Huîtres perlières

La pluie s’estompe, mais il fait frais. Qu’à cela ne tienne, direction la plage. Laquelle? Celle du Tréport… Car celle de Mers-les-Bains est en grands travaux : d’énormes engins charrient les galets en tout sens, d’autres les râtissent, d’autres y ajoutent du sable… De quoi faire fuire l’amateur de calme.

Plage dévastée… Le Café Plage est, lui, serein, tout là-bas derrière la jetée du phare

Au Tréport, ce n’est pas mieux ce week-end : une fête foraine est installée sur les quais. Résultats: des restaurants en bord de port, la vue est « superbe »! Le dos des vastes remorques qui abritent jeux, tirs et autres amusements futiles et dispendieux.

Mais il en est un qui échappe à tout ce fracas : le Café Plage, dont je vous ai parlé jadis. Car je suis depuis le début l’aventure du jeune couple qui a « monté » de toutes pièces ce lieu enchanteur. Au départ, des palettes et des bobines en bois. Puis, progressivement, tables et chaises; couverture provisoire de la terrasse; et, désormais, une terrasse abritée du vent. Car nous sommes sous l’esplanade, au ras des galets. Vue directe, donc, sur la mer, la falaise, le phare. Un endroit idyllique. Ce qui fait enrager, c’est que la loi maritime a été invoquée pour les empêcher de se développer un peu sur les galets. Résultats : pas de soleil pour le déjeuner à cette époque! Alors qu’au début, on se régalait au soleil sur les galets (j’espère que vous avez remarqué le jeu de mots – rires).

Sur la plage, mais bien à l’abri du vent glacial de ce jour

Bref, un endroit comme je les aime, et un accueil fort sympathique. Sans compter le meilleur Moscow Mule de tous ceux que j’ai dégustés un peu partout en France!

Crâne voilé

Au menu, huîtres, crevettes roses, et délicieux tartare de saumon. Avec un Viognier, pour changer des Muscadet et Sancerre habituels.

Pourquoi vous parler de cela en ce dimanche matin? Tout simplement parce que je voulais introduire une photo d’une idée idiote qui m’a fait beaucoup rire (je suis un peu simplette)… Celle d’une huître perlière…

Des huîtres, encore des huîtres!

Comme dit dans l’article précédent, nous étions venu-e-s en famille à Lanton pour déguster les huîtres du crû, sur le conseil des « jeunes » qui fréquentent souvent « Le Cabanon ».

Un petit mot d’abord de l’endroit, fort agréable. Niché au bord du petit port de Cassy, il constitue une grande « cabane » (non tchanquée, comme je le disais précédemment, rien que pour utiliser ce mot surprenant), avec une jolie vue sur le port, qui doit être encore plus agréable depuis la terrasse, rendue inutilisable par le fort vent de ce dimanche de mars.

Qu’à cela ne tienne! L’intérieur est spacieux, et notre table reculée permet de ne pas souffrir du bruit. Certes, la vue est limitée. Mais il reste les tableaux. Je préfère nettement celui du fond, ici, aux autres plus colorés.

L’accueil est chaleureux, et nous commençons par ce que l’on nous présente comme « une sangria blanche », ce que personnellement je nomme « marquise ».

La carte est prometteuse, et le prix des huîtres fort raisonnable si l’on compare à ceux qui sont pratiqués ailleurs.

Quatre douzaines sont immédiatement commandées… mais une à une d’autres suivront… nous atteindrons les 7 douzaines, tant elles sont remarquablement délicieuses, charnues à point.

J’avais appris la veille qu’en pays gascon on les sert avec du pâté, ce que je n’aurais jamais imaginé. Donc, essai, bien sûr. Les deux sont bons, mais pour ma part je les préfère séparés…

Un petit vin blanc pour accompagner, bien évidemment. Chance! J’avais déjà apprécié le Graves blanc, rare dans les restaurants. Et il y en a !

Place maintenant au rizotto de coquilles Saint Jacques, pour les uns, aux crevettes, pour les autres, et aux poissons grillés.

J’apprécie une dorade toute simple, accompagnée d’une pomme de terre en robe des champs avec crème légère.

Certain-e-s ont préféré prendre des brochettes de thon, avec cuisson sur demande.

Et iels ont préféré un peu de rouge pour les accompagner. Encore du Graves!

Je vous passe les desserts (et notamment les excellentes crêpes) et le café. Pas de pousse-café, il faut rentrer ! Une promenade dans un vent de plus en plus fort sera bien digestive…

Le pari à la mode : un repas pour un billet

On nous le serine, mais aussi tout le monde en souffre : tout augmente, et il devient difficile de s’offrir ne serait-ce que le nécessaire. Alors, pour le superflu! Des ami-e-s et moi avons donc fait le pari de pouvoir déjeuner ou dîner au restaurant pour un billet. Bien sûr, ni 10 ni 20, mais 50.

