De l’arbre au navire

Cet article marque la fin de la série consacrée à mon récent séjour au Pays Basque… et de ceux qui concernent la vie maritime à Saint-Jean-de-Luz. En réalité, c’est peut-être par lui que j’aurais dû débuter la série, car c’est par la visite de cette exposition que tout a commencé. Vous en avez déjà vu une partie, à savoir les maquettes. Mais un autre objectif en est d’apporter, de manière très pédagogique, voire andragogique – n’ergotons pas! – des précisions sur les chantiers navals très présents naguère à Donibane Lohizune et dans les autres bourgades de la côte et de l’intérieur des terres.

Pourquoi parlè-je de péda- ou andra- gogie? Tout simplement parce qu’on y apprend beaucoup sur la conception et la construction des embarcations de jadis, sous forme de posters très bien conçus et d’objets leur correspondant. Je vous propose donc une petite balade dans l’univers laborieux du Labourd d’autrefois (excusez le mauvais cadrage de certaines photos, mais la plupart étaient très en hauteur, et je ne disposais pas d’échelle à roulettes!).

Bien sûr, pas question de reprendre toute l’exposition : je focaliserai sur quelques-uns des thèmes.
D’abord, pour faire un bateau, à cette époque, il faut du bois et du chanvre… Or le Pays Basque regorge de zones sylvestres… Et, quand on recherche des essences exogènes ou exotiques, le commerce maritime est bien vivant…

Quant au chanvre, sa culture dans le sud-ouest de la France est attestée depuis l’époque romaine, et certains chercheurs émettent l’hypothèse qu’elle remonterait à la Préhistoire.

« Les débuts de la culture du chanvre (Cannabis sativa) en France et en Europe occidentale sont mal connus. Jusqu’à présent, les plus anciennes mentions de semences dans cette zone n’étaient pas antérieures à l’époque romaine. Le site humide de fond de vallée d’Al Poux (Fontanes, Lot) a livré des akènes qui tendent à attester la culture du Cannabis dans le Sud-Ouest de la France à la fin de l’âge du Fer. La présence des semences sur le site pourrait résulter d’une culture du chanvre directement sur les bords du ruisseau ou d’un apport des plantes après la récolte pour leur rouissage dans le cours d’eau. Le rôle particulier des contextes humides dans la conservation des semences de chanvre est souligné. » (source)

Les savoir-faire du chanvre textile sont entrés au Patrimoine immatériel de l’UNESCO.

« Jusque dans les années 1960, les agriculteurs entretenaient fréquemment
une petite parcelle de chanvre pour leurs besoins domestiques. Les femmes filaient et tissaient encore à la ferme… »
(source)

Ce n’est pas le sujet, mais notons qu’au Pays Basque son exploitation s’est amplifiée depuis quelques années, avec la relance du textile, au point qu’un article titre « A Saint-Jean-de-Luz, ils sont complètement « chanvrés » (sic)

Par contre, beaucoup plus en lien avec l’exposition, un article sur Le travail du chanvre et ses applications à la navigation et à la pêche dans l’Espagne médiévale vous intéressera sans doute. Mais revenons à l’exposition… Je passe plusieurs panneaux expliquant la gestion forestière au niveau national et la « merveille » que représente la construction des voiliers, pour aller directement au travail du bois pour construire un bateau.

J’ai appris que le gouvernail axial était dénommé « à la bayonnaise »…

J’emprunte les lignes et la photo qui suivent au site « Détours en France ».

« Pour les navigateurs d’autrefois, qui affrontaient les mers les plus lointaines sans GPS ni pilote automatique, bien diriger le bateau était crucial. Le gouvernail d’étambot, qui fut un excellent substitut à la rame de gouverne, est probablement apparu en Extrême-Orient peu après l’an mille puis, deux siècles plus tard, dans les pays scandinaves. Par le jeu mystérieux des assonances et associations d’idées, il en vint plus tard à prendre le nom de « gouvernail à la bayonnaise ». Si les gens de Bayonne, marins chevronnés, n’en sont pas vraiment les inventeurs, ils sont parmi les premiers à l’avoir utilisé systématiquement, sur leurs « naus » au long cours, et à l’avoir représenté, dès le XIVe siècle : levez la tête vers la clé de voûte de la cathédrale Sainte-Marie et vous le verrez ! »

Le Musée Basque en présente un exemplaire magnifique, jugez-en vous-même :

L’art de la patience : le maquettisme

Je vous ai parlé d’un restaurant que j’avais beaucoup apprécié, la Grillerie du Port qui, comme son nom l’indique, domine le port de Saint-Jean-de-Luz. En voulant y retourner, j’ai découvert qu’il était fermé tout l’hiver. Mais les lieux appartiennent à la Ville, qui les transforme alors – excellente idée pour les personnes plus attirées par la culture que par la gastronomie – en espace d’exposition. C’est donc ainsi que je me suis trouvée dans une magnifique exposition de maquettes de bateaux.

Le premier « batel » repéré porte justement le nom de l’association organisatrice… A moins que ce ne soit elle qui a pris le nom de ce bateau. En effet, le premier date du 19ème siècle, et sa réplique, de la seconde moitié du 20ème. Je ne sais si vous parviendrez à lire l’affichette explicative, mais il y est spécifié qu’il est « équipé pour la pêche à la turlutte, au casier et aux petites lignes ». Vous vous doutez de la recherche que j’ai aussitôt faite: qu’est-ce que « la turlutte »? C’est en Bretagne que j’ai trouvé la réponse, plus exactement du côté de Binic, dans les Côtes d’Armor.

