Sous le charme de Sospel. Episode 3 : la (co-)cathédrale

Grosse hésitation en écrivant le titre de cet article : fallait-il choisir « cathédrale » ou « co-cathédrale »? Car, dans beaucoup de textes actuels, c’est le dernier terme qui est utilisé. Alors que faire? Une petite enquête s’imposait… D’abord, qu’est-ce qu’une « co-cathédrale ». Voici une réponse non exempte d’humour.

« Pour rappel, une cathédrale est une église reconnue par le Saint-Siège comme l’église principale d’un diocèse. C’est là que se trouve le siège de l’évêque, que l’on appelle la “cathèdre”, d’où le nom “cathédrale”. Mais, dans certains lieux, on trouve une église qui comporte une cathèdre, sans être le siège d’un diocèse. C’est alors une “co-cathédrale”, qui n’est donc pas une nouvelle marque de soda, mais une “cathédrale avec”. Cela peut arriver quand une nouvelle cathédrale est construite, faisant perdre à l’ancienne son statut de siège du diocèse, mais pas sa cathèdre : elle devient donc une co-cathédrale. En France métropolitaine, on en compte huit (neuf, avec Notre-Dame-de-l’Assomption à Saint-Pierre en Martinique). » (source)

Autrement dit, c’est une cathédrale dont une autre a piqué la place et le rôle… En l’occurrence, Nice, bien sûr. J’ai trouvé la liste de ces « mises sur la touche » en France: Aire, Bourg-en-Bresse, Castres, Corbeil-Essonnes, Eauze, Elne, Embrun, Fourcalquier, Fréjus, Lisieux, Narbonne, Saint-Pierre de la Martinique, Saintes, Saint-Lizier, Sarlat… et Sospel. Je ne vais pas vous narrer toute l’histoire, mais me contenter d’un bref résumé. Sospel est déjà un évêché au Vème siècle. Elle perd ensuite ce titre au Moyen Age. Mais, lors du Grand Schisme, elle se rallie en 1370 à Avignon, contre l’antipape de Rome. Son église redevient donc cathédrale en 1378, avant de reperdre à nouveau cette fonction en 1411. Mais revenons dans le présent, pour découvrir ce qu’il reste de l’édifice construit sur le lieu d’une ancienne église (et sans doute de sites plus anciens, comme souvent). Je vous invite à franchir la porte de l’actuel édifice, reconstruit de 1641 à 1672, grâce à un voeu des habitant-e-s de la ville, après la peste de 1632.

Impressionnant, n’est-ce pas ? Eh oui, par ses dimensions, ce serait l’église la plus grande des Alpes Maritimes… Elle a été classée Monument Historique en 1951. Si vous voulez voir la notice complète, n’hésitez pas, car je ne vais pas « faire le guide », mais comme toujours, ne m’attarder que ce que j’ai « remarqué »… D’abord, un impressionnant ensemble de reliques.

Ensuite, le nombre non moins impressionnant de représentations de la Vierge… Juste deux exemples.

Beaucoup de tableaux, tous plus difficiles à photographier les uns que les autres. Je ne vous en présente donc qu’un, que j’ai trouvé particulièrement original.

Si vous voulez en voir davantage, RDV sur le net et sur la Base Palissy, où vous verrez aussi nombre d’objets dont certains ont échappé à mon oeil avisé! Tandis que certains mobiliers ont retenu mon attention : successivement, les fonts baptismaux, un lutrin et les anciens bancs.

« Vase de forme octogonale, porté sur un pied. ornementation moulurée sur la base, le pied et la cuve ; avec une rangée de pointes de diamants à quelques centimètres du bord supérieur. »

« Le lutrin, à coffre de section hexagonale, possède des faces ornées de panneaux semblables. » J’ajoute qu’il est en mélèze, et date de la fin du 18ème siècle.

Vous attendiez sans doute l’orgue? Ne vous impatientez pas, le voici, hélas en contre-jour.

« La console, en fenêtre, comporte un seul clavier manuel (14 jeux) et un pédalier à l’italienne (2 jeux). »

On le doit à un père et ses deux fils : Josué, Nicomedes et Joannes Pistorienses Agati, facteurs d’orgue – à l’origine également des orgues de Saint Etienne de Tinée – et il est daté de 1829.

