« Le tableau », une adaptation d’ « Art »

J’avais eu l’occasion, voici quelques années, de voir jouer Arditi, Vanneck et Luchini dans la pièce de Yasmina Reza, « Art ».

Je ne vous donnerai pas la date, mais c’était avant le Covid, entre 1995 et 1998. Une pièce qui m’avait séduite, et vous reconnaîtrez que le trio était impressionnant. Si vous le souhaitez, vous pouvez la voir intégralement sur YouTube, elle est en ligne. C’est intéressant à deux titres : la pièce, certes, mais aussi les acteurs encore jeunes… Certains l’ont rejouée depuis, et elle est encore souvent à l’affiche…

En ce mois de novembre 2025, c’est une troupe d’amateurs qui l’interprétaient pour la première fois. Eux sont de vrais amateurs – j’allais ajouter « éclairés, certes », car ce qualificatif leur irait bien. Mais la metteure en scène est une vraie professionnelle. Et j’ai admiré ce qu’elle a pu tirer d’une salle des plus ordinaires (un rez-de-chaussée d’immeuble) où les spectateurs, assis sur des chaises pliantes, étaient au même niveau que les acteurs. Certes, l’auteur avait indiqué la nécessaire sobriété des décors, mais la petite troupe éphémère a réussi, avec des éléments sortis des demeures de chacun, à nous transporter de lieu en lieu. Car on est tantôt chez Serge, le riche collectionneur qui s’est offert le tableau, chez Marc, l’ingénieur en aéronautique, l’adepte du bon vieux temps, et chez Yvan, la « cigale » qui va épouser la fille d’un papetier pour qui il est « représentant de commerce ». Le « marqueur » des lieux? Un seul indice. Un tableau, justement… des plus classiques… voire une « croûte » comme le qualifie le texte.

« « Le salon d’un appartement. / Un seul décor. / Le plus dépouillé, le plus neutre possible. / Les scènes se déroulent successivement chez Serge, Yvan et Marc. / Rien ne change, sauf l’œuvre de peinture exposée. »

Reconnaissez que c’est une belle gageure que d’oser se produire dans de telles conditions! Eh bien, le challenge a été réussi! Et les spectateurs/trices étaient enchanté-e-s de ce spectacle au rythme soutenu… et ébahi-e-s, il faut le dire, devant la performance de chacun. Le célèbre monologue de Marc notamment! Brillamment interprété, sans trou ni hésitation… emportant le spectateur dans les dédales des pensées et ressentis de celui qui m’a fait penser au clown blanc, vous savez, celui qui fait rire mais qui ne parvient pas à être heureux? « . Comme le dit le personnage :

« Je ne suis pas content mais d’une manière générale, je ne suis pas un garçon qui peut dire, je suis content. »

Mais chaque acteur méritait amplement les félicitations de la cinquantaine de personnes présentes, dont des spécialistes et des élus du coin (peu, trop peu!). Et le fait que deux d’entre eux aient largement dépassé la quarantaine que sont censés avoir les héros n’a absolument pas gêné. J’avoue m’être posée la question : « qu’est-ce qui pousse des personnes déjà très occupées par leur vie professionnelle, amicale, personnelle et familiale à apprendre un texte que l’aspect volontairement « ordinaire », du point de vue du langage, rend difficile à mémoriser? Et j’ai été heureuse de faire la connaissance de celle qui les avait suivis dans cette aventure (ils avaient choisi la pièce) et entraînés, coachés, formés, tout en la mettant en scène dans les conditions décrites ci-dessus. Elle m’a demandé de ne pas la citer, mais je peux dire qu’elle est très engagée dans l’accompagnement de personnes qui ont envie ou besoin de s’investir ou se détendre, avec le yoga, le rire et le théâtre. Le texte qui suit est extrait de son site.

