Le Musée Jean-Jacques Henner : la demeure de Guillaume Dubufe

Ce nom vous dit quelque chose? Normal, si vous me suivez… Car vous vous êtes déjà promené-e-s dans une des pièces de cette demeure du 17ème (arrondissement, pas siècle) : le jardin d’hiver. En effet, c’est là que je suis allée écouter le trio dont je vous parlais dans un précédent article. Un peu injuste qu’on nomme ainsi ce musée, alors qu’il s’agissait de la demeure d’un autre artiste, Guillaume Dubufe.

« Issu d’une dynastie d’artistes, dont le père Edouard et le grand-père, Claude-Marie, ont acquis une grande notoriété de portraitistes au fil du siècle, Guillaume Dubufe (1853-1909) se détourne de la tradition familiale pour se lancer dans la grande décoration. Il a ainsi réalisé plusieurs décors monumentaux importants comme certains plafonds du buffet de la gare de Lyon, de la bibliothèque de la Sorbonne et du foyer de la Comédie française, ou encore de la salle des fêtes de l’Élysée.

En 1878, il achète au peintre Roger Jourdain (1845-1918) « un rez-de-chaussée et deux étages sous comble ». Son architecte, Nicolas Félix Escalier (1843-1920), est aussi celui de l’hôtel particulier de l’actrice Sarah Bernhardt, situé rue Fortuny » (site officiel)

C’est lui qui a fait agrandir la demeure, l’a aménagée, a créé le jardin d’hiver, etc. Bref, en a fait, avec une créativité certaine, ce qu’on en voit aujourd’hui, même si cela a été vidé, épuré…

Le quartier était alors très « à la mode », comme on peut le constater en visitant l’ancienne salle de séjour, qui lui est partiellement consacrée, avec des plans papier et numérique. Je me suis d’ailleurs promis d’aller le visiter plus en détail une autre fois.

Autre intérêt de cette salle de séjour : les parements en carreaux de Delft, plutôt inattendus à cet endroit.

La demeure comporte trois étages. Au premier, salons et salle de séjour, ainsi que le jardin d’hiver. Les escaliers qui permettent d’accéder aux trois étages m’ont évoqué un certain Escher…

Les paliers ne manquent pas de surprendre par leur originalité. L’un, par exemple, est ouvert par un moucharabieh.

Des escaliers partent de ci, de là. Deux d’entre eux, sur le dernier palier, mènent à l’atelier qui occupe tout le troisième étage. Pourquoi deux? Dont l’un très étroit… Mystère!

L’atelier est vaste, avec une hauteur de plafond à faire pâlir d’envie plus d’un-e artiste.

Un magnifique tapis, d’une taille tout aussi impressionnante, orne le plancher.

Si vous regardez bien cette photographie de Dubufe dans son atelier, prise autour de 1900, vous pouvez voir le tapis en question… ou un similaire…

Dubufe dans son atelier, par Edmond Benard, 1880-1910 © INHA

Je vais vous laisser sur cette image, car l’atelier a été transformé en lieu d’exposition. Et c’est de celle-ci que je vous parlerai dans un prochain billet. Elle ne concerne pas Dubufe, mais Henner. Laissons donc notre hôte dans ces lieux, en attendant d’y retrouver celui qui les squatte maintenant…

Une journée de rencontres. Episode 3 : le Musée Cernuschi

Je vous ai déjà narré l’exposition et la démonstration vues dans ce musée. Je ne vous en dirai pas beaucoup plus, mais ne voulais pas le « quitter » sans avoir parlé du peu de collections permanentes que j’y ai vue, et qui m’ont donné envie de le découvrir davantage lorsque les travaux seront finis. En effet, ne sont ouvertes actuellement que les salles consacrées à l’Antiquité. Heureusement, les couloirs et escaliers offrent des espaces où l’on peut admirer de belles pièces. Mais faisons d’abord connaissance avec l’Hôte de ces lieux. Il y a deux ans, l’on pouvait fêter le deux centième anniversaire de la naissance, à Milan, d’Enrico Cernuschi.

S’étant souvent révolté contre les politiques de l’époque, il en vint à voyager de par le monde, et réunit une collection énorme d’objets, notamment du Japon et de Chine. Pour les abriter, il se fit construire la vaste demeure qui est devenue Musée, par suite du don qu’il en fit à la Ville de Paris, à la seule condition que ce Musée portât son nom francisé lorsqu’il fut naturalisé Français après la guerre de 70.

Les récits de l’époque montrent que sa demeure était déjà une sorte de musée, dans lequel étaient donnés les bals costumés qu’adorait le banquier.

Joli brûle-parfum, n’est-ce pas? Mais pas aisé à placer chez soi!

La verrière centrale est de toute beauté, véritable puits de lumière. J’ai tenté de la photographier…

La vitrine au fond comporte une collection de théières et de pots à eau chaude.


Comme je le disais, beaucoup de pièces sont fermées. Mais on peut avoir une idée de la mise en scène dès la première (section Antiquité).

