Tiens, voilà du Boudin…

Bon, je suis d’accord avec vous, ce titre n’est pas digne d’un blog censé « se tenir »… Mais je n’ai pu m’empêcher de faire référence à cette vieille chanson entendue moultes fois dans mon enfance. Ce n’est toutefois ni de noir ni de blanc, et encore moins de jeune fille, que je veux vous parler aujourd’hui, mais bien de Boudin, de son prénom Louis-Eugène, né à Honfleur en 1824, et mort tout près de là, à Deauville, âgé de 74 ans. Le voici à l’oeuvre (c’est le cas de le dire!)…

On comprend qu’il ait aimé produire des marines!

Et des marines, on voit, on en déguste, et on s’en lasserait presque, dans cette exposition du Musée Marmottan.

Pourtant, j’aime ce genre, et j’aime ce peintre. Mais il y en a vraiment beaucoup, et la faiblesse de la muséographie n’aide pas à éviter la lassitude. Dommage! J’ai compris pourquoi, lorsqu’à la sortie j’ai découvert qu’il s’agissait d’une collection particulière, celle d’un homme que Beaux-Arts qualifie de « mathématicien fou », Yann Guyonvrac’h. Or celui-ci, réputé « prodige des algorithmes » a réussi, à 52 ans à peine, à réunir une incroyable quantité de tableaux de Boudin!

Mais il n’y a pas que des marines : comme son nom l’indique, ce Breton a aussi focalisé sur sa région, et j’ai découvert de charmants tableaux représentant femmes et paysages de « ma bro » d’adoption. Pour les curieux/euses, un peu de langue : son nom est un ancien surnom breton, signifiant « digne d’avoir des chevaux »….

On voyage donc sur les côtes de Bretagne et de France, mais aussi un peu ailleurs, en particulier à Venise, qui donna du fil à retordre au peintre, la lumière écrasant davantage les reliefs naturels ou architecturaux, ce qui explique peut-être que j’aie trouvé ces tableaux moins intéressants…

Voici donc quelques tableaux que j’ai choisis pour illustrer mes propos… Commençons par le plus évident : sur la mer, il y a des bateaux, et, dans ceux-ci, des marins.

Des pêcheurs, mais aussi la marine marchande, voire la Marine Nationale, comme ici à Brest:

Sur la côte, la population est variée, et l’hétérogénéité des scènes saisies par l’artiste est impressionnante. Tantôt une vie laborieuse…

Tantôt la Haute Société qui tient salon sur le sable, comme ici à Trouville…

Mais on s’éloigne parfois des rivages, pour s’intéresser à la vie des villages, lors de noces ou de marchés, par exemple.

J’ai découvert un aspect du peintre que j’ignorais, plus drôle, voire satirique.

Avec un faible, je l’avoue, pour cette jeune Normande…

Un défilé qui « déchire »

Deux de mes jeunes amies étudient dans une Ecole des Beaux-Arts de Monaco, comme certain-e-s d’entre mes fidèles lecteurs/trices le savent déjà. En ce 25 avril 2025 (jolie date, n’est-ce pas? Et qui plus est jour où l’on fête l’Italie, la Révolution des Oeillets au Portugal… et accessoirement mon anniversaire…), elles devaient présenter, en équipe, une scénographie pour leur examen de fin d’année.

En voici l’annonce sur le site officiel de Monaco :

« Dans le cadre de la Monte-Carlo Fashion Week et en partenariat avec l’école Polimoda, Fashion School de Florence, les étudiant·es de l’École Supérieure d’Arts Plastiques – Pavillon Bosio ont imaginé un événement inédit, mêlant défilé et performance, qui se tiendra à l’Espace Léo Ferré, vendredi 25 avril à 18h. »

Petite parenthèse : je n’ai découvert le titre qu’en écrivant cet article, donc bien a posteriori! Pour celles et ceux qui partagent ma nullité en anglais, il signifie en gros « Super, tu es réveillé »…

Et elles avaient choisi, avec leurs co-équipiers/ères, de présenter un défilé de mode, avec la complicité d’une école de mode italienne. Me voici donc invitée à l’Espace Léo Ferré monégasque, en ce magnifique vendredi de printemps estival.

