoute si elles étaient restées telles qu’à notre entrée dans les lieux.

Inutile de vous dire, à la suite de cette narration, combien je vous encourage, quelles que soient vos idéologies et quel que soient vos âges, à participer à cette aventure. Et vous ne regretterez pas, je pense, la somme versée pour y parvenir…

En quête du merveilleux à Bordeaux

Une fin d’après-midi à Bordeaux en ce 25 mars… Stationnement Place des Quinconces, et en route!

Sur le plan ci-dessous je n’ai pu suivre que le début de cette balade. Ensuite, je perds le fil car j’ai enchaîné toutes sortes de petites rues, en direction de la Librairie Mollat, mon étape intermédiaire, située près de « Gambetta ».

Les taggeurs (orthographe???) ne manquent pas d’humour pour ainsi défier Montaigne…

Je suis déjà passée par là à maintes reprises, mais n’avais jamais remarqué ce détail saphique.

La Place de la Bourse, noire de monde la veille, est quasi-déserte.

Se promener tête en l’air est bien la seule manière d’échapper à la société de consommation. Certains détails font de la ville une cité déjà bien méridionale.

Et l’on a l’impression d’assister à un concours de fenêtres.

Certaines boutiques à la devanture remarquable trompent le chaland. Publicité mensongère?

La curiosité me pousse à pousser… une porte et pénétrer dans un immeuble sans prétention. J’ai malheureusement raté la photographie de la fontaine situé en bas de ce bel escalier en colimaçon.

Mais je n’ai pas résisté à l’attrait du carrelage dont l’usure conduit à imaginer tous les pieds qui l’ont produite.

Refermons la lourde porte qui préserve la vie secrète de cet édifice. Il est temps d’aller vers le merveilleux…

Trouville côté mer

Je vous ai laissé-e-s hier sur une petite énigme… Vous aurez sans doute trouvé la solution? Il s’agissait bien sûr de celle qui a été sanctifiée, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, décédée à 24 ans, après une courte vie au carmel de Lisieux, et qui effectivement passa trois étés après sa longue maladie et avant son entrée en religion dans la station balnéaire de Trouville.

Il est temps maintenant de quitter le quartier de l’église qui, comme vous l’avez compris, domine la rivière et la mer, pour redescendre vers cette dernière.

Je n’avais pas réalisé que je montais autant, et ne m’en suis rendu compte qu’au nombre d’escaliers que j’ai empruntés et à la quantité de marches descendues! C’est ainsi que j’ai compris que j’avais fait le circuit dans le bon sens… Avis à celles et ceux d’entre vous qui souhaiteraient découvrir la ville!

L’architecture change, mais demeure tout aussi hétéroclite.

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir des piles de linge derrière la jolie fenêtre de cette belle demeure!

En bas, on découvre des ruses pour voir la mer malgré la présence d’édifices entre celle-ci et la maison…

La descente offre à l’errante de belles échappées…

Le ciel s’éclaircit. La mer n’est plus très loin… je vous en parlerai plus tard…

Culture dans toutes les acceptions du terme, sous le MAM

Le trajet pédestre menant de l’arrêt de bus au Musée Guimet a conduit mes pas derrière le Musée d’Art Moderne, rue de la Manutention. Un petit détour par la toponymie, si vous le voulez bien… Pourquoi ce nom? Voici un plan du quartier en 1860.

Source : Wikimedia

Comme vous le voyez, il y avait une usine à gauche de la rue en montant depuis les quais. C’était la Manufacture de tapis de la Savonnerie, qui tenait son nom d’une ancienne… savonnerie, comme vous l’avez deviné. Celle-ci, transformée en orphelinat par Marie de Médicis, fut investie par deux lissiers qui souhaitaient tirer profit de la main d’oeuvre bon marché constituée par les orphelin-e-s… Ce devint donc une Manufacture, qui fut réunie par la suite à celle des Gobelins par Charles X, en 1825 (elle existe encore, et constitue une partie séparée du reste dans l’enceinte de la Manufacture des Gobelins). Résultat : des bâtiments vides… qui furent investis par l’Armée en 1836 pour en faire un dépôt de vivres appelé Manutention Militaire. Celle-ci fut remplacée cent ans plus tard par… Le Palais de Tokyo.

Quant aux « Usines Cail » que vous voyez sur le plan, je ne vais pas paraphraser Wikipédia et préfère le citer. « Du côté opposé à la Manutention, la rue était située le long de l’usine de la Société Ch.Derosne et Cail ensuite société Cail qui s’étendait jusqu’au quai Debilly. Cette usine qui construisait du matériel pour les sucreries, des machines-outils puis, à partir de 1844, des locomotives, dont les célèbres Crampton, était la plus importante entreprise industrielle de Paris, employant 1500 ouvriers dans les années 1850. L’usine fut détruite par un incendie en 1865 et les ateliers transférés à l’usine de Grenelle. L’usine de Chaillot ne fut pas reconstruite et les rues Fresnel et Foucault furent tracées en 1877 sur le lotissement du terrain des installations abandonnées. »

Vous savez maintenant tout – ou presque – sur le coin où je découvris des lieux intéressants, à ma grande surprise, moi qui déteste ce coin de Paris…

D’abord, un « Routier »… Vous n’allez pas me croire, n’est-ce pas? Et moi-même j’ai eu du mal à y croire, je dois l’avouer. En réalité, il ne l’est plus, depuis, je pense, bien longtemps… Je n’ai hélas pas réussi à en trouver l’histoire, car il n’a pas de site, juste une page Facebook. On peut imaginer qu’elle est en lien avec l’usine et la Manutention militaire, mais je n’en ai aucune preuve. Peut-être l’un-e de vous va-t-il pouvoir l’expliquer? Mais son apparence, extérieure et intérieure, évoque effectivement un relais d’autrefois.

La carte est alléchante, et je me suis promis d’aller tester un de ces jours… Vous verrez donc peut-être à nouveau un article sur ce site…

Ensuite, un… « jardin des habitants »… Le XVIème fait dans le social et le partage, maintenant? Bon, d’accord, je suis un peu partiale et stupide en disant cela, mais je n’ai pas pu m’en empêcher…

La hauteur des murs alentour est remarquable, et l’on se sent écrasé par ce béton et ces briques. Mais ils offrent des vues étonnantes, que j’ai envie de partager avec vous ici. D’abord, des architectures variées, avec des imbrications d’immeubles…

La façade ouest du Palais de Tokyo est aussi étonnante, avec ces spirales d’escaliers, réelles ou figurées…

L’arrière du Palais est conforté par d’énormes contreforts – j’espère ne pas me tromper de mot, je ne suis pas spécialiste d’architecture! – qui offrent une vue questionnante.

Par contre, dès que les marches qui relient cette rue à l’avenue du Président Wilson sont franchies, l’univers est totalement différent, puisque l’on retrouve le monde haussmannien… N’oublions pas notre première destination, le Musée Guimet… mais c’est une autre découverte, que je narrerai dans un autre article…