Superbes poteries, donc. Et j’ai aussi admiré de nombreux objets datant d’un millier d’années avant JC. Parmi ceux-ci, je vous laisse deviner ce qu’est celui-ci. Je vous donnerai la réponse dans un prochain article, sauf si l’un-e d’entre vous la donne par commentaire, ce qui serait pour moi une très agréable surprise…

Une belle surprise, j’en eus une : ce fut une des rencontres que je vous avais annoncées en début de semaine. Dans la queue morose qui attendait pour entrer voir la démonstration de calligraphie, il y avait trois femmes dont l’attitude tranchait. Elles bavardaient gaiement, prenant visiblement cette longue attente de manière positive. Durant la démonstration, l’une d’entre elles engagea la conversation, durant les pauses. Ses réparties étaient justes, drôles, et elle irradiait la Vie. Nous nous dîmes « au revoir » à la fin. Mais, une fois sortie, je les retrouvai devant le Musée, et nous engageâmes la conversation. Elles se demandaient notamment où trouver le papier hanji, et je leur parlai de mes magasins de fourniture beaux-arts, Sennelier et… impossible alors de retrouver le nom du second (Adam, pourtant, j’aurais pu m’en souvenir!). Je leur promis de le leur envoyer (ce que je fis, après avoir vérifié qu’il en avait bien, notamment au magasin de Montmartre). C’est ainsi que furent échangées nos coordonnées et que s’initia une relation dont j’espère qu’elle va durer. En particulier parce que deux d’entre elles font du théâtre amateur, et que j’aimerais les voir jouer. Depuis, j’ai appris qu’elles partaient faire un trek au Maroc, pays où j’ai longtemps vécu, et j’ai hâte d’avoir leur récit… Une très belle rencontre de personnes aussi assoiffées de découverte et de partage que moi!

La rencontre du Geste et de l’Esprit (2)

Je vous ai déjà présenté Young-sé Lee, et ne vais donc pas recommencer. Par contre, je ne vous ai pas encore parlé de la « démonstration » qu’il fit de son art, en ce samedi 18 février 2023. Vous avez pu lire hier quelques explications concernant la calligraphie, à partir d’une vidéo sur un autre peintre célèbre. Tout cela, j’ai eu le bonheur de le vivre « en vrai », « en direct », « en live », comme disent les franglophones…

La « palette » (objet qui brille par son absence, soit dit en passant…) est beaucoup plus réduite que celle de son prédécesseur. Les trois couleurs primaires. Du bleu, du jaune, et du cinabre. Couleur que je ne connaissais pas. Et dont j’ai appris depuis qu’il est utilisé depuis l’Antiquité, que jadis en Chine seuls les empereurs pouvaient l’utiliser, et qu’il provient d’un minéral en lien avec le souffre.

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Et surtout du noir. De la « suie » issue du charbon de bois.

«  Le bâton d’encre est, avec le pinceau, le papier de riz et la pierre à encre, un des quatre trésors du lettré, instruments de la calligraphie et de la peinture de lettré chinoise, coréenne et japonaise.

Le liant originel de l’encre de Chine proprement dite, en bâton, est une colle de protéine, colle de peau ou colle de poisson

La préparation de l’encre, qui précède l’exécution d’une calligraphie ou d’une peinture de ce style, consiste à moudre le bâton d’encre sur la pierre à encre, avec de l’eau. La proportion d’encre et d’eau détermine l’intensité de l’encre, et permet d’aménager des contrastes ; notamment dans la peinture de paysages3«  (source)

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Ce que vous voyez au premier plan, c’est le rouleau de papier coréen, fait d’écorce de mûrier. S’il vous intéresse de voir comment est fabriqué ce type de papier, vous pourrez le découvrir ici, ou, en vidéo, là, très pédagogique...

Un seul pinceau pour l’ensemble des oeuvres qui seront créées devant nous. Le peintre m’expliquera à la fin que c’est pour lui très important, comme une gageure, un signe d’expertise en quelque sorte, en tout cas une fierté, et qu’il y tient. Mais que d’autres ont tout un panel de pinceaux de tailles divers et surtout aux configurations de poil différentes. Il ajoute que la qualité du pinceau est extrêmement importante, et qu’il n’est pas toujours aisé de trouver l’objet idoine. Il faut absolument que ce soit du poil de chèvre pur.

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La phase de préparation est donc assez longue; de même que la phase de concentration avant le premier geste. Cela sert, comme je le disais, l’aspect spirituel de la création artistique.

Et voici l’oeuvre achevée, présentée par l’assistante du peintre.

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Elle va rejoindre, malheureusement sur le sol (je vous ai parlé de l’incroyable inorganisation de la séance!), les autres productions récentes.