Enfin, un élément indispensable pour une cathédrale, qu’elle soit co- ou non : la cathèdre! On ne peut pas pénétrer dans le choeur, donc pas s’en approcher. D’où l’angle étrange de ma photo.

Derrière, vous voyez les stalles des Pénitents Blancs. Leur confrérie est attestée depuis longtemps, à Sospel : 1398. Son nom exact : Pénitents Blancs de la Sainte Croix et du Gonfalon de Jésus. A l’heure actuelle, iels seraient 17 hommes et 12 femmes. Si vous voulez en savoir plus, voici la fiche présentant la confrérie. Vous avez pu voir, sur la place présentée dans le précédent article, la Chapelle des Pénitents Blancs, ou Chapelle Sainte-Croix.

Il est temps maintenant de sortir de l’édifice, pour en faire le tour…

Etonnant, non, l’écart entre le faste de l’intérieur et la sobriété de l’extérieur, si l’on excepte le fronton?

Notre Dame rénovée…

J’ai toujours détesté le « faux ancien ». Vous savez, ces salles de séjour faussement Henri II ou ces manoirs modernes voulant se faire passer pour historiques? De même que je ne comprends pas la lutte contre les rides de certaines personnes, à coup de Botox et d’opérations chirurgicales.

Alors, vous pouvez comprendre mon appréhension à l’idée d’aller revoir Notre-Dame après sa restauration. J’aurais dû m’abstenir. Pour garder le souvenir de celle qui était pour moi si symbolique du Moyen-Age, cette si belle « vieille dame »…

Car j’ai eu un véritable choc en entrant. A découvrir ces voûtes toutes blanches, qui font vraiment « faux ancien »! Jugez-en plutôt…

Heureusement, des éléments « modernes » rappelleront à l’avenir le souvenir de notre époque…

Les vitraux eux-mêmes m’ont posé question. Du style « Qu’est-ce qui est authentique? Qu’est-ce qui ne l’est pas? Et « authentique » de quelle époque? ». A vous de jouer…

Pour les tableaux, c’est un peu plus facile… Des « anciens » sont toujours là…

… et des « nouveaux » les ont rejoints, dont certains plutôt exotiques, voire rafraîchissants…

Je ne sais dans quelle catégorie classer la série d’icônes au fond de la nef, ni cette étonnante « oeuvre ».

Heureusement, il reste des éléments qui témoignent de l’Histoire… je vous en parlerai dans un second article, si vous le voulez bien…

De retour de Nice…

Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas être aussi diserte que pour l’aller, un seul article suffira pour vous parler de deux haltes.

La première nous a accueilli-e-s dans un superbe camping, à Goudargues, surnommée « La petite Venise gardoise ». Et elle mérite bien son nom!

Le camping Le Saint Michelet est situé au bord de la Cèze, avec une jolie plage… un peu décalée de la rive, c’est original!

Il offre aussi la possibilité de se baigner dans une jolie piscine, au bord de laquelle se situe le café – restaurant à l’ambiance sympathique, où nous avons pu assister à la fin d’un match de football qui restera dans les mémoires.

Le Clos des Sources… Retenez ce nom, car le personnel y est charmant, l’endroit très reposant, et bien aménagé… Il y a même une maisonnette qui abrite une vaste salle de douche et toilettes pour les personnes en situation de handicap physique! Et la gérante a eu la gentillesse de faire un énorme geste commercial quand elle a appris la situation dans laquelle nous étions, avec un véhicule qui nécessitait le second pour pouvoir démarrer à coup de pinces crocodile! Et qui, après que nous eûmes pris un délicieux petit-déjeuner au bord de la piscine, nous a prêté le lendemain matin l’outil dont nous avions besoin…

Au couchant, nous décidâmes d’aller « en ville », car l’aperçu du bourg à l’arrivée nous avait séduit-e-s. Et à juste titre, comme vous avez pu le constater sur la première photo de cet article.

Plusieurs restaurants bordent la rivière, et nous avons choisi La Bocca, car la serveuse fort aimable proposait une adorable table tout au bord de l’eau. Un merveilleux endroit! Et la nourriture ne l’était pas moins, avec une souris d’agneau dont je ne suis pas venue à bout…

Mais la salade Bocca n’était pas mal non plus… Jugez-en plutôt!