« Les turluttes sont des outils de pêche pour la bouëtte, utilisés depuis au moins le 19ème siècle par les marins Terre-Neuvas. A partir de la mi-juillet, un autre appât était utilisé pour la 2ème pêche à la morue : l’encornet, pêché en particulier dans la rade de Saint-Pierre à l’aide d’une turlutte, petit plomb allongé garni d’une couronne de petites pointes, que le pêcheur agite continuellement à quelques mètres de la surface au bout d’une ligne à main. Quand une piaule (un banc) d’encornets passe sous le bateau, tous les matelots sont mobilisés : « appelés sur le pont au cri de « pique », 3, 4 fois par nuit pour pêcher la boëtte, selon le RP Yvon. Les turluttes pouvaient être peintes en blanc ou en rouge pour attirer le poisson. Sur la turlutte, les initiales gravées représentent celles d’un marin binicais : ce qui permet d’attester que le matériel de pêche était la propriété du dorissier. Cependant, cet usage de graver ses intiales, semble être plutôt rare. »

Si vous n’êtes pas plus spécialiste que moi, vous aurez remarqué des termes inconnus. « La bouëtte » : ce sont les appâts pour la pêche à la morue, d’après le Littré.

« Le dorissier ». La définition ne va pas vous apprendre grand-chose : « pêcheur sur doris »! Cette fois, c’est du côté de Fécamp que j’ai trouvé la réponse.

« Le doris, petite barque originaire d’Amérique du Nord, fut utilisé au temps des voiliers par les Terre-Neuvas pour pêcher la morue sur le Grand Banc de Terre-Neuve puis comme embarcation de service sur les chalutiers et également dans la pêche artisanale. »

En voici un exemple, provenant du Musée des Terre-Neuvas.

Mais revenons au Pays Basque, pour admirer les maquettes faites par les membres de l’association Itsas Begia, en commençant par son éponyme.

Regardez bien la carte sur laquelle elle est placée… A ma grande surprise, elle présente… la Bretagne! Et, plus précisément, le coin de cette région où je vais très souvent…

Autre terme inconnu de moi, une « traînière »… La revue Le Chasse-Marée explique de quoi il s’agit dans un article sur les embarcations basques.

« La traînière (traiñera, treiñerua), de 9 à 12 mètres pour un bau de 3 mètres, est armée par 7 à 11 hommes, patron compris. Légère et maniable, elle a joué autrefois un rôle de premier plan dans la pêche à la baleine. Au début du xxe siècle, elle est utilisée pour la pêche à la sardine, à l’anchois, au chinchard à la senne tournante, ainsi qu’au germon à la ligne de traîne tangonnée. Légère, non pontée, elle est rigidifiée par 9 à 11 bancs. »

Le Socotarra(k?) que vous voyez reproduit ici au 1/40ème est équipé pour la pêche à la sardine et aux anchois.

Je ne vais pas vous présenter toutes les maquettes de cette riche exposition. La dame qui m’a accueillie m’a expliqué que chacun-e en fabriquait plusieurs, ce qui était son cas. Fille de pêcheur, elle ne voyait son père que la moitié de l’année, lorsqu’il revenait des campagnes de pêche au Sénégal…

Progressivement la vapeur a remplacé l’énergie éolienne ou humaine… Voici le premier chalutier à vapeur du port, le Boby.

Un autre chalutier, l’Augustine…

Sur la photo suivante, la réplique d’un thonier.

Ma guide m’explique le progrès considérable qu’a représenté la présence de congélateurs sur les bateaux, dans la seconde moitié du 20ème siècle. Les marins ne stressaient plus autant pour rapporter le fruit de leur pêche à temps dans les ports…

« Dans les années 1950, constatant une forte diminution des apports à la criée, les pêcheurs partent à la recherche des bancs de thons et de sardines au large du Sénégal, du Maroc et de la Mauritanie, renouant ainsi avec leur passé de pêche lointaine. Dans les années 1960, Saint-Jean-de-Luz devient le premier port thonier et sardinier de France grâce à l’apport des navires congélateurs. » (source)

Je vais finir par un bateau emblématique de la pêche au thon, le Bégnat, joliment présenté devant des maisons typiques de l’époque.

Il a fait l’objet d’un film que vous pouvez voir ici, avec une belle bande sonore, la chanson « Euskal Herrian Euskaraz »

Euskal Herrian euskaraz
Nahi dugu hitz eta jolas
Lan eta bizi euskaraz eta
Hortara goaz
Bada garaia noizbait dezagun
Guda hori gal edo irabaz
Zabal bideak eta aireak
Gure hizkuntzak har dezan arnas
Bada garaia noizbait dezagun
Guda hori gal edo irabaz
Euskal Herrian euskara
Hitz egiterik ez bada
Bota dezagun demokrazia
Zerri askara
Geure arima hiltzen uzteko
Bezain odolgalduak ez gara
Hizkuntza gabe esaidazue
Nola irtengo naizen plazara
Geure arima hiltzen uzteko
Bezain odolgalduak ez gara
Euskal Herri euskalduna
Irabazteko eguna
Pazientzia erre aurretik
Behar duguna
Ez al dakizu euskara dela
Euskaldun egiten gaituena?
Zer Euskal Herri litzake bere

Hizkuntza ere galtzen duena
Ez al dakizu euskara dela
Euskaldun egiten gaituena?

Vous ne comprenez pas le basque? En voici une traduction:

Au Pays Basque c’est en langue Basque
Que nous voulons parler et nous divertir,
Travailler et vivre en langue Basque,
Et nous nous y dirigeons !
Et voilà qu’il est l’heure
De perdre ou de gagner cette bataille.
Ouvrez les chemins et les airs
Pour que notre langue respire
Et voilà qu’il est l’heure
De perdre ou de gagner cette bataille.

Si au Pays Basque on ne peut
Parler en langue Basque
Jetons la démocratie
Au fond de la mangeoire
Nous ne sommes pas désespérés
Au point de nous laisser arracher l’âme.
Dites-moi, comment sans langue Basque
Pourrais-je sortir sur la place ?
Nous ne sommes pas désespérés
Au point de nous laisser arracher l’âme.
Un Pays Basque qui parle le Basque
Ce jour viendra
Avant que la patience
Ne nous abandonne
Ne sais-tu pas
Ce qui fait de nous des Basques ?
Ce que serait le Pays Basque
S’il perdait sa langue ?
Sais-tu que la langue Basque
Est justement ce qui fait de nous des Basques ? »

Le Bégnat a aussi fait l’objet d’un livre.

