Huîtres perlières

La pluie s’estompe, mais il fait frais. Qu’à cela ne tienne, direction la plage. Laquelle? Celle du Tréport… Car celle de Mers-les-Bains est en grands travaux : d’énormes engins charrient les galets en tout sens, d’autres les râtissent, d’autres y ajoutent du sable… De quoi faire fuire l’amateur de calme.

Plage dévastée… Le Café Plage est, lui, serein, tout là-bas derrière la jetée du phare

Au Tréport, ce n’est pas mieux ce week-end : une fête foraine est installée sur les quais. Résultats: des restaurants en bord de port, la vue est « superbe »! Le dos des vastes remorques qui abritent jeux, tirs et autres amusements futiles et dispendieux.

Mais il en est un qui échappe à tout ce fracas : le Café Plage, dont je vous ai parlé jadis. Car je suis depuis le début l’aventure du jeune couple qui a « monté » de toutes pièces ce lieu enchanteur. Au départ, des palettes et des bobines en bois. Puis, progressivement, tables et chaises; couverture provisoire de la terrasse; et, désormais, une terrasse abritée du vent. Car nous sommes sous l’esplanade, au ras des galets. Vue directe, donc, sur la mer, la falaise, le phare. Un endroit idyllique. Ce qui fait enrager, c’est que la loi maritime a été invoquée pour les empêcher de se développer un peu sur les galets. Résultats : pas de soleil pour le déjeuner à cette époque! Alors qu’au début, on se régalait au soleil sur les galets (j’espère que vous avez remarqué le jeu de mots – rires).

Sur la plage, mais bien à l’abri du vent glacial de ce jour

Bref, un endroit comme je les aime, et un accueil fort sympathique. Sans compter le meilleur Moscow Mule de tous ceux que j’ai dégustés un peu partout en France!

Crâne voilé

Au menu, huîtres, crevettes roses, et délicieux tartare de saumon. Avec un Viognier, pour changer des Muscadet et Sancerre habituels.

Pourquoi vous parler de cela en ce dimanche matin? Tout simplement parce que je voulais introduire une photo d’une idée idiote qui m’a fait beaucoup rire (je suis un peu simplette)… Celle d’une huître perlière…

Sculptures fugaces

Après une sieste sur la plage en ce bel après-midi de week-end pascal, une petite promenade s’impose. L’idée? Aller découvrir une exposition de sculptures, juste un peu plus loin. Mais silence… je vous laisse découvrir quelques-unes des oeuvres exposées « no comment »…

Où a lieu cette exposition? Je vous sens impatient-e-s de le savoir… Les photographies suivantes vous donneront quelques indices.

Pas de doute, vous êtes bien au pied d’une falaise. Plus précisément, la falaise de Mers-les-Bains, que les « Anciens » et « Anciennes », dont l’addiction à ce site n’est plus à prouver, connaissent bien pour en avoir déjà vu moultes photos.

Une des artistes mêle matière textile au métal, dans une série d’oeuvres intitulée « Traces de vie humaine ».

Si vous souhaitez connaître les noms des exposant-e-s, en voici quelques-uns : Eole, Chronos, Thalassa, et Rouille (je n’ai pas trouvé le mot grec… si l’un-e d’entre vous le connaît, merci de me le donner en commentaire?)

A ce propos, connaissez-vous l’histoire de Télèphe?

Un jour, les Grecs, croyant débarquer sur les rivages de Troie, arrivèrent en Mysie, sur les terres de Télèphe. Celui-ci les combattit et tua Thersandre fils de Polynice. Mais il se prit le pied dans un cep de vigne et, perdant l’équilibre, il reçut d’Achille une mauvaise blessure qui ne guérissait pas. Il consulta l’oracle qui répondit: « Celui qui t’a blessé te guérira »; il ne comprit pas ce qu’il fallait faire et se rendit à Mycènes déguisé en mendiant à l’époque où se préparait à nouveau l’expédition des Grecs contre Troie. Il se confia à la reine Clytemnestre qui lui dit qu’il n’y avait qu’un moyen de se faire entendre: se saisir du petit Oreste (qui était aussi son fils) et faire pression sur Agamemnon. Quoi qu’il en fût Agamemnon et les chefs grecs tenaient d’un oracle qu’ils n’arriveraient à Troie que conduits par Télèphe. Aussi accédèrent-ils à sa demande.