Quant aux frites, elles sont dignes d’un estaminet, en accompagnement de brochettes!

Personnel adorable, avec qui j’ai noué connaissance, et couple de patron-ne-s tout aussi gentils, au point de rechercher l’outil dont nous avions besoin et le prêter aux inconnu-e-s que nous étions. Petite promenade au retour, avant de regagner le camping.

Bref, vous l’avez compris, une halte qui a mis du baume au coeur aux malheureux automobilistes confrontés à la panne et aux difficultés de circulation en ce week-end prolongé.

Après une journée assez éprouvante, en raison de la circulation, mais aussi d’un orage de grêle tel qu’une petite partie de route était bordée de congères… Pas question donc d’arriver le soir en Picardie. Repos à Orléans, afin de profiter à nouveau des bords de Loire. Hélas, toutes les guinguettes sont fermées en ce dimanche soir… Mais une belle balade au couchant, quand même, et le plaisir d’aller à nouveau dîner africain au Boloye, chez Khady. Toujours un bel accueil, et l’ami qui ne connaissait pas les plats africains a pu goûter au poulet Yassa, aux alokos, à l’attiéké et même au foutou banane, si rare en France!

Vous acceptez de regarder de mauvaises photos? Alors je vous emmène faire une petite promenade nocturne dans Orléans. D’abord, la cathédrale…

On ne peut oublier ici l’influence de Jeanne d’Arc ni de la lignée royale…

Et j’apprécie toujours autant les maisons à colombages, que l’on retrouve dans tant de région de France.

Pour comprendre le retour, une petite carte?

La Bretagne, du nord ouest au sud est… Saint Pol de Léon

Revenons un peu en arrière, si vous me le permettez. Souvenez-vous, je vous ai laissé-e-s à la cathédrale de Saint Pol de Léon…

Un dernier regard à l’édifice, et direction « La Maison de l’Artichaut ». Je ne sais si cela fait partie de votre bagage de connaissances, mais le Léon est une grande région productrice d’artichauts. Et il existe même une Confrérie de l’Artichaut, à laquelle j’ai emprunté cette photo et le texte qui suit, qui organise en juillet une Fête de l’Artichaut.

« C’était en 1989 ! Dans l’indifférence générale, une poignée d’amis, producteurs, journalistes… décidaient de s’associer pour fonder la Confrérie de l’Artichaut. Les réunions des « frères » devinrent vite un creuset d’idées. Un peu plus tard, une délégation se rend aux Etats-Unis dans le but de comprendre comment la petite ville de Castroville en Californie a réussi à s’autoproclamer « capitale mondiale de l’artichaut ». Sur la côte Pacifique, trois producteurs cultivent à eux-seuls la même surface que 3.000 Bretons…. »

Eh bien, j’ai été déçue! Rien. Absolument rien. Ni accueil, ni exposition, ni dégustation. Ce n’était pas LE bon jour ni LA bonne heure de la semaine! Enfin, rien… si, il y a un artisan qui fait honneur au légume de son bra. Devinez son métier?

Eh oui! c’est un sabotier qui m’a fait découvrir les fleurs dont j’ignorais l’apparence…

Par contre, les commerçants profitent du joyau de leur région : on peut le déguster sous toutes ses formes, y compris en glace! et un restaurant gastronomique le décline en farci.

Déçue, je reprends la visite de la ville, pour découvrir une architecture hétéroclite mais quelques beaux joyaux.

Déjeuner à la petite crêperie, que vous apercevez sur cette photo. Deux heures pour deux krampouz!!! Une jeune femme se démenait, tandis qu’une seconde « glandait »… et plus d’une dizaine de client-e-s ont été refusé-e-s pendant que je patientais entre deux bières, entre deux crêpes… Bon, d’accord, cela valait le coup car elles étaient excellentes, et originales. Notamment la crêpe à… l’artichaut, bien sûr!

Une erreur s’est glissée dans mon texte : je n’ai pas bu de bière! Non, c’était de la cervoise!

Au fait, savez-vous quelle est la différence entre les deux?

« Ancêtre de la bière de l’époque gauloise, la cervoise est concoctée avec de l’eau, des céréales et des herbes aromatiques. Le mélange d’herbes aromatiques est appelé « gruit ». En fait, ce qui va caractériser la cervoise par rapport à une bière, c’est qu’elle ne contient pas de houblon. »

Mais l’étiquette m’a quelque peu interpellée…

Quant au plat, jugez plutôt : aussi beau que bon…

Promenade digestive à travers la cité… direction, les lavoirs.