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Chacune a permis de voir des facettes différentes de cet art… La première (ananas et pommes), notamment, comment on obtient des nuances de couleurs très fines et comment le blanc façonne les formes. La seconde, comment on travaille les courbes et comment l’on dessine finement à l’aide de « points » en pressant plus ou moins le pinceau. J’ai été particulièrement séduite, dans la suivante, par la manière dont les spécificités des bambous étaient rendues, juste par la manière de presser ou non le pinceau, plus ou moins encré, dans un trait sans interruption aucune. Admirez…

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J’étais cependant un peu frustrée car, si vous vous souvenez bien, j’attendais ce que bêtement je considérais comme de la calligraphie (sans doute en lien avec mon expérience d’immersion en pays de culture arabe) : de l’écriture. Aussi fus-je ravie de voir cette attente comblée dans la deuxième phase… Les mêmes mots, en quatre styles différents.

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Vous avez remarqué que, cette fois, le pinceau est tenu bien droit, la main placée assez haut…

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Si, si, je vous assure, ce sont bien les mêmes mots… Hélas, je ne me souviens plus exactement lesquels, mais ils ont un rapport avec « lumière » et « printemps ». Et en voici deux autres interprétations (calli)graphiques.

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Comme je vous le disais, j’ai eu l’honneur de discuter avec l’artiste à la fin, et il m’a fait une démonstration « personnelle ».

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Une journée de rencontres. Episode 2 : l’encre en mouvements

Cet article fait suite au précédent, puisque nous allons retrouver 4 des personnes qui y étaient évoquées.
Mais avant d’en venir à elles, je souhaite vous faire partager tout l’intérêt que j’ai pris à la visite de l’exposition « L’encre en mouvement » qui se déroule actuellement au Musée Cernuschi.

Une chance incroyable! Une place de parking juste en face de l’entrée du musée! Dirigeons-nous donc vers lui…

Certains titres d’expositions sont un peu trompeurs, voire « propagandistes »… Ce n’est pas le cas ici. Et le terme « mouvement » est aussi riche que les perspectives qu’il permet. Vous remarquerez que, dans le titre, j’ai ajouté un « s », pour marquer la pluralité de ces dynamiques. Mouvements artistiques. Mouvements sociétaux. Et mouvements de la main des calligraphes… Tout est présent dans cette exposition qui explique bien comment les calligraphes asiatiques ont investi un art traditionnel et assez strict, s’en sont emparés, et l’ont adapté à leur créativité. Bref, une belle synergie entre passé et présent, entre tradition et création, entre culture et individualité…

Je ne peux pas vous montrer tout ce que j’y ai découvert, bien sûr, mais je peux vous présenter un petit florilège, avec encore toutes mes excuses pour la mauvaise qualité des photos. Elles n’ont ici comme prétention que celle d’un « reportage », pas d’une valeur artistique autre que celle de l’oeuvre photographiée.

Vous l’aurez deviné, c’est un ordre chronologique qui a été adopté pour la scénographie de cette exposition, qui présente des artistes du 20ème au 21ème siècle. Elle commence par la calligraphie au sens premier du terme (la « belle écriture »).

Mais qui était la Dame Qiao? Suis allée chercher sur le net… Merci Wikipédia!

« Da Qiao (entre 175 et 186 – entre 220 et 229) fut une épouse du seigneur de guerre chinois Sun Ce ainsi que la fille de Qiao Xuan lors de la fin de la dynastie Han en Chine antique.« Da Qiao (entre 175 et 186 – entre 220 et 229) fut une épouse du seigneur de guerre chinois Sun Ce ainsi que la fille de Qiao Xuan lors de la fin de la dynastie Han en Chine antique.

On raconte qu’elle était, avec sa petite sœur Xiao Qiao, la plus belle dame du royaume de Wu. On disait que la beauté de Da Qiao faisait tourner la tête à la Lune et même rougir la plus belle des fleurs.

Elle eut une fille avec Sun Ce, Sunshi, qui se maria avec le célèbre général Lu Xun du royaume de Wu, et qui eut pour enfant Lu Kang.« 

Mais l’encre ne sert pas qu’à « écrire ». Et, dans la plupart des oeuvres présentées, « écriture » et « peinture » se complètent. Les guillemets traduisent toutes mes réserves sur la distinction entre les deux, je pense que vous me comprenez… et comprendrez encore mieux en voyant les quelques oeuvres ci-dessous. Comme je n’ai pas l’intention de reproduire l’exposition ni de faire oeuvre de pédagogue, je ne vous présenterai pas les artistes concernés. Mais je pourrai répondre à vos questions, si vous le souhaitez.

La première oeuvre (Wang Zhen, 1922) représente le moine bouddhiste Huaisu, qui vécut au 8ème siècle. Ce célèbre calligraphe chinois aurait planté des bananiers autour de son ermitage pour pouvoir utiliser leurs feuilles comme support d’écriture.

Ce sont donc d’abord des caractères seuls qui sont présentés, puis on découvre comment ils viennent « compléter » (mais lesquels complètent les autres?) des « peintures » figuratives, plus ou moins esquissées, plus ou moins détaillées.

