La Nuit Blanche

Elle a bien changé, la « Nuit Blanche » à Paris… Je me souviens avec nostalgie d’une belle balade nocturne qui m’a menée du 5ème au Bassin de la Villette, voici quelques années… Tout au long du parcours, des oeuvres d’art dans les rues, des concerts plus ou moins improvisées, la déambulation, pour ne pas dire l’errance, du public, dans une ambiance gaie et festive.

Au lieu de cela, cette année, un défilé qu’on n’ose nommer… et une foule grégaire qui suit un tracé réduit, de la Concorde à la Bastille… Une insupportable odeur de mauvaises grillades Place de l’Hôtel de Ville et rue de Rivoli… et des « spectateurs » de ce que je n’ose appeler un spectacle. Même le triste avatar du Carnaval de Nice est meilleur! c’est peu dire…

C’est l’Hôtel de Ville qui avait été choisi comme premier point de chute, car il y était organisé ce qui semblait bien alléchant, un « Bal Blanc » sur le modèle de celui qui fut organisé en 1930 dans l’hôtel de Cassini, rebaptisé par la suite Pecci-Blunt, qui a été l’occasion pour Man Ray de superbes photographies des personnes revêtues de blanc. Il y avait projeté un film colorisé de Méliès en utilisant comme écran les danseurs vêtus de blanc. Jean Cocteau, lui, en fit des tableaux vivants. Rien à voir avec cette performance. En fait, on a parqué des personnes sur le parvis en les affublant d’une cape en plastique -rien à voir avec ces tenues élégantes ou fantasques de 1930! Elles ont attendu, attendu, attendu…

Le Bal Blanc

Quand la musique a commencé, elles ont continué à attendre… car visiblement ce n’était pas celle qu’elles attendaient. Une mauvaise musique pseudo techno. « Indansable » – excusez le néologisme! – ou quasi. Et à minuit, presque personne ne dansait encore. Sinistre. Presque absurde, avec cette odeur de viande et d’oignons grillés, et ce bruit des voitures qui passaient sans cesse.

Seul intérêt : une projection sur les murs de l’Hôtel de Ville. Sans support autre que les murs. Ce qui la rendait presque illisible. Et, comme elle n’avait pas été présentée dans les documents, impossible d’identifier tous les extraits de films projetés. En boucle courte, qui plus est.

La « Grande Parade » annoncée tenait à mon sens de la provocation. Alors que la Mairie de Paris lutte contre la pollution, les « chars » étaient en réalité d’énormes camions d’une société privée. Je n’ose imaginer la quantité de carburant consommé cette nuit « blanche »…

Le comble étant atteint lorsqu’un camion chargé d’une « forêt » symbolisant la lutte pour l’écologie est apparu. J’avais lu son descriptif, car une animation était prévue à la Fondation Cartier plus tard, Fondation où a lieu actuellement une exposition sur le thème des arbres. Inimaginable de pauvreté et d’absurdité!

De pauvres figurant-e-s se démenaient sur ou dans les remorques, déguisés en Mexicains ou dénudés pour montrer leurs tatouages, sur lesquelles zoomaient des caméras pour mieux les exhiber sur les écrans placés de chaque côté de la remorque.

En l’air, de temps à autre, des « poupées gonflables ». Bon, d’accord, pas toujours des « poupées ». Quoiqu’il en y eut une qui me choqua. Je vous laisse observer la photo…

Le stéréotupe de la poupée gonflable, de la secrétaire, allié au rappel de la lutte contre le cancer du sein, finissant par le slogan « Oui à tout »… du quatrième degré d’humour?

Seuls les chevaux selon moi pouvaient faire rêver petits et grands…

… tandis que le dragon rappelait le défilé du Nouvel An chinois.

La musique provenant des groupes qui défilaient avait bien du mal à se faire entendre… En concurrence avec celle qui était diffusé sur les immenses engins, elle ne pouvait faire le poids, et le pauvre biniou breton était bien difficile à percevoir entre deux musiques diffusées à grands coups de décibels!

Destination suivante : le 59 Rivoli, où était annoncée une manifestation « Queens et Queer« , sous forme d’ « installation / performance« . J’ai apprécié de pénétrer dans cet ancien squatt dont l’histoire m’a passionnée (promis, un article suivra…). Et comme j’apprécie les milieux transgenre et queer… Mais quelle déception! Dans le bâtiment, très peu de choses sur la question – et pourtant, il en existe, des artistes dits transgressifs! – et, vu du dehors, un triste spectacle avec quelques jeunes pourtant bien intentionnés (je les ai entendus discuter dans le rue avant).

Une foule de voyeurs/voyeuses qui se gaussaient sans comprendre; bref, un impact sans doute contraire aux objectifs poursuivis, dont celui d’une belle rencontre. Non, la Nuit Blanche ne fut pas favorable à la convivialité ni à la festivité, et pas plus au partage…

Mais, Nuit Blanche ou non, que la capitale est belle la nuit!

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