« VENEZ RENCONTRER L’ARTISTE QUI SOMMEILLE EN VOUS ET LE PARTAGER AVEC LES AUTRES. 
 A partir de jeux et exercices d’entraînement du comédien, vous développez votre conscience du corps, de la voix et activez votre qualité de présence. Vous stimulez votre imaginaire, votre créativité et l’expression de votre personnalité sur la scène comme dans la vie. »

C’est exactement ce qui a été vécu ce soir-là. Un véritable « partage » permis par la passion d’une artiste et de trois amateurs, soutenus par des réseaux familiaux et amicaux… Une vraie « bulle » loin du quotidien… Et, si la fin de la pièce reste ambigüe (l’amitié survit-elle à ces « déballages », comme disait ma grand-mère?), le devenir de la troupe ne l’est pas : un élan commun entre les acteurs, entre eux et leur professeure, et entre l’ensemble et celles et ceux qui ont eu le plaisir d’assister à ce qui, espérons-le, était une « première ». Reste à trouver les lieux qui pourront les accueillir, les financements qui permettront de poursuivre l’aventure, les soutiens artistiques et politiques (au sens large) qui donneront à d’autres le même plaisir partagé… Si vous avez des idées, placez-les en commentaires de cet article, les idées leur seront transmises…

PilPil Enea

Photographie copiée sur le site Tourisme 64

J’avais voulu intituler cette série « restaurants luzéens ». Je me suis aperçue d’une erreur : l’adjectif s’écrit « luziens »! J’ai ensuite voulu le traduire en basque. « Restaurant » se dirait, d’après le net, « jatextea ». Et Luzien? « Donibandar ». Mais, pour le premier, je ne sais pas si cela désigne n’importe quel type de restaurant! Et, pour le second, c’est certes le gentilé, mais ce terme peut-il devenir adjectif, rapporté à un objet??? J’ai donc supprimé l’intitulé, pour ne garder que le nom des commerces. Après le Bar Basque, c’est au tour du Pil Pil Enea aujourd’hui. Continuons nos escapades linguistiques : « pilpil », c’est une « façon de cuire quelques poissons typiques du Pays Basque qui est fait avec de l’huile, du piment et de l’ail, dans une casserole d’argile, et servi bouillant » (source). On s’attend donc à ce qu’ « enea » désigne un poisson, n’est-ce pas? Eh bien, non. J’ai utilisé le traducteur Itzuli pour rechercher les noms de différents poissons… en vain! « Enea », c’est un terme pour désigner une maison, avec la connotation d’ambiance chaleureuse et d’ancrage familial.

Pour découvrir ce restaurant, il faut être bien informé : sa devanture est étroite, et il est situé dans une petite rue à l’écart de la plage, du port et du centre ville. Pour ma part, ce fut le résultat d’une recherche sur le net un soir où de nombreux autres étaient fermés. Encore fallut-il ensuite trouver l’adresse! Et j’ai compris pourquoi il ne communique pas davantage : il est comble tous les jours… Sa renommée est telle qu’il ne désemplit pas, et j’avais bien fait de réserver! Et j’ai compris pourquoi. Si vous voulez réussir la triangulation « accueil chaleureux », « ambiance conviviale » et « excellents plats », c’est là qu’il faut aller.

J’ai été tellement absorbée par la conversation de l’hôte et la dégustation que j’ai oublié de faire des photos de l’intérieur et que je n’ai pensé à prendre celle du plat principal qu’après avoir commencé à manger la morue!

Quant au dessert et au vin, le Txacoli qui s’imposait, vous n’en verrez rien!

J’emprunte au site du restaurant son histoire.

« Avec son grand-père patron pêcheur et sa grand-mère gérante d’une pension de famille, c’est tout naturellement qu’Yvan se tourne vers les métiers de bouche dans un seul et unique but : créer un endroit chaleureux où le plaisir d’une bonne table se partage. Il cuisine dans son restaurant des plats traditionnels tels que la fameuse soupe de poissons de sa grand-mère mais également des plats typiques basques. Il s’approvisionne en poissons auprès des pêcheurs locaux.

Suite à sa formation en école hôtelière, Yvan part travailler en Allemagne quelque temps. Ensuite, il revient en France pour accroître son expérience dans le restaurant gastronomique d’un Relais & Châteaux situé dans le Sud-Ouest. De là, il s’oriente vers un autre type de restauration en cuisinant dans une auberge familiale à Arcangues.