Oublié le ciel bleu et la mer azurée, pour se retrouver dans le noir… ou presque. Sombre l’atmosphère et sombre la musique introductive. Le choix est clair, si j’ose dire… D’entrée de jeu, on devine des corps ensevelis sur le sol… Et, du début à la fin, pas un sourire ne marquera les visages des jeunes mannequins qui vont marcher, jouer, presque danser sur l’absence de scène. Car étrangement cette salle de spectacle ne comporte pas de scène, tout se passe « au ras du sol ». Pas tout, non, car un accessoire joue, tout au long du spectacle, un rôle essentiel : une immense toile de gaze qui va passer du blanc au bleu, au rose, au rouge vif, et évoquer les tentes des nomades et des tunnels mouvants.

Les décors bougent et évoluent au rythme de musiques lancinantes, sombres, et les accessoires « vivent » : le projecteur de diapositives devient appareil photo, les plaques de plâtres sont pulvérisées, et les arches de papier s’alignent en profondeur puis en largeur, tenus par six fantômes noirs…

Et les créations de mode, dans tout cela, me direz-vous? Car c’est un peu le risque : la mise en scène peut valoriser ou mettre au second plan la couture… Ce fut un peu le cas au début, mais progressivement les inventions des jeunes créateurs/trices reprirent place. Beaucoup de déstructuration, de confusion de genre, de dérision, mais aussi d’inventions intéressantes. Difficile à photographier car presque jamais stable, et sans lumière, avec mon Iphone… Mais voici quelques exemples, pour les plus curieux d’entre vous.

Je ne suis malheureusement pas parvenue à bien prendre ma création préférée, avec celle qui précède : une ample robe longue noire, très pure et très stylée… Pas plus que je n’ai saisi le corps magnifiquement chaste d’une jeune fille qui a traversé à deux reprises la scène, nue, pour se fondre dans la foule des spectateurs/trices…Pas plus que je n’ai pu traduire en images la satire de jeu sado-maso dont voici seulement un extrait.

Vous l’avez compris, le genre est en jeu, le genre est jeu, tout au long du défilé. Avec beaucoup de finesse et d’humour. Est-ce l’influence de la période de création? Pour ma part – mais d’autres spectateurs discutent mes interprétations, je me suis retrouvée dans le désert, j’ai reconnu Marie-Madeleine et Jean près du tombeau du Christ (et si l’on reprend le titre… la Résurrection n’est pas loin), j’ai cru voir une critique des inégalités, des allusions à la violence urbaine tranchant avec des tableaux tout droit sortis de la Grèce Antique… Bref, un superbe spectacle qui laisse présager un bel avenir aux jeunes créateurs/trices, tant de mode que de scénographie…

Après les mannequins et l’équipe de l’Ecole de Mode florentine, nous découvrons l’équipe de scénographes, dont les deux amies dont je parlais en introduction : Estelle (en blanc ci-dessous) et Elsa (en noir), à qui je dois cette belle découverte…

Brillants Lumière(s)

Un couple rencontré à la terrasse de l’un de mes lieux de restauration (dans tous les sens du terme) préféré, l’Ebouillanté (dont je vous ai déjà parlé maintes fois), m’a conseillé d’aller voir un documentaire. Or je ne suis pas une fana de ce genre. Mais je les ai écoutés. Et je m’en suis félicitée, ô combien, tout au long de la projection à l’UGC Danton. Son titre?

Un film certes fondé sur un parti-pris : le génie incontestable d’un père et de ses fils. Mais pas seulement. De leurs femmes, leurs enfants, bref, un film à la gloire de la famille. Ce qui pourrait faire fuir, me direz-vous. Non, surtout, ne fuyez pas. Et si vous en avez l’occasion, allez le voir. Car il faut le voir sur grand écran. Cela perdrait trop sur celui de votre ordinateur ou de votre téléviseur.
En effet, ce qui rend ce film littéralement extra-ordinaire, c’est que la technique a permis de restaurer suffisamment les innombrables « vues » tournées par Louis Lumière, son frère Auguste et les opérateurs qu’ils ont formés et envoyés aux quatre coins du monde.

