
Je n’étais encore jamais allée au Musée Jacquemart André… mais il vaut la peine d’être découvert, quels que soient les goûts esthétiques et les orientations socio-politiques…
Un hôtel particulier symbolique du capitalisme au siècle dernier…
On aime ou on n’aime pas le faste bourgeois de cet hôtel particulier, aux escaliers monumentaux et au mobilier et décor surabondants.


Deux escaliers en colimaçons m’ont particulièrement séduite. Hélas je n’avais pas d’appareil photo sur moi, j’ai dû me contenter de l’Iphone… en voici un aperçu…

Enfin, les parquets sont magnifiques; j’ai tenté de restituer l’originalité et la beauté de l’un d’entre eux par cette photographie.

Le Musée est donc d’abord un hymne à la gloire d’un couple, dont il porte le nom. Une originalité : une fois n’est pas coutume, c’est le patronyme de la femme qui précède celui de son financier de mari… Eh oui! Incroyable mais vrai… Et à la gloire d’une classe sociale qui a développé le mécénat artistique… et favorisé le commerce d’oeuvres d’art, donc encouragé la spéculation autour de celui-ci… Mais ce n’est pas l’objet de cet article, revenons à la peinture, et, en l’occurrence, à celle d’un Danois que, pour ma part, je découvrais totalement en ce dimanche de mai 2019.
Selon le principe adopté pour ce blog, je n’ai nullement l’intention de me poser en « critique d’art », n’en ayant pas du tout les compétences. C’est donc par focales, en fonction de mes appétences et de mes observations, que je vais présenter ici quelques aspects de l’exposition temporaire abritée dans ces lieux. J’en ai choisi quatre : les mises en perspective et en lumière, les paysages, le nu réaliste, et les nuques…
Jeux de portes et de lumières
Les affiches vues au préalable m’avaient laissée interrogative, tant les tableaux semblaient gris, ternes, sans profondeur. C’est un des cas les plus remarquables, à mon sens, de l’échec de l’impression et de l’édition de tableaux.
En effet, ce qui semble si terne et gris est en réalité d’une richesse étonnante de gammes colorées, et la lumière est rendue de manière étonnante sur certains des tableaux.


Bien sûr, les photographies ne sont pas très bonnes (il y avait du monde, difficile de se placer face au tableau)… et on va retrouver sans doute ici une partie des déficiences dont je traitais ci-dessus… Mais l’effet, face à chaque tableau, est saisissant…
Paysages nordiques et paysages du Nord
Pour la fille du Nord que je suis, les paysages évoquaient à la fois une forme de platitude à peine contrastée par des collines, les vastes étendues, cultivées ou non, brisées par des rideaux ou lignes arborées, et les dégradés de bleu pâle, de gris et de vert qui caractérisent nos contrées.


La composition du premier tableau m’a interpellée, pas vous? Quant au second, il dégage une atmosphère qui « me parle »…
Les nus
Aucune concession dans les quelques nus présentés dans cette exposition. Un réalisme parfois terrifiant, tant les « défauts » – esthétiquement parlant – des femmes sont exposés, relatés, mis en évidence, voire en valeur… Je ne présente pas les photographies de groupe, qui m’ont mise mal à l’aise… Vous les trouverez sur le net. Je me contente de ce tableau, où, par opposition, la beauté transparaît avec ou malgré les écarts par rapport à l’esthétique académique.

Le mouvement y est sans doute pour beaucoup, car la vie participe de la beauté, à mon sens. Et c’est un paradoxe qui m’a sauté aux yeux, en visitant l’exposition. D’un côté, une grande sobriété, un monde un peu figé, des décors très « géométriques ». De l’autre, une vie transmise par la narration d’une position évoquant une activité tranquille (la lecture, par exemple), mais aussi d’un mouvement, d’un geste, aussi ordinaire, routinier, voire quasi-imperceptible soit-il.
Un attrait pour les nuques ?
Faisant et refaisant plusieurs fois le parcours de l’exposition, j’avais dans un premier temps remarqué que souvent, les femmes étaient représentées de dos. En particulier son modèle préféré, qui n’était autre que son épouse. Puis j’ai été saisie par la quantité de nuques, et surtout ce qu’elles semblaient révéler de désirs implicites, que le trait et la couleur rendaient plus ou moins explicites…
Regardez par exemple les photographies « orientées » que j’ai faites en « zoomant » sur trois tableaux.



C’est toujours l’épouse de l’artiste qui est représentée, dans des activités différentes. Mais que d’émotions et de désirs traduits par la peinture! De la froideur d’une nuque effilée et bien droite à l’attrait d’une nuque charnue et pliée, toute une gamme est jouée par le peintre… révélatrice? de quoi?
Une seule nuque tranche sur cet ensemble. Il s’agit d’une femme totalement différente, à la longue chevelure blonde ramassée en tresse, tresse qui cache partiellement la nuque, ce qui n’est pas le cas des chignons des autres Dames.

Le trait est plus tranché, la représentation, sans concession, trahit l’âge de la personne. On ne sent plus le désir, mais l’observation froide du peintre…
Une idée originale… salon d’attente pour toilettes transformé en salon de lecture…
Je ne puis m’empêcher de compléter cet article par l’évocation d’un site qui m’a vraiment frappée. Si l’on veut lire tranquillement des ouvrages sur Hammeshoi, il suffit de vouloir… aller aux toilettes. Devant celles-ci, deux chaises et deux pupitres, sur lesquels sont mis à disposition deux ouvrages. Original, non?