Sa passion pour les produits frais du terroir et son envie de perpétuer et de préparer les recettes de sa famille, le conduit à reprendre l’ancienne pension de famille. »

Yvan est donc aux fourneaux, et c’est Nicolas qui s’occupe de la salle et des client-e-s, avec dynamisme et humour. Il s’est bien moqué de moi, notamment (mais avec bienveillance) quand j’ai demandé des couverts pour manger les tapas…

Une adresse à noter, et n’oubliez pas de réserver : il n’y a que 26 places!

De l’arbre au navire

Cet article marque la fin de la série consacrée à mon récent séjour au Pays Basque… et de ceux qui concernent la vie maritime à Saint-Jean-de-Luz. En réalité, c’est peut-être par lui que j’aurais dû débuter la série, car c’est par la visite de cette exposition que tout a commencé. Vous en avez déjà vu une partie, à savoir les maquettes. Mais un autre objectif en est d’apporter, de manière très pédagogique, voire andragogique – n’ergotons pas! – des précisions sur les chantiers navals très présents naguère à Donibane Lohizune et dans les autres bourgades de la côte et de l’intérieur des terres.

Pourquoi parlè-je de péda- ou andra- gogie? Tout simplement parce qu’on y apprend beaucoup sur la conception et la construction des embarcations de jadis, sous forme de posters très bien conçus et d’objets leur correspondant. Je vous propose donc une petite balade dans l’univers laborieux du Labourd d’autrefois (excusez le mauvais cadrage de certaines photos, mais la plupart étaient très en hauteur, et je ne disposais pas d’échelle à roulettes!).

Bien sûr, pas question de reprendre toute l’exposition : je focaliserai sur quelques-uns des thèmes.
D’abord, pour faire un bateau, à cette époque, il faut du bois et du chanvre… Or le Pays Basque regorge de zones sylvestres… Et, quand on recherche des essences exogènes ou exotiques, le commerce maritime est bien vivant…

Quant au chanvre, sa culture dans le sud-ouest de la France est attestée depuis l’époque romaine, et certains chercheurs émettent l’hypothèse qu’elle remonterait à la Préhistoire.

« Les débuts de la culture du chanvre (Cannabis sativa) en France et en Europe occidentale sont mal connus. Jusqu’à présent, les plus anciennes mentions de semences dans cette zone n’étaient pas antérieures à l’époque romaine. Le site humide de fond de vallée d’Al Poux (Fontanes, Lot) a livré des akènes qui tendent à attester la culture du Cannabis dans le Sud-Ouest de la France à la fin de l’âge du Fer. La présence des semences sur le site pourrait résulter d’une culture du chanvre directement sur les bords du ruisseau ou d’un apport des plantes après la récolte pour leur rouissage dans le cours d’eau. Le rôle particulier des contextes humides dans la conservation des semences de chanvre est souligné. » (source)

Les savoir-faire du chanvre textile sont entrés au Patrimoine immatériel de l’UNESCO.

« Jusque dans les années 1960, les agriculteurs entretenaient fréquemment
une petite parcelle de chanvre pour leurs besoins domestiques. Les femmes filaient et tissaient encore à la ferme… »
(source)

Ce n’est pas le sujet, mais notons qu’au Pays Basque son exploitation s’est amplifiée depuis quelques années, avec la relance du textile, au point qu’un article titre « A Saint-Jean-de-Luz, ils sont complètement « chanvrés » (sic)

Par contre, beaucoup plus en lien avec l’exposition, un article sur Le travail du chanvre et ses applications à la navigation et à la pêche dans l’Espagne médiévale vous intéressera sans doute. Mais revenons à l’exposition… Je passe plusieurs panneaux expliquant la gestion forestière au niveau national et la « merveille » que représente la construction des voiliers, pour aller directement au travail du bois pour construire un bateau.