A deux, deux plats au moins, avec du vin ou de la bière et du café. Voici donc les trois premières adresses où l’on peut se régaler à ce prix, dans des styles très différents.

Je vous ai déjà parlé des deux premières, mais je vais vous les rappeler… D’abord, ce petit restaurant vietnamien de la rue Galande, dans le 5ème (ou limite 6ème?), la Fraternité Vietnamienne. Entrée, plat, une bouteille de vin à deux… simple et très bon.

La deuxième est située dans le 15ème arrondissement, au 36 rue Dantzig. J’aime beaucoup son nom, La Cantine des Tontons. Et c’est bien une espèce de cantine, car il faut s’y servir en partie. Mais rien à voir avec un self-service : un véritable accueil du patron et de son épouse japonaise. Ce que j’aime, outre cet accueil? La simplicité. La convivialité. Le fait qu’on puisse manger asiatique ou français. Autant que l’on veut (entrée, plat, fromage, dessert) pour un prix dérisoire. Et c’est bon. Je me suis régalée des nems avec une laitue composée d’autre chose que d’eau et une sauce épicée à souhait. Et du léger gâteau à la mangue et passion, que j’ai choisi en délaissant les délicieux éclairs, l’excellent baba au rhum ou encore la tarte au citron et la tarte Tatin… Une « cantine » telle qu’on aimerait en trouver partout où l’on travaille! Et ici, beaucoup viennent y manger chaque jour de labeur… Plutôt une clientèle d’âge moyen et masculine le midi. Le soir, très mixte à tout point de vue. Avec 25 cl de vin, le compte est bon…

Les bois ont été trouvés… Le patron est violoniste, pas chasseur!

Je vous ai promis un choix varié. La troisième adresse se trouve dans un quartier « chic », le 7ème arrondissement, rue Saint Dominique. Un restaurant tout aussi « chic », mais qui a décidé de casser ses prix le midi en offrant deux plats au choix dans la carte (indiqués par une étoile) à 19 euros. Bon, d’accord, si on prend du vin, cela va dépasser légèrement les 50 euros. Mais la cuisine y est raffinée et les assiettes, dressées avec goût. Jugez-en par vous-même, avec le vol-au-vent en entrée, et la selle d’agneau en plat.

Un vrai régal (même le pain y est très bon), dans un cadre serein. Un peu trop, peut-être? Mais plutôt reposant, avec ses banquettes en cuir… et j’ai apprécié les coupelles en bois, moi qui adore la vaisselle dans ce matériau!

J’allais oublier de vous donner son nom! Le Comptoir des Fables. Je me suis demandé s’il s’agissait d’un jeu de mots, car il est situé en face de la Fontaine (de Mars)…

Débats autour du kig ha farz

En ce vendredi 13, retour à la Charrette, comme prévu, pour aller goûter le kig ha farz préparé la veille quasiment sous nos yeux, et qui avait donné lieu à une discussion épique sur la manière de le préparer.


Mais peut-être ne savez-vous pas ce qu’est ce plat? Le nom pourrait vous aider… Mais il faudrait parler breton!

« kig \ˈkiːk\ masculin (pluriel kigoù)

  1. Viande.
    • En Breiz-Izel, e ver mat evit ar paour, hag en pep ti e vo evitan eun tamm bara, eun tamm kig, alïes eur skudellad soubenn. — (Fañch al Lae, Bilzig, Ad. Le Goaziou, leorier, Kemper, 1925, page 37) En Basse-Bretagne on est bon envers les pauvres, et dans chaque maison il y aura pour lui un morceau de pain, un morceau de viande, souvent une écuelle de soupe.
  2. Chair.
    • Setu poazhet ar pesk eta, debret e gig gant gwreg ar pesketaer, e galon, gant ar gazeg, hag he vouzelloù, gant ar giez. — (Fañch an Uhel, Kontadennoù ar Bobl /4, Éditions Al Liamm, 1989, page 48) Voici le poisson cuit donc, sa chair mangée par la femme du pêcheur, son cœur, par la jument, et ses boyaux, par la chienne.
  3. (Religion) Chair, opposée à l’esprit.
    • E-touez ar re bersonelañ hag ar re vravañ e lakaan ar re ma vez komzet diardoù eus cʼhoantoù ar cʼhig just a-walcʼh […]. — (Malo Bouëssel du Bourg, Petra nevez ?, in Al Liamm, niv 416, Mae-Mezheven 2016, page 95) Parmi les plus personnels et les plus beaux je mets ceux où l’on parle sans façon des désirs de la chair justement […]. »

