Deux de mes jeunes amies étudient dans une Ecole des Beaux-Arts de Monaco, comme certain-e-s d’entre mes fidèles lecteurs/trices le savent déjà. En ce 25 avril 2025 (jolie date, n’est-ce pas? Et qui plus est jour où l’on fête l’Italie, la Révolution des Oeillets au Portugal… et accessoirement mon anniversaire…), elles devaient présenter, en équipe, une scénographie pour leur examen de fin d’année.
En voici l’annonce sur le site officiel de Monaco :
« Dans le cadre de la Monte-Carlo Fashion Week et en partenariat avec l’école Polimoda, Fashion School de Florence, les étudiant·es de l’École Supérieure d’Arts Plastiques – Pavillon Bosio ont imaginé un événement inédit, mêlant défilé et performance, qui se tiendra à l’Espace Léo Ferré, vendredi 25 avril à 18h. »
Petite parenthèse : je n’ai découvert le titre qu’en écrivant cet article, donc bien a posteriori! Pour celles et ceux qui partagent ma nullité en anglais, il signifie en gros « Super, tu es réveillé »…
Et elles avaient choisi, avec leurs co-équipiers/ères, de présenter un défilé de mode, avec la complicité d’une école de mode italienne. Me voici donc invitée à l’Espace Léo Ferré monégasque, en ce magnifique vendredi de printemps estival.


Oublié le ciel bleu et la mer azurée, pour se retrouver dans le noir… ou presque. Sombre l’atmosphère et sombre la musique introductive. Le choix est clair, si j’ose dire… D’entrée de jeu, on devine des corps ensevelis sur le sol… Et, du début à la fin, pas un sourire ne marquera les visages des jeunes mannequins qui vont marcher, jouer, presque danser sur l’absence de scène. Car étrangement cette salle de spectacle ne comporte pas de scène, tout se passe « au ras du sol ». Pas tout, non, car un accessoire joue, tout au long du spectacle, un rôle essentiel : une immense toile de gaze qui va passer du blanc au bleu, au rose, au rouge vif, et évoquer les tentes des nomades et des tunnels mouvants.




Les décors bougent et évoluent au rythme de musiques lancinantes, sombres, et les accessoires « vivent » : le projecteur de diapositives devient appareil photo, les plaques de plâtres sont pulvérisées, et les arches de papier s’alignent en profondeur puis en largeur, tenus par six fantômes noirs…

Et les créations de mode, dans tout cela, me direz-vous? Car c’est un peu le risque : la mise en scène peut valoriser ou mettre au second plan la couture… Ce fut un peu le cas au début, mais progressivement les inventions des jeunes créateurs/trices reprirent place. Beaucoup de déstructuration, de confusion de genre, de dérision, mais aussi d’inventions intéressantes. Difficile à photographier car presque jamais stable, et sans lumière, avec mon Iphone… Mais voici quelques exemples, pour les plus curieux d’entre vous.




Je ne suis malheureusement pas parvenue à bien prendre ma création préférée, avec celle qui précède : une ample robe longue noire, très pure et très stylée… Pas plus que je n’ai saisi le corps magnifiquement chaste d’une jeune fille qui a traversé à deux reprises la scène, nue, pour se fondre dans la foule des spectateurs/trices…Pas plus que je n’ai pu traduire en images la satire de jeu sado-maso dont voici seulement un extrait.

Vous l’avez compris, le genre est en jeu, le genre est jeu, tout au long du défilé. Avec beaucoup de finesse et d’humour. Est-ce l’influence de la période de création? Pour ma part – mais d’autres spectateurs discutent mes interprétations, je me suis retrouvée dans le désert, j’ai reconnu Marie-Madeleine et Jean près du tombeau du Christ (et si l’on reprend le titre… la Résurrection n’est pas loin), j’ai cru voir une critique des inégalités, des allusions à la violence urbaine tranchant avec des tableaux tout droit sortis de la Grèce Antique… Bref, un superbe spectacle qui laisse présager un bel avenir aux jeunes créateurs/trices, tant de mode que de scénographie…



Après les mannequins et l’équipe de l’Ecole de Mode florentine, nous découvrons l’équipe de scénographes, dont les deux amies dont je parlais en introduction : Estelle (en blanc ci-dessous) et Elsa (en noir), à qui je dois cette belle découverte…



