J’ai appris que le gouvernail axial était dénommé « à la bayonnaise »…

J’emprunte les lignes et la photo qui suivent au site « Détours en France ».

« Pour les navigateurs d’autrefois, qui affrontaient les mers les plus lointaines sans GPS ni pilote automatique, bien diriger le bateau était crucial. Le gouvernail d’étambot, qui fut un excellent substitut à la rame de gouverne, est probablement apparu en Extrême-Orient peu après l’an mille puis, deux siècles plus tard, dans les pays scandinaves. Par le jeu mystérieux des assonances et associations d’idées, il en vint plus tard à prendre le nom de « gouvernail à la bayonnaise ». Si les gens de Bayonne, marins chevronnés, n’en sont pas vraiment les inventeurs, ils sont parmi les premiers à l’avoir utilisé systématiquement, sur leurs « naus » au long cours, et à l’avoir représenté, dès le XIVe siècle : levez la tête vers la clé de voûte de la cathédrale Sainte-Marie et vous le verrez ! »

Le Musée Basque en présente un exemplaire magnifique, jugez-en vous-même :

L’art de la patience : le maquettisme

Je vous ai parlé d’un restaurant que j’avais beaucoup apprécié, la Grillerie du Port qui, comme son nom l’indique, domine le port de Saint-Jean-de-Luz. En voulant y retourner, j’ai découvert qu’il était fermé tout l’hiver. Mais les lieux appartiennent à la Ville, qui les transforme alors – excellente idée pour les personnes plus attirées par la culture que par la gastronomie – en espace d’exposition. C’est donc ainsi que je me suis trouvée dans une magnifique exposition de maquettes de bateaux.

Le premier « batel » repéré porte justement le nom de l’association organisatrice… A moins que ce ne soit elle qui a pris le nom de ce bateau. En effet, le premier date du 19ème siècle, et sa réplique, de la seconde moitié du 20ème. Je ne sais si vous parviendrez à lire l’affichette explicative, mais il y est spécifié qu’il est « équipé pour la pêche à la turlutte, au casier et aux petites lignes ». Vous vous doutez de la recherche que j’ai aussitôt faite: qu’est-ce que « la turlutte »? C’est en Bretagne que j’ai trouvé la réponse, plus exactement du côté de Binic, dans les Côtes d’Armor.

« Les turluttes sont des outils de pêche pour la bouëtte, utilisés depuis au moins le 19ème siècle par les marins Terre-Neuvas. A partir de la mi-juillet, un autre appât était utilisé pour la 2ème pêche à la morue : l’encornet, pêché en particulier dans la rade de Saint-Pierre à l’aide d’une turlutte, petit plomb allongé garni d’une couronne de petites pointes, que le pêcheur agite continuellement à quelques mètres de la surface au bout d’une ligne à main. Quand une piaule (un banc) d’encornets passe sous le bateau, tous les matelots sont mobilisés : « appelés sur le pont au cri de « pique », 3, 4 fois par nuit pour pêcher la boëtte, selon le RP Yvon. Les turluttes pouvaient être peintes en blanc ou en rouge pour attirer le poisson. Sur la turlutte, les initiales gravées représentent celles d’un marin binicais : ce qui permet d’attester que le matériel de pêche était la propriété du dorissier. Cependant, cet usage de graver ses intiales, semble être plutôt rare. »

Si vous n’êtes pas plus spécialiste que moi, vous aurez remarqué des termes inconnus. « La bouëtte » : ce sont les appâts pour la pêche à la morue, d’après le Littré.

« Le dorissier ». La définition ne va pas vous apprendre grand-chose : « pêcheur sur doris »! Cette fois, c’est du côté de Fécamp que j’ai trouvé la réponse.

« Le doris, petite barque originaire d’Amérique du Nord, fut utilisé au temps des voiliers par les Terre-Neuvas pour pêcher la morue sur le Grand Banc de Terre-Neuve puis comme embarcation de service sur les chalutiers et également dans la pêche artisanale. »

En voici un exemple, provenant du Musée des Terre-Neuvas.

