Convivialité au coin d’une cheminée

Voilà longtemps que j’avais envie de découvrir un restaurant que j’avais découvert sur le net mais qui, hélas, ne reçoit que sur réservation. Pour quelqu’un comme moi, qui ne fait jamais de « plans sur la comète » – pour reprendre une expression un peu désuète qui me fascine toujours autant -, cela se révèle mission impossible. Mais hier il fut décidé d’une sortie au Musée Carnavalet avec une de mes amies. Or, « Robert et Louise » n’est qu’à 6 minutes à pied du musée… une belle occasion.! Dès l’aube, j’ai donc réservé par Internet. Un seul créneau disponible, qui ne correspondait pas à l’heure prévue pour le rendez-vous. Pas grave, j’attendrais en prenant l’apéritif seule. Ce qui fut le cas… mais cela en valait la peine!

A droite, le vrai Robert et la vraie Louise. A gauche, la maman?

Imaginez une petite salle en « boyau ». A l’entrée, une vieille « fontaine » désaffectée. Puis un bar, un vrai.

Au fond, une cheminée sur laquelle grillent des morceaux de viande, des boudins, des saucisses… Ce qui ne correspond pas à la photo ci-dessous : je n’ai réussi à la prendre qu’en fin de service!

La salle d’attente est pleine… et doit sans cesse être réapprovisionnée!

J’ai le choix entre une table rectangulaire et une ronde. Je prends la seconde. Rare qu’un restaurant accepte deux personnes sur une table de 4, voire de 6 en se serrant!

Un serveur dont l’amabilité et la patience ne se démentiront pas tout au long du repas (plus café, plus Cognac) m’installe, se soucie de mon anorak (il fait ce jour un froid glacial), et m’apporte la carte, puis l’apéritif-prétexte.

Lorsque mon amie arrive, deux places se sont libérées sur la grande table d’hôtes près de la cheminée. Nous « déménageons » donc. Et aussitôt la conversation s’engage avec nos voisin-e-s, un habitué et sa fille. Par discrétion, je ne vous en dirai pas plus. Quand il et elle partent, nouveau mouvement pour que mon amie profite d’une chaise au lieu du banc commun. Par la suite, la conversation se reportera de l’autre côté, avec 4 jeunes très intéressant-e-s… là aussi, silence. Mais quelle vraie convivialité!

Je ne suis pas grande amatrice de viandes, mais les chipolatas grillées au feu de bois, en entrée, et la part de gigot, agrémentée de pommes de terre genre sarladaises et d’une salade délicieusement assaisonnée constituent un vrai régal.

Notre voisin avait conseillé le vin du mois, un Pinot noir venu tout droit d’un petit vigneron. Il n’avait pas tort : je ne suis pas une fana du pinot, mais il faut reconnaître que le rapport qualité-prix est imbattable. Quant au cognac, il fut servi dans un verre supporté par un récipient d’eau chaude… belle idée!

Bref, un resto comme on aimerait en voir davantage, qui ne se moque pas de ses clients, et où l’on se sent bien… un bel instant de chaleur par ce dimanche d’hiver glacial!

J 52 après N-C : balade au Marais

Agréable promenade dans le Marais en ce premier jour post-solstice… Hélas pas pu voir le ciel cette nuit, avec ce phénomène extraordinaire qui était annoncé… J’espère que vous, vous avez pu en profiter?

Enfin une bonne nouvelle : les jours vont rallonger! Si, si! Mais la durée du couvre-feu ne va pas raccourcir pour autant… A ce propos, j’ai trouvé triste de voir tous ces gens entassés sur des bancs, ou debout aux tables hautes des bars placées dehors, alors que toutes ces vitrines, toutes ces salles, toutes ces terrasses de cafés étaient sombres, closes, sinistres! Heureusement, il faisait très doux à Paris en ce 22 décembre. Mais que sera-ce quand le froid va venir?

Quelques images à partager ? Oui, bien sûr! Je me/vous propose de décliner une série de « quand »…

Quand la destruction pousse les artistes à s’exprimer, face aux engins porteurs de mort, dans des oeuvres éphémères qu’un nouvel édifice tuera…

Quand Victor sortait de chez lui pour aller rejoindre Juliette qui logeait dans une rue proche, j’aime à penser qu’il passait sous ces voûtes…

Combien d’amants les ont admirées depuis ? A moins qu’ils ne soient passés sans les regarder, préférant plonger leurs yeux dans ceux de leur amante ou courant pour aller la rejoindre, comme le poète éperdu ?