Vous avez déjà le début, le mot qui explique ma surprise de voir ce plat réservé au vendredi en ce lieu… Le deuxième mot, vous le connaissez peut-être. On le trouve dans le nom du drapeau de la région « Gwen ha du » « Blanc et noir ». « Ha » signifie « et ». Quant à « fars », vous avez déjà sans doute mangé un dessert de ce nom, le « far » breton… En latin, « far » est employé pour désigner du blé, de l’épeautre… Le « far », en breton, est à la fois la farine et le dessert fabriqué à base de farine, avec une base de pâte à crêpe épaisse, que l’on garnit de fruits et qui est cuite dans du beurre bien doré. Le nom du plat est ainsi littéralement « viande et blé ».

Il existe, vous l’aurez compris, de nombreuses variantes de ce plat typique nord-breton (notamment Trégor). Les ingrédients sont cependant presque toujours les mêmes. Les viandes, d’abord : du boeuf (beau morceau) et du porc (jarret et lard). Auxquelles s’ajoutent les os à moëlle. Parfois on ajoute des saucisses fumées. Les légumes ensuite : chou blanc, poireaux, navet, carottes, oignons. Les « fars » enfin, de deux sortes : le salé, à base de sarrasin, et le sucré, à base de froment. Ils sont cuits dans des sacs que l’on plonge en fin de cuisson dans l’espèce de « potée » constituée par les autres ingrédients.

Ces sacs étaient autrefois faits avec des toiles blanches, de voiles ou de chemises de marins.

L’un des points de dissension est la manière de servir les fars. Pour certain-e-s, en tranches, tandis que d’autres les préfèrent émiettés, comme de la semoule de couscous.

Celui que nous avons eu la chance de déguster comporte les deux options : le far sucré, en tranche, tandis que le salé était en forme de semoule.

Un plat bien consistant, donc! D’ailleurs les poules se régalent des restes…

Aussi étais-je contente de finir par du plus léger et frais : une boule de glace à l’ortie avec un léger nappage au chocolat. La cheminée suffisait à me réchauffer!

Je ne voudrais pas finir sans revenir à l’aubergiste, cuisinier hors norme, et à sa cousine qui nous a servis avec beaucoup d’amabilité et de chaleur. Il est si rare de trouver un endroit où l’on se sent aussi bien, et où l’on sert une cuisine aussi raffinée et originale qu’authentique et faite de produits locaux et frais!

Une adresse à découvrir… vite, car le propriétaire nous a dit être en difficulté et vouloir abandonner ce qui était le rêve de sa vie… Quel dommage!

Ah! J’allais oublier! En préparant cet article, j’ai trouvé un document archivé par l’INA, où deux Bretonnes expliquent leur manière de concevoir le kig ha farz… Je vous laisse le découvrir ici.

Les noces de Jeannette

L’Opéra Comique, ça vous dit quelque chose ? Historiquement, ce fut un tournant dans l’histoire de la musique : l’époque où l’on relia la musique et le théâtre. Pas forcément pour du comique, soit dit en passant…

1714… le Roi accorde aux comédiens le droit de s’exprimer, ce qu’ils faisaient déjà en transgressant ainsi l’interdiction, par des pantomimes, des panonceaux et des chansons! Il faut dire que Louis XIV avait chassé les Italiens de la Comedia Dell’Arte 21 ans plus tôt… Il était temps! Ainsi naquit l’opéra comique, alors accueilli au Théâtre de la Foire Saint Germain.

Ne le cherchez plus du côté de Saint Germain, il a depuis déménagé dans le 2ème arrondissement de Paris, rue Favart.

Il a fière allure, n’est-ce pas? Vous devez croire que je suis allée voir un spectacle hier… Erreur… Je participais à un repas organisé rue Favart. Mais pas à l’Opéra, dans un restaurant situé juste en face et dont l’histoire est liée au monde du spectacle et au monde politique. Les Noces de Jeannette, c’est son nom. Vous connaissez peut-être cet opéra-comique qui a été représenté plus de 1400 fois (merci à mon voisin historien pour cette information… et toutes les autres, transmises au cours de ce repas et qui me permettent de fanfaronner aujourd’hui (Grâce lui soient rendue).

Si cela vous intéresse, vous pouvez voir et écouter sur le net des extraits ici ou encore ici, avec Mady Mesplé. Il paraît que c’est une jolie « soupe »… à croire, comme le disait l’intervenant hier soir, que les bourgeois parisiens appréciaient ce genre. Jugez-en vous-même par le résumé de l’histoire.

