Un concert violon et orgue, voilà qui est suffisamment rare pour que cela donne envie d’y assister. Quand, de plus, il a lieu dans une chapelle de Paris dont vous n’avez jamais entendu parler… c’est encore plus alléchant!
L’Agneau de Dieu, qui a donné son nom à la Chapelle
C’est ainsi que j’ai pu découvrir un espace parisien nouveau pour moi – alors qu’il n’en est pas loin!- et que j’ai entendu de beaux, voire très beaux morceaux, interprétés par un violoniste aguerri, Dominique Hofer, et un très jeune organiste, Jules Troivaux.
En préparant cet article, j’ai cherché à en découvrir davantage sur eux, et ai ainsi appris que Jules était le neveu du violoniste, et le fils d’une pianiste, Frédérique Troivaux. Il a d’ailleurs commencé par le piano avant d’en venir au violon.
Le programme était varié, allant de Bach à Vivaldi et Charpentier, en passant par des compositeurs moins célèbres, comme Corelli et Vitali, et alliant concerti, sonates, partita, et même une chaconne. Vous ne savez pas ce que c’est? Rassurez-vous, je l’ignorais aussi avant de m’enquérir, a posteriori, du sens de ce mot. Si je vous dis qu’elle se rapproche de la passacaille, je suppose que cela ne vous aidera pas beaucoup?
« En Espagne au xvie siècle, danse populaire à trois temps très animée ; elle s’accompagne avec des castagnettes et revêt alors un certain caractère érotique. On la dit originaire du Mexique, mais il semble que ce soit au Portugal qu’apparaissent, dans le genre ostinato, le passo forçado et les danses dérivées : la folia, le vil ao et la chacota qui précèdent la chacona espagnole. À l’époque baroque, c’est une danse de cour à 3/4, à tempo lent, avec variations contrapuntiques sur un ostinato de quatre ou huit mesures, en une phrase complète mélodico-harmonique (anacrouse-apex-désinence). La basse contrainte dans la chaconne instrumentale apparaît en Italie avec Frescobaldi, B. Pasquini, F. Mannelli et T. Merula. On peut en rapprocher le ground des Anglais. Elle est composée pour elle-même ou s’intègre dans une suite ou une partita. Elle figure dans les ballets de Louis XIII, les opéras de Lully. Vocale (chez Monteverdi, Purcell) ou instrumentale (Couperin, Pachelbel, Élisabeth Jacquet de La Guerre, Muffat, Corelli), elle connaît une grande vogue. Sa structure permit aux génies de la variation de s’épanouir : de Buxtehude (chaconnes majestueuses pour orgue) à Krenek et Busoni, en passant par Bach (chaconne pour violon), Rameau (Dardanus), Beethoven (Variations en ut mineur), Brahms (IVe Symphonie). On la rapproche de la passacaille avec laquelle elle se confond parfois. » (Encyclopedia Universalis)
En