
L’autre jour, l’auteur du blog UN jour UN tableau m’a fait souvenir de l’art du raccommodage… Que ce soit une activité intime ou une activité d’extérieure, elle m’a toujours fascinée. Je m’explique.

Qui d’entre vous a vu un jour un-e de ses grands-parents se saisir d’un de ces superbes oeufs en bois ou en onyx, pour le glisser dans une vieille chaussette et ensuite, patiemment, en boucher le trou en croisant les fils me comprendra.

Cela, pour « l’intime »… Quoique…

« La chaussette à l’endroit, mettre un “œuf”
(une grenade ferait tout aussi bien l’affaire)
en dessous du trou. »Instructions pour repriser
une chaussette dans l’article « Needle Pointers »
(« Brodeurs », NDT),
Yank, The Army Weekly, février 1943.
Soit dit entre parenthèses, n’hésitez pas à vous référer à la source indiquée en légende de la photo, c’est succulent! On y découvre que les soldats canadiens aimaient recevoir leur trousse de couture… Mais en recherchant davantage, je me suis aperçue que la trousse à couture faisait partie du paquetage des soldats, déjà lors de la Première Guerre Mondiale.

Qui d’entre vous a observé un jour des marins en train de raccommoder des filets de pêche ou une voile abîmée me comprendra. Cela, pour « l’extérieur ». Quoique…

Partir !
Aller n’importe où,
vers le ciel
ou vers la mer,
vers le montagne
ou vers la plaine !
Partir !
Aller n’importe où,
vers le travail
vers la beauté,
ou vers l’amour !
Mais que ce soit avec une âme pleine
de rêves et de lumières,
avec une âme pleine
de bonté, de force et de pardon !
S’habiller de courage et d’espoir,
et partir,
malgré les matins glacés,
les midis de feu,
les soirs sans étoiles.
Raccommoder, s’il le faut,
nos cœurs
comme des voiles trouées,
arrachées
au mât des bateaux.
Mais partir !
Aller n’importe où
et malgré tout !
Mais accomplir une œuvre !
Et que l’œuvre choisie
soit belle,
et qu’on y mette tout son cœur,
et qu’on lui donne toute la vie.
Cécile Chabot
J’ai déjà vu des tableaux et/ou photographies expliquant comment autrefois on réparait les voiles de ces merveilles des ondes, mais impossible d’en retrouver sur le net…
Un métier oublié que celui de raccommodeur… de porte-monnaies, par exemple. Si, si, ça existait! Le voici, peint par celui qui avait représenté aussi une touchante raccommodeuse de filet.

Dans certains cas, les parapluies aussi étaient raccommodées, comme en témoigne cet intéressant site sur Saint Sulpice Laurière.

Voilà qui fait écho au tableau suivant.

On raccommodait aussi la vaisselle cassée. Ainsi, on pouvait rencontrer dans la rue le raccommodeur de faïences.

Une chanson a été consacrée à ce métier, interprétée par Berthe Sylva.
Raccommoder, repriser, réparer… les limites sont floues, comme on l’a vu. N’oublions pas le désuet « rapiécer », qui a valu à la génération de 68 de faire du faux rapiéçage, lorsqu’il était de mode d’avoir des vêtements avec des « pièces ». Mais on est alors bien loin du raccommodage!
Et le langage figuré s’est emparé des verbes pour nourrir les analogies, comparaisons ou métaphores… Un mot donc, bien d’actualité, pour que « Gardarem lou moral »!
» La présence réelle raccommode en quelques minutes ce qu’a gâté l’absence.
«
Henri-Frédéric Amiel, Les fragments d’un journal intime