« Dans un village de la campagne française, Jean, un jeune paysan sans famille, resté célibataire, s’est amouraché d’une fille sage et charmante, Jeannette, qui l’aime aussi et a accepté de l’épouser. Mais une fois devant le maire et le notaire, le promis est pris d’une soudaine crainte du mariage et il fuit la cérémonie avant d’avoir dit oui.

Jeannette paraît : elle veut savoir pourquoi il a changé d’avis. Jean avoue que la peur du mariage en est la cause et comme elle paraît prendre les choses du bon côté, il part rejoindre ses amis au cabaret. Lorsqu’elle le voit embrasser d’autres filles du village, Jeannette jure de se venger de cet homme qu’elle aime pourtant toujours.

Jean passablement éméché, revient chercher son bouquet de marié, pour l’offrir à ces dames. Mais Jeannette reparaît : elle déclare vouloir une revanche et lui dit que son père arrive, armé de ses pistolets. Jean, terrorisé, signe le contrat de mariage qu’elle lui tend, mais elle déclare qu’elle ne le signera pas, voulant simplement montrer au village que c’est elle et non lui, qui a refusé. Elle le fait sortir, signe à son tour, confie le papier à son petit cousin et informe Jean… qu’ils sont mariés ; car elle l’aime toujours !

Jean, fou furieux, promet à Jeannette que sa vie avec lui sera un enfer. Il brise tous les meubles et monte à l’étage cuver son vin. Jeannette ramasse l’habit de noce tout déchiré du garçon, le recoud, et fait remplacer le mobilier cassé par les meubles de sa dot. Elle met un couvert sur la table et disparaît dans la cuisine préparer un repas. Lorsque Jean reparaît, il est stupéfait de voir les nouveaux meubles et d’entendre Jeannette chanter dans la pièce voisine. Attendri, séduit, il déclare ne pas vouloir manger seul le repas qu’elle lui a préparé. Et les deux époux tombent dans les bras l’un de l’autre.« 

Il n’empêche que quelques airs ont traversé les époques, comme vous avez pu en juger si vous avez écouté ce qui était proposé ci-dessus.

Bref, après vous avoir fait voyagé en architecture, topologie parisienne, musique et chansons, il est temps de revenir à l’objet de cet article : le restaurant.

On sait qu’historiquement il y a eu un restaurant dans ce coin dès le XVIIIème siècle, mais ce n’est pas celui qui est maintenant visible. Au XIXème naquit le Poccardi, à l’emplacement de l’actuel restaurant.

Le pluriel s’explique par le fait qu’il y avait deux restaurants du même nom, comme on le voir sur la carte postale ci-dessous…

Extérieurement, peu de changements : l’architecture est quasi-identique, et on entre toujours par la rue d’Amboise… (excusez la mauvaise qualité de la photographie… après la soirée!)

A l’intérieur, tout semble figé dans le temps : nappes brodées, affiches des différents spectacles… et le plaisir de pouvoir profiter d’espaces réservés, en toute tranquillité…

Je ne vous parlerai pas de la carte, car nous étions en groupe. Un des intérêts de ce restaurant : la privatisation des salles est gratuite, si le groupe entre dans les normes quantitatives fixées! Et les menus, de l’apéritif au café, vin compris, sont à des prix très raisonnables…

L’aubergerie Del Campo

Je pense avoir déjà écrit sur cet endroit hors du monde et du temps, où l’on est accueilli-e par un hôte exceptionnel. Qu’à cela ne tienne, je réitère, car vraiment toute visite en ces lieux demeure inoubliable. Il s’agissait en l’occurrence de le faire découvrir à un ami qui n’y était jamais allé, tout en prenant l’air frais de la montagne, par ce chaud dimanche de juillet… Direction donc Utelle, plus exactement la route grimpant de Saint Jean de la Rivière à la Madone d’Utelle (un autre de mes lieux de prédilection), dans l’arrière-pays niçois. A l’aller, route basse de la Vallée de la Vésubie, au retour, route haute passant par Duranus et Levens.

