Encore un mo.. pardon, un mot, que j’ai découvert récemment et que, depuis, je rencontre sans cesse au détour des chemins, pourtant variés, que j’emprunte.
Je suppose que vous êtes moins ignare(s) que moi?
Sinon, peut-être une définition? Ou une illustration?
Voici donc un tondo…

Celui-là, je l’ai photographié à Art Capital. Et me suis d’ailleurs demandé s’il s’agissait réellement d’un tondo. Pourquoi? Si je vous le dis, je vous donne un indice… Parce que sa forme n’est pas parfaite. Puce à l’oreille?
En voici un autre, plus « classique ».

Vous y êtes? Alors je puis vous dire que c’est une aphérèse du mot italien « rotondo ». Et nous voici de nouveau parti-e-s pour une chaîne de recherches lexicales… Rions donc un peu… « Aphérèse » ? « retranchement (action ou résultat) d’un ou plusieurs phonèmes au commencement d’un mot »… « Phonème » ? « Le plus petit segment phonique (dépourvu de sens, car s’il en avait un ce serait un sème, Note de la rédactrice morte de rire) permettant seul ou en combinaison avec d’autres phonèmes de constituer des signifiants ou de les distinguer entre eux« (D. D. L. 1976)… « Phonique » ? « relatif au son, à la voix » ex « Des écritures dont les signifiants graphiques représentent des signifiants oraux, articulés parallèlement en unités graphiques et phoniques qui se correspondent entre elles (Langage, 1968, p.523). » (CNTRL)… « Signifiant »? « Partie formelle, matérielle et sensible du signe. » Ex: « Le lien qui unit signifiant et signifié est nécessaire: dans la conscience du sujet parlant français, le signifiant bœuf (c’est-à-dire l’image acoustique du groupe de sons böf) évoque nécessairement le concept de bœuf et le concept déclenche nécessairement l’image acoustique böf. « Le signifiant est la traduction phonique du concept; le signifié est la contrepartie mentale du signifiant » (E. Benveniste ds Perrot, Ling., 1953, p. 112). » (CNTRL). Ne vous énervez pas, je ne vais pas continuer ainsi, car, comme vous l’avez très justement remarqué, ce n’est nullement le sujet de cet article.
Faisons donc simple : à « rotondo », on a retiré « ro », tout en gardant le sens du mot, « mot italien signifiant « forme ronde » et désignant un tableau de forme circulaire très en vogue au xve siècle en Italie. » (Encyclopedia Universalis).
A l’époque de la Renaissance, « Le tondo est généralement constitué par un panneau de bois entouré d’un cadre d’assez large dimension qui évoque les guirlandes « à l’antique » entourant la même forme circulaire en sculpture : peinture de la Vierge du Magnificat de Botticelli (1485 env., Offices, Florence) et sculpture de la Vierge à l’Enfant d’Antonio Rossellino pour la tombe du cardinal de Portugal à San Miniato al Monte, à Florence (1460-1466 env.). » (Encyclopedia Universalis)

Un tondo peut être un tableau, mais aussi une sculpture, comme c’est le cas pour ce tondo de Michel-Ange.

Pourquoi cette forme ronde? A l’époque, elle est essentiellement choisie pour sa symbolique : la perfection. Sans début ni fin, le cercle évoque l’infini, l’éternité, la complétude. Il existe dans la nature, où sphères et globes nous abritent et nous éclairent. Contrairement au carré, invention de l’Homme. On l’associe donc au divin et à l’Harmonie. Il est aussi souvent relié au féminin.
C’est pourquoi le tondo a été si fréquemment exploité pour des sujets religieux, en particulier lorsque le personnage principal est une femme… ou la Vierge, comme c’est le cas ci-dessus.
Mais des artistes plus récents l’ont exploité avec d’autres visées. En particulier, rompre avec les formats plus classiques, rectangulaires, carrés, voire ovales.

Vous reconnaissez, je suppose? Eh oui, Les Nymphéas de Claude Monnet, version tondo, en 1908, exposé au Musée de Vernon.
Un peintre s’est beaucoup intéressé au tondo : Alechinsky.


« C’est le rond et rien que le rond que Pierre Alechinsky a choisi pour nouvel Eden, berceau moderne de ses dernières peintures à l’acrylique et à l’encre. Mais à l’inverse des célébrissimes tondi de Fra Angelico (L’Adoration des Mages), ou de Botticelli (La Madone du Magnificat), confinées dans leurs cercles, tels des reflets d’images pieuses dans des boules de Noël, les tableaux d’Alechinsky respirent, gagnent en liberté, profitent à la ligne qui ne connaît plus de limite, exultent. Le rêve s’organise en spirales imparfaites à partir d’un centre qui n’est pas forcément au milieu. Le visiteur entre dans un jeu subtil de perspectives où le regard prend de la vitesse, tandis qu’à la périphérie s’organise un langage de signes, univers abstrait ou figuratif en mouvement permanent. » (source)
Alechinsky a même fait un jeu de mots, en nommant cette toile « Dernier tondo à Paris »…
Une artiste allemande, Katarina Grosse, a joué sur le contraste cercle / lignes, comme en une recherche de l’impossible quadrature… Sa toile a été achetée par le Centre Pompidou.

Pour finir, je reviens à Art Capital, avec ces deux oeuvres exposées en « installation ». En était-ce une? Je l’ignore…