Quand les passant-e-s observent une enseigne révélatrice d’un passé laborieux et aperçoivent une main de fer (je ne vous ferai pas le mauvais jeu de mot « à vapeur »!) sur un balcon… Oeuvre d’art en péril ?

Zoomez sur le balcon du 2ème étage…

Quand les rues changent de noms, et que le monde de la culture s’insurge contre les flèches mortelles qu’on ne cesse de leur lancer…

Bien sûr, la curiosité m’a poussée à chercher l’histoire de cette double dénomination…

La première vient du fait que dans cette rue se situe l’Hôtel d’Ecquevilly, propriété de la veuve d’Auguste de Harlay. Au passage, signalons qu’il y a une autre rue Harlay à Paris, du nom d’Achille de Harlay, premier président du Parlement de Paris, dans le 1er arrondissement. De ce fait, autrefois, l’une était désignée comme « Harlay-au-Palais », car elle longe le Palais de Justice, et l’autre, « Harlay-au-Marais » – inutile de vous expliquer pourquoi…

Pour la petite histoire, cette dernière s’est aussi appelée « rue Diderot », avant de prendre en 1879 le nom de ce qui est actuellement sa partie nord.

Alors, que viennent faire ici les arquebusiers? Eh bien, leur compagnie, entre 1609 et 1670, était établie non loin de là, dans un bastion de l’enceinte de Charles V approximativement située sur ce qui est maintenant le Boulevard Beaumarchais… Et ils s’entraînaient sur un terrain proche de la rue qui rappelle désormais leur souvenir, dont il reste des traces : le jardin de l’Arquebuse. Toujours aussi curieuse, je suis allée rechercher un vieux plan de Paris qui montre son emplacement, non loin de la Bastille.

Le jardin de l’Arquebuse. (source)

Effectivement, la forme allongée du jardin offrait l’espace nécessaire au tir à l’arquebuse !

Quand les poubelles sont sagement alignées en rang d’oignons et vous montrent la route… Où celle-ci mène-t-elle ?

Quand les hôtels 4 étoiles sont signalés par des poubelles et un vélo de location… c’est qu’ils sont fermés!

Quand les chasses royales permettaient aux veneurs de se faire construire des palais en plein Paris…

Vous avez sans doute remarqué sur les photos précédentes le haut-relief situé sur la porte. En le voyant, je me suis demandé ce que faisaient ces cors entrelacés en plein coeur de la capitale…

Ils marquent le début de la rue du Grand Veneur, qui conduit à l’ancienne résidence de celui-ci, l’Hôtel d’Ecquevilly, à l’élégante architecture classique.

Etonnant hétéroclisme de l’architecture, dans cet espace presque clos qui mène à l’hôtel… et décalage total entre les édifices eux-mêmes, et entre les édifices et la population qui profite du jardin.

Quand la Mairie de Paris méprise une auteure et fait des anachronismes (volontaires?).

Quand une déclaration d’amour embellit un mur plutôt tristounet dont la grisaille est rompue par une porte bleue…

Quand les artisans/commerçants contredisent les peintres… Vous vous souvenez de la déclaration de Magritte à propos de son tableau si controversé ? « La fameuse pipe, me l’a-t-on assez reprochée ! Et pourtant, pouvez-vous la bourrer ma pipe ? Non, n’est-ce pas, elle n’est qu’une représentation. Donc si j’avais écrit sous mon tableau « ceci est une pipe », j’aurais menti! » Et en plus, l’auteur-e de l’enseigne joue de la métonymie!!!

Quand les galeristes se mettent aux jeux de mots et qu’un objet de la vitrine renvoie à un tableau exposé…

Je ne vais pas continuer à vous soûler avec mes écrits (sans corps ni âmes) en cette nuit pluvieuse, et continuerai, si vous le voulez bien, un de ces jours prochains… Vous l’avez compris, j’apprécie infiniment les balades au Marais…