On se stationne sur deux petits parkings aménagés en terrasse au-dessus de la vallée, et l’on redescend un peu à pied, en longeant une exposition inattendue…

Il faut ensuite franchir un portique engageant, pour s’engager dans le petit chemin qui serpente jusqu’à l’entrée, située bien en contrebas… ce qui amène à penser « Comment remonter après un bon repas bien arrosé, par un tel soleil? »

Toutes sortes d’objets font revivre un passé plus ou moins lointain à celui ou celle qui chemine…

Accueil d’abord par le chien, puis par le Maître des lieux, Sylvain Moreau. Petite déception : ce n’est pas vers la superbe terrasse (encore plus en contrebas, mais avec vue imprenable sur la Vésubie) qu’il nous emmène, mais vers la salle à manger. Cette déception ne dure pas : je réalise vite que nous serons beaucoup mieux dans cet espace chargé d’histoire, bien calme, mais aussi très aéré, avec vue sur la cascade et le Vallon de l’Imberguet.

Le Maître de Céans explique l’histoire de ces bâtiments (trois, exactement) qui constituent l’Aubergerie. Deux d’entre eux ont été reliés par ce qui constitue maintenant l’entrée.

Au fond à gauche, la porte d’entrée. La photo au mur représente le bâtiment désormais relié à celui-ci
Qu’il doit être agréable de dîner au coin de cette cheminée l’hiver!
Déjeuner surveillé par des yeux de guêpe (ou d’abeille?)

Pourquoi « aubergerie »? Le terme existe bien dans notre langue, comme l’atteste le CNTRL.

« Néol. d’aut.Faire aubergerie. Utiliser en guise d’auberge.

… − et si de ce lot de palmiers j’ai fait repos et aubergerie pour les caravanes − alors te voilà qui t’y reconnais dans ta maison. Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 897.

ÉTYMOL. ET HIST. − 1944, supra. Dér. de auberger*; suff. -erie*; les formes d’a. fr. abergerie, habergerie, harbergerie « habitation » (fin xiie-xiiies. ds T.-L.) sont dérivées du verbe a. fr. arbergier, v. auberge; la forme haubergerie « logement » hapax de 1507 (Lemaire de Belges ds Hug.) est peut-être dér. de auberge, mais plus vraisemblablement une altération de he(r)bergerie d’apr. les formes méridionales en au-. L’a. fr. herbergerie « habitation » (2emoitié xiies., Moniage Guillaume ds T.-L.) est dér. de l’a. fr. herbergier (héberger*).« 

Quand on a un peu fréquenté l’aubergiste, on sait qu’il aime les jeux de mots. Quel bel exemple « auberge » et « bergerie » ainsi reliés, n’est-ce pas?

Avant le repas, la coutume consiste à déguster deux apéritifs maison : vin d’orange et vin de citron. Personnellement, j’aime les deux, mais j’avoue un faible pour le second, dont je prends ensuite bien volontiers un verre complet. Et je ramènerai à la maison une bouteille… de chaque!

Puis choix des mets dans un menu varié. Parmi ceux-ci, le célèbre « crespeou ». Des omelettes à toutes sortes de légumes, accumulées dans un plat rond; après réfrigération au moins d’une nuit, on démoule à l’envers et on sert en quartiers. En voici une tranche, couchée, servie avec sa sauce, et auquel le Chef a ajouté un morceau de sa délicieuse terrine.

Pour ma part, j’ai opté pour une entrée plus légère, un brick au chèvre…

Tout est dans le détail : les herbes fraîches aux parfums subtils, les merises traitées comme des cornichons, les petites olives de Nice… sans oublier le radis croquant à souhait, la salade juste assaisonnée et les tomates au goût fruité…

Pour plat principal, j’ai choisi la truite du Cians, rivière d’une vallée voisine.

Et, au dessert, mon hôte a gentiment accepté de me faire apprécier deux desserts : le gâteau meringué au citron, un vrai délice! et la crème brûlée aux framboises cueillies chez la voisine, tout aussi excellente! Au point que je me suis précipitée pour les déguster, et que la photo ne montre que ce qu’il restait quand j’ai pensé à la faire!

Pas d’esbroufe pour les vins. Un Côte du Rhône simple mais très bon, ouvert délicatement avec un tire-bouchon bi-lame.

La seconde bouteille sera, elle, ouverte avec ce magnifique limonadier, dont j’ai découvert sur le net qu’il date de la fin du XIXème siècle.