Retour sur l’histoire du Brokoa

Je vous ai parlé hier de la sortie effectuée, en baie de Donibane Lohizune, à bord de cette chaloupe ancienne, le Brokoa, conservée par l‘association Itsas Begia. Aujourd’hui, je voudrais compléter ce premier article par un second, qui a trait à l’histoire de ce batel, telle que je l’ai découverte à travers Internet et l’exposition dont va traiter un troisième article, expo consacrée aux maquettes et à l’histoire de la batellerie dans ce port.

En effet, un des centres d’intérêt de l’exposition est la projection d’un film qui retrace l’histoire du Brokoa. D’après les informations qu’on m’a transmises, cette vidéo ne serait pas accessible sur le net. J’en ai donc filmé des extraits, avec mon modeste Iphone… Non pour « copier », mais parce que je les trouvais particulièrement intéressants. Je vous emmène donc à ma suite dans ces découvertes progressives…

  1. La genèse du projet « Brokoa »

« Depuis sa création en 1981, l’association Itsas Begia a œuvré sans relâ-
che à la sauvegarde et à la mise en valeur de l’histoire, du patrimoine et de
la culture maritimes de la province du Labourd. Elle est fortement engagée
dans la promotion de la création, sur la côte basque, d’un espace muséo-
graphique sur le sujet. »

« L’année 1985 marque le premier coup d’essai d’Itsas Begia en matière
de reconstitution, une réussite, avec la construction d’un battela portant le
nom de l’association. Ses bonnes qualités marines (et un équipage très moti-
vé) permettent au battela Itsas Begia de remporter la régate internationale
d’aviron de mer (en catégorie de moins de 5,50 m) au rassemblement de
Douarnenez en 1988.

Un grand pas est franchi en 1990-1991: après des mois de recherche (prin-
cipalement dans les musées navals du Pays Basque Sud) et de sollicitations de
financements privés et publics, la réplique d’une grande chaloupe biscayenne
du XIXème siècle est mise en chantier chez Hiruak Bat, à Socoa: Brokoa est lan-
cée en 1991, primée au concours national “Bateaux des côtes de France” à
Brest en 1992. C’est le dernier grand bateau en bois construit à Socoa »

Un évènement marquant, donc, que le lancement de ce dernier bateau issu de ce qui a fait longtemps une des richesses du Pays Basque : la construction navale, hélas délaissée par les armateurs mêmes du coin au profit de bateaux provenant de pays plus au Nord, comme les Pays-Bas, au XIXème siècle…

2. Les spécificités du bateau

« BROKOA à été réalisé pour participer au concours « Bateaux des côtes de France – Brest 92». Une demi coque a était retravaillée à partir d’un plan de 1878 provenant du chantier Mutiozabal (Orio–Gipuzkoa) fourni par l’Aquarium de Saint Sebastien. Sa réalisation a reçu le deuxième prix dans sa catégorie ainsi que quatre mentions spéciales. La « txalupa handi » (chaloupe biscayenne) gréée de deux voiles au tiers est armée à l’aviron. Elle a participé à toute l’histoire de la pêche basque (baleine, morue). A partir du XIXème siècle les chaloupes pratiquaient une pêche côtière qui leur permettait de prendre, de novembre à mai, dorades, raies, congres, maigres, merlus, grondins et autres poissons de fond. De juin à octobre, elle pêchait le thon blanc et rouge à la traîne dans le Golfe de Gascogne. » (source)

3. Une éclipse de trois ans

Comme tout navire, il a fallu faire face au vieillissement et aux dégâts liés à l’activité maritime. De 2020 à 2023, le Brokoa s’est donc exilé en Gironde, à Gujan-Mestras, pour s’y refaire une jeunesse et une beauté, et être à nouveau prêt à affronter vagues et vents au large de la côte basque… Un bourg que je connais bien, pour m’y être fait littéralement une « ventrée » d’huîtres… Miamm…

Son retour du bassin d’Arcachon a fait l’objet d’un reportage, que vous pouvez suivre sur ce site.

Un autre article relie la chaloupe à un autre bateau, Alba « son copain »… Vous le trouverez ici.

4. L’existence et l’activité importante symboliquement d’un aumônier des marins

Le film que j’ai eu l’occasion de voir et revoir montre la construction du bateau, puis sa bénédiction. Je vais laisser de côté les aspects techniques de la première, pour m’attarder sur la seconde. J’ai découvert que l’on plaçait, à un endroit protégé et stratégique du navire, un objet béni, en lien avec la Vierge, qui y restait tout au long de l’existence du bateau.

La cache de l’objet

Par la même occasion, j’ai appris qu’un prêtre défendait les gens de mer depuis longtemps, depuis Urrugne : Mikel Epalza. Ici, vous le voyez assez jeune. Il l’est moins, car il va fêter ses 80 ans en 2026… Vous pourrez en savoir davantage en regardant les films de ce site . Sachez aussi qu’un livre a été écrit sur et avec lui…

Voici ce qu’en dit le Monde en juin 2025 :

« Il faut sans doute embarquer pour comprendre – un peu, du bout des doigts – la profession si particulière qu’est la pêche et ses liens avec l’océan. Cet ouvrage de 200 pages parvient pourtant à faire vivre entre les lignes le quotidien de ces hommes et femmes qui travaillent au creux des vagues, loin des proches, hors du temps. On y découvre leur rapport à la spiritualité, aussi.

La forme est celle d’un témoignage : celui de l’un des deux auteurs, Mikel Epalza – un prêtre basque qui a fait de la mer sa paroisse. Dans ce récit fluide, les tranches de vie s’enchaînent, des anecdotes d’enfance aux pêches infructueuses. Elles dépeignent aussi les bouleversements subis par les pêcheries, les marins de commerce abandonnés dans les ports et les pressions sur la mer – depuis une époque où « personne ne se doutait d’à quel point [elle] était polluée ».