Le cinématographe Lumière

En cherchant sur le net, pour préparer cet article, j’ai trouvé à ma grande surprise un article de 2015 évoquant déjà un film du même type, article très intéressant.

« À la différence de ce qu’ont subi la plupart des films de l’époque du muet, les films réalisés sous la marque Lumière ont été remarquablement préservés. Béatrice de Pastre, directrice des Archives françaises du film, donne le chiffre de 1.422 «vues» réalisées sous la bannière des industriels lyonnais. Le DVD aujourd’hui édité par l’Institut Lumière en propose un choix de 114, remarquablement restaurés, et offrant un survol aussi complet que possible des principaux aspects de la production de la firme du quartier Monplaisir.« 

Car à cette époque, c’est en DVD que ces films avaient été proposés, si j’ai bien compris, avec un montage totalement différent de celui qui prévaut dans le documentaire actuel. Un autre parti-pris : une structuration autour de thématiques. Pas géniale, mais qui « embarque » le spectateur et la spectatrice dans une « histoire » telle que l’on ne s’ennuie à aucun instant. « Embarquer », ce terme n’est pas choisi par hasard. Car naviguer à la proue d’un bateau à voile, c’est ce que proposent des images choisies dans ce film. Je ne les ai pas trouvées sur le net, mais vous pourrez voir ici celles de l’embarquement familial à La Ciotat, fief de la famille Lumière.

Outre la beauté des images, ce documentaire m’a séduite pour de multiples raisons, qu’il serait trop long de décliner ici… Je préfère donc vous laisser le découvrir vous-même, comme je l’ai fait grâce à cette belle rencontre en terrasse au soleil printanier…

Mollard, une « institution » parisienne

Invitée hier par une amie qui aime la vie et connaît bien la capitale, j’ai découvert une brasserie qui m’avait, jusque là, échappé : la Brasserie Mollard, sise juste en face de la Gare Saint Lazare, station que je fréquente pourtant assez souvent… Mais il faut dire que des travaux quasi-permanents empêchent de percevoir correctement l’environnement de cette gare.

L’intérieur est saisissant, et ne peut laisser indifférent-e… J’en ai recherché l’histoire dans des articles « scientifiques ». En voici quelques extraits.

Pourquoi des décors de faïence dans ce type de brasserie?

    Comme beaucoup de brasseries parisiennes (mais pas que…), ce sont d’abord les céramiques qui attirent l’oeil. Pourquoi sont-elles là? L’explication m’a surprise, il me faut bien l’avouer.

      « À la suite d’une réflexion globale sur la salubrité publique, de nombreux « lieux d’hygiène » se dotent de décors de faïence qui présentent l’avantage de se nettoyer facilement. Parmi les commanditaires de ces tableaux brillants, on trouve les cafés. La brasserie Mollard est l’incarnation même de cette volonté d’assainir la ville à l’approche de l’Exposition universelle de 1900. Situé dans le quartier de la gare Saint-Lazare à Paris, l’édifice dont on doit l’aménagement intérieur à l’architecte Édouard-Jean Niermans (1859-1928) devient « le rendez-vous des voyageurs du monde entier6 ». (Source)

      J’ai dîné sous l’une de celles qui m’ont le plus séduite, le « Dîner chez Mollard », datant de 1895.

      A cette époque, Simas, jeune trentenaire, avait fait le choix de travailler avec la Manufacture de Sarreguemines. Cette entreprise est devenue française, suite au rattachement de l’Alsace à la France. Elle est alors en pleine croissance (source).

      Cela a entraîné des confusions, certains pensant que la brasserie avait été fondée par un Alsacien, alors que le fondateur était Auvergnat ! Bref, si vous en avez l’occasion, allez découvrir ces neufs panneaux dont l’esthétique variée peut vous séduire…

      Attention au piège des panneaux de verre !