Il y avait plusieurs lavoirs dans la cité.

« Pendant longtemps, la rue des Lavoirs a été un axe principal de la commune. L’accès à la ville, y compris pour les diligences du XIX ème siècle, empruntait un itinéraire sinueux depuis le Kreisker pour aboutir dans cette rue. L’hôtel attenant était autrefois un relais de poste. Avant de servir à laver le linge domestique, les lavoirs étaient utilisés pour blanchir le fil de la toile de lin mais aussi pour nettoyer les abats des boucheries de la rue aux Os (aujourd’hui aux Eaux !). » (source)

Le premier, que vous apercevez à gauche de cette photo, est davantage une fontaine, en breton « lenn« .

« A l’origine, la fontaine Lenn ar Gloar ( de la Gloire) portait le nom du premier évêque, Saint Pol qui l’aurait bénite en arrivant dans la ville au VI ème siècle.

Jamais on ne l’a vu tarir, même par les temps de grande sécheresse. La fontaine de dévotion qui alimente le lavoir voisin abrite une niche supportant une statue de la Vierge à l’Enfant en kersantite du XVI ème siècle. Pendant très longtemps, un pardon s’y tint chaque année le 15 août. Elle est réputée fontaine guérisseuse : souvent en versant cette eau sur soi, beaucoup d’infirmes et de malades auraient retrouvé la santé. »

Effectivement, il y avait de l’eau, à cette époque de sécheresse.

Un peu plus bas, un grand lavoir attend celles que l’on ne nommait pas ici « bugadières », mais « kannerez » ou « gwalc’herez ».

Il est désormais bien déserté, et les lentilles d’eau posent question quant à sa fonction première, mais naguère il fut très fréquenté, comme en attestent photos et tableaux. Comme celui-ci, exposé à l’autre bout de la France : au Musée de Lunéville auquel il a été donné en 1909.

On y reconnaît les maisons photographiées ci-dessous (source).

L’heure tourne, il est temps de revenir à Gwen Glass (mon vieux Master), pour aller explorer les alentours… Non sans m’intéresser à d’autres aspects de la ville…

Fantaisies ligneuses

Alors qu’il s’est passé une semaine depuis, je poursuis la visite de la cathédrale de Saint Pol de Léon, pour vous faire découvrir de petites merveilles…

Dans le choeur, des stalles. Beaucoup de stalles. 16 d’un côté, 17 de l’autre, sur deux rangées. Si vous comptez bien, cela fait 66. Les stalles hautes jouissent d’un dossier à baldaquin. L’ensemble date du 16ème siècle. Mais ce n’est ni pour l’histoire ni pour les mathématiques que je vous en parle, mais pour leur extraordinaire richesse iconographique.

Comme on le voit sur la photo précédente, mais aussi sur la suivante et d’autres, de nombreux graffitis ne peuvent être datés, et leur sens n’est pas vraiment évident.

Leurs concepteurs s’en sont donné à coeur joie. Certes, on s’attend à des motifs religieux. Et il y en a. Peu. Essentiellement des personnages.

Mais on s’attend moins à un bestiaire varié.

Et l’Ardennaise en moi a été ravie de voir l’animal emblématique de la région d’origine!

Bien sûr, le Dragon est présent.

J’ai particulièrement apprécié l’aspect réaliste, voire caricatural, de certains personnages. En voici quelques-uns…


On découvre enfin des scènes difficiles à interpréter.

Un Dragon, un poisson et un taureau…

J’expliquais dans mon précédent article que je le poursuivrais par deux autres. Voici donc le deuxième, que je consacrerai au fondateur légendaire de la ville, Saint Pol.

Kantik sant Paol

Sant Paol, patron benniget
Hor bro gaer a Leon
Ni’fell d’eomp oll ho karet
Kennerzit hor c’halon
Enn hon touez ho relegou
‘Zo hor brasa tenzor
Evel gwechal hon tadou
Ni rento d’eo henor

 
Saint Paul, patron vénéré
de notre beau pays de Léon
Nous voulons tous vous aimer
Raffermissez nos coeurs
Parmi nous, vos reliques
sont notre plus grand trésor
Comme autrefois nos pères
Nous leur faisons honneur.
 
