Un « Moulin » devenu « Smok »

Il était une fois un moulin. Celui-ci était situé sur la Vilaine, non loin de Rennes. La photo, empruntée à ce site, le montre en l’état, au siècle dernier.

« Les moulins d’Apigné sont de datation ancienne mais ont été reconstruits au cours du XIXe siècle. Mise en faillite en 1904, la minoterie est rachetée par J.-M. Huchet pour y installer une briqueterie. Le 5 octobre 1906, des travaux de restauration et de réhabilitation des bâtiments, ainsi que la construction d’un four à briques sont entrepris. Le 1er janvier 1923, constitution d’une société en nom collectif sous la raison sociale Huchet frères et soeurs pour la fabrication et la vente de briques, pour une durée de vingt ans. En 1923, la briqueterie consiste en un grand bâtiment comprenant au rez-de-chaussée : le moteur, les appareils divers à filer et à mouler, les presses, les pompes et du matériel divers, et aux trois étages supérieurs : les séchoirs et un grenier. Un hangar abrite par ailleurs un four à flamme renversée avec sa cheminée, et plusieurs bâtiments sont à usage de logement, de bureaux, de magasins, d’entrepôts ou de séchoirs. Dans les années 1920, la production se cantonne à de la brique pleine, alors qu’elle se diversifie après la crise économique des années 1930 avec de la brique creuse, de parement, de gros oeuvre, de cloison et du hourdis de plancher. Jusqu’en 1940, elle est dirigée par la famille Huchet, puis M. Chatel prend la tête de l’entreprise. De 1954 à 1956, la briqueterie bénéficie d’un développement technologique tourné vers une mécanisation systématique qui va entraîner plusieurs campagnes de travaux et accroître la production. En 1956, mise en place du four-tunnel alimenté au fuel et atteignant 1000°C. La briqueterie cesse toute activité en 1971. Aujourd’hui, les bâtiments abritent différentes associations de sports nautiques.. En 1859, mention d’une machine à vapeur locomobile. En 1906, attestation d’une tuilerie système Bürher. En 1923, existence d’un grand four à feu continu de douze chambres avec ses accessoires. Le matériel d’exploitation comprend des wagonnets, des rails, des plaques tournantes, deux presses à main, des séchoirs mobiles et une turbine hydraulique.. En 1920, la briqueterie emploie une trentaine d’ouvriers et une quarantaine dans les années 1950. » (Source)

Je ne connaissais pas l’histoire lorsque j’ai connu « Le Moulin d’Apigné » voici quelques années… et j’ignorais qu’on employait naguère le pluriel, d’ailleurs. En effet, j’allais parfois dîner dans cet endroit plein de charme : un des bâtiments avait été transformé en restaurant.

En route vers le Pen Ar Bed, il était temps de faire une pause déjeuner : midi sonnait à l’entrée est de Rennes. Or le restaurant est situé à l’extrêmité ouest. Appel. Réponse positive. Vite, direction l’Occident. Mais plus de « Moulin », malgré l’indication des signalétiques voisines. A la place, un « Smok », et une affiche qui donne envie de fuir. Je pense m’être trompée, mais non : les environs sont toujours aussi dignes de Courbet…

… Si l’on excepte les péniches, d’états variés…

Mais c’est bien le moulin, pas d’erreur possible…

Sur la photo ci-dessous, j’ai encadré (à gauche) le petit panneau, à peine visible, indiquant « Moulin d’Apigné ».

Pas de doute possible : le « Smok » est bien l’avatar du « Moulin ».

Fatigue de la route et curiosité aidant, tant pis, allons découvrir ce qu’est devenue notre chère auberge.

Le lieu a été modernisé, c’est le moins que l’on puisse dire, accueillis par deux athlètes.

Mais l’accueil est toujours aussi agréable, et je bénéficie d’une jolie table en bois, non caché sous ou par une nappe, avec une vue sur la rivière, agrémentée par une belle bruyère (pas de triche, la photo est bien prise de ma place, position assise!).

Sagement orientée au départ vers un simple ceviche, je suis séduite par le menu complet.

Alors, me direz-vous, pourquoi ce nom? La suite du menu l’explique : regardez ce que sont les « viandes smokées » :

Se sont donc ajoutées au ceviche (très fin) une Picanha de veau (délicieuse, avec sauce aux champignons frais) et une Tarte au citron (moins aimée, car trop éloignée de la classique de Menton, que j’aime tant… mais originale, avec son goût spécifique).

D’autres avaient préféré le jarret de porc (aussi « smoké ») accompagnés de cocos… de Paimpol, bien sûr! avec une sauce chimichurri.

J’ai évidemment goûté le plat. Et ai trouvé le chimichurri plus fade que celui du restaurant argentin dont je vous ai déjà parlé, El Sur, à Paris. Mais depuis, j’ai appris qu’il y a deux sauces différentes à base de cette épice sud-américaine qu’est le chimichurri :

« C’est un mélange d’herbes et d’épices originaire d’Argentine mais aussi très populaire en Uruguay, au Nicaragua et au Mexique. Il sert à confectionner la sauce du même nom, ainsi que des marinades et des viandes en croûte.

Les deux versions sont légèrement différentes : le Pampeano est particulièrement relevé alors que le Patagonico sera plus doux. » (source)

J’ai ainsi découvert que j’aimais le Pampaneo davantage que le Patagonico!

Quant au Malbec, il faut reconnaître que les Argentins le travaillent mieux que nous. Mais le Madiran proposé à ma demande de Malbec n’était, une fois réchauffé et aéré, pas si mauvais que dans mes souvenirs de ce vin.

Bref, un bel accueil, un repas de qualité pour un prix acceptable, et un lieu qui méritera d’être revu à la belle saison, car en terrasse ce doit être encore mieux!