Un concert comme naguère

Un concert intimiste dans une belle demeure de la Plaine Monceau, avez-vous déjà vécu cela? C’est ce qui m’est arrivé la semaine dernière, pour mon plus grand plaisir.

L’annonce était discrète, peu « alléchante ». Mais je fus attirée par le lieu insolite : un musée dont je n’avais jamais entendu parler. Je ne vous dévoile pas lequel, car je vous le ferai découvrir plus tard. Mieux vaut garder le suspens pour motiver son public, n’est-ce pas? (rires)

Imaginez un ancien jardin d’hiver, hélas dépouillé de beaucoup de ses plantes. Mais la verrière est toujours là, l’espace aussi.

Un piano. Trois sièges, auxquels font face en arc-de-cercle une vingtaine d’autres. Le public s’installe. A peine une quinzaine de personnes. Pourtant, le prix n’est pas dissuasif : 15 euros avec la visite du Musée!

Une dame, tout sourire, présente rapidement le programme. Puis nous voyons descendre trois jeunes femmes des escaliers en colimaçon. L’une avec un violon, l’autre avec un violoncelle. La troisième ne porte pas son instrument!

C’est la pianiste qui annonce la première oeuvre qui sera jouée, un trio de Beethoven. Après un bref entracte, elle poursuivra avec un trio de Mendelssohn.

« Ludwig van BEETHOVEN : Trio, opus 1 nº1 30 mn »

  1. Allegro ;
  2. Adagio cantabile ;
  3. Scherzo allegro assai ;
  4. Finale presto

Félix MENDELSSOHN : Trio, opus 66 nº2  28 mn 1. Allegro energico e con fuoco ; 2. Andante espressivo ; 3. Scherzo : Molto allegro quasi presto ; 4. Allegro appassionato »

Deux oeuvres très différentes, que les artistes jouent avec passion et finesse. Chacune montre une personnalité bien différente. La réserve de la violoniste, Anna-Li Hardel complète à merveille l’enthousiasme de la pianiste, Marina Saïki, et la profondeur de la violoncelliste, Romane Bestautte.

Pour ma part, j’ai particulièrement apprécié l’adagio de Beethoven et l’andante de Mendelssohn. Mais l’interprétation des deux oeuvres par le Trio Lazuli a été remarquable, et les rappels furent nombreux et bien mérités. Des artistes à suivre, donc… En attendant, vous pourrez voir un extrait d’une de leurs interprétations sur YouTube.

Il cello e il cielo

Comme les « ancien-ne-s » de ce site le savent, j’aime le violoncelle. Alors, comment résister, par cet après-midi pluvieux, à l’appel de cette annonce? D’autant que je ne connais pas cet endroit!

Je situais bêtement l’Oratoire au Louvre ! Que nenni! Il est situé non loin, certes, mais pas du tout dans le périmètre de celui-ci. Mais en réalité c’était vrai jadis. Car il s’agit ni plus ni moins de l’ancienne Chapelle Royale du Palais.

Et j’imaginais une sorte de petite chapelle. Que nenni! En réalité, l’édifice est de taille imposante, aussi vaste qu’une grande église.

Un peu d’histoire en passant ? C’est la Congrégation de l’Oratoire (avatar de la Société de l’Oratoire, issue de la Contre-Réforme), créée en 1612 par Marie de Médicis, qui a souhaité un lieu de prière digne de sa renommée et fait lancer le chantier en 1620. Après modification des plans, il fut achevé en 1623. C’est là qu’eurent lieu les cérémonies funèbres de Richelieu, de Louis XIII, d’Anne d’Autriche et de Marie-Thérèse. Mais la consécration de l’église n’eut lieu qu’en 1750… et cela dura peu, puisqu’elle fut désacralisée à la Révolution. C’est justement en 1789 que les protestants obtiennent la liberté de culte. Et, en 1811, la première cérémonie protestante a lieu à l’Oratoire qui, depuis, est l’un des plus grands temples de Paris. Si vous voulez en savoir plus, le site de l’Oratoire est très pédagogique.

Une mini-exposition sur le mémorial de Coligny l’est également. Toutes les explications concernant histoire, actualités de l’époque, architecture et statuaire y sont apportées.