Un petit café et, bien sûr, les merises à l’eau de vie pour parfaire ce qui était déjà bien parfait…

Car je n’ai pas pu vous rendre compte de tout ce qui a constitué l’atmosphère si particulière et enchanteresse de ce qui fut un partage, loin de la « consommation » (dont Sylvain prend un malin plaisir à détacher la première syllabe, comme il le fait pour raconter comment il demandait aux Dames leur QR code… Depuis le poivre présenté dans un moulin à café ayant bien vécu, jusqu’aux anecdotes narrées par l’hôte, tout est pensé, préparé ou improvisé pour que chacun-e passe ici un moment hors de l’agitation et près de la Nature…

Une auberge solognote

Le nom de l’auberge ne m’inspirait que de la crainte… « Fusil » n’est déjà pas très gai… « Vieux Fusil » évoquait pour moi un film horriblement triste, bien que j’aime beaucoup son acteur principal, Philippe Noiret. Et « coup de fusil » fait penser à des additions très salées… Bref, tout cela n’est pas très engageant. Je regrette d’avoir oublié de demander aux propriétaires pourquoi ils ont choisi cette enseigne plutôt repoussante qu’attirante.

Déception : le groupe n’est pas reçu sur la terrasse au milieu des vignes, comme je l’espérais. Nous devrons nous contenter d’un intérieur un peu terne (genre « Homestaging »), rehaussé seulement par une décoration inattendue : de vieilles culottes pendues sur une corde à linge.

La terrasse convoitée mais inaccessible pour le groupe

Le repas est fin, et j’apprécie particulièrement l’entrée et le dessert. Les asperges sont délicieuses, et la sauce, originale et légère.

Pas de choix de menu, nous devons nous contenter de ce que l’on nous sert au pas de course, car nous sommes arrivés trop tard à leur goût, visiblement. J’apprécie cependant le dessert aux fraises…

Pour accompagner ce repas, un vin de Touraine, bien sûr. Qui m’apprend qu’il y a d’autres vignerons à Soings.

Bien sûr, j’ai cherché à savoir ce qu’était le « rin du bois ». Voici l’explication apportée sur le site du domaine :

« Le nom « Rin du Bois » vient d’une déformation de prononciation, en patois Solognot, de « l’orée du bois. »

Une image empruntée à la page Facebook de Pascal Jousselin explicite le nom…

Le vin proposé est présenté en ces termes sur la « boutique » du domaine.

« Cuvée à l’Ancienne (2012)

Vin rouge de cépage Cabernet franc. Sa robe violacée, presque noire, richement fruitée, offre un vin puissant, riche et concentré.

A déguster dans les 10 ans et plus. »

Inutile de vous dire que cela ne fait pas partie de mes vins préférés…

Bref, vous l’aurez compris, une belle petite adresse, avec une cuisine de qualité certaine, mais ce n’est pas le summum pour le rapport qualité / prix (beaucoup ont été déçus par la cuisson de la viande), et l’accueil n’y a pas été fantastique. Peut-être à essayer « hors groupe »? En tout cas, la terrasse est tentante, la carte également… Vous la trouverez ici

Des chambres et roulottes sont également disponibles à cette adresse, visiblement moins onéreuses qu’on ne pourrait s’y attendre. A tenter?

Poulpitude zénitude à La Défense

Jamais je ne pensai pouvoir apprécier La Défense… et pourtant… Pourtant, en ce midi ensoleillé, je dois bien avouer que j’ai trouvé fort agréables ces moments passés au soleil, devant un bassin orné d’étranges extraterrestres colorés, à déguster des mets délicats.

Oui, il existe un endroit agréable dans cette forêt de béton et autres matériaux de construction. En bois, qui plus est !

Photo copiée sur le site « Restos sur le grill« … qui n’en dit pas grand bien, soit dit en passant…

Et même le verre environnant prend des allures d’oeuvre d’art…

La terrasse donne sur le bassin des « Signaux » de Takis.

« Takis a imaginé une surface aquatique, d’une cinquantaine de mètres de côté, sur laquelle sont posés 49 feux lumineux multicolores de hauteurs différentes (entre 3,50 et 9 mètres) semblant être montés sur ressort. Parfaitement intégrés à la perspective de l’axe historique, visibles depuis l’Esplanade et depuis Neuilly, ces feux, de formes géométriques colorées, clignotent et se balancent dans un ballet ludique et enchanteur.

En 1991, l’artiste, installe ses Signaux, et reproduit ainsi son œuvre à l’arrière de la Grande Arche, cette fois-ci directement sur la dalle. Takis marque ainsi de mâts lumineux les deux entrées de La Défense, ses œuvres semblant servir de points de repères pour marquer les entrées et sorties de ce territoire. » (source)

Je me suis promis de revenir voir le spectacle de nuit, car le bassin est illuminé de toutes les couleurs, qui doivent se refléter dans les immeubles environnants.

Détail amusant, le restaurant a presque le même nom que ma « cantine » à Mers-les-Bains… Vous savez, ce nom qui évoque le poulpe ? Octopus, oui, c’est cela. Car ils servent bien du poulpe, sous différentes formes.

