
En ce matin du 11 mai, beaucoup de personnes autour de moi hésitent et ne savent plus que penser. Alors que la sphère commerciale, à l’exception des secteurs encore interdits d’activités, comme bars, restaurants… et culture, pousse à se réjouir, les citoyen-ne-s qui réfléchissent se demandent comment agir et réagir… L’heure est aussi aux bilans. Deux mois, si brefs dans une vie, mais si importants quand il n’en reste plus beaucoup à vivre… Qu’en avons-nous fait? En quoi nous ont-ils modifiés et ont-ils ou vont-ils changer le cours de notre vie ? Mais cessons là. Comme vous l’avez remarqué, depuis deux mois j’ai tenté au travers de ce blog de « survivre intellectuellement » et de distraire celles et ceux d’entre vous qui étaient isolé-e-s, découragé-e-s, parfois en manque de « société » tout simplement. Aujourd’hui, je vais consacrer mon dernier article « quotidien » – mais peut-être le resteront-ils, qui sait? – à l’un des « cadeaux » qui m’ont été offerts par les un-e-s et les autres, au travers des échanges qui se sont multipliés grâce à Internet.

Le poème du jour, qui sera le dernier de la séquence « La Poésie pour clef« , m’a été transmis par une amie, qui l’a enregistré et m’a envoyé une vidéo… que je ne parviens pas à placer ici pour l’instant. Promis, dès que je le pourrai, je le ferai.

Acceptation
É mais fácil pousar o ouvido nas nuvens
e sentir passar as estrelas
do que prendê-lo à terra e alcançar o rumor dos teus passos.
É mais fácil, também, debruçar os olhos nos oceanos
e assistir, lá no fundo, ao nascimento mudo das formas,
que desejar que apareças, criando com teu simples gesto
o sinal de uma eterna esperança.
Não me interessam mais nem as estrelas, nem as formas do mar, /nem tu.
Desenrolei de dentro do tempo a minha canção :
não tenho inveja às cigarras : também vou morrer de cantar.
Cecilia Meireles
Comme vous ne lisez peut-être pas couramment le portugais, en voici la « traduction » en français – si vous me lisez souvent, vous savez ce que je pense de ces interprétations, même si elles sont très bien pensées… d’où la présence du texte original…
Il est plus facile deposer l’oreillesur les nuages
et sentir se déplacer les étoiles
que la fixer au sol et percevoir le son de tes pas.
Il est plus facile, aussi, de plonger les yeux dans les océans
et d’assister, là, au fond, à la naissance silencieuse des formes,
que vouloir que tu apparaisses, créantavec ton simple geste
le signe d’une espérance éternelle.
Je ne m’intéresse plus aux étoiles ni aux formes de la mer, ni à toi.
J’ai déroulé de l’intérieur du temps ma chanson :
Je n’envie pas les cigales : je vais, moi aussi, mourir d’avoir trop chanté.
Traduction Jacky Lavauzelle

Je ne connais pas bien la littérature brésilienne, c’est un doux euphémisme. Et j’ai ainsi découvert l’écrivaine remarquable qu’a été Cecília Benevides de Carvalho Meireles, décédée en 1964 à 63 ans. Sa poésie est vivante et forte, trace de la personnalité de cette femme qui s’est adonnée non seulement à la poésie, mais aussi à l’enseignement et au journalisme. Vous pourrez trouver quelques oeuvres traduites ici.
J’ai aimé entendre ses poèmes lus, comme Retrato par Paulo Autran, sans fond musical ou avec, ou encore Recado aos amigos distantes par José-António Moreira. D’autres ont été mis en musique et chantés, comme Motivo par Fagner. D’autres enfin ont donné lieu à une mise en images avec accompagnement musical (à l’esthétisme plus ou moins réussie), comme Nem tudo é facile ou O Tempo. On en trouve même dansés en un lent tango, comme le même O Tempo. A voir absolument!
