Le Musée du Louvre présente régulièrement des expositions très intéressantes. Il me tardait d’aller voir celle qui est consacrée au « Fou », qu’il soit ou non dans la nef…
La figure du Fou est abordée sous des angles très variés, et je dois bien avouer que je n’ai pas porté le même intérêt aux divers thèmes, en « mauvaise élève » que je suis. Je me propose donc de vous présenter brièvement ceux qui m’ont le plus intéressée, et délaisserai donc – je vous prie de m’en excuser – une partie de l’exposition.
Point de départ : le Moyen Age
Mais avant cela, première statue, première surprise : je ne sais pourquoi, mais je n’ai jamais associé la cornemuse (ni le biniou!) au Fou, tel qu’on peut le voir à l’entrée de l’exposition.
Je n’apporterai pas ici d’explication, car nous retrouverons cet instrument dans une autre salle, et je vous en parlerai alors plus en détail…
Il n’est pas question non plus que je synthétise tous les discours exposant en détail les innombrables contenus explicatifs. Pour cette période, sachez simplement que j’ai essentiellement retenu qu’était considéré comme « fou » celui ou celle qui s’écartait du dogme catholique, soit en reniant Dieu, soit en se comportant étrangement. Je fus ainsi très surprise de rencontrer ici Saint François d’Assise, qui parlait aux oiseaux…
Je me suis littéralement régalée des nombreux manuscrits exposés, avec des enluminures toutes plus fines, élégantes, esthétiques les unes que les autres. Et comme la lettre mise en avant dans ces textes (le D de Dieu) est aussi mon initiale, je ne résiste pas au plaisir de vous en donner deux exemples…
La seconde lettrine (eh oui, c’est le bon terme!) montre le mot entier, en latin : « Deus »
Les représentations du fou sont déjà bien présentes dans ces manuscrits, et j’ai dû en choisir deux parmi leur grand nombre. La première est une vision satirique de l’Eden, Adam dévorant la pomme. Regardez bien au coin inférieur gauche, vous verrez l’orthographe du mot à cette époque : « fol ». C’est celle qui perdurait encore à la Renaissance, souvenez-vous de ce qui était écrit près de la fenêtre de la chambre de François 1er à Chambord : « Souvent femme varie. Bien fol (est) qui s’y fie ».
La seconde montre un des « accessoires » permettant d’identifier le fou : sa « marotte », sceptre de fantaisie, ici tenue par un moine extravagant.
Dans le même espace se côtoient ainsi les dévoyés qui s’éloignaient de la doctrine chrétienne, voire la vilipendaient, celui qui, au contraire, aimait et vénérait tellement Dieu qu’il fut surnommé le « Fou de Dieu », et les Vierges Folles. A leur propos, je me suis rendu compte que je considérais comme acquis qu’il y avait des « vierges folles » et des « vierges sages », mais que j’ignorais totalement ce qu’il en était. Si c’est votre cas, vous allez pouvoir profiter, si cela vous intéresse, de ce que j’ai appris. A savoir qu’il s’agit d’une parabole du Christ rapportée par Saint Mathieu. Comme elle est courte, je vous la cite dans son intégralité.
« « Le royaume des Cieux est comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prennent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux.
Cinq d’entre elles sont insouciantes et cinq sont prévoyantes.
Les insouciantes ont pris leur lampe sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes ont pris des flacons d’huile avec leurs lampes.
Comme l’époux tarde, elles s’endorment.
Au milieu de la nuit on entend un cri :
“Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.”
Alors toutes ces jeunes filles se réveillent et préparent leur lampe.
Les insouciantes demandent aux prévoyantes :
“Donnez-nous un peu de votre huile car nos lampes s’éteignent.”
Les prévoyantes leur répondent :
“Nous n’en aurons pas assez pour nous et pour vous.
Allez plutôt chez les marchands vous en acheter.”
Pendant qu’elles sont parties en acheter, l’époux arrive. Celles qui sont prêtes entrent avec lui dans la salle des noces et on ferme la porte.
Plus tard, les autres jeunes filles arrivent à leur tour et disent :
“Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !”
Et l’époux leur répond :
“Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.”
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »
Je vous laisse méditer, et reviendrai vous conter la suite demain…