Kristenien vad Bro Leon
En enor d’an Dreinded
Ha da sant Paol, hor Paeron
Hon tad meurbed karet
Holl kanomp mil meuleudi
Karantez ha bennoz
Ra vo d’eomp-ni eun dudi
E veuli deiz ha noz.
C’houi, hor patron benniget
Diouallit ac’hahomp
Er iec’hed hag er c’hlenved,
Ouz-oc’h en em bedomp
Keit a ma vezo reier
Var bord aochou Leon,
Grit ma vo nerzuz, tener,
Ar feiz enn hor c’halon.

Je n’ai pas trouuvé la traduction des des deux dernières strophes. Si quelqu’un peut m’aider?

Je ne sais pourquoi on le désigne par un nom plus complet : Pol Aurélien. Peut-être pour le distinguer du Paul romain?

Vous aviez remarqué le dragon sous les pieds de la statue? C’est à cet animal si symbolique que je vais consacrer la suite… Mais continuons au préalable avec la vie du Saint, en particulier la cloche censée lui avoir été apportée par un poisson (d’avril?). Une autre version raconte qu’elle aurait été découverte dans le ventre d’un poisson présenté comme mets lors d’un repas.

Trois verrières sont consacrées à des épisodes de cette vie de légende. La première, à son entrée dans la « ville morte ».

La seconde le montre intimidant un superbe taureau (pour quelqu’une qui est du signe du Taureau pour les Occidentaux et du Dragon pour les Chinois, un homme à fuir!)

La troisième est bien sûr consacrée au terrassement du dragon, sur l’Ile de Batz toute proche.

La biographie de Pol Aurélien a été écrite par un moine au 9ème siècle. Cela donne des repères, même si l’on sait que l’on ne peut accorder tout crédit à ce type de Vita.

« D’après l’hagiographie, la Vie de Paul Aurélien, écrite en 884 par le moine Uurmonoc de l’abbaye de Landévenec1, Paul Aurélien serait un moine venu du Pays de Galles pour évangéliser le territoire des Osismes vers 525. Il aurait été le premier évêque de la ville, peut-être une abbaye-évêché sur le modèle irlandais. » (article fort bien documenté de Wikipédia)

Sa tombe est située devant le maître-autel.

Le dragon est représenté sur le mobilier funéraire de la cathédrale. Par exemple, sur le tombeau de Roland de Neufville (évêque de 1562 à 1613… ça fait 51 ans!!! pas mal, non?)

(source de la photo)

Un autre exemple : le tombeau de René de Rieux, évêque qui lui a succédé, monument provenant de l’abbaye du Relec.

Je n’ai pas réussi les photos des autres tombeaux, et vous devrez me croire sur parole. Seule la position de la lance varie…

Laissons là le Monstre et son Vainqueur, et dirigeons-nous vers les stalles pour admirer le travail et l’humour des menuisiers et (ou?) ébénistes… Mais ce sera l’objet d’un autre texte… A bientôt!

… Léonarde d’un jour

Après une agréable nuit sur la Baie de Morlaix, direction la ville. Pas question de quitter le coin sans être allée rendre visite à cette Gloire Bretonne de jadis, dont j’ai tant entendu parler. J’avais emprunté, la veille, à l’accueil du camping, un ouvrage pour me cultiver. Mais je dois bien avouer que je ne l’ai pas lu en entier!

Partons donc à la découverteUn joyeux bric-à-brac jouxte le théâtre catholique…

Le monument aux morts a un petit côté nationaliste (mais breton).

Le bar du coin fait référence à Robin des Bois….

… mais les bières quittent la Bretagne des Romans de la Table Ronde pour revenir au Pays Bigouden, pourtant loin de Saint Paul… et de Carhaix d’ailleurs.

Bien sûr, première destination, la cathédrale. N’oublions pas que cette ville fut le siège d’un des sept évêchés de Bretagne! La paroisse actuelle correspond à un doyenné de jadis, avec ses 19 « clochers », comme on dit.