Le texte est écrit à la première personne, mais avec une deuxième voix : celle de la journaliste Coline Renault, coautrice du livre, qui a « tenté de percer le mystère de la force » qui anime l’aumônier de la mer. Pêcheur d’hommes est, aussi, l’histoire émouvante de la rencontre de deux mondes et de deux générations distinctes d’un demi-siècle. »

L’envie d’en savoir plus sur le Brokoa m’a donc amenée à découvrir beaucoup de richesse(s), techniques mais aussi symboliques…

Je finis par une belle photo, prise au moment de l’appel en Crowdfunding pour sa restauration… Sachant qu’il en faudrait un second, car le mât a maintenant besoin d’être remplacé… Si l’un ou l’une d’entre vous veut aider, n’hésitez surtout pas!

Une virée sur le Brokoa

Lors de la visite d’une exposition de maquettes, j’ai découvert une association qui fait vivre l’histoire maritime basque : Itsas Begia, c’est son nom. Itsas, c’est le « marin » en basque. Et « Begia », l’oeil ». Une affichette annonçait la possibilité de sortir en mer sur un « batel », comme on dit ici, dénommé le « Brokoa ». J’avais regardé sur le net, et appris que ce terme désignait un « frère ». Je fus vite détrompée, lors de mon arrivée au port : il est le nom basque du « fou de Bassan ».

Voici la présentation du batel, alias « txalupa », dans son jeune temps, en 2018, empruntée à ce site.

« BROKOA (BA 801528)

Type : Chaloupe  pontée (Txalupa basque)

Gréement : les 2 mâts en 1 seule  partie (à pible) ; voiles au tiers sur les 2 mâts : la voile d’avant est la misaine, celle du grand mât, le taillevent ; pas de foc. »


Accueil chaleureux par l’équipage : Philou, Marie et Paule. On endosse les gilets, on apprend vite quelques termes, et chacun doit prendre un poste, désigné par le chef de bord, Philou. Et c’est le départ pour une belle aventure…

Cliquez sur la photo ci-dessous pour apprécier ce moment, même si l’image n’est pas de toute première qualité…

Trois modes de propulsion pour ce bateau : les rames, les voiles, et le moteur. La sortie du port s’effectue au moteur. Les apprentis moussaillons que sont les trois « touristes » à bord comprendront bientôt pourquoi l’on sort au moteur : il faut douze rameurs pour manoeuvrer et faire avancer l’embarcation. Et les voiles sont difficiles à manoeuvrer… La baume notamment n’est pas fixée de manière à pouvoir aller à babord ou à tribord : il faut à chaque fois la détacher, la faire reculer pour qu’elle passe de l’autre côté du mât, et la refixer! Tout un programme! Et si, dans le port bien protégé cela peut sembler faisable, c’est une toute autre histoire lorsque les vagues avec roulis ou le vent un peu forci s’en mêlent! Sur les photos ci-dessous, prises dans la rade, cap vers le fort de Socoa, on la voit attachée à tribord…

Or il fallait virer pour longer la digue de l’Artha… La houle s’en est mêlée, et ce ne fut pas une mince affaire! Mais quel bonheur quand nous avons repris le vent, en amure grand largue… qui nous a permis de revenir au port, épuisés mais satisfaits…

Et je vous passe tous les détails, notamment les noeuds à faire et défaire le plus rapidement possible, avec des ordres du genre « noeud de chaise, vite! »… Vous savez, celui où le serpent sort du puits pour y rentrer après être passé derrière l’arbre?

Essayez de faire cela en tenant difficilement debout sur le bateau, et vous m’en direz des nouvelles! ça donne parfois ceci…

… cherchez l’erreur!

Ce fut une expérience réjouissante, bien accompagnée par Philou, Paule et Marie… et un peu stressante parfois, lorsque notamment il faut réussir à se faufiler entre deux bateaux pour s’amarrer au quai. La chaloupe n’est en effet pas aisée à manoeuvrer en espace réduit comme celui des pontons!

Je n’ai maintenant plus qu’une envie : renouveler l’expérience et revivre ces moments de compagnonnage… Peut-être en ayant mieux appris tous les termes, et en m’étant entraînée pour les noeuds?

Pour vous donner une idée de la complexité lexicale, un extrait d’un article de la revue Chasse Marée qui présente les chaloupes biscayennes. J’ai mis en gras tous les termes spécifiques… et encore, ils n’ont pas exagéré et ont tenté d’être pédagogues!

« Lorsque le vent est suffisant, les voiles prennent le relais de l’aviron. Les txalupa handiak sont gréées de deux mâts avec voiles au tiers. A l’avant, le mât de misaine, assez court, se dresse presque verticalement. Il repose sur la quille dans une emplanture de section carrée. Au niveau de l’étambrai, l’espar est engagé dans un évidement semi-circulaire pratiqué dans le tillac et retenu sur l’arrière par un banc amovible découpé de la même façon. Quant au grand mât, qui possède une quête sur l’arrière souvent très importante, il est emplanté de la même façon à peu près au milieu du bateau. Au niveau du pont, un assemblage de forte section complété par un système de cales en bois permet d’incliner l’espar longitudinalement et transversalement. A l’aide des bastaques raidies au palan, on peut ainsi par exemple accentuer la quête sur l’arrière pour améliorer la remontée au vent.

… A la voile, c’est au largue et au vent de travers que la txalupa trouve sa plus belle marche et, par bonne brise, une vitesse de neuf nœuds n’est pas exceptionnelle. Au plus près en revanche, le bateau ne fait pas, en général, un très bon cap, malgré les effets compensateurs de la dérive et du safran. Pour aplatir la grand voile et améliorer son rendement, on amène le mât sur l’arrière et on hale la « bouline », une manœuvre amarrée en patte d’oie sur le guindant et qui permet de tendre la toile. » (source)

Une journée à Saint Honorat

J’ai déjà évoqué sur ce blog l’un de mes endroits préférés, les îles de Lérins. Ou, plus précisément, Saint Honorat, que je trouve plus sereine et reposante que sa soeur Sainte Marguerite (mais ne vous y trompez pas, je ne parle pas des saint-e-s : Marguerite est morte en 275 et n’aurait pu rencontrer Honorat, mort, lui, en 430!)