Plus on avance dans le temps, plus on a l’impression que les caractères s’effacent. Ainsi, la découverte des peuples de l’ouest, lorsque les artistes ont fui Pékin, a poussé certains à reproduire ce qui les étonnait.

Puis vint l’époque où les peintres s’intéressèrent aux nus. Telle cette artiste, Pan Yuliang (1895-1977) dans cette oeuvre intitulée « Nu assis au qipao rouge ». Un qipao, c’est une robe longue et ample, qui était autrefois de mise à la cour des Mandchous, avant de se rétrécir, se répandre et se populariser dans les années 1920.

Nous en arrivons à la naissance de l’abstraction, et aux artistes dont certains ont connu une renommée internationale. Je ne citerai que Zao Wou Ki, dont j’ai déjà parlé dans ce blog. Il ne pouvait être absent de cette exposition, bien sûr.

Dans la même salle, j’ai cru reconnaître Soulages, à ma grande surprise… Que faisait-il là? Mais non, ce n’était pas lui, mais un artiste chinois. Avouez que la méprise est explicable?

L’exposition se termine par des oeuvres récentes, dont celles-ci, que j’ai appréciées parce que, selon moi, elles poursuivent la tradition tout en innovant, dans des « styles » très différents.

Entre rêve et fantastique, la Femme

J’avais promis de vous parler des différentes expositions actuellement encore à l’affiche à Paris. Après Oskar Kokoschka, que je vous ai présentée il y a quelques temps, voici Johann Heinrich Füssli, au Musée Jacquemart-André.

L’exiguïté de l’espace « Exposition temporaire » contraint sans doute fortement les choix des responsables des expositions. Mais de là à faire ressortir ce qui m’a tant frappée… Je me suis demandé s’il s’agissait d’une orientation déterminée, ou si effectivement les oeuvres de ce pasteur devenu peintre étaient aussi impudiques, quant à l’expression de ses fantasmes (et démons?). Je vous emmène donc à travers ces/ses délires, à la rencontre de la Femme vue par l’artiste.

C’est un parti-pris délibéré de ma part que de « zoomer » et donc focaliser sur des détails des tableaux, qui ont pour la plupart de nobles objectifs… Pour les voir en entier, reportez-vous à Internet ou aux magazines consacrés aux Beaux-Arts, qui ont largement documenté l’exposition… Au fil de sa découverte, les visiteurs/euses reçoivent nombre d’informations sous forme d’affiches aisément lisibles (contrairement à celles de l’expo Kokoschka, si vous vous souvenez…).

L’ambiguïté de certaines compositions m’a frappée. Si l’on ne tient pas compte du titre ou des commentaires, on peut s’interroger sur leur sens. En voici deux exemples « No comment« .

La femme est « voilée / dévoilée » jusque dans certaines versions du célèbre « cauchemar ».

La poitrine féminine est magnifiée dans un grand nombre d’oeuvres, depuis la représentation de seins juvéniles jusqu’au détail de têtons déjà fort malmenés…

Il n’est pas rare qu’une main s’approche des seins, comme pour les souligner…

… voire les caresser…

Moins fréquents sont les tableaux qui montrent les corps vus de derrière. Mais il en est qui révèlent de jolies courbes.

C’est surtout dans le dessin que Füssli excelle à exprimer toute la sensualité troublante, voire perturbante de la Femme. Un cabinet est consacré à ce thème.

Soit dit entre parenthèses, en relisant ce texte, je me dis que c’est aussi moi que je dévoile au travers de cet article… car j’ai surtout vu l’aspect érotique. Ai-je occulté le reste? Ou ne l’ai-je point vu? Intriguant, n’est-ce pas? Va-t-il falloir que je retourne voir l’exposition, ou que je me procure le catalogue?

Je ne vous entraînerai pas sur les chemins vertigineux de la psychiatrie ni de la psychanalyse, mais avouez que l’on peut interpréter ce dessin de bien des manières…

Bref, vous l’aurez compris : alors que j’allais, un peu méfiante car ce n’est pas mon genre de peinture préféré, j’ai finalement pris beaucoup d’intérêt à cette visite. En me demandant en particulier qui était réellement ce peintre, ce qu’il avait vécu, et quelles étaient ses relations avec les femmes, sa relation à la Femme. Quand soudain une oeuvre a confirmé certaines de mes hypothèses (LOL)…

Un espace hors du temps

Il est encore des lieux parisiens qui ont échappé à ma curiosité. Ainsi, le Musée de la vie romantique. Je connaissais son existence, mais doutais de son intérêt pour moi. Le romantisme n’est pas ce que je préfère en littérature ni en beaux-arts… Il a fallu une représentation d’Ophélie placardée sur des affiches et surtout des présentations du petit café qu’il abrite en son sein pour me donner envie d’y aller.

Et je n’ai pas regretté.