      Saisissants, ils sont de style Art Déco. Mais ne « tombez pas dans le panneau », c’est le cas de le dire! Ils sont tout à fait modernes, et leur présence est liée à la restauration des lieux, entreprise à partir de 2012, et pas encore totalement achevée. Stéphane Malchow, descendant des deuxièmes propriétaires de l’établissement fondé en 1867 par le couple Mollard, les Gauthier, a demandé leur création au Maître Verrier Eric Bonte.

      Ils sont situés à l’arrière du restaurant, où j’ai découvert une salle de réception et une salle de conférence.

      De magnifiques verrières

      Impossible de ne pas lever la tête pour admirer les verrières fleuries, qui ont été pour la plupart reconstituées aussi récemment.

      Un ensemble harmonieux, donc, et le partage de la vaste surface en différents espaces permet de créer des salles diverses, dans une unité globale.

      Et d’un point de vue gastronomique?

      Une grande partie de la carte est consacrée aux fruits de mer, et j’ai pu déguster trois variétés d’huîtres tout aussi goûteuses les unes que les autres, quoique bien différentes. Mais on peut aussi déguster des plats plus carnés, comme ces ris de veau dont s’est régalée mon amie. Au dessert, un autre régal : les crêpes flambées au Grand Marnier…

      Une seule ombre au tableau : il faut « avoir les moyens » pour s’y offrir un repas. Mais si l’on considère que ces lieux constituent un spectacle, cela en vaut la peine… Pour ma part, je remercie ma généreuse amie de m’avoir permis de l’admirer.

      Joies de la nature

      Au-delà du canotage et de la voile, la nature offre d’autres plaisirs à Gustave, qui aime notamment jardiner. Avec passion et avec soin. Car ce perfectionniste ne fait rien sans rigueur… Dans l’exposition, davantage tournée vers la vie urbaine comme vous le découvrirez par la suite, peu de tableaux représentant cette nature, domestiquée ou non. Mais on découvre d’une part le peintre qui aime à représenter des promeneurs, solitaires ou non, et d’autre part le jardinier prenant soin de ses plantations.

      Cela commence dès la maison de Yerres, que voici représentée avec des soldats, donc à l’époque où Martial Caillebotte père était encore en activité. Et cela se poursuit à l’autre extrêmité de l’Ile de France, sur les bords de Seine, à Gennevilliers où on le voit travailler dans le jardin et la serre y attenant, ou se promener avec ses amis humains et canins.

      Les paysages sont toujours peuplés de promeneurs/euses, quand ce n’est pas de pêcheurs…

      Et d’aucuns font la sieste, tandis que d’autres soignent les rosiers ou s’adonnent à des cultures bien ordonnées…

      Voiles sur Seine

      Nous avons évoqué hier la passion de Caillebotte pour les canots (et canotiers!). Aujourd’hui nous le retrouvons en bord de Seine (et de mer), mais s’intéressant à un autre type d’embarcations, les voiliers. Il a en effet été parmi les premiers membres du Cercle de la Voile, fondé à Argenteuil en 1858. Si l’histoire de ce cercle vous intéresse, vous la trouverez ici.

      Comme il l’avait fait pour des canots, il se passionna pour la construction de voiliers, tels que l’Iris (au premier plan sur la photo ci-dessous), Inès et le Roastbeef.

      Voici ce qu’en disait un des commentaires d’une exposition précédente, intitulée « Dans l’intimité des frères Caillebotte » :

      « À la fin des années 1870, les frères Caillebotte se lancent dans le yachting, passion qu’ils partageront jusqu’à la mort de Gustave en 1894. Vice-président du Cercle de la voile de Paris dès 1880, Gustave participe avec Martial aux régates d’Argenteuil. Sur des voiliers comme Inès ou Condor, ils s’illustrent en obtenant souvent les premiers prix (Régates à Argenteuil, Bateaux à Argenteuil). Leur propriété du Petit Gennevilliers, située en bord de Seine, devient par ailleurs le siège des activités du Cercle de la voile de Paris (La Berge du Petit Gennevilliers et la Seine).