Bien qu’Achille ait été instruit par le Centaure Chiron, il ne comprit pas ce qu’il devait faire pour le guérir et c’est Ulysse qui trouva la solution en inventant une sorte d’homéopathie avant l’heure: grâce à la rouille de la lance d’Achille. Télèphe fut guéri et conduisit la flotte grecque vers Troie en oubliant son alliance avec son beau-père Priam, mais il ne porta pas les armes contre lui. En revanche après sa mort son fils Eurypyle, combattit à nouveau dans le rang des Troyens

Si cette légende aux nombreuses variantes dans la littérature grecque vous intéresse, vous pouvez lire ceci.

Mais revenons sur la côte d’Albâtre pour un dernier regard à cette exposition d’oeuvres en mouvance permanente, alliant permanence et éphémère…

Peut-on aimer Deauville ? (1)

C’est la question que je me pose depuis longtemps, en cinéphile amateure que je suis… Jusqu’à présent, je n’y avais fait que des « passages », sans être séduite par la célèbre cité surnommée « le 21ème arrondissement de Paris » – ce qui, soit dit entre parenthèses, ne plaît pas à tous les Deauvillois, comme l’atteste cet extrait :

« Certaines caricatures ont la vie dure mais c’est aussi parce qu’elles correspondent à une part de vérité… Sauf que la question de savoir qui maîtrise l’image de la Normandie, de qui la diffuse ou la manipule est toujours posée. Notamment à Deauville, terminus balnéaire et autoroutier pour beaucoup de Parisiens le temps d’un week-end que d’aucuns croient romantique depuis le film de Lelouch avec un minimum de pouvoir d’achat. Les vrais Deauvillais diront qu’il y a peut-être mieux à faire que d’être seulement une caricature, « Paris sur Mer, 21ème arrondissement ». (source)

Cette fois, un séjour devait me permettre de mieux l’apprécier.

En route donc vers la Touques, qui, comme son nom ne l’indique pas, n’est pas la rivière qui arrose Le Touquet, mais sa grande rivale, Deauville. Oh pardon! J’allais commettre la même erreur que le journal Ouest France qui dut faire son mea culpa après avoir « traité » la Touques de « rivière ».

« Dans notre édition du 11 février, on annonçait qu’un plan de protection de la « rivière » la Touques était en cours de réflexion. Un terme qui a interpellé un lecteur.

À la Direction départementale de la terre et de la mer (DDTM), on nous explique que certes, la Touques est un fleuve « puisqu’elle se jette dans la mer, mais aussi une rivière. » Sauf que le dictionnaire Larousse, lui, explique qu’un fleuve est un cours d’eau finissant dans la mer.

Tandis qu’une rivière est un cours d’eau qui se jette dans un autre cours d’eau. Si les affluents de la Touques (La Calonne, L’Orbiquet, etc.) sont bien des rivières qui se jettent dans la Touques, cette dernière ne se jette que dans la mer. Elle serait donc bien uniquement… Un fleuve. » (source)

Source

En réalité, donc, la Touques est le fleuve qui sépare Trouville et Deauville, ce petit bourg qui ne compte que 3700 habitant-e-s, à quelques naissances et décès près, en fonction des jours…

Car oui, Deauville, ce n’est pas une ville, contrairement à ce que son nom veut faire penser. Mais « ville », ce n’est qu’une « villa » gallo-romaine (voir à ce sujet le joli site du Ministère de la Culture).