« Le haut Léon est la partie occidentale de l’ancien évêché du Léon, dont la capitale était Saint Pol de Léon, ( en breton Kastell Paol ). Il s’étend entre la côte des légendes et le pays de Morlaix.
Posées sur le littoral du Finistère, les communautés de la paroisse Saint Paul Aurélien du haut Léon sont implantées sur une terre fortement rurale mais qui possède également une facade maritime importante.
La paroisse s’étend de la communauté de Tréflez à l’ouest, à celle de Locquénolé à l’est
. »

Comme il y a beaucoup à dire sur la ville, je me propose de scinder mon propos en trois parties : les « étonnements », les « dragons », et « autres découvertes ». Commençons donc par ce qui m’a étonnée, en visitant la cathédrale.

« La cathédrale St Paul-Aurélien est en fait l’ancienne cathédrale du diocèse du Léon, lequel fut supprimé lors de la révolution française en 1790, seul restant le diocèse de Quimper. Cet imposant édifice de style gothique et d’influence normande a été construit entre le 13ème et le 16ème siècle. Ses fondations reposent sur les ruines d’une précédente église romane du 12ème siècle. La nef du 13ème siècle a été bâtie en pierre de Caen, ce qui est inhabituel pour la région. Le reste de l’édifice est en granit. L’abside, le chœur et les chapelles latérales datent des 15ème et 16ème siècles. » (source)

Entrons donc dans l’édifice.

En premier lieu, ce damier qui rend l’orgue si original.

Evidemment, le damier noir et blanc m’a poussée à faire des recherches sur le facteur d’orgue. Venu d’outre-Manche, le Stuartiste Dallam s’est réfugié dans la ville de Morlais, toute proche, et, durant son séjour, a conçu plusieurs orgues, dont celui-ci. Mon hypothèse s’est révélée confirmée par un article du Télégramme, faisant référence à des recherches que je n’ai hélas pas trouvées en ligne.

« Des travaux récents d’un jeune docteur en musicologie et histoire de l’art ont révélé à ce sujet un document de taille : le grand orgue de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon, cet extraordinaire instrument, serait, sans doute, l’un des témoins les plus éloquents et le moins discutable des idées maçonniques circulant dans l’entourage de la reine Henriette d’Angleterre, la mystérieuse veuve du symbolisme maçonnique, suivant certains auteurs. »

« Pour rappel, les historiens font remonter la fondation des premières loges sur le territoire français à l’installation au château de Saint-Germain de la cour des rois anglais catholiques Stuarts en exil, en 1649. Autour d’Henriette de France, fille d’Henri IV et veuve de Charles Ier d’Angleterre, décapité à l’instigation de Cromwell, et de ses deux fils qui régneront successivement sous le nom de Charles II et Jacques II, les fidèles catholiques écossais et irlandais dissimulaient derrière le secret maçonnique leurs agissements politiques en vue du rétablissement de la monarchie catholique en Grande-Bretagne. Après le retour de Charles II, à Londres, et le rétablissement de la monarchie anglaise sur le trône, en 1660, Robert Dallam rentra en Angleterre, et c’en fut provisoirement fini, en France, des relations de la musique et de la franc-maçonnerie. »

Les Dallam sont facteurs d’orgue de père en fils. Le père de Robert, Thomas Dallam, est à l’origine des orgues de Westminster et d’une partie de Canterbury. Outre la Bretagne, Robert a oeuvré à York, Oxford et Londres. Et son fils, Charles, est resté en Bretagne, où on lui doit de nombreux instruments.

Mes « étonnements » furent de divers ordres. Commençons par ce que je n’avais jamais vu ailleurs.

Au-dessus de l’autel, comme une grosse clochette florale. Qu’est-ce?

Visiblement, je ne suis pas la seule à l’ignorer, car un panonceau bien placé apporte les explications souhaitées.

Une liste des défunts et défuntes de l’année, mise en évidence par une sorte de petit retable.

Puisque nous parlons de mort, voici une autre source d’étonnement, pour ne pas dire d’effroi…

35 boîtes, sous forme de chapelles surmontées d’une croix, dans lesquelles sont placés des crânes, identifiés et datés. L’ensemble porte le beau nom d’ « Etagères de la Nuit ».

Mais laissons le côté sombre, pour parler de lumière… La cathédrale est astucieusement éclairée de lumière jaune qui mettent en relief architecture et décors.