      Qualifié par le journal Le Yacht d’ « amateur d’Argenteuil de grande compétence » en 1881, Gustave Caillebotte commence à concevoir lui-même les plans de ses bateaux (Gustave Caillebotte travaillant à un plan de bateau). Le plus célèbre d’entre eux est le Roastbeef que Martial photographie en chantier (Le Roastbeef à sa sortie du chantier) avant ses brillants débuts sur le bassin d’Argenteuil en 1892. De la conception à la navigation, les frères Caillebotte suivent attentivement le parcours technique de leurs voiliers »

      Et il arrive que l’on navigue et régate en mer, comme ici en Normandie…

      L’architecte, le navigateur et l’administrateur du Cercle de Voile n’oublie pas pour autant qu’il est peintre. La série « voiliers » de l’exposition m’a séduite.

      Contrairement aux tableaux consacrés aux canots, on ne distingue pas bien les corps ni les têtes des navigateurs, qui restent dans un flou subtil…

      … à une exception près…

      Peindre les hommes… Sur l’eau, les canotiers

      A l’époque de Caillebotte (mais pas seulement!), les artistes ont beaucoup créé autour des femmes, voire de La Femme. Aussi est-ce assez inhabituel de trouver une collection de tableaux en hommage à la beauté des hommes, voire, parfois, à la virilité. C’est pourtant l’impression la plus puissante que j’ai eue en visitant cette semaine l’exposition organisée par le Musée d’Orsay. A vrai dire, en plaçant l’affiche en tête de cet article, je me suis aperçue que j’avais mal interprété le sous-titre « Peindre les hommes », en raison de la stupidité de notre langue – par ailleurs si belle – qui confond en un seul mot le genre humain et l’homme en tant que catégorie sexuée et/ou de genre…

      Impossible de prendre des places sur le net, qui annonce « complet » jusqu’à la fin. Heureusement, la Carte Blanche permet d’entrer, et, qui plus est, d’entrer avant les autres, dès 9 heures du matin. D’où une stratégie qui me conduit désormais à entrer tôt, et commencer… par la fin. Cela permet de voir des salles désertes, et d’apprécier au mieux les oeuvres. Je l’avais déjà fait pour l’expo Van Gogh… J’ai recommencé. Et je dois dire que voir les trois dernières salles dans ces conditions fut un vrai bonheur. D’autant qu’elles sont consacrées aux bateaux et aux jardins… Je me promenais avec le peintre, et admirais la nature, l’eau, les voiles… et les « hommes », avec une béatitude extrême! Les teintes claires, vert, bleu et blanc, de ces salles les « aèrent » et l’on imagine le souffle de la brise et le bruissement des feuillages. C’est donc par ces salles, les dernières en réalité, que je vais vous introduire dans cette belle exposition.

      Laissons-nous donc glisser sur l’onde…

      Entendez-vous le rythme des pagaies fendant l’eau?

      C’est l’occasion de saisir le mouvement, de mettre en évidence la force musculaire et la puissance des mains…

      A cette époque de sa vie, il résidait à Gennevilliers, et sa maison bénéficiait d’un ponton.

      Passionné par les canots, il en concevait lui-même, comme on peut le voir en visitant une autre de ses demeures, à Yerres, ou sur cette photo.

      Le Musée d’Orsay consacre, lui, une vitrine à son activité au sein d’un Club. Mais comme il s’agit de voile, je vous en parlerai dans un prochain article…

      Grand Tour

      Un film presque totalement en noir et blanc. Une plus grande proportion de narration en voix off que de dialogues. Et surtout une ribambelle d’anachronismes délibérés. Voilà ce qui me vient à l’esprit au sujet du film Grand Tour, de Gomes.

      Peut-être aussi l’exploitation des stéréotypes : les « Caucasien-ne-s » sont expansifs, incarnés par des acteurs/trices qui surjouent, alors que les « Asiatiques » ont le verbe rare et restent de marbre en toute situation.