J’ai tenté de comprendre ce que signifiait la première syllabe, et me suis heurtée à plusieurs hypothèses : pour les uns, c’était le nom du Dominus, le maître de céans. Pour d’autres, cela proviendrait d’un terme germanique que je connais bien, car il est à l’origine du nom de l’une des Trois Villes Soeurs picardes, Eu : il s’agit d’auwa (diverses graphies possibles) qui désigne l’eau, fleuve ou prairie humide (même racine que le « aqua » latin, persistant dans nos mots français). Les constructions modernes qui se multiplient à l’embouchure de la Touques font oublier qu’il devrait y avoir effectivement des zones plus ou moins marécageuses dans les temps anciens. Il n’est qu’à voir cette carte du XIIème siècle pour l’imaginer…

Comme partout où c’était possible, au Moyen-Age, les êtres humains privilégiaient les hauteurs pour se protéger. En l’occurrence, le mont qui domine l’actuelle plage, le Mont Casiny.

« Le nom Canisci montis apparaît, en 1061, dans une donation au prieuré de Saint-Arnoult.
Au Moyen-âge, le plein fief du Mont-Canisy regroupait principalement les territoires des 4 communes actuelles de Bénerville, Deauville, Saint-Arnoult et Tourgéville.
Le manoir seigneurial, situé à Bénouville (un lieu-dit de la commune de Tourgéville) a accueilli les seigneurs du Mont-Canisy jusqu’à la construction à Saint-Arnoult du château de Lassay au XVIIe siècle.
« 

« En 1850, il existait une dizaine de fermes, 26 maisons, et une centaine d’habitants qui vivaient de l’agriculture et de l’élevage.
Trouville, sa voisine, était un village de pêcheurs.
Les marais, situés en contrebas du village et sur lesquels allait s’édifier le futur Deauville, servaient à faire paître les vaches et les moutons
. »

La croissance du bourg a été violente. En un siècle, il a fallu accueillir d’abord toutes les personnes venues en villégiature, ensuite les amateurs de courses hippiques, enfin les stars et leurs fans… La variété infinie de l’architecture du 20ème siècle témoigne de cette évolution mal maîtrisée, qui se poursuit à l’heure actuelle avec les horreurs en cours de construction ou juste achevées sur l’embouchure de la rivière…

On peut être fan des vastes demeures destinées à l’esbrouffe… Ou des résidences pour touristes assoiffés de les côtoyer le luxe. Ce n’est pas franchement mon cas, même si j’apprécie l’esthétisme désuet de certaines, voire l’attachement apparent à la culture régionale, comme celle-ci.

Beaucoup ont du mal à survivre, et des étais sont parfois nécessaires, comme pour cette imposante demeure.

Les statues semblent avoir été signe de réussite sociale, et l’on en trouve assez fréquemment, comme sur cette maison…

Nombre de résidences sont ainsi closes. Et de restaurants. Pas un bar ouvert le long de la plage. Heureusement, nous en avons trouvé un bien sympathique, en centre ville, le Cyrano. Bien kitch, comme décoration, mais avec des clients autochtones, ou presque, comme ce Parisien venu s’y installer à la retraite, qui m’a avoué ne savoir que faire de ses soirées. Car c’est le désert culturel, ici. En ce week-end de janvier, aucun concert ni pièce de théâtre! Une seule exposition, aux « Franciscaines« . J’ai appris depuis que cet endroit est à voir et fréquenter. Hélas trop tard… Je n’ai pas été tentée d’aller voir les photos de la soeur d’Amélie Nothomb…

Côté marché, ce n’est pas mieux. Un tout petit marché de victuailles, avec de tout gros prix. Qui m’a conduite à aller… au Carrefour voisin pour acheter du poisson! Le comble en bord de mer!

Il reste la plage. Mais désertique. Et les travaux multiples nuisent au charme que pourraient avoir les célèbres « planches ». Je suis quand même parvenue à faire quelques photos, que je vous proposerai dans un prochain article…

Une Irlande colorée

J’eusse pu tout aussi bien intituler cet article « Une Irlandaise coloriste »! Car c’est d’une peintre qu’il s’agit, peintre que j’ai découverte récemment, en découvrant un de ses tableaux, tout à fait fortuitement.

Et j’ai aimé.

