Carnaval de Vence

Sur « la Côte » (comme s’il n’y en avait qu’une!), c’est actuellement le moment des carnavals. Complètement décalés, si vous regardez le calendrier. Car, normalement, un Carnaval s’achève le Mardi Gras. Autrefois on brûlait Monsieur Carnaval. Pour ce qui me concerne, j’ai vécu ces moments au Nord comme au Sud : à Binche, ville de Belgique célèbre pour ses gilles (dont je vous ai déjà parlé) et à Nice. Le lendemain commence en effet le carême des catholiques : durant 40 jours, abstinence, voire, pour certain-e-s, des formes de jeûne. Mais dans notre actuelle société avide d’argent, il faut qu’un carnaval rapporte. Alors, fi des traditions, on le décale. Ce qui fait que, sur la Riviera, ils ont tous lieu après le Mercredi des Cendres, qui, cette année, coïncidait avec la Saint Valentin. Mon arrivée au bord de la Méditerranée s’est effectuée au moment de la Fête des Mimosas, à Mandelieu-la-Napoule, et les carnavals de Nice et de Menton ont commencé tous deux samedi, le 17 février. Jadis, un carnaval était une fête populaire, qui permettait tous les défoulements avant les 40 jours de carême… Maintenant, c’est un attrait touristique. Et, pire, inaccessible au « peuple ». Je m’explique : à Nice comme à Menton, le défilé se fait dans une zone circonscrite, fermée. Il faut payer pour y entrer. Et ce n’est pas donné : entre 14 et 28 euros par personne à Nice, entre 16 et 29 euros à Menton ! Un spectacle, donc, et non plus ce que c’était naguère : une manifestation populaire. J’ai connu le temps où chaque quartier de Nice faisait « son » carnaval…

Heureusement, il y a des Résistant-e-s. On m’a parlé d’un carnaval alternatif à Nice. Effectivement, une page Facebook lui est consacrée.

Et, bien sûr, on y retrouve la ratapignata, la chauve-souris, emblème de la résistance nissarde.

Il s’adapte à l’époque, comme on peut le voir sur cette affiche.

Je ne serai plus là pour le voir, décalage des périodes de vacances oblige; vous savez, ce qui empêche, pour que certain-e-s puissent gagner un maximum, que d’autres se retrouvent en famille, que des (arrière) grands-parents qui vivent à Paris puissent partager les vacances de leurs petits-enfants scolarisés dans une autre région?

Pour ce qui me concerne, je suis allée voir celui de Vence. Un tout petit défilé, mais où chacun-e avait sa place. De l’intergénérationnel. L’absence de « clinquant ». Et de la joie partagée, notamment avec les enfants. Alors j’ai choisi de vous le faire « vivre » autant que possible, au travers de (mauvaises) photos et (piètres) films. Pour témoigner. Pour montrer que cela est encore. Malgré tout.

Un petit mot, avant de commencer, sur la ville elle-même. Une des rares villes qui a gardé son authenticité malgré le flux touristique né avec le PLM et la « nationale 7 » et continué avec le TGV (TPV (très petite vitesse au prix de la grande!) entre Aix et Nice) et l’A8. Le centre ancien y est moins « léché » que dans les villages perchés ou les villes du bord de mer, mais on sent qu’il y fait bon vivre…

La photo ci-dessus a été prise sur la place où nous avons déjeuné. Un lieu idyllique, loin de toute agitation. Calme et silencieux. Un soleil radieux. Un accueil merveilleux. Et un déjeuner délicieux. Que demander de mieux?

Parillada de poissons pour l’une, aïoli aux légumes craquants pour d’autres, et des desserts tous plus fins les uns que les autres, comme les poires au vin que j’ai appréciées à leur juste valeur… Bravo à l’équipe du Michel Ange!

Après la charmante et sereine place Godeau (nom qui a évidemment entraîné le « en attendant » attendu…) au chevet de la cathédrale, direction la place du Grand Jardin, très ensoleillée aussi, moins historique mais beaucoup plus animée…

Une petite heure à siroter le café au soleil, et voici que l’on entend de la musique. Qui s’approche. Le défilé arrive…

Vous ne verrez pas la danse des Boufet, mais on voit déjà, dans le défilé, le costume blanc des danseurs et danseuses selon la tradition.

 » La danse des « Boufet » très répandue en Provence se retrouve sous d’autres formes dans d’autres régions comme les « soufflaculs » dans le Jura.
Comme dans toutes danses traditionnelles, les « Boufet » puisent leur origine aux sources de la civilisation agraire. L’homme a toujours essayé par des représentations d’objets ou d’animaux, des gestes spécifiques, de chasser les mauvais esprits qui pourraient entraver l’acte de régénération et d’encourager les divinités propices du sol dont sa vie dépend.

C’est ainsi que les figures précises de la danse, telle que spirale, enroulement, encerclement,dédoublement, renversement, ainsi que l’instrument employé par les « boufetaires » le soufflet, le costume blanc des jeunes gens et les grelots qui s’agitent à leurs chevilles, sont autant des symboles. »

On sait aussi que les sauts en cadence sur un pied sont des appels pressants à la
végétation, que les vêtements blancs, les grelots, mettent en fuite les mauvais esprits.

La danse des « Boufet » est donc bien un rite de fertilité comparable aux Olivettes et au au Bakubèr dans laquelle le soufflet a pour mission d’insuffler des forces nouvelles à la Nature endormie.
D’ailleurs, le caractère des paroles prononcées, le fait que les sorciers utilisaient le soufflet pour chasser les mauvais esprits, attestent le sens rituel des « Boufet », destinés à agir sur la Nature et sur les astres pour promouvoir la fertilité.
« 

« A Nice, le lancer de paillassou est une tradition. Je l’ai retrouvée, ce jour-là, à Vence. Mais ne sais si on le nomme ainsi…

Le paillassou ou pailhasso, si on l’écrit en niçois, se traduit littéralement par « homme de paille ». Son nom viendrait même de l’italien pagliaccio, qui veut dire le clown ! Tradition issue directement du Carnaval de Nice, le lancer de paillassou est même devenu un championnat du monde. 

À l’origine, il s’agit d’un jeu qui consiste à placer le bonhomme au centre d’un drap. Lancé dans les airs, on compte alors le nombre de rebonds que l’on parvient à faire. Avant tout lancer, un cri :

Un, doi, très, manda lo Pailhasso !le cri du lanceur de paillassou !

Selon la tradition, il représente les soucis, les mauvaises choses de l’année passée. Donc on l’envoie loin, le plus loin possible pour passer à autre chose dès janvier et oublier ses malheurs. En 1990, le groupe de musique Nux Vomica et son chef de file Louis Pastorelli décident de créer un  carnaval indépendant, ils donnent alors une place particulière à ce paillassou. 

Le championnat du monde du lancé de paillassou est organisé chaque année par l’association Nissa Pantai à Nice fin janvier.« 

Ce que je partage avec vous ci-dessous, c’est cette belle tradition, revue pour les enfants, avec un « mini-paillassou ».

L’heure tourne, et nous avons prévu d’aller visiter la chapelle de Matisse. Il faut arriver avant qu’elle ne ferme… Adieu le Carnaval et ses mini-carnavaliers/ères…

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