Ce fut la destination choisie hier, pour la première des Journées du Patrimoine.

Et je n’ai pas regretté!
D’abord, parce qu’il a fait un temps superbe toute la journée, qui a permis de profiter pleinement de « ma » petite crique, sise à l’extrêmité ouest de l’île, face à l’Estérel. Baignade et « bronzade », avec pique-nique ensoleillé. Que rêver de mieux en cette dernière journée de l’été officiel?

Ensuite, parce qu’elle m’a donné l’occasion de découvrir l’intérieur du monastère, au-delà de la « clôture ». Belle découverte, accompagnée par des guides tous et toutes plus charmant-e-s les un-e-s que les autres. Dont deux moines âgés, qui ont tout fait pour expliciter leur vie, sans aucun prosélytisme.

Je ne vais pas vous faire une conférence sur l’histoire de l’île, mais pointer deux trois informations qui m’ont amusée ou intéressée.

D’abord, le fait qu’à l’origine les moines y étaient « ermites », comme le fondateur du monastère, qui vivait dans une grotte du massif de l’Estérel.

« Saint Honorat est né à Trèves vers 380. Il vécut en ermite dans cette grotte, d’où il apercevait les îles de Lérins dans le lointain. C’est alors qu’il décida d’y fonder une abbaye, qui vit le jour vers l’an 400 dans l’île qui porte aujourd’hui son nom. » (source)

Il emmena avec lui un autre moine, Saint Caprais. Mais alors que l’un s’élevait par la suite dans la hiérarchie et devenait évêque d’Arles, où d’ailleurs une église des Alyscamps porte son nom. Saint Caprais, lui, a donné son nom à l’une des sept chapelles de l’île, dont l’une a disparu. Les Journées du Patrimoine permettaient de visiter deux d’entre elles : celle du Saint Sauveur et celle de la Trinité. Toutes deux ont une architecture remarquable, au sens propre du terme. La première est octogonale, et offre une acoustique remarquable. Le guide l’a prouvé en chantant a capella un Kyrie. La seconde, malgré sa petite taille, présente deux styles très différents.

Le choeur est des plus romans… Vous remarquerez le « décalage » de la porte. Elle a été prévue seulement lorsque l’ensemble, très asymétrique, a été construit, et il a donc fallu la situer ainsi pour qu’elle donne sur le centre de la nef centrale!

On peut encore voir les traces des échafaudages.

Le choeur, lui, est byzantin. D’après notre guide, ce serait la seule chapelle byzantine de France. En Italie également, il n’y en aurait qu’une, à Ravennes. Trilobé, donc, avec un dôme central.

La pierre de l’autel est étonnante, d’un seul tenant… inutile de vous faire deviner son poids! Dans la colonne support, une « cache » désormais vide. Elle aurait abrité des reliques, on ne sait de qui.

On ignore aussi pourquoi ce style byzantin. Le seule rapprochement possible, c’est que les moines chantent a capella. Mais ils ne sont pas les seuls!

Pour la petite histoire, une légende rapporte que Saint Patrick aurait séjourné sur l’île et reçu du père abbé un trèfle, dont le trilobe évoque la Sainte Trinité. Il aurait ainsi par la suite choisi cette plante pour symboliser l’Irlande….

« Patrick, ou Patrice – né en 385 dans l’actuel Pays de Galles – c’est le nom de celui que l’on célèbre les 17 mars, dressé de vert autour d’une chope de bière (avec modération). On raconte qu’il aurait séjourné sur l’une des îles de Lérins, vers les années 411, après avoir été « enlevé par des pirates et vendu comme un esclave » (source)

Il faut préciser qu’il y avait souvent des incursions sarrazines dans les environs. Ainsi, à la grande Tour de l’île, correspondait une similaire sur le continent, qui permettait de prévenir de l’arrivée des pirates…

Sous le charme de Sospel. Episode 5

Et ce sera le dernier, promis… Qui va vous emmener sur la partie en noir du trajet précisé sur le plan précédent. Toujours sans objectif autre que de vous faire partager ce que j’ai « remarqué »… et d’abord, des portes surmontées d’inscriptions.

L’inscription ci-dessus est très « lisible » : le fameux IHS, composé des initiales en grec de « Jésus » (I), « Des Hommes » ou « De l’Humanité » (H), le « Sauveur » (S). Par contre, je n’ai pas identifié les symboles à droite ni à gauche. Si l’un-e d’entre vous en a la signification, merci de la donner en commentaire! Idem pour ce qui suit, totalement abscons pour moi.

Ensuite, l’architecture et les ruelles. Plus authentiques et « vivants » que dans les villages perchés proches de la mer.

Il subsiste des traces d’une Histoire lointaine… (les fenêtres font très « Renaissance »).

Et l’eau, omniprésente. Dans les fontaines comme dans le lit de la rivière, enjambée par deux ponts.

Le Pont de la Libération… Sospel a beaucoup souffert en 1944…

Le « Vieux Pont »

« Reconstruit en partie aux XVIe et XVIIIe s, seule la partie basse de sa pile centrale reste d’époque médiévale. Sa tour de défense était habitée et abritait un commerce jusqu’en 1960. Les deux arches furent démolies par les allemands en octobre 1944, puis reconstruites à l’identique par les Beaux-Arts en 1951. »

Sur les bords de la Bévéra, une architecture et surtout des ornements variés.

Et nous voilà de retour Place de la Cabraïa et parking voisin, pour reprendre la route vers Nice. A l’aller, je l’avais faite par ce que l’on nomme ici « la Pénétrante », avec un long tunnel trop éclairé de lumières jaunes et bleues qui m’hallucinaient. Au retour, j’ai donc fait le choix de passer par le Col de Castillon, bien que l’on m’ait déconseillé ce chemin. Mais je n’ai pas regretté…

Qui plus est, dans le lointain, des traces dans le ciel, aux couleurs nationales. A Menton, en effet, il y avait une démonstration aérienne de la Patrouille de France!