Un espace hors du temps, tel est l’expression qui m’est venue en pénétrant en cette matinée d’été dans une courette, puis un petit lieu arboré au charme désuet, qui échappe à tout bruit. On s’y sent tout de suite « bien », « tranquille », plus « serein-e »…

Même l’espace « cafeteria », sis dans une verrière, ne manque pas de charme malgré un aménagement « moderne »…

Ce qui m’a par contre choquée, c’est l’anglicisation outrancière de la pâtisserie. Et pas seulement dans les mots. Pas moyen de trouver un croissant ou un pain au chocolat, alias chocolatine. Non, ce ne sont que cakes ou scones… Il faut dire que les scones de Rose Bakery ont même envahi le Bon Marché… et le thé gagne du terrain sur le café… Normal, me direz-vous, pour un « salon de thé »… pardon, « tea room »… mais peut-on appeler « room » un jardin ?

Peu importe le contenu, pourvu qu’on ait l’ivresse… une ivresse douce et harmonieuse en ce clos verdoyant et paisible…

La haute couture est-elle un art ?

Je ne pensais pas me poser un jour cette question. Jusqu’à ce jour d’avril où, suite à une suggestion d’un ami, je suis allée voir l’exposition proposée par le Centre Pompidou, Yves Saint-Laurent aux Musées.

Le pluriel interpelle. Il est explicité dans la présentation en ligne sur le site du Centre.

« Elle prend la forme inédite d’un parcours dans les collections permanentes de six musées parisiens: le Centre Pompidou, le Musée d’art moderne de Paris, le Musée du Louvre, le Musée d’Orsay, le Musée national Picasso-Paris et le Musée Yves Saint Laurent Paris.« 

Ainsi, il resterait à voir les 5 autres musées… Pourquoi pas?
Mais, en attendant, je vous invite à une petite visite, qui, effectivement, ne manque pas d’intérêt. Ou plutôt, à un petit jeu : je vais, dans un premier temps, vous proposer les vêtements du grand couturier, tels que présentés dans le musée. A vous de deviner à quel-le artiste ils vous font penser. Vous êtes prêt-e ?

Commençons par les plus faciles…

Passons maintenant à plus difficile…

Avez-vous trouvé? Si non, je vais vous aider, avec une liste des artistes, par ordre alphabétique : Adnan, Braque, Delaunay, Kelly, Matisse, Mondrian, Picasso, Wesselmann.

Résultats dans un prochain article…

Ferdinand Roybet, une vie d’aventures

J’ignorais totalement l’existence de ce peintre dénommé Ferdinand Roybet. Il faut dire que ce n’est pas spécialement le type de peinture que j’aime… Je vous propose cependant de découvrir quelques-unes de ses oeuvres, dont certaines vous évoqueront sans doute quelques maîtres flamands…

Commençons par les dessins et gravures, car c’est ainsi que débuta sa production artistique…

« Né à Uzès en 1840, Ferdinand Roybet s’installe avec ses parents à Lyon vers 1846. Le jeune homme a treize ans quand il entre, en 1853, à l’Ecole des Beaux-arts de Lyon dans l’atelier du graveur Joseph Vibert (1799-1860). Il pratique ainsi le dessin, la gravure et la lithographie. » (site du Musée)

Ce fils de cafetier était donc bien précoce… dans l’art comme dans la vie, puisqu’il se maria et fut père très jeune.

Joueurs de tric-trac

« L’enseignement ne correspond pas à ses attentes et il quitte l’école pour étudier la peinture, dans l’atelier du peintre J.B. Chatigny ainsi qu’au musée de Lyon où il affine ses observations par l’étude directe de la nature.« 

La jeune fermière, tableau peint en tant qu’élève de Chatigny

« A la mort de son père en 1864, il rejoint Paris aidé dans son installation par son ami lyonnais Antoine Vollon. En 1865, le jury du Salon retient deux tableaux de Roybet. Membre comme Vollon de la Société des Aquafortistes, il expose également deux eaux-fortes.« 

Il n’a donc que 25 ans quand il commence à être connu…

« La carrière de Roybet se confirme en 1866 quand la Princesse Mathilde achète une de ses œuvres intitulée « Fou sous Henri III » (musée des Beaux-arts de Grenoble). Ferdinand Roybet développe dorénavant des scènes de reconstitutions historiques en correspondance avec les idéaux artistiques du Second Empire. Sa peinture parfois réduite aux simples portraits dit de Mousquetaires s’enrichit au fil des ans d’apports extérieurs. Ainsi, ses voyages, en Hollande, en Afrique du Nord, en Italie ou en Espagne l’amènent à étudier les compositions de grands maîtres dont l’influence est directement perceptible dans ses œuvres : Frans Hals, Rembrandt, Jordaens, Velázquez…« 

Femme d’Orient dans un intérieur (1872)

Lorsqu’il peint ce tableau, Ferdinand a 32 ans, et il a choisi de vivre en Algérie, abandonnant les Salons pour un temps… Mais il en revint et poursuivit son oeuvre, entre commandes (car il fallait bien vivre!) et créations.