Comme tous les temples, très austère. Mais, pour ma part, j’ai ressenti une forme de malaise en y pénétrant. Une tristesse, un manque de « vie », en quelque sorte.

Le concert m’a fait oublier tout cela. Pas un concert ordinaire, non. Alternance de commentaire (par une pasteure) et lecture (par une autre pasteure) d’extraits de la Bible (plus ou moins) relatifs aux rêves et de morceaux interprétés au piano et au violoncelle.

Le public est séduit par la pianiste, dont il apprend très vite qu’elle n’est autre que l’organiste en titre de l’Oratoire. Ce qui m’a donné envie d’aller l’entendre à l’orgue, bien sûr. Coréenne née et élevée en Australie, elle a rejoint la France et mène une carrière internationale. C’est son jeune frère, arrivé plus récemment en France, qui est au violoncelle.

Et ce fut un délice de les entendre, dans des oeuvres extrêmement variées.

Parmi celles-ci, j’en ai particulièrement apprécié deux : Romance sans parole pour piano et violoncelle, de Mendelsohn (je n’en ai pas trouvé une aussi bonne interprétation sur le net, mais vous pouvez écouter ici pour en avoir une idée) et la Suite bergamasque de Debussy. Mais l’ensemble était bien choisi et interprété avec beaucoup de sensibilité, et, d’après un connaisseur, l’interprétation de Bach, remarquable.

Un concert à Henri IV

Ce week-end avait lieu au Lycée Henri IV un concert, auquel je n’ai pu assister. Mais un ami musicien, membre de l’orchestre, a eu la gentillesse de l’enregistrer pour moi. Cela me permet de vous en faire part…

Ce concert était joué par l’Orchestre symphonique du lycée Henri IV (composé essentiellement d’élèves et anciens élèves de l’établissement, si l’on excepte 10% de professionnel-le-s), en hommage à sa cheffe récemment disparue, Marie-Christine Desmonts, violoniste avant la direction d’orchestre. Vous pourrez trouver ici des images de celle-ci, et là sa discographie… Pour ma part, j’ai apprécié celle où elle dirige Egmont (dont l’Ouverture fait partie du programme) pendant qu’un jeune homme danse… c’était au Lycée Turgot, en présence d’un ministre et d’un footballeur, pour un évènement intitulé Inégalités et Hip Hop (source).

Egmont, comme je viens de le dire, était au programme. Au départ, un « héros » ayant inspiré Goethe.

Lamoral (comte d'Egmont)
Le Comte d’Egmont (1522-1568)

Lamoral, comte d’Egmont, avait été exécuté comme un protestant alors qu’il était catholique, pour sa prise de position non-violente lors de la crise iconoclaste de 1566… De quoi nourrir l’imaginaire de Goethe, puis, par la suite, en 1810, la verve musicale de Beethoven. Voici l’enregistrement lors du concert…

Vous trouverez l’Ouverture sur le net, sans problème, car c’est l’un des extraits les plus fréquemment interprétés. Ici, par exemple, sous la direction de Daniele Gatti.

Le choix s’était aussi porté sur la symphonie n°3 de Mendelssohn, dite « Ecossaise ». Pourquoi ce qualificatif? En référence, dit l’histoire, à Marie Stuart et aux paysages de son pays envahi par la brume…

Il a fallu 13 ans pour que cette oeuvre voie le jour. En effet, sa composition, initiée lors d’un voyage en Ecosse en 1829 par un compositeur de 20 ans, a été interrompue par un voyage en Italie, pour n’être reprise que 12 ans plus tard à Londres. Et décidément elle est vouée au 13… car c’est un 13 juin (1843) que le reine Victoria l’applaudira…

Si vous souhaitez en entendre d’autres interprétations, pour une étude comparative digne de l’émission du dimanche, sur France Musique, dont je parlais récemment… on trouve surtout des extraits sur le net, mais il y a cette interprétation de la Philharmonia sous la direction d’Otto Klemperer que je vous laisse découvrir…

Un concert sincère, émouvant, en hommage à une cheffe d’orchestre généreuse et experte. Nous attendons d’autres concerts avec impatience, désormais sous la baguette de Jane Latron.