D’où ce petit article à son sujet, pour le cas où certain-e-s partageraient mes goûts picturaux.

Oh! rien à voir avec les Grands, ni les Grandes. Mais oser à ce point faire cohabiter des couleurs vives pour représenter son pays… Voilà qui m’a séduite.

D’abord, le tableau en question.

Vera Gaffney Art |Irish Artist |Limited edition print artwork

Et un autre, intitulé « Sligo Wave »

La mer est un de ses thèmes préférés, mais elle peint également des paysages irlandais, comme celui-ci, où elle reprend un autre de ses sujets favoris, les fleurs.

Vera Gaffney - Foxford Way | Quadros

Toute une série « lune » m’a quelque peu questionnée. En effet, j’aime beaucoup l’abstrait de ces tableaux, mais moins la taille de la « lune » dans chacun d’entre eux…

Vera Gaffney (20th/21st Century) 'Lun No Lae

A vous de me dire ce que vous en pensez?

Alors que j’avais déjà posté cet article, un lecteur attentif me fait remarquer qu’il manque… Le nom de l’artiste! Quelle étourdie fais-je! Le voici donc : Véra Gaffney. Son site est ici, et vous pourrez trouver d’autres tableaux sur des sites de galeries, comme celle-ci, située à Dublin..

Comme un écho…

Je suis abonnée depuis bien longtemps au blog d’un poète de Nice, Gabriel Grossi. J’admire la constance avec laquelle chaque semaine au moins, et souvent chaque jour, il partage son goût de la langue française et de la poésie. Et, ce matin, je découvre un poème en prose qu’il a écrit récemment. Au-delà de la qualité littéraire, j’apprécie la voix qui résonne comme un écho à un mal-être qui s’étend, et qui, pour certain-e-s comme pour moi, se calme un peu en écoutant et regardant l’eau vivre (une pensée pour l’Eau Vive de Béart…) et en humant l’air marin. Je me permets donc – et je vais l’en prévenir – de publier ici son poème. Juste un point : pour moi, la mer n’est pas « féminine »… mais celles et ceux qui me connaissent bien pouvaient s’en douter!

Mers-les-Bains, 23 janvier 2021

Près de la mer

Lorsqu’il sent poindre en lui les assauts de la dépression, il s’en va chercher refuge près de la mer. Elle ne se lasse pas de chanter, pour lui comme pour quiconque, la même histoire de vagues et d’écume, offrant à chacun, pour rien, son spectacle de rue, ses acrobaties légères, sa danse de voiles et de tulle. Jamais elle ne refuse de donner, à qui le demande, sa vision toute féminine de l’infini. Elle est une présence qui apaise, dans le bercement du ressac et la ligne pure de l’horizon. Elle laisse, à qui veut bien les trouver, de menus lots de consolation : morceaux de verre colorés, squelettes d’oursin étoilé, fragments d’algues desséchées… Certains jours, assis sur un banc, face au vide, seul avec la mer et plus uni encore avec elle qu’un doge de Venise, il écoute sa fable mélancolique, ses plaintes caricaturales et ses cris de mouette effarouchée. Il ne lui reproche pas son emphase, non plus que ses trop longues phrases et sa grandiloquence mal placée. Il sait qu’en dépit de ses postures de cinéma, de ses airs de princesse et de son humeur fantasque, la mer est sincère. Il laisse à cette amie fidèle le soin de bercer son chagrin.

Gabriel Grossi, janvier 2021.

Des inégalités induites par le rayon d’un kilomètre

En ce temps de privation de liberté de déplacement, avez-vous fait l’expérience de l’application qui permet de voir ce que représente le rayon d’un kilomètre autour du lieu où vous êtes censé-e résider?
Un de mes amis m’avait fait une remarque lors du dernier confinement. Il faisait état de l’inégalité fondamentale induite par cette règle : si l’on habite en bord de mer, on « perd » la moitié de la zone. Comme en ce moment je partage mon temps entre mes diverses « résidences », dont l’une en bord de mer, j’ai fait l’expérience, et vous la relate ici.