Et je terminerai par la magnifique rosace…

Bords de Seine et environs

Aujourd’hui je me propose de cheminer de l’Avenue Rapp – eh oui, le Général n’a pas donné son nom qu’à un square! – au Pont Alexandre III, par la rive gauche. Balade agréable en cette fin d’après-midi d’un dimanche d’avril… Vous l’avez compris, promenade engagée après le spectacle Le Tour du Monde en 80 Jours évoqué dans un autre article.

L’avenue Rapp

Qui se souvient que cette avenue a abrité au XIXème siècle l’un des trois hippodromes de Paris – petit quizz en passant : où étaient les deux autres? – , celui du Champ de Mars? J’aurais voulu vous en montrer une représentation, mais la seule que j’aie trouvée n’est pas libre de droit. A vous de la regarder sur le net! Je vous propose une annonce numérisée par la BNF en lieu et place…

Annonce d’un spectacle à l’Hippodrome
du Champ de Mars

Je ne remonterai pas au-delà du square éponyme, et me contente de « descendre » vers la Seine…

Un superbe immeuble « Art nouveau »

Loin d’être une experte en architecture, j’ignorais tout de cet immeuble, y compris son existence, avant qu’un ami ne me le fasse découvrir… Il vaut le détour ! Construit par Lavirotte – oui, le même que vous avez déjà vu au 3 du square Rapp – au tout début du XXème, il arbore fièrement une façade qui évoque l’activité du propriétaire de l’époque : céramiste – et pas n’importe lequel! Alexandre Bigot en personne…

Mais quelques détails vous attireront peut-être par leur aspect inattendu. Je ne vous en dis pas plus, mieux vaut les découvrir soi-même, selon ses affinités…


Pour en savoir plus sur la collaboration entre architectes, ingénieurs et artistes, comme celle qui a donné vie aux ornements de la façade, une lecture que j’ai trouvée intéressante (l’immeuble est évoqué page 323). Et un blog proposant un circuit des « immeubles Lavirotte ».

Moscou à Paris…

L’avenue débouche sur les quais entre le quai d’Orsay et le quai Branly. Or c’est ici, au numéro 1 de ce dernier, qu’a été édifié un monument pouvant paraître incongru – en tout cas, inattendu – au coeur même de Paris : la cathédrale de la Sainte Trinité.

Il y avait à ce moment une exposition de peinture qui m’attirait… Hélas, horaire trop tardif, impossible d’entrer. Je me contentai donc de découvrir l’intérieur de l’édifice, aux ors clinquants heurtant mon goût pour la sobriété. J’aime les icônes, mais l’abondance de celles-ci leur nuit à mon sens. De même que l’abondance de décors, de tableaux, et la disproportion avec leur environnement.

C’est pourquoi je ne poursuivrai pas sur cette cathédrale, mais m’attarderai sur un détail. Une Vierge au regard dur, voire au geste menaçant. La photographie n’est pas bonne, mais je la joins, car j’aimerais que vous m’aidiez à l’identifier, je n’y suis pas parvenue…

Tableau non identifié

Il se trouve que, peu de temps avant, un ami m’avait fait observer un tel regard et un tel geste sur un tableau semi-caché de la chapelle Notre Dame de la Persévérance à Barbizon… encore un écho…

Des espaces flottants que j’hésite à qualifier de « verts »

A l’origine des jardins de l’Archipel des berges de Seine Niki de Saint Phalle , une idée intéressante : proposer une réserve naturelle en plein coeur de Paris et des espaces de détente pour les promeneurs.

Hélas la nature a du mal à survivre dans ce lieu, qui vaut néanmoins d’être vu au moins une fois, ne serait-ce que pour la prouesse technique et les hamacs à disposition du public…

Un bar au soleil couchant

Un peu plus à l’est, deux bars se font face, pris d’assaut lorsque le soleil suit son penchant naturel pour le couchant… L’un, sur une péniche, est pris d’assaut et il est difficile d’y trouver place. L’autre est plus vaste, beaucoup plus vaste, et en pleine expansion car un espace sous le pont Alexandre III est en cours d’aménagement.

Bruyant, service faible, temps d’attente incommensurable parfois, il présente tous les défauts possibles. Mais un avantage : admirer la Seine au couchant, avec vue sur le pont (si on aime) et les Palais, Petit et Grand.