Sous le charme de Sospel. Episode 4.

Promis, c’est l’avant-dernier épisode de cette découverte de Sospel. Je vous emmène dans les rues et ruelles de la vieille ville… Pour que vous compreniez mieux, je replace le plan déjà présenté.

Nous avions commencé la partie surlignée en noir, depuis la Place de la Cabraïa jusqu’à l’arrière de la co-cathédrale Saint Michel. Poursuivons donc cette boucle noire. Suivez la guide, un peu fantaisiste certes, puisqu’elle passe sans vergogne de l’Histoire à des détails sans importance autre que celle de l’avoir intéressée, amusée ou intriguée…

A gauche, on voit un des restes des remparts qui ceinturaient la ville autrefois. Laquelle n’était accessible que par cinq portes.

Et maintenant, une petite série sans commentaires…

Pourquoi cette photo ci-dessus? Vous le devinez : je n’ai pu m’empêcher de me demander ce qu’était « La Martiale »! Eh bien, j’ai trouvé, après quelques difficultés, sur le site dont je vous ai déjà parlé. Un article très fourni porte sur les groupes musicaux à Sospel. Incroyables, leur nombre et leur variété! Je commençais à désespérer de trouver « La Martiale », lorsque j’arrivai à ceci :

Et voilà, le mystère de cette plaque, apposée là je ne sais pourquoi (ce serait à rechercher, mais je ne vais pas me ni vous fatiguer davantage!) est résolu. Et nous sommes revenus au point de départ, pour entamer la boucle rouge dans l’article suivant.

Sous le charme de Sospel. Episode 2 : la Place Saint Michel

Je vous ai narré hier le délicieux repas au restaurant La Cabraïa, et évoqué le rassemblement des chèvres sur cette place à la « fontaine à deux étages ». Une fois le déjeuner achevé, je suis partie tranquillement à la découverte de la ville. Ce sera l’objet de cet article.

Pour que vous me suiviez mieux, voici un plan du centre. En noir, le trajet 1. En rouge, le trajet 2. J’ai emprunté ce plan à un autre blog, dont l’auteure a écrit beaucoup sur Sospel, et que je vous encourage à aller voir. Il est ici.

Le premier « choc » s’est produit lorsque j’ai découvert la vaste place Saint Michel, présentée ainsi sur le site Menton-riviera-Merveilles (lu a posteriori) :

« Place avec éléments du 13 éme, 15 ème et 17 ème siècles.
Les façades et les toitures des immeubles ainsi que le sol de la place sont inscrits MH (18 mars 1947)

La place Saint-Michel constitue l’un des plus beaux ensembles architecturaux et scénographiques du Comté de Nice. Pavée de galets blancs et noirs, elle est dominée par l’ancienne Cathédrale qui capte le regard par l’aspect monumental de sa façade et du parvis. Bordée par les chapelles des Pénitents Gris et des Pénitents Rouges, elle fut édifiée aux XVIIème et XVIIIème siècles à l’emplacement d’une église romane dont il ne subsiste que le clocher »

Il aurait fallu une vue panoramique pour en rendre compte. Je vais tenter au travers de quelques photos que j’ai prises.

Je ne vais pas reprendre ce que vous trouverez dans tout bon guide touristique… Juste quelques points qui m’ont intriguée.

Le cadran solaire

Il ne date pas d’un passé lointain : 1982, mais peut-être une reprise d’un plus ancien (1956) ?

Première énigme. Je n’ai pas compris l’inscription : que signifient « RC » et « CG »? Le second évoque le Conseil Général, ancêtre du Conseil Départemental. Mais le premier?

Deuxième énigme. Cependant c’est surtout la devise qui m’a questionnée, en latiniste que je fus…

Le début, pas de problème : « Si le soleil garde le silence, je me tais. » (le verbe « silere » est attesté en ce sens chez Cicéron). Mais la suite? « Capire » n’existe pas… Si on lit « capere », cela pose le problème de l’absence d’objet (on « prend » quelque chose). « Celui qui peut prendre, qu’il prenne! ». Or il est traduit par certains auteurs « Comprenne qui pourra ». Mais « capere » n’a jamais signifié « comprendre ». Au plus, avec un génitif « conjecturer ». « Capire », c’est de l’italien, dans le sens de « comprendre »! Bref, j’ai failli y perdre mon latin. Erreur ou plaisanterie???

Comptoirs commerciaux de la Bévéra

Je vous invite à comparer les deux photos ci-dessous. La première est celle que je viens de prendre, en ce début août 2025.

En cherchant à comprendre ce qu’étaient ces « comptoirs commerciaux », j’ai découvert cette photo. Elle provient d‘un blog et date de février 2021.

Incroyable transformation, n’est-ce pas? Avec un « retour vers le passé »…

Mais je n’ai rien pu trouver de plus, sinon qu’auparavant il y aurait eu un « Bazar universel ». Aucune carte postale ou photo ancienne n’est aisément trouvable sur le net, sauf celle-ci, qui date de 1892. Vous remarquerez qu’il n’y avait pas de fenêtre à gauche de la devanture…

Un cheval à la fenêtre

Si vous avez bien regardé l’une des photos précédentes, un cheval a été placé à la fenêtre d’un des édifices, « le palais des barons Blancardi, maintenant barons Ricci des Ferres, où ont été logés à l’occasion de leur passage  dans cette cité, le souverain pontife Pie VII, le roi Victor Emmanuel, la princesse Pauline, sœur de l’empereur Napoléon, au temps de l’ancien gouvernement français, et d’autres personnages remarquables ». Une plaque située juste sous la fenêtre explique que Pie 7 a célébré une messe en cette demeure. Mais pourquoi le cheval?