Mais revenons au Pays Basque, pour admirer les maquettes faites par les membres de l’association Itsas Begia, en commençant par son éponyme.

Regardez bien la carte sur laquelle elle est placée… A ma grande surprise, elle présente… la Bretagne! Et, plus précisément, le coin de cette région où je vais très souvent…

Autre terme inconnu de moi, une « traînière »… La revue Le Chasse-Marée explique de quoi il s’agit dans un article sur les embarcations basques.

« La traînière (traiñera, treiñerua), de 9 à 12 mètres pour un bau de 3 mètres, est armée par 7 à 11 hommes, patron compris. Légère et maniable, elle a joué autrefois un rôle de premier plan dans la pêche à la baleine. Au début du xxe siècle, elle est utilisée pour la pêche à la sardine, à l’anchois, au chinchard à la senne tournante, ainsi qu’au germon à la ligne de traîne tangonnée. Légère, non pontée, elle est rigidifiée par 9 à 11 bancs. »

Le Socotarra(k?) que vous voyez reproduit ici au 1/40ème est équipé pour la pêche à la sardine et aux anchois.

Je ne vais pas vous présenter toutes les maquettes de cette riche exposition. La dame qui m’a accueillie m’a expliqué que chacun-e en fabriquait plusieurs, ce qui était son cas. Fille de pêcheur, elle ne voyait son père que la moitié de l’année, lorsqu’il revenait des campagnes de pêche au Sénégal…

Progressivement la vapeur a remplacé l’énergie éolienne ou humaine… Voici le premier chalutier à vapeur du port, le Boby.

Un autre chalutier, l’Augustine…

Sur la photo suivante, la réplique d’un thonier.

Ma guide m’explique le progrès considérable qu’a représenté la présence de congélateurs sur les bateaux, dans la seconde moitié du 20ème siècle. Les marins ne stressaient plus autant pour rapporter le fruit de leur pêche à temps dans les ports…

« Dans les années 1950, constatant une forte diminution des apports à la criée, les pêcheurs partent à la recherche des bancs de thons et de sardines au large du Sénégal, du Maroc et de la Mauritanie, renouant ainsi avec leur passé de pêche lointaine. Dans les années 1960, Saint-Jean-de-Luz devient le premier port thonier et sardinier de France grâce à l’apport des navires congélateurs. » (source)

Je vais finir par un bateau emblématique de la pêche au thon, le Bégnat, joliment présenté devant des maisons typiques de l’époque.

Il a fait l’objet d’un film que vous pouvez voir ici, avec une belle bande sonore, la chanson « Euskal Herrian Euskaraz »

Euskal Herrian euskaraz
Nahi dugu hitz eta jolas
Lan eta bizi euskaraz eta
Hortara goaz
Bada garaia noizbait dezagun
Guda hori gal edo irabaz
Zabal bideak eta aireak
Gure hizkuntzak har dezan arnas
Bada garaia noizbait dezagun
Guda hori gal edo irabaz
Euskal Herrian euskara
Hitz egiterik ez bada
Bota dezagun demokrazia
Zerri askara
Geure arima hiltzen uzteko
Bezain odolgalduak ez gara
Hizkuntza gabe esaidazue
Nola irtengo naizen plazara
Geure arima hiltzen uzteko
Bezain odolgalduak ez gara
Euskal Herri euskalduna
Irabazteko eguna
Pazientzia erre aurretik
Behar duguna
Ez al dakizu euskara dela
Euskaldun egiten gaituena?
Zer Euskal Herri litzake bere

Hizkuntza ere galtzen duena
Ez al dakizu euskara dela
Euskaldun egiten gaituena?

Vous ne comprenez pas le basque? En voici une traduction:

Au Pays Basque c’est en langue Basque
Que nous voulons parler et nous divertir,
Travailler et vivre en langue Basque,
Et nous nous y dirigeons !
Et voilà qu’il est l’heure
De perdre ou de gagner cette bataille.
Ouvrez les chemins et les airs
Pour que notre langue respire
Et voilà qu’il est l’heure
De perdre ou de gagner cette bataille.