« Au faîte de sa carrière, Ferdinand Roybet se constitue une importante collection d’objets d’art décoratif, de mobiliers anciens de style Louis XIII, néo-gothique ou oriental. C’est tout naturellement qu’il peint des collectionneurs et des amateurs d’art. L’analyse de ses œuvres révèle un cercle d’amis très large auquel il fait appel comme modèles pour d’importantes compositions comme « La Main chaude » (1894), « La Sarabande » (1895), « L’Astronome » (1898) ou « Le Refus des impôts » (1909). En 1900, il est fait officier de la légion d’Honneur. Il achève sa carrière par une peinture intime essentiellement composée de sujets religieux. Il décède à Paris dans la nuit du 10 au 11 avril 1920.« 

Un détail amusant : l’artiste s’était constitué une véritable collection de vêtements « d’époque » pour en habiller les ami-e-s qui posaient pour lui, comme dans ce tableau qui rappelle les protestations lors des premiers impôts. Tous les « modèles » étaient des amis du peintre!

Sujets sérieux, sujets plus drôles… Ferdinand, au fil des ans, s’est essayé à traiter des thématiques extrêmement variées. Ainsi, le « jeu de la main chaude ».

« Ce jeu (dont parle Diderot dans ses lettres à Sophie Volland) est souvent représenté par les peintres des XVIIe et XVIIIe siècles.
Règle du jeu :
Un joueur est désigné comme victime. Il doit se courber sur les genoux d’un autre joueur, les yeux fermés et tendre sa main ouverte derrière lui. Les autres joueurs se tiennent en arc de cercle derrière lui le bras levé et la main ouverte. Les joueurs se concertent pour savoir qui sera le coupable. Le coupable frappe alors dans la main de la victime. Celle-ci se retourne et doit trouver le coupable. Si le coupable est démasqué il prend la place de la victime, sinon celle-ci se remet en position
. » (source)

J’avoue que, peu emballée au départ par l’idée de découvrir ce peintre – la visite était surtout motivée par le projet de voir le Pavillon de la Norvège et de la Suède qui abrite le musée -, je me suis progressivement intéressée à ce Ferdinand qui commence à dessiner à 13 ans, « monte » seul à Paris et devient célèbre en deux ans, à 25 ans, abandonne tout pour aller vivre en Algérie à 32, puis revient, éprouve des difficultés et « se vend » pour sortir des problèmes financiers.

Et, à environ cinquante ans, rencontre celle qui va embellir sa vie, jusqu’à ce qu’elle soit internée, en 1905, pour raisons psychiatriques à Suresnes.

Ferdinand Roybet à 53 ans (source)

Juana Romani a 27 ans de moins que lui… Je ne développerai pas l’histoire de cette artiste ici, car j’ai vraiment envie d’aller plus loin, de la découvrir davantage, de mieux comprendre qui était cette jeune Italienne qui finit tristement sa vie, comme Camille Claudel, et dont voici l’un des portraits, par celui dont elle fut d’abord le modèle, puis devint la Muse…

Sans compter que son ancienne élève (vers 1895), Consuelo Fould, l’apprécie tellement qu’elle met comme clause au legs de sa demeure, ce fameux « Pavillon », la contrainte d’en faire un Musée destiné à collectionner son oeuvre, mais aussi celle de Ferdinand, et de le nommer « Roybet-Fould »… Admiration pour l’artiste? Le Maître? Ou l’homme?

Des pays scandinaves à l’Inde en passant par la Valachie…

Il a suffi d’une recherche sur le net, destinée à trouver un endroit intéressant à visiter non loin de La Défense, pour que, ce jour-là, je me retrouve dans le pavillon de la Suède et de la Norvège de l’Exposition Universelle de 1878 – vous savez, celle qui a donné naissance au Trocadéro?

Si vous connaissez l’emplacement de celle-ci, vous allez vous dire que je perds la raison… La preuve dans le panorama de celle-ci…

On est loin de La Défense, n’est-ce pas? Alors, comment le pavillon de la Suède et de la Norvège a-t-il pu « glisser » du centre de Paris à Courbevoie?

Il faut revenir près de 10 ans en arrière pour le comprendre. Les berges courbevoisienne de la Seine, à cette époque, commençaient à attirer nobles et bourgeois. Il faut aussi se souvenir que c’est là que s’était amarré le bateau ramenant les cendres de Napoléon. Je ne vais pas vous retracer toute l’histoire, mais vous expliquer pourquoi on trouve dans ces lieux une maquette de La Belle Poule.

Maquette exposée au Musée Roybet Fould

La Belle Poule ne pouvait remonter la Seine. Elle s’arrêta à Cherbourg. Et, le 18 décembre 1840, les cendres furent transbordés sur le vapeur Normandie. Elles auraient pu être transportées par voie terrienne, mais le gouvernement craignait trop les émeutes et a privilégié la voie fluviale…

Transbordement des cendres de Napoléon en rade de Cherbourg
(tableau exposé au Château de Versailles)

Et le relais continue…. Après un arrêt au Havre, c’est à Val-de-la-Haye, non loin de Rouen, qu’elles sont chargées le 9 décembre sur le bateau La Dorade, qui s’amarra au quai de Courbevoie le 14.