Le sol pavé de galets

Vous avez peut-être observé le magnifique pavage de la place, tout en galets. C’est ce que l’on nomme dans la région une « calade ».

« Le mot calade fait référence à plusieurs sources, en latin calcare qui signifie calcaire, calare signifiant descendre et aussi s’arrêter en occitan, on retrouve le terme calar, en provençal, le verbe calada, et le nom caladage désignent dans les marchés provençaux du XIVème siècle « un pavage composé de petites pierres disposée sur une forme de terre aplanie, soit posées à sec, soit posées sur un bain de mortier » (Bernardi Philippe, Métiers du bâtiment et techniques de construction à Aix en Provence à la fin de l’époque gothique, Publications de l’Université de Provence, 1995).
Le terme apparaît dans le dictionnaire Larousse en 1887. Les ingénieurs des Ponts et Chaussées du XIXème siècle utilisent le terme calade pour désigner les pierres non taillées et les galets des voies de communication.
Les calades sont des sols de pierres posées sur chant, sur une certaine profondeur, les pierres sont toutes en contact mécanique les unes avec les autres, elles constituent un plan de sol fini.
Les calades sont classées dans les sols dits « debout » en comparaison avec les dallages ou sols à plat et les sols coulés en bétons, goudrons et plastique ». (source)

Je vous conseille de lire l’article dont est issue la citation ci-dessus, il est passionnant et explique à la fois les techniques et les avantages des calades.

La photo qui suit montre à quel point le sol a été travaillé, tant pour les formes que pour les teintes de galets…

Une journée extra-ordinaire

Il est des jours où tout s’enchaîne mal, où les petits problèmes s’accumulent et nous poussent à penser que « tout va mal ». Ce n’est pas du tout ce qui s’est produit hier, où, au contraire, les faits se sont enchaînés pour me faire croire à une bonne étoile… Il n’est guère dans mes habitudes de vous raconter ma vie sur ce blog où je préfère partager mes découvertes, mes plaisirs, mes coups de gueule comme mes coups de coeur… Mais j’ai trop envie de vous narrer ce qui s’est produit et vais donc céder à cette envie.

Episode 1. Efficience de l’URSSAF

Ma journée s’annonçait plutôt pénible, avec de l’administratif. Comme je n’avais pas obtenu de réponse de l’URSSAF pour finaliser ma déclaration d’impôts, et qu’il est difficile d’avoir un interlocuteur (qui est le plus souvent une interlocutrice) au bout du fil, je tentai une connexion (mais le site a évolué et se « loguer » devient une épreuve que je ne réussis pas – je parle au passé simple, ça fait bien n’est-ce pas?) une nouvelle fois, j’osai un nouvel appel. Miracle, seulement quelques sonneries, et une voix me répond. Et me donne toutes les informations dont j’ai besoin, notamment où trouver la fameuse fiche qui m’a été adressée suite à ma demande (autre miracle!). Bref, en 10 minutes tout était résolu!

Episode 2. Un RDV pour une échographie une demi-heure après, dans un centre conventionné tout près de chez moi

Autre épreuve que je décidai d’affronter alors : trouver un rendez-vous pour une échographie dans les deux jours qui suivent, sans payer un supplément tel que les 122 euros de mon précédent examen. Vite, Doctolib. Il est alors 11h20 Première réponse, en première ligne : une proposition pour 12h (si, si!) au Centre de santé proche de chez moi (où tout est pris en charge).

Mais il faut être à jeun depuis au moins 6 heures. Une chance! J’ai oublié de petit-déjeuner! Et une seconde : je sors de la douche, il ne me reste plus qu’à me vêtir, chausser, attraper l’ordonnance et filer. Une heure après, l’examen était fait et je pouvais rentrer.

Episode 3. Un colis livré dans l’heure

Alors que je m’apprête à sortir dans la rue, je me retourne pour demander à l’homme que je venais de croiser, l’air perdu, si je pouvais l’aider. « Oui, je dois placer un avis de passage pour un colis pour Madame X ». « Eh bien, c’est moi, Madame X! Vous avez le colis? » « Non, je l’apporterai vers 13h » « Je ne suis pas sûre d’être de retour, car je pars faire un examen médical. » « Alors ce sera jeudi ». « Mais, jeudi, je ne serai pas ici. Puis-je vous laisser mon numéro de téléphone, et vous m’appellerez tout à l’heure, j’essaierai de vous retrouver dans le quartier? » Il accepta et m’appela pour que je garde trace du sien. A mon retour, je lui envoie un SMS. Il m’appelle aussitôt : « J’arrive dans 5 mn ». Et c’est ainsi que je pus réceptionner un gros carton, toute étonnée, car je n’avais rien commandé. Qui contenait un minuscule boîtier adressé gratuitement par Orange…

Episode 4. Cadeau d’un commerçant

Comme j’étais sortie très vite du Centre de santé, je décidai de pousser jusqu’au magasin de matériel informatique Gingko, un peu plus loin sur le Boulevard Saint Germain, car j’étais en manque d’encre pour mon imprimante. J’y achetai un jeu de cartouches noire et de couleurs. Au moment de payer, le commerçant me demande si je ne voudrais pas une bleue en supplément. Gratuite. Je n’ai pas refusé, bien sûr!

Episode 5. Une rencontre étonnante

Revenons un peu en arrière. Alors que j’arrivais au magasin sus-cité, s’y trouvait déjà une belle jeune femme. Qui s’adressa à moi : « Vous allez assister à une résurrection! » Je lui demandai si elle avait fait un voeu avec un cierge à l’église (intégriste) voisine… Le réparateur-commerçant dont je viens de vous narrer la générosité avait réussi à réparer son Mac alors qu’il l’avait totalement lâché. Nous échangeons sur nos professions. Elle me déclare mener des expériences autour de la démocratie participative. Je lui demande si elle s’inscrit dans la même mouvance que mon ami José Dhers. Elle ne le connaît pas, mais aussitôt regarde sur le net. Comme je la questionnais sur ses « expériences », elle me parla de « Ma Voix », à l’Assemblée Nationale.