Si au Pays Basque on ne peut
Parler en langue Basque
Jetons la démocratie
Au fond de la mangeoire
Nous ne sommes pas désespérés
Au point de nous laisser arracher l’âme.
Dites-moi, comment sans langue Basque
Pourrais-je sortir sur la place ?
Nous ne sommes pas désespérés
Au point de nous laisser arracher l’âme.
Un Pays Basque qui parle le Basque
Ce jour viendra
Avant que la patience
Ne nous abandonne
Ne sais-tu pas
Ce qui fait de nous des Basques ?
Ce que serait le Pays Basque
S’il perdait sa langue ?
Sais-tu que la langue Basque
Est justement ce qui fait de nous des Basques ? »

Le Bégnat a aussi fait l’objet d’un livre.

Une virée sur le Brokoa

Lors de la visite d’une exposition de maquettes, j’ai découvert une association qui fait vivre l’histoire maritime basque : Itsas Begia, c’est son nom. Itsas, c’est le « marin » en basque. Et « Begia », l’oeil ». Une affichette annonçait la possibilité de sortir en mer sur un « batel », comme on dit ici, dénommé le « Brokoa ». J’avais regardé sur le net, et appris que ce terme désignait un « frère ». Je fus vite détrompée, lors de mon arrivée au port : il est le nom basque du « fou de Bassan ».

Voici la présentation du batel, alias « txalupa », dans son jeune temps, en 2018, empruntée à ce site.

« BROKOA (BA 801528)

Type : Chaloupe  pontée (Txalupa basque)

Gréement : les 2 mâts en 1 seule  partie (à pible) ; voiles au tiers sur les 2 mâts : la voile d’avant est la misaine, celle du grand mât, le taillevent ; pas de foc. »


Accueil chaleureux par l’équipage : Philou, Marie et Paule. On endosse les gilets, on apprend vite quelques termes, et chacun doit prendre un poste, désigné par le chef de bord, Philou. Et c’est le départ pour une belle aventure…

Cliquez sur la photo ci-dessous pour apprécier ce moment, même si l’image n’est pas de toute première qualité…

Trois modes de propulsion pour ce bateau : les rames, les voiles, et le moteur. La sortie du port s’effectue au moteur. Les apprentis moussaillons que sont les trois « touristes » à bord comprendront bientôt pourquoi l’on sort au moteur : il faut douze rameurs pour manoeuvrer et faire avancer l’embarcation. Et les voiles sont difficiles à manoeuvrer… La baume notamment n’est pas fixée de manière à pouvoir aller à babord ou à tribord : il faut à chaque fois la détacher, la faire reculer pour qu’elle passe de l’autre côté du mât, et la refixer! Tout un programme! Et si, dans le port bien protégé cela peut sembler faisable, c’est une toute autre histoire lorsque les vagues avec roulis ou le vent un peu forci s’en mêlent! Sur les photos ci-dessous, prises dans la rade, cap vers le fort de Socoa, on la voit attachée à tribord…

Or il fallait virer pour longer la digue de l’Artha… La houle s’en est mêlée, et ce ne fut pas une mince affaire! Mais quel bonheur quand nous avons repris le vent, en amure grand largue… qui nous a permis de revenir au port, épuisés mais satisfaits…

Et je vous passe tous les détails, notamment les noeuds à faire et défaire le plus rapidement possible, avec des ordres du genre « noeud de chaise, vite! »… Vous savez, celui où le serpent sort du puits pour y rentrer après être passé derrière l’arbre?

Essayez de faire cela en tenant difficilement debout sur le bateau, et vous m’en direz des nouvelles! ça donne parfois ceci…

… cherchez l’erreur!

Ce fut une expérience réjouissante, bien accompagnée par Philou, Paule et Marie… et un peu stressante parfois, lorsque notamment il faut réussir à se faufiler entre deux bateaux pour s’amarrer au quai. La chaloupe n’est en effet pas aisée à manoeuvrer en espace réduit comme celui des pontons!