« Doté d’une double terrasse de 150 m2 sur l’Esplanade de La Défense, le restaurant des Rostang et de Liquid Corp se dévoile face au bassin Takis, avec une vue imprenable sur l’axe historique parisien.

Pour le déjeuner, les Rostang ont concocté avec la Cheffe Bénédicte Van der Motte une carte épicurienne proposant des viandes grillées au four à bois, des plats de chef et des assiettes légères, végétales ou iodées venues du Raw Bar. »

Epicurienne, non, pas d’accord. Mais hédoniste, oui. Et il est vrai que tout était léger. Je me suis contentée d’un saumon Gravlax, qui était délicieusement aromatisé de diverses épices et herbes.

RAW BAR ………………………………………………………………

​SAUMON GRAVLAX                                 13 

Raïta aux fines herbes et concombre

Salade de fenouil cru

Deux verres de blanc suffisaient. Etude comparative de deux crus très différents… Une valeur sûre, le Chablis, et une découverte, choisie pour son nom plutôt drôle…

80% Muscat, 10% Chardonnay, 10% Viognier… un vin du Languedoc-Roussillon (Saint Guilhem le Désert). A partir de ces informations, saurez-vous identifier le verre qui le contient? Droite ou gauche?

Bien sûr, je n’ai pas pu m’empêcher de composer un tableau avec l’eau pétillante, surtout pour son slogan !

Attention, si vous souhaitez profiter de cet endroit, mieux vaut réserver ! C’est possible en ligne ou par téléphone sur le site : https://oxygen-ladefense.fr/octopus/

Vous ne le regretterez pas, je pense. Et, si vous préférez l’Arc (de Triomphe) à l’Arche (Grande), une autre terrasse tourne le dos à cette dernière…

Photographie copiée sur le site officiel de Octopus-Oxygène La Défense

Jules, Jeanne et les 3 Jean. Troisième épisode : les 3 Jean

Les 3 Jean… De qui s’agit-il?

Vous allez être déçu-e-s : je l’ignore.

Eh oui. Autant il fut aisé de parler de Jules et de Jeanne, autant il va m’être impossible de vous parler d’un seul Jean.

Sans doute ont-ils existé. Mais quant à connaître leur identité… J’ai écrit pour en savoir plus. Si j’ai une réponse, je vous la transmettrai, promis.

En réalité, il s’agit du nom d’un restaurant que je fréquente régulièrement quand je vais au Crotoy. Non qu’il soit beau. Non qu’il soit confortable. Non qu’on y mange spécialement bien. Mais il offre sur la Baie une vue incomparable, avec pour toile de fond le Hourdel, ce micro-port de pêche et de plaisance désormais très fréquenté par les personnes avides de cueillir la salicorne et surtout de découvrir les veaux marins.

Comme les photos ont été réalisées en hiver, la terrasse est entourée de baies en plastique qui, certes, ne sont pas du plus bel effet, mais au moins protègent du vent.

A la belle saison, tout est découvert et l’on peut profiter du soleil avec cette magnifique vue, tout en dégustant moules frites, fruits de mer, poisson ou ficelle picarde…

Comme vous pouvez le constater, ce n’est pas qu’un restaurant, mais aussi un hôtel, dont certaines chambres offrent une vue incomparable sur l’embouchure de la Somme.

Vous voulez une autre adresse de restaurant avec vue mer au Crotoy? Mais, cette fois, avec vue sur Saint-Valéry et les huttes de chasse qui ne flottent que lors des très grandes marées, comme je l’ai découvert ce dimanche? Je vous explique.

Lors des grandes marées, les huttes posées sur le fond de la Baie offrent un spectacle que je trouve magique : la mer les porte, elles deviennent navires ancrés.

C’est pourquoi, alors que je travaillais le samedi, j’ai foncé vers la Baie ce week-end, et vers Le Crotoy ce dimanche midi. Marée haute prévue à 13h07, il était impératif de déjeuner face à la scène. Voiture à peine garée, je fonce vers la Place Jeanne d’Arc (oui, on la retrouve!) et cherche d’où, à part Chez Mado, le restaurant historique, si typique jadis, devenu selon moi un peu surfait, avec des prix exorbitants. Analyse fait, c’est le Restaurant du Port que je choisis.

Hélas, la dame qui me reçoit me dit qu’il ne reste que les tables du fond, avec vue… sur le manège! Je lui expose mon désarroi et lui explique pourquoi je suis venue. Cela l’attendrit? la fait rire? lui fait penser qu’elle a affaire à une cinglée? En tout cas, elle va vers la table centrale, modifie les réservations, et me la consacre. Gentil, non?

