Adepte de Mircea Eliade lors de mes études, déjà auparavant intriguée par les rituels grecs anciens, puis ayant assisté à une séance de transe chez les Gnaouas au Maroc, etc. Bref, j’ai toujours été fascinée par le chamanisme. Or voici qu’une affiche m’apprend que le Musée du Quai Branly propose une exposition intitulée « Visions chamaniques ».

Sans prendre la peine d’en savoir davantage sur ce qui est proposé (notamment sans lire le sous-titre!), je m’y précipite par cet après-midi d’automne froid et pluvieux. Personne à la billetterie… Ah si! un homme… et le responsable de la sécurité qui m’oblige à me placer derrière lui! Me voici dans le musée, direction l’exposition, par la « rivière » de mots qui coule sous mes pieds, puis l’escalier qui conduit à l’espace consacré. En passant par une statue sexy…


Première surprise : la découverte de l’ayahuasca. J’avoue que je n’en avais jamais entendu parler. Ce n’est pas un être humain, non, même si on peut en adopter…
« Aidez-nous à poursuivre ces actions de conservation en adoptant une liane d’Ayahuasca ou une autre plante-maîtresse »

Eh oui, c’est une liane qui est ainsi qualifiée sur ce site. Bien sûr, je me suis précipitée sur mon ordi connecté pour savoir ce qu’est une « plante-maîtresse ». C’est une plante qui enseigne, comme les humains. L’ayahuasca est d’ailleurs sur un autre site dénommée « Mère ayahuasca ».
« Plante maîtresse visionnaire et instructrice des plans multi-dimensionnels. Découverte depuis des millénaires par les hommes Médecine d’Amazonie et utilisée à l’origine pour diagnostiquer et soigner les maladies physiques et émotionnelles, pour les guérir sur le plan spirituel. »
Citons parmi ces plantes « Ushpawasha Sanango, Chiric Sanango, Chacruna, Ajo Sacha, Mucura, Uchu Sanango, Bobinzana et Coca« .

Donc l’exposition porte sur cette plante et ses effets sur celles et ceux qui l’ingèrent dans un breuvage « composé de deux ingrédients: la liane Ayahuasca (Banisteriopsis caapi) et les feuilles de chakruna (Psychotria viridis)« , dont la première vidéo (elles sont très nombreuses en proportion de la petite taille de l’exposition) explique qu’il fait d’abord vomir avant de provoquer les hallucinations qui permettent de créer.

Oui, de créer. Des oeuvres d’art. Car les membres de cette peuplade amazonienne, les Shipibo-Konibo, s’en servent pour exploiter dans des arts divers (peinture, sculpture, broderie, poterie) comme en médecine les effets psychédéliques de son absorption.
Je n’en ai pas bu. Mais j’ai pu avoir un aperçu de ses effets grâce à la réalité virtuelle. Ce fut la deuxième surprise. Un casque m’a entraînée dans un univers incroyable, où les serpents entraînent dans un tourbillon vertigineux, par exemple. Tellement vertigineux que j’ai dû abandonner la projection au bout de quelques minutes (elle en dure 18) car j’étais prise de vertige!

Il n’est pas le seul Occidental à avoir tenté l’expérience, comme en attestent quelques oeuvres d’artistes européens ou américains, qui ont remplacé la mescaline par ce breuvage.


Vous l’aurez compris, toute l’exposition tourne autour de la plante, notamment en suivant l’histoire de la botanique, de la préparation du breuvage, puis de la production des diverses oeuvres. Et je dois dire que c’est passionnant. Et intrigant. Comment peut-elle conduire à des extrêmes comme ces sculptures et peintures aux formes étranges et aux couleurs vives, comme à ces textiles ou poteries aux motifs extrêmement géométriques, symétriques, et d’une finesse extraordinaire, troisième surprise de ce parcours muséal qui m’a emmenée bien loin de la grisaille parisienne et de mon travail…
Je vous propose donc un premier aperçu de ces oeuvres. Les autres feront l’objet du prochain article (je ne veux pas vous lasser!)

J’échangeais dernièrement sur la place du vide dans les tableaux… Ici pas de vide, comme vous pourrez le voir sur le détail de la peinture qui suit.


Une sculpture m’a particulièrement marquée, à ce propos. En voici trois détails :



J’aimerais être initiée, pour mieux comprendre tout ce qu’elle représente et symbolise!


Les animaux sont omniprésents, que ce soit en peinture, sculpture ou poterie.




