David au Louvre

Je n’aurais personnellement pas choisi spontanément d’aller voir David, car il ne fait pas partie de mes peintres préférés. Mais comme j’y étais invitée… direction donc Le Louvre en cet après-midi froid et gris. Et les premiers tableaux ont bien failli me faire abandonner. Vous savez, ces oeuvres gigantesques qui débordent de relents de bravoure et de scènes de carnage? Mais heureusement, j’ai continué, et j’ai découvert d’autres versants de son oeuvre, dont certains m’ont intéressée, à défaut de me séduire. A mon habitude, donc, loin d’une critique experte ou hardie, je vais focaliser sur quelques points de cette exposition qui ont retenu mon attention.

Les portraits

En bonne béotienne que je suis, j’ignorais que David avait peint des portraits autres que ceux des célébrités. Je dirais même « un nombre non négligeable de portraits », voire d’auto-portraits. En voici quelques échantillons… Ce qui a attiré mon attention, c’est l’originalité des visages, moins « inexpressifs » que chez beaucoup d’artistes de cette époque.

Les femmes notamment ont souvent l’air épanoui, voire un peu « canaille »…

Les détails

Ce qui m’a saisie, entre autres, est le sens du détail, même sur des toiles de dimensions impressionnantes. Qu’il s’agisse de passementerie, de crinières ou chevelures, ou de clins d’oeil à l’Histoire sous forme de gravures rupestres inédites…

Focalisation sur les seins

Dans les dernières salles de l’exposition, j’ai été surprise par le nombre de seins dénudés dans des tableaux où leur exhibition n’était pas toujours nécessaire. Appétence d’un homme vieillissant ou intérêt purement esthétique?

Un condensé de domination masculine !

Une thématique redondante : des femmes agenouillées devant des condensés de virilité, qu’ils soient guerriers ou divins… Qu’elles soient âgées, mères ou sans doute maîtresses (à en juger par la tête d’Héra !), elles se prosternent devant le Mâle…

Je finirai par un tableau qui m’a particulièrement séduite, et me « parle » beaucoup. Je me tais et vous laisse le découvrir…

Un scenario « tiré par les cheveux »

J’entendais jadis souvent cette expression, en particulier concernant les transitions. Qu’elles soient des présentateurs / trices de la télévision de l’époque, ou des élèves dans leurs rédactions. Mais aussi sur les déductions, notamment dans les discours des politiques. Mais je trouve qu’elle se fait rare. Pas vous?

Quoi qu’il en soit, c’est celle qui m’est venue à l’esprit à la sortie du cinéma, l’autre soir, à Montparnasse. J’ai hésité à la reprendre dans cet article, car vous allez y voir sans doute un mauvais jeu de mots à propos de ce film. Tant pis, j’assume.

Un scénario pourtant né d’une bonne idée : vanter le courage d’une partie de l’Humanité. Dans trois contextes socio-culturels très différents : l’Inde des Intouchables, l’Italie du Sud des artisans en TPME et le Canada des cadres supérieur-e-s qui se battent pour des promotions internes.

Pourquoi pas? Même si ce parti-pris est déjà un peu stéréotypique. Mais là où cela se gâte, c’est que ne sont concernées que des femmes. Et que le courage que l’on vante tout au long de ce film revêt une forme « exceptionnelle ». Alors, pourquoi que des femmes? Si on veut les valoriser, pourquoi ne pas plutôt promouvoir le courage « ordinaire » de celles qui se lèvent aux aurores et s’effondrent le soir, après avoir fait face à tous leurs « devoirs » familiaux, conjugaux, professionnels et autres… Car on en trouve même qui ont le courage de défendre les Autres, d’être militantes, d’être généreuses envers celles et ceux qui vivent dans des conditions encore pires que les leurs.

Les figures de la Mère, de l’Entrepreneure, de la Malade, on les connaît. Et je ne vois pas en quoi elles défendent la cause des femmes, car il est aussi bien des hommes qui correspondraient à ces figures. Avec en plus, pour le premier cas, le regard d’une partie étonnée de la société, de les voir sortir de leur « rôle ».

Je vous parais peut-être dure, mais j’ai été vraiment choquée par le procédé. D’autant plus que les images sont superbes, bien qu’un peu trop « léchées » à mon sens. Et que les actrices incarnent au mieux les personnages. Mais oser les relier par une histoire de cheveux, de manière aussi grossière, est pour moi une insulte à toutes les femmes et à tous les hommes qui luttent au quotidien pour l’Humanité / l’humanité…

Pourtant certaines scènes du film la retracent, cette bravoure ordinaire, cette résilience quasi-permanente.

Je me méfiais de ce film annoncé d’une telle manière. J’avais bien raison. On nous renvoie à l’époque narrée par mon vieux professeur de français, lorsque j’étais au lycée. Il nous racontait que le plaisir de sa (très, pour moi) vieille maman était d’aller au cinéma voir des mélodrames en noir et blanc (il devait avoir plus de 50 ans en 1965, donc sa maman devait être née vers 1890…). Et elle avait au bras un panier rempli de mouchoirs…

J’allais oublier de vous dire pourquoi l’expression pourrait être interprétée comme un mauvais jeu de mots !