L’arrivée de La Dorade à Courbevoie
(tableau exposé à La Malmaison)
Tableau exposé au Musée Roybet Fould

Cela explique que le Musée Roybet Fould consacre une pièce à cet évènement. On y trouve notamment une étonnante collection d’assiettes.

Est-ce cet évènement qui poussa à investir sur les terrains du coin? La proximité de Paris? La beauté des paysages? Toujours est-il qu’en cette année 1869 George Barbu Stirbai, né en 1828 à Bucarest, en Valachie (une des provinces constitutives de ce qui devint en 1861 la Roumanie), commença à acheter des terres le long de ces berges, et vint s’installer au Château de Bécon.

Le Château de Bécon vers 1870

Comment ce Roumain est-il devenu ministre des Affaires Etrangères en France de 1866 à 1867, j’avoue ne pas l’avoir compris… Si vous avez des idées, je suis preneuse… Placez un commentaire!

Buste du Prince Georges Stirbey exposé au Musée Roybet Fould

Le Prince de Valachie – eh oui, il était prince! il en existe hors des contes de fée…- n’est pas resté seul dans ce domaine. Il épousa sa maîtresse, une femme étonnante, Valérie Wilhelmine Joséphine Simonin. Ne la cherchez pas sous ce nom, elle est plus connue sous trois autres noms : Mme G. Fould, Melle Valérie et… Gustave Haller.

Vous voulez des explications? Le premier est son nom d’épouse. Le second, son nom de scène, et le troisième, son nom d’artiste.

« Mlle Valérie », c’est son nom de théâtre. « Elle entre au Conservatoire de Paris en 1850, y suit le cours de déclamation de Samson et remporte le 1er prix de comédie en 1852. Elle débute alors au Théâtre de l’Odéon dans l’Honneur et l’Argent. En juillet 1853 jusqu’en 1858, elle est pensionnaire au Théâtre Français. »

La jeune Valérie a défié sa famille en épousant le fils d’Achille Marcus Fould, banquier et ministre, et est parti avec son époux, Gustave-Eugène Fould, homme politique et écrivain – homme de théâtre, pourrait-on dire, connu sous le nom de Jalin, vivre à Londres. Alors que, née d’un père chimiste, restaurateur de livres anciens, après avoir bénéficié d’une éducation très ouverte et d’une instruction étendue, elle s’était orientée d’abord vers le théâtre, elle en vint ensuite à la sculpture et devint l’élève de Carpeaux – une des raisons de la présence d’oeuvres du Valenciennois dans cet endroit.

Elle a exposé une sculpture au salon de 1857 et son oeuvre y fut remarquée. Mais elle s’adonnait aussi à la littérature sous le même pseudo. Elle relia écriture et beaux-arts en écrivant sur la peinture, dont elle devint une des pièces maîtresses quand fut enfin reconnue aux femmes le droit d’exposer et d’être primées.

« Avant-hier a eu lieu la première réunion du jury d’admission pour le Salon des artistes Femmes exposant au Palais de la Femme. Le jury est composé de Mmes Demont-Breton, Gustave Haller (sculpteur), Achille Fould, Coutan-Montorgueil, Léon Comerre, Huillard, Pégard et Vallet-Bisson. » (La Presse, 10 mai 1900)

Relisez la liste ci-dessus. Remarquez-vous quelque chose? « Achille Fould »… si vous m’avez bien lue jusqu’ici, cela doit vous rappeler des souvenirs… Qui est cette femme dénommée « Achille Fould », comme le beau-père de Valérie. Ce ne peut être lui, il est mort en 1867. Ni son fils, mort en 1884 après des années de paralysie. Non, c’était une de leurs descendantes… La fille de Valérie. Car, de son mariage avec Gustave-Eugène Fould étaient nées deux filles : Consuelo, en 1862, et Achille Valérie, en 1865. Toutes deux devinrent… peintres. Et eurent droit chacune, comme atelier, à… un pavillon de l’Exposition de 1878. On y revient! Car Le Prince, ami, amant, puis époux de leur mère les considéra comme ses propres filles. Chacune eut droit à un atelier sur les terrains proches du château de Becon…. on y revient.

Pour la cadette, le pavillon des Indes.

Côté Seine
Côté rue

Pour l’aînée, le pavillon de la Suède et de la Norvège. Le seul que j’ai pu visiter.

Je reviendrai dans un prochain article sur ce que contient ce Musée si étonnant…

Ne négligeons pas les hommes!

J’ai traité hier des femmes à Dieppe, mais ne soyons pas sexiste, c’est au tour des hommes… (au moment où je boucle cet article, je m’aperçois qu’il y a de drôles de coïncidences. Nous sommes bien le 13 ?)

Un petit jeu : pourquoi vous montrer cette photo?