Je n’ai maintenant plus qu’une envie : renouveler l’expérience et revivre ces moments de compagnonnage… Peut-être en ayant mieux appris tous les termes, et en m’étant entraînée pour les noeuds?

Pour vous donner une idée de la complexité lexicale, un extrait d’un article de la revue Chasse Marée qui présente les chaloupes biscayennes. J’ai mis en gras tous les termes spécifiques… et encore, ils n’ont pas exagéré et ont tenté d’être pédagogues!

« Lorsque le vent est suffisant, les voiles prennent le relais de l’aviron. Les txalupa handiak sont gréées de deux mâts avec voiles au tiers. A l’avant, le mât de misaine, assez court, se dresse presque verticalement. Il repose sur la quille dans une emplanture de section carrée. Au niveau de l’étambrai, l’espar est engagé dans un évidement semi-circulaire pratiqué dans le tillac et retenu sur l’arrière par un banc amovible découpé de la même façon. Quant au grand mât, qui possède une quête sur l’arrière souvent très importante, il est emplanté de la même façon à peu près au milieu du bateau. Au niveau du pont, un assemblage de forte section complété par un système de cales en bois permet d’incliner l’espar longitudinalement et transversalement. A l’aide des bastaques raidies au palan, on peut ainsi par exemple accentuer la quête sur l’arrière pour améliorer la remontée au vent.

… A la voile, c’est au largue et au vent de travers que la txalupa trouve sa plus belle marche et, par bonne brise, une vitesse de neuf nœuds n’est pas exceptionnelle. Au plus près en revanche, le bateau ne fait pas, en général, un très bon cap, malgré les effets compensateurs de la dérive et du safran. Pour aplatir la grand voile et améliorer son rendement, on amène le mât sur l’arrière et on hale la « bouline », une manœuvre amarrée en patte d’oie sur le guindant et qui permet de tendre la toile. » (source)

Une chorale japonaise en Pays Basque

C’est la curiosité qui m’a poussée à réserver pour un concert à Bayonne en ce 2 novembre…

Me voici donc en cette fin d’après-midi au balcon du théâtre de la ville, la Scène Nationale, pour aller assister à la prestation d’une chorale japonaise au nom bien… italien ! Sopra il Fiume (au-dessus du fleuve). C’est le dernier de la liste ci-dessus, et l’un des deux payants, mais les billets n’étaient pas excessivement chers… En préparant cet article, j’ai découvert que le nom de l’ensemble fait référence à une petite ville au nord de Tokyo, Kawagoe, surnommée « La Petite Edo ».

Je me suis renseignée sur le net, au préalable, et y ai appris les deux spécificités de cette chorale. D’abord, une moyenne d’âge peu élevée. Ce sont tou-te-s des jeunes. Ensuite, le fait qu’elle ne soit pas dirigée par un chef. Les choristes chantent en demi-cercle, sans personne au centre.

Je n’ai pas été déçue… Un répertoire éclectique, des chants superbement interprétés, des voix remarquables. Et j’ai été épatée par la tenue et la mémoire de ces jeunes qui ont chanté non seulement en japonais et en latin, mais aussi en anglais… et en espagnol, avec un bis de « La Cucaracha » (alias « Le Cafard ») chantée avec une originalité empreinte d’humour, accompagnée par la salle. Cela tranchait avec le silence recueilli qui avait accompagné l’ensemble du spectacle.

Dès le début j’ai été saisie par la beauté des chants japonais. Je n’ai pas trouvé le premier interprété par cette chorale, Seagull de Kinishita Hokiko, mais le voici par une autre… Hélas chanté avec moins de douceur. Même problème pour Orasho, de Chihara Odeki, que vous pourrez entendre ici. Idem aussi pour le dernier morceau, Yuyake d’Aizawa Naoto, accessible sur ce site. Mais vous pourrez accéder à l’Alleluiah chanté par le choeur hélas masqué ou à Salve Regina sans masques.

Très beau spectacle donc, avec des moments d’émotion et de transport, notamment par deux des chanteuses, soprano et mezzo-soprano. Je les ai mises en évidence sur la photo ci-dessous.