Huttes sur le banc central de la Baie, face à Saint Valéry

Voilà qui m’a permis de déjeuner en chemisier, en plein mois de mars, d’huîtres et d’une parillade de poissons, avec une vue imprenable sur les huttes…

12h50… 13h… Le suspense est à son comble… 13h07… rien. 13h15… toujours rien.

Elles ne se sont pas soulevées! La marée n’est pas assez forte. J’ai ainsi appris qu’un coefficient de 100 ne suffit pas, surtout avec une onde sereine, et qu’il faut au moins 110 pour qu’elles frémissent!

Le perroquet qui trône dans la salle de restaurant me semble se moquer…

Une consolation : les belles images qu’offre cette Baie dont je ne me lasse pas…

Difficile de traduire la force du courant par une photo. Mais on la devine sur celle qui précède, non? Les bateaux quittant le port à ce moment – des touristes, bien sûr, car les professionnels connaissent leur baie… – ont bien du mal à le remonter et partent de gauche et de droite, sans parvenir à l’affronter.

La mer envahit très vite les zones ordinairement asséchées. Ici, elle commence à monter sur les berges environnant le port, pour la plus grande joie des canards.

Derrière l’écluse, elle va plus lentement, car l’eau est régulée.

Cela permet de profiter des couleurs grises et ocre des fonds vaseux.

Les épaves ligneuses sont épargnées, et pourront continuer à servir de refuge aux animaux perdus.

Des signes et des mains… pour de fines gueules…

Voici quelques temps, je vous ai parlé du « Café Signes« , situé à Paris, dans le 14ème arrondissement. A ce propos, je puis maintenant ajouter que toutes les personnes qui l’ont fréquenté en ont été ravies…

J’ai, vendredi, découvert un autre restaurant tenu par des personnes sourdes et malentendantes. Dans un endroit où je ne m’y attendais pas : en plein centre commercial Evry 2 ! Ne le cherchez pas sur le plan ni l’annuaire proposés par le site officiel, il n’y est pas. J’espère que ce n’est pas parce qu’il n’est pas éphémère…

L’amie qui me l’a fait découvrir l’avait elle-même trouvé par hasard, car elle travaille à côté. Si vous entrez par la Place des Terrasses (niveau 1), il faut prendre l’escalier en face et monter. Il est situé à l’étage supérieur.

Le menu vous apprend à « signer » si vous le souhaitez.

Source : article du Parisien, en date du 15 février 2022

Mais vous pouvez communiquer oralement avec certaines des personnes qui vous accueillent. Les plats sont très fins. Je me suis pour ma part régalée avec des acras de morue juste à point et ne baignant pas, comme cela arrive parfois, dans un bain d’huile. Ensuite, de l’agneau fondant accompagné de guacamole, légumes grillés et riz.

Côté boissons, beaucoup de jus de fruits frais, et j’ai goûté au jus de gingembre, très bon, bien que pour moi un peu trop sucré car mélangé avec du jus d’ananas. Mais je suis une des rares à aimer le jus de gingembre très corsé, je crois… La carte des vins est tout à fait suffisante, et les prix en sont très corrects.

Le personnel est d’une rare amabilité – j’allais écrire « à l’écoute », et oui, je l’écris, il l’est réellement. Et, malgré le ratio assez faible personnel / clientèle, nous avons pu déjeuner dans l’heure impartie par notre employeur. Si nous avions eu le temps, nous aurions siroté un café dans de profonds fauteuils de cuir…

Les lieux sont étonnants. On aurait pu penser que l’espace trop vaste nuirait à l’impression d’intimité. Mais on oublie cela assez vite, sous un ciel que les nuages embellissent.

Il ne s’agit pas d’un ESAT avec spécialité « restauration », comme c’est le cas dans le restaurant du 14ème, dans celui que je fréquente souvent rue du Faubourg Saint Martin, ou encore à l’Institut du Val Mandé.

Je m’explique : les personnes qui cuisinent et servent ne sont pas des « travailleurs handicapés », comme en ESAT. Il s’agit de personnes en contrat d’apprentissage qui, une partie de la semaine, fréquentent un établissement de formation, la Faculté des Métiers de l’Essonne. Cela explique que le restaurant n’est ouvert qu’une partie de la semaine (seconde moitié).

C’est une association, APESE Haïti, qui porte ce projet. Vous le trouverez explicité, par une personne en situation de surdité, sur cette vidéo.

Bref, si vous passez par Evry, en milieu ou fin de semaine, allez le découvrir, il fait partie des lieux qui redonnent de l’espoir en un vrai « vivre ensemble », et un vrai dialogue.