Voici donc la photographie de l’écran concernant la résidence « bord de mer ».

Comme vous pouvez le constater, près de la moitié du cercle obtenu se situe… dans la mer… Qu’à cela ne tienne, on peut marcher dans l’eau, n’est-ce pas? Je suis donc allée voir sur GéoPortail quelle était la profondeur de la mer à cet endroit. Elle est d’environ 50 mètres. J’ai donc le droit d’aller me promener à 50 mètres sous la surface des flots. Sportif, non? Et là, le bât blesse… Les sports nautiques sont interdits! Mais marcher au fond de la mer constitue-t-il un sport nautique? Nouvelle enquête… ça se corse! Sur Légifrance, sont définis les sports extérieurs, les sports d’hiver… mais pas les sports nautiques! Le CNTRL reste assez vague (sans jeu de mots, promis!) : « Sport nautique. Sport qui se pratique dans ou sur l’eau. » A ce stade (encore sans jeu de mots), si je fais de la gymnastique respiratoire dans ma baignoire, je tombe sous le coup de la loi… Qu’en est-il de la pratique de la marche dans l’eau? Si on la fait assez loin pour qu’elle soit considérée comme sportive, cela s’appelle du « longe-côte ».

« Le Longe Côte® – Marche Aquatique consiste à marcher en milieu aquatique au bon niveau d’immersion, c’est-à-dire avec une hauteur d’eau située entre le nombril et les aisselles (immersion minimum au-dessus de la taille) avec et sans pagaie. » (source)

J’ai au passage appris qu’elle avait été conçue comme « à l’origine une méthode de musculation avec pagaie conçue pour l’entrainement des rameurs. Apparue en 2005 sur le littoral du nord de la France, cette pratique a été élaborée par un entraîneur professionnel d’aviron, à la recherche d’une activité de renforcement musculaire et cardiovasculaire sans traumatisme articulaire. »

Or, sa pratique dépend des décisions préfectorales. Donc, résumons-nous : comme mes aisselles ne sont pas à 50 mètres, ce n’est pas ce sport. Ainsi, quand je me suis promenée dernièrement en maillot, genoux dans l’eau, le long de la côte, je ne pratiquais pas de marche aquatique… donc, je suppose, pas de sport nautique.

Mais marcher sur les fonds marins ? Si, si, on peut le faire! Regardez cette vidéo d’une charmante jeune femme qui se déplace à 20 mètres de profondeur… Mais mes compétences en termes d’apnée se limitent aux concours que je faisais, enfant, avec mon frère, dans le lavabo de la salle de bains…

Le mystère reste donc entier. Mais je sais que, quoi qu’il en soit, un citoyen ou une citoyenne ordinaire, comme moi, ne peut pas décemment considérer comme simple d’aller marcher à un kilomètre du bord de mer… et perd donc, comme je le disais, une partie du territoire autorisé. Ce qui, reconnaissez-le, constitue une injustice fondamentale!

Prenons maintenant un second exemple. Voici le rayon tracé autour de ma résidence parisienne.

Veinarde que je suis! Je puis aller muser à Saint Michel (mais pas à Saint Germain des Prés), me promener au Jardin des Plantes (mais pas au Luxembourg), prendre le soleil sur les quais de Seine, mener une quête photographique sur l’Ile Saint Louis dans son entièreté (mais sur toute l’Ile de la Cité), ou encore observer l’avancement des travaux de Notre Dame, comme vous avez pu le voir sur la récente photographie montrant le travail des ouvriers en ce 11 novembre pourtant censé être férié. Avouez qu’il y a pire! D’ailleurs, je vous ferai profiter de ma dernière promenade dans un prochain article, si cela vous intéresse…

Mais imaginez le rayon de celui ou celle qui se trouve dans un de ces ghettos de Sarcelles ou d’ailleurs? Ou, à l’opposé, de celle ou celui qui habite dans une vallée resserrée, où seuls les déplacements se font en amont ou en aval, mais pas sur les côtés? le « cercle » devient alors « rectangle »… Ou encore des ruraux dont l’habitation est isolée, à plus de deux kilomètres (un plus un…) de toute autre? Qui ne peut dès lors rencontrer qui que ce soit dans ses balades…

Bref, inégalités de toutes sortes… Vive les penseurs (je n’ose imaginer « penseures ») – j’aurais pu écrire « technocrates », terme épicène – qui ont osé créer ces limites absurdes et injustes.

