Une chorale philadelphienne à Saint-Sulpice

L’affiche m’avait surprise : que venait faire une chorale de Philadelphie dans notre vieux Paris?

Et qui plus est, un lundi à 15 heures! La moitié des compositeurs sus-cités m’intéressait… les autres, pour moi étaient d’illustres inconnus, mon « savoir » sur la culture américaine étant quelque peu lacunaire. Cependant, j’ai tenté… et me suis retrouvée au premier rang, suivie par un public plutôt clairsemé, qui s’est progressivement étoffé car des touristes l’ont rejoint.

Bref, les chanteuses et chanteurs étaient presque aussi nombreux/euses que celles et ceux qui les écoutaient! Car le nombre, il faut le dire, était impressionnant. Une bonne cinquantaine! Les voici arrivant « sur la scène », devant l’autel en une longue, longue file.

File suivie par son « directeur », Jeffrey Brillhart.

Enfin, tout le monde est installé, le concert peut commencer. Directement : aucun commentaire, aucune présentation. En réalité, il fallait lire le papier qui avait été remis à l’entrée, et dont j’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’un faire-part de deuil.

Et au verso, le programme, dont a priori nous ne comprenions pas bien la structuration.

Si je devais le décomposer en « parties », ce serait simple : la première et la seconde. Au début, pour moi, une belle découverte. Je ne vous ferai pas l’injure de vous présenter Bruckner ni Poulenc ni Duruflé. Mais peut-être, comme moi, ne connaissiez-vous pas Thompson? Voici une autre version de la chanson qui initiait le concert. Quant à Pierre Villette, je n’ai pas trouvé de version d’un Ave Maria, mais une d’un Salve Regina, interprété par un choeur inattendu… Né à Duclair, près de Rouen, en 1926, et décédé en 1998 à Aix-en-Provence, où il avait dirigé le conservatoire pendant 23 ans, il a composé 80 opus, peu connues en France :

« De façon étonnante, son œuvre n’a jamais été très reconnue en France, sans doute du fait de sa carrière accomplie en province quand Paris domine la vie artistique du pays. » (Wikipedia)

J’ai donc beaucoup apprécié ce début de programme, notamment la « comparaison » possible de deux compositions autour du texte « O magnum mysterium ».

« O magnum mysterium, et admirabile sacramentum, ut animalia viderent Dominum natum, jacentem in praesepio! Beata Virgo, cujus viscera meruerunt portare Dominum Christum. Alleluia. »

En français:

« O grand mystère, et admirable sacrement, que des animaux voient leur Seigneur nouveau-né, couché dans une mangeoire! Heureuse Vierge, dont le sein a mérité de porter Le Christ Seigneur. Alleluia! »

Eh oui, c’est un chant de Noël, un chant grégorien créé pour les matines de Noël. Et j’ai ainsi appris, en préparant cet article, qu’il n’y avait pas deux versions, mais que de multiples compositeur-e-s l’avaient mis en musique (liste de Wikipedia)

« Bon nombre de compositeurs ont créé des polyphonies de ce chant ; parmi lesquelles les plus connues sont celles de Byrd, Morales, Victoria, Gabrieli, Palestrina, Alessandro Scarlatti, Poulenc, Judith Bingham, Harbison, La Rocca, Mäntyjärvi, Pierre Villette, Lauridsen, Kevin Memley, Busto, Louie, et Miškinis. »

Parmi elles et eux, donc, Poulenc et Lauridsen. Si vous voulez « jouer » comme moi, en voici deux interprétations. D’abord, Poulenc, par la Maîtrise de Notre-Dame de Paris. Puis celle de Lauridsen par le Choeur de Radio France. Très différentes, ces oeuvres, n’est-ce pas? Mais que c’est beau à entendre!

Le programme annonçait ensuite quatre motets… ce qui faisait 5, car le texte précédent est aussi un motet! Ensuite, on enchaîne sur la deuxième partie. Quel écart! Me voici soudain dans une ambiance toute autre, évoquant vaguement le Godspel.

Voici le tout dernier morceau, que j’ai très partiellement enregistré pour vous le faire entendre. Peut-être aimerez-vous?

Dernière oeuvre du programme ci-dessus: Moses Hogan

Vous devinez que j’ai beaucoup moins apprécié… et vous avez raison… Et de ce fait, mon regard s’est davantage promené aux alentours. Au pied du gnomon, un prêtre confessait… hors du confessionnal…