      Ou encore une accumulation de saynètes qui pourraient sortir d’un guide touristique sur les pays visités et leurs spectacles étonnants : ombres chinoises, marionnettes, sports de combat, combats de coqs, musique difficile à faire accepter à nos oreilles policées par le classique ou le jazz, danses subtiles…

      Mais surtout la beauté des images, des paysages, les choix de cadrage qui tour à tour plongent le spectateur / la spectatrice dans des villes bruyantes, tourbillonnantes, virevoltantes, ou dans des vallées montagneuses impressionnantes de sérénité et de silence uniquement troublé par le froissement d’ailes d’oiseaux ou le grignotage des pandas.

      Si j’ai éprouvé quelques difficultés à « entrer » dans l’histoire, tant le scénario est rocambolesque, je me suis laissé porter par la suite, jusqu’aux trois quarts du film. J’ai moins apprécié la fin, beaucoup trop mélodramatique à mon goût.
      Car, dans ce film, on oscille en permanence entre rires et larmes, et la « guimauve » n’est jamais loin. Un art certain de funambule pour le réalisateur… trahi à la fin par une précipitation pour clore le tout. Dommage!

      Néanmoins une oeuvre « rare », qui fait oublier, le temps de la séance, le monde ambiant pour nous plonger dans nos rêves et nos fantasmes, au sein d’un univers souvent poétique. A voir, donc, pour se forger sa propre idée…

      En fanfare

      Le titre du film m’avait intriguée, et les bribes d’informations que j’avais m’ont alléchée… Me voici donc dans une salle sombre, prête à découvrir ce que j’espérais un hymne à la fraternité et à la musique.
      De ce côté, je n’ai pas été déçue. Je ne vous raconterai pas l’histoire, car cela déflorerait le sujet, au cas où vous viendrait aussi l’idée d’aller le voir…

      Côté « fraternel », les bons sentiments, toujours proches des rejets, ne manquent pas. Et les deux acteurs sont si opposés et jouent si bien que ça « passe », sans trop virer à la guimauve.

      Côté « musique », pas de doute, « ça baigne »! On passe de l’univers classique au jazz, via la chanson française, y compris Sardou… Le Boléro venant réconcilier tout le monde à la fin. Les amateurs de classique comme ceux de jazz seront ravis, et les fans de Sardou pas moins. On ne peut pas faire plus « consensuel »! Un peu trop, peut-être, sussurre en moi un diablotin…

      Toujours côté « musique », si vous n’appréhendez pas bien en quoi consiste la conduite d’un orchestre, c’est un bon tutoriel. Vous finissez pas comprendre beaucoup de choses, y compris que diriger un orchestre symphonique de haut niveau n’est pas si différent que mener une fanfare d’amateurs/trices plutôt fantaisistes, voire fantasques.

      Alors, me direz-vous, qu’est-ce qui fait qu’on vous sent « retenue »?

      Les stéréotypes concernant le pays minier. Pourtant, j’avais été la première à m’extasier devant « Bienvenue chez les ch’tis ». Mais Dany Boon connaît et aime son pays, et s’est joué des stéréotypes avec brio. Ici, ce n’est pas le cas. Parfois même je me suis sentie gênée. Pourquoi? Difficile à expliciter!

      Trop d’emphase autour de la solidarité des ouvriers/ères et des mineurs?

      Trop de gentillesse chez dans les portraits de femmes dégoulinant de courage, d’amour et de bons sentiments?

      Trop de caricature dans les décors, notamment la maison en briques des quartiers populaires? Sans compter l’incontournable canal…

      Et le côté invraisemblable, notamment de la fin, qui fait plus « conte de fées » que film réaliste. Ce qui m’amène à la troisième raison : un « mélange des genres » pour moi assez difficile à accepter. Mais ce ne sont que mes impressions, et je vous conseille de vous faire votre propre opinion, en allant voir ce film. Car il est un bon dérivatif à la grisaille et la froideur (dans tous les sens du terme) ambiantes…

      Une alternative : aller à Walincourt?

