Non, ce n’est pas de musique ni de choeur dont je vais vous parler aujourd’hui… Quoique la musique soit bien présente dans le film, mais davantage en écho au scenario et à ses fondements qu’en accompagnement de l’intrigue, contrairement à d’autres musiques de films. Film… le mot est lâché… car c’est du 7ème art dont il est question. L’affiche est elle-même riche de symboles, que je vous laisse découvrir.

« Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais, tous les âges me diront bienheureuse. »
Qui est « l’humble servante » dans cette oeuvre si forte? La Vierge, statue abîmée abritée par des lierres en une cache sylvestre, à qui l’adolescent confie le canif avec lequel il s’auto-mutilait ? Sara la Kali, que les Gitan-e-s honorent chaque année, le 24 mai, aux Saintes Maries de la Mer? La transgenre, dont le certificat de décès révèle qu’elle a pu devenir puis rester prêtre pendant des années et sur laquelle va enquêter la chancelière diocésaine? Cette dernière elle-même, dont on découvre progressivement le drame et la richesse de sa vie passée? La jeune diacre, qui s’épanouit dans l’exercice de ses fonctions… en attendant de pouvoir devenir prêtre? Autant d’avatars de la Femme placée devant les injonctions limite contradictoires de l’Eglise catholique…
Vous le voyez, le scénario est riche… un peu trop foisonnant peut-être, il aurait pu être « purifié » à mon sens. Mais un film étonnant, prenant, émouvant à plus d’un titre, qui questionne la place des femmes dans cette Eglise qui devrait être ouverte sur le monde et accueillir chacun-e en égalité… Rassurez-vous, ce n’est pas un plaidoyer. Mais l’intrication d’histoires personnelles qui entrent en résonances.
Bref, j’ai été totalement séduite. Et le jeu des acteurs et actrices est impressionnant. Berléand assume les contradictions de son personnage. La jeune Anaïde Roland-Manuel, alias Anaïde Rozam, est lumineuse. Le choix de cette actrice a-t-il été guidé par sa ressemblance avec l’une des héroïnes du film italien au titre similaire, sorti en 1993, qui porte, lui, sur le Moyen-Age?



Avouez qu’il y a une troublante ressemblance entre la novice du film italien, incarnée par Consuelo Ferrara, et la diacre du film français, non?
Les critiques n’ont pas été tendres avec ce film. Et certains de mes amis ont trouvé le jeu de Karin Viard inégal. Mais je n’ai pas honte de dire que j’ai apprécié. Pas pour le côté « féministe ». Il est surpassé par le côté « quête de spiritualité transculturelle, transgénérationnelle, trans… tout ce que vous voudrez »…Si vous ne craignez pas les salles obscures en ce début d’été, filez vite voir ce film, vous y trouverez beaucoup de Lumière(s)…