Mousse de mer…

Beau temps sur la côte picarde hier, mais un phénomène étrange…

Les rochers émergeant du sable, ainsi que les blocs tombés des falaises, étaient entourés d’une belle écume blanche qui tremblotait sous le souffle d’Eole…

Je n’avais jamais vu cela à ce point, et si quelqu’un-e en a l’explication, qu’il/elle me la donne!

Une magnifique écume, qui donne au minéral un air d’art pauvre, digne du Centre qui porte le nom d’un de nos anciens présidents…

Je vous en livre quelques photos, et j’ai regretté de ne pas avoir mon appareil (celles-ci sont faites grâce à la marque à la pomme)…

« Plage dynamique »…

Au pied de la falaise de Mers-les-Bains

« Plage dynamique »… Mais elle l’a toujours été, la plage, dynamique!

Avec le flux et le reflux de la mer…

Avec le sable se mouvant sous les vagues… blessé par les pelles des enfants et des pêcheurs de verre… transformé en oeuvre d’art ou en édifices et bateaux plus ou moins réussis par les parents retrouvant leur puérilité…
Avec les montagnes de galets sans cesse modifiées par la puissance des flots ou les pieds des baigneuses et baigneurs…

Avec toute cette vie qui grouille en elle et autour d’elle…

Alors, pourquoi cette expression ?

Contraindre les personnes à « bouger »… Facile pour les enfants! Moins pour celle ou celui qui a travaillé durement les jours précédents… et encore moins pour les personnes qui ont des difficultés à se mouvoir. Si ma mère était encore de ce monde, il lui serait interdit de rester à admirer la mer? Et l’enfant à la jambe cassée doit aussi marcher sans cesse s’il veut en profiter?

Vous l’avez compris, retrouver hier soir un de mes sites favoris dans ces conditions a déclenché une vraie colère contre les aberrations actuelles! D’autant plus que les galets sont jonchés d’énormes engins : les travaux printaniers, habituellement finis à cette époque, n’ont pas été réalisés. Des monstres métalliques embellissent le paysage. Bien statiques, eux!

Alors les personnes font ce qu’elles peuvent. Les bancs étant interdits, bardés de cordon en plastique rouge et blanc (combien de déchets toxiques indestructibles pour ce faire, au niveau national?), elles s’asseoient sur la digue ou sur les épis, le temps d’avaler leur sandwich. Car on tend nettement à la « mauvaise bouffe »: droit d’acheter frites, hamburgers et glaces pour les manger officiellement debout en marchant, alors que les restaurants qui proposent poissons et salades à des client-e-s détendu-e-s, bien assis-e-s, restent clos. Je pense aux jeunes qui ont racheté les Mouettes cette année, anciens salarié-e-s du patron qui leur a vendu le fond… à la famille qui tient l’Octopussy et à son personnel, qui m’accueillent quelle que soit l’heure quand j’arrive de Paris le vendredi soir…

Les personnes font ce qu’elles peuvent, disais-je. On « marchotte », on s’appuie, on fait quelques pas puis on s’assied avant de repartir. Un manège étonnant… Et à l’heure du dîner, c’est un concours d’inventions pour rester en famille ou entre ami-e-s sans que cela ne se remarque trop… Certain-e-s « craquent » et sont quand même « en grappes » assis par ci par là, sauf sur les bancs, les galets et le sable…

Et les oiseaux narguent ces pauvres humains…

Mouettes rieuses et goélands fanfaronnent…

Interdit !
Conversation à la plage, Louis Valtat (autour de 1910)

« Homme libre, toujours tu chériras la mer…

La mer est ton miroir… »