      La simple vue de cette carte suffit à comprendre que l’on n’est pas en pays minier: celui-ci est situé beaucoup plus au nord! et encore moins près de la mer!

      Mais pour ce qui est de la musique, vous ne serez pas déçu-e si vous y allez ce week-end…

      Naviguons-nous parmi les Fous?

      Mes fidèles lecteurs l’ont constaté : ce blog se fait rare, et, après un long silence depuis l’été, sa reprise a été interrompue par un nouveau mutisme… que je romps aujourd’hui, car l’un de vous s’est manifesté pour me parler de son intérêt envers les derniers articles. Cela me donne le courage de reprendre… Et donc de vous proposer ce qui sera le quatrième article sur cette exposition, qui se poursuivait sur les « fous » d’hier et d’aujourd’hui, en se terminant par un tableau dont j’ai eu bien du mal à reconnaître l’auteur… ce sera l’énigme du jour…

      Mais revenons au sujet du jour : le Fou du Roi…

      Les joueurs/euses d’échec, parmi vous, le savent bien : le fou est situé près du roi, comme la reine. C’est dire la place qu’il occupait dans une cour royale… Imaginez-vous à la place des nobles et monarques au Moyen-Age. C’est l’hiver, il fait froid, on ne chasse plus, on est enfermé dans des châteaux tous plus sinistres les uns que les autres malgré les cheminées et les tentures… On a beau festoyer et lutiner parfois, convoquer des musiciens, trouvères et troubadours pour se distraire, on s’ennuie quand même parfois. Alors, avoir un « boute-en-train » à demeure, pourquoi pas? L’idée fait son chemin, et ces « fous » qui étaient jusque là dehors, et pour lesquels existaient une fête et des élections (comme celle de Quasimodo), commencent à pénétrer et à s’installer dans les demeures royales. Leur rôle va évoluer au cours du temps, et ils deviendront parfois des « Sages » déguisés en « Bouffons »…

      L’exposition ne pouvait pas les ignorer, et elle leur fait une large place, dans deux salles qui leur sont consacrées. Une autre salle m’a intéressée. Elle est consacrée au Carnaval de Nüremberg. Et l’on y retrouve la Nef des Fous, dans une version… sur roue… Une thématique que l’on retrouve régulièrement dans le défilé, comme vous pourrez le constater à partir des images suivantes, accompagnées des années concernées…

      Excusez la mauvaise qualité des photos, mais je voulais vous montrer les variations d’un char sur un même thème! A quoi fait-il référence? A un théologien de cette époque, dont les écrits sont quelque peu tombés dans l’oubli, mais pas ceux qu’il a fait publier, comme le De Revolutionolibus orbium de Nicolas Copernic, en 1543.

      Andreas Osiander (1498-1552) a été un acteur important de la Réforme, notamment pour la ville de Nüremberg. Une anecdote en passant : comme il était devenu ami avec Thomas Crammer, c’est sa nièce qu’a épousé celui-ci, dont le nom ne vous dit peut-être rien? Mais si je vous dis « Archevêque de Canterbury », cela vous parle davantage?

      L’autre personnage représenté sur ces chars carnavalesques n’est autre que l’auteur de la Nef des Fous, Sébastien Brant. Si vous n’avez pas lu cet ouvrage, précipitez-vous! Il n’est absolument pas démodé, malgré ses 530 ans…

      Et la satire des travers des Humains est irrévérencieuse au possible! Vous pourrez en entendre un extrait, si vous vous rendez au Louvre, ainsi qu’un autre texte enregistré, l’Eloge de la Folie, d’Erasme.

      Ce qui me conduit tout naturellement à l’un de mes peintres préférés, Jérôme Bosch, qui ne pouvait pas ne pas être présent dans une telle exposition (oh la belle litote! rires…)

      Il est temps maintenant de quitter l’Univers des Fous… ou d’y revenir? Auparavant, un petit florilège de représentations de « Fous » qui m’ont frappée, amusée, intéressée, et que je souhaite partager avec vous.

      Et je ne voudrais pas terminer sans un clin d’oeil pour « boucler » avec la cornemuse…