Si vous avez trouvé, c’est que vous êtes cinéphile, bravo!

Une première catégorie : les artistes. Omniprésents. L’art « officiel » était jadis un univers essentiellement masculin. Peu de femmes dans le catalogue. Mais des noms célèbres, parmi lesquels Renoir.

Vous en avez déjà vu beaucoup dans les articles précédents, Boudin, Blanc… Dans la série des B, il manque Braque. Bien sûr, très présent car ayant vécu dans le coin, comme vous le savez si vous m’êtes fidèle.

Les musiciens ? Oui, un célèbre Normand : Camille Saint Saëns, dont la demeure n’était pas très éloignée. Une pièce en a été reconstituée, avec des objets lui ayant appartenu, dont son piano.

Les hommes du peuple sont étonnamment moins représentés, me semble-t-il, que les femmes. Et quand ils le sont, c’est souvent avec elles.

Peut-être est-ce lié au fait qu’une grande partie d’entre eux étaient souvent absents, pris par la mer (vous savez, comme dans la chanson de Renaud). On peut donc dire que les bateaux les évoque. Et ils sont nombreux dans le musée! En peinture, certes, mais aussi en maquettes.

Difficile de les photographier, car le verre qui les protège reflète trop la lumière. Et c’est dommage. La finesse de certaines d’entre elles est exceptionnelle.

Armateur, marin, soldat… La vie n’était pas simple! J’en arrive à la dernière de ces catégories, avec une énigme : pourquoi trouve-t-on ces mocassins à Dieppe ?

Certes, la finesse des broderies est remarquable, mais cela suffit-il à justifier leur présence ?

J’espère que vous en avez deviné l’origine ? Le Canada, bien sûr. Alors, pourquoi ici, à Dieppe ?

En raison du lien très fort qui unit Dieppois et Canadiens : l’horreur du Raid de Dieppe, ou Opération Jubilee, en août 1942. Un quart au moins des soldats canadiens y ont trouvé la mort et reposent désormais en terre normande… Rien d’étonnant donc qu’une salle soit consacrée au Canada ! Même si on y trouve des choses étranges, comme un oiseau empaillé.

Mais on y rencontre aussi – ce qui me permet de « boucler » – des musiciens.

Apparence bien sévère, mais c’était la mode à l’époque. Dominique Ducharme, décédé en 1899, était organiste, pianiste, et compositeur. Québécois, il est venu à Paris étudier. Mais s’il est ici, c’est qu’il était ami avec Camille Saint-Saëns. Et aussi peut-être parce qu’un de ses homonymes, Dieppois d’origine, est devenu coach de l’équipe junior de hockey du Canada ?

Achille Fortier fut un de ses élèves, également en relation avec le Maître français. Lui aussi a étudié au Conservatoire de Paris. Il cumulait les talents…

« Il se rend en France à l’automne de 1885. Il prend part aux cours de composition d’André Gédalge, qui le prépare pour le Conservatoire de Paris. En 1887, il est candidat au concours musical de la ville de Senlis, où il obtient le prix du jury. En novembre 1889, il devient le premier Canadien admis comme élève régulier au Conservatoire de Paris, dans la classe de fugue et de composition d’Ernest Guiraud, où il a notamment comme condisciples Alfred Bachelet et Victor Staub, futurs compositeurs.

De retour à Montréal en 1890, Fortier enseigne le chant, l’harmonie et le contrepoint à l’asile Nazareth jusqu’en 1906, fonction qu’il exercera de nouveau de 1920 à 1923. Il donne des cours de chant et de composition au couvent des Religieuses du Sacré-Cœur. De 1895 à 1901, il prend en charge les classes de chant et d’harmonie au conservatoire de la Société artistique canadienne. Il est notamment le professeur d’Édouard LeBel et de Joseph Saucier, qui deviendront chanteurs, et de Frédéric Pelletier, futur critique musical.

Fortier s’est produit pour la première fois comme ténor le 29 mars 1891 à l’église Notre-Dame, à Montréal, quand, sous la direction de Couture, il interprète la Messe solennelle […] d’Ambroise Thomas. Occasionnellement jusqu’en 1901, il donnera des récitals ou participera à des concerts. En 1892, pour moins d’une année, il est maître de chapelle à l’église Notre-Dame. Le 29 novembre 1893, sous la direction de Couture, l’Association Hall présente un concert vocal et instrumental entièrement consacré à 16 des œuvres de Fortier. »

J’arrête là. Si l’artiste vous intéresse, on trouve sa biographie en ligne. Elle est passionnante. Quant à sa musique, en voici un exemple – le seul que j’aie trouvé… si vous en avez d’autres?

Je termine par le plus beau de la liste, celui que l’on a surnommé « le Chopin Canadien », Léo Le Roy, « compositeur, musicographe, pianiste, professeur ».

Pour finir sur une note d’humour, mes hommages au conservateur ou à la conservatrice qui a osé (faire) accrocher ces deux tableaux sur l’escalier principal…