Le film pourrait se résumer ainsi, si l’on s’en tient aux cheveux : une Canadienne en chimio achète une perruque faite de vrais cheveux. Ceux-ci sont préparés par des femmes dans un atelier du sud de l’Italie. La jeune fille qui en hérite lutte contre les difficultés financières, et son ami Sikh l’aide à importer des cheveux provenant d’un temple indien où les femmes se font raser pour que leurs voeux soient exaucés. Je n’invente rien!

Et j’allais aussi oublier de préciser de quel film il s’agit.

Voici l’affiche en question…

Entre rêve et fantastique, la Femme

J’avais promis de vous parler des différentes expositions actuellement encore à l’affiche à Paris. Après Oskar Kokoschka, que je vous ai présentée il y a quelques temps, voici Johann Heinrich Füssli, au Musée Jacquemart-André.

L’exiguïté de l’espace « Exposition temporaire » contraint sans doute fortement les choix des responsables des expositions. Mais de là à faire ressortir ce qui m’a tant frappée… Je me suis demandé s’il s’agissait d’une orientation déterminée, ou si effectivement les oeuvres de ce pasteur devenu peintre étaient aussi impudiques, quant à l’expression de ses fantasmes (et démons?). Je vous emmène donc à travers ces/ses délires, à la rencontre de la Femme vue par l’artiste.

C’est un parti-pris délibéré de ma part que de « zoomer » et donc focaliser sur des détails des tableaux, qui ont pour la plupart de nobles objectifs… Pour les voir en entier, reportez-vous à Internet ou aux magazines consacrés aux Beaux-Arts, qui ont largement documenté l’exposition… Au fil de sa découverte, les visiteurs/euses reçoivent nombre d’informations sous forme d’affiches aisément lisibles (contrairement à celles de l’expo Kokoschka, si vous vous souvenez…).

L’ambiguïté de certaines compositions m’a frappée. Si l’on ne tient pas compte du titre ou des commentaires, on peut s’interroger sur leur sens. En voici deux exemples « No comment« .

La femme est « voilée / dévoilée » jusque dans certaines versions du célèbre « cauchemar ».

La poitrine féminine est magnifiée dans un grand nombre d’oeuvres, depuis la représentation de seins juvéniles jusqu’au détail de têtons déjà fort malmenés…

Il n’est pas rare qu’une main s’approche des seins, comme pour les souligner…

… voire les caresser…

Moins fréquents sont les tableaux qui montrent les corps vus de derrière. Mais il en est qui révèlent de jolies courbes.

C’est surtout dans le dessin que Füssli excelle à exprimer toute la sensualité troublante, voire perturbante de la Femme. Un cabinet est consacré à ce thème.

Soit dit entre parenthèses, en relisant ce texte, je me dis que c’est aussi moi que je dévoile au travers de cet article… car j’ai surtout vu l’aspect érotique. Ai-je occulté le reste? Ou ne l’ai-je point vu? Intriguant, n’est-ce pas? Va-t-il falloir que je retourne voir l’exposition, ou que je me procure le catalogue?

Je ne vous entraînerai pas sur les chemins vertigineux de la psychiatrie ni de la psychanalyse, mais avouez que l’on peut interpréter ce dessin de bien des manières…

Bref, vous l’aurez compris : alors que j’allais, un peu méfiante car ce n’est pas mon genre de peinture préféré, j’ai finalement pris beaucoup d’intérêt à cette visite. En me demandant en particulier qui était réellement ce peintre, ce qu’il avait vécu, et quelles étaient ses relations avec les femmes, sa relation à la Femme. Quand soudain une oeuvre a confirmé certaines de mes hypothèses (LOL)…

Une longue histoire, mais toujours autant de fantasmes autour de La Femme…

La Société des Artistes Français a une longue histoire, comme elle le raconte sur son site. Elle serait issue du Salon initié par Colbert en 1667. Et existe en tant que telle depuis 1881.

« En 1881, elle prend son nom actuel de Société des Artistes Français. L’Etat lui délègue le soin d’organiser une exposition annuelle des Beaux-Arts et la charge de s’administrer elle-même.

En 1883, un décret paru au journal officiel la déclare « d’Utilité Publique »

Depuis 1901, tous les ans, si l’on excepte quelques interruptions dues aux guerres ou à des travaux, le Salon a lieu à Paris au Grand Palais des Champs-Elysées. »

Une mini-exposition sur son histoire est présentée, et donne l’occasion d’observer l’immense différence entre les Salons d’autrefois et ceux d’aujourd’hui.

Cela saute aux yeux : il y a bien eu une forme de démocratisation, même si l’on peut encore observer que le public aujourd’hui ressort d’une certaine « élite », plus « intello-bobo » qu’aristocratico-bourgeoise.

Il est par contre un point commun évident. Regardez bien la photo ci-dessus. Que représentent les statues?

Eh oui, des femmes… De la femme comme objet de l’art à la femme comme objet, y a-t-il tant de pas? L’artiste magnifie-t-il gratuitement l’objet de ses fantasmes?

Je ne répondrai pas à cette question et vous laisse ce soin. Je vous propose simplement une balade dans cette exposition, orientée autour de la thématique « représentations de la femme »… là encore, une sélection de mon cru, donc éminemment subjective. D’autant que j’ai choisi les oeuvres que j’aimais ou qui m’interpellaient…

Vous en avez déjà vu certaines dans les précédents articles, – excusez-moi des « redites » -, mais elles devaient aussi apparaître dans ce florilège sans commentaires.

Je terminerai par mon propre Palmarès : peinture, photo et sculpture…