Si cela vous intéresse, un mémoire sur ce sujet m’a permis de mieux comprendre ensuite. Nous décidons d’échanger nos coordonnées. Etonnée par son prénom et son nom, je les lui fais répéter… D’abord, le prénom, plutôt rare : Quitterie. Si vous voulez en savoir plus sur Sainte Quitterie, patronne d’Aire-sur-l’Adour, allez ici. Le prénom latin renvoie à la notion de « calme », de « tranquillité » : c’est la même racine que « quiet » « quiétude »… Ensuite, le nom, qui vous évoquera peut-être quelqu’un d’autre : « De Villepin ». Et, effectivement, c’est sa famille. Le net m’a appris qu’en réalité c’est une des branches des « Galouzeau de Villepin », très fournie en énarques…

« Ayant commencé sa carrière au début des années 2000 en créant des campagnes de communication pour des ONG, Quitterie de Villepin, 38 ans, connue aussi son nom de femme mariée – Delmas –, est devenue la responsable de la campagne numérique de François Bayrou en 2007. Se disant dégoûtée par la politique politicienne, elle a ensuite quitté le Modem. Elle est cependant restée très présente sur les réseaux sociaux, notamment grâce à sa campagne menée contre les marques de textile à la suite de l’effondrement meurtrier de l’atelier bangladais du Rana Plaza en 2013 (elle avait été invitée sur Arrêt sur images pour en parler, à voir ici). Elle est à l’initiative du mouvement #MaVoix lancé en 2015 qui veut « hacker l’Assemblée nationale », en imposant des candidats citoyens. »

Attention, cet article a 9 ans, elle en a donc 9 de plus… mais fait très jeune! et réside dans mon quartier… d’où sa visite à ce magasin, un 8 juillet au matin, qui permit cette rencontre… Elle tient un blog, je l’ai appris depuis… d’une bien meilleure qualité que le mien, à tous points de vue!

Episode 6. Une conjonction de livraisons bien menées

J’avais espéré déjeuner avec un ami ce midi-là. Mais il était retenu à la Défense, dans l’attente d’une livraison, et m’avait donc déclaré l’impossibilité de nous rejoindre. Vers 13 h, donc, après avoir réussi avec l’URSSAF, reçu mon colis dans les temps, chez moi (alors que je dois toujours me déplacer à la poste), fait mon échographie, acheté mes cartouches et en voir reçu une gratuite, rencontré Quitterie de Villepin et être rentrée chez moi, je m’apprêtais à pique-niquer dans mon studio. Je reçus alors un appel « La livraison est faite, je peux te rejoindre, sur le trajet de la ligne 1 ». Rendez-vous fut alors pris pour la sortie de la station Saint-Paul… Malgré une panne de mon téléphone, je réussis à y retrouver mon ami pour un agréable déjeuner… Et c’est alors que je vécus un autre moment étonnant…

Episode 7. Une rencontre plus que surprenante

Nous voici donc à la recherche d’un restaurant dans ce coin que je connais mal, bien qu’y ayant joué les touristes, dans l’église Saint Pierre Saint Paul et en découvrant l’Hôtel de Sully. Enfin nous en repérons un, que je vous recommande : le Café Fontaine Sully (au calme dans rue perpendiculaire à celle de Rivoli, et avec un personnel très sympathique).

Au moment de nous y installer en terrasse, une voix masculine : « Bonjour, Madame! ». Un charmant jeune homme… Mais qui pouvait-il être? Vite, mon cerveau tourne… Un stagiaire? Arrive alors une jeune femme, puis une autre, puis une dame plus âgée… Ce ne sont autres que les 4 personnes rencontrées la veille dans le train en provenance de Calais. J’avais entendu, tout au long du trajet depuis Abbeville, leur conversation. Une grand-mère et 3 jeunes gens venus passer quelques jours à Paris, en « touristes ». J’avais alors proposé mes services pour les aider à distinguer ce qu’il et elles avaient à voir, où aller manger peu cher, etc. Et leur avais donné l’adresse de ce blog. Un peu plus de 24 heures après, nous voici donc réuni-e-s par le hasard, dans un quartier où je vais assez rarement! Surprise réciproque, vous imaginez bien!

J’espère ne pas vous avoir ennuyé avec ce récit un peu long. Mais j’avais vraiment envie de partager cela avec vous. Peut-être vous demandez-vous comment j’ai achevé la journée? Au théâtre, à me tordre de rire… Mais c’est une autre histoire…

Notre Dame rénovée…

J’ai toujours détesté le « faux ancien ». Vous savez, ces salles de séjour faussement Henri II ou ces manoirs modernes voulant se faire passer pour historiques? De même que je ne comprends pas la lutte contre les rides de certaines personnes, à coup de Botox et d’opérations chirurgicales.

Alors, vous pouvez comprendre mon appréhension à l’idée d’aller revoir Notre-Dame après sa restauration. J’aurais dû m’abstenir. Pour garder le souvenir de celle qui était pour moi si symbolique du Moyen-Age, cette si belle « vieille dame »…

Car j’ai eu un véritable choc en entrant. A découvrir ces voûtes toutes blanches, qui font vraiment « faux ancien »! Jugez-en plutôt…

Heureusement, des éléments « modernes » rappelleront à l’avenir le souvenir de notre époque…

Les vitraux eux-mêmes m’ont posé question. Du style « Qu’est-ce qui est authentique? Qu’est-ce qui ne l’est pas? Et « authentique » de quelle époque? ». A vous de jouer…

Pour les tableaux, c’est un peu plus facile… Des « anciens » sont toujours là…

… et des « nouveaux » les ont rejoints, dont certains plutôt exotiques, voire rafraîchissants…

Je ne sais dans quelle catégorie classer la série d’icônes au fond de la nef, ni cette étonnante « oeuvre ».

Heureusement, il reste des éléments qui témoignent de l’Histoire… je vous en parlerai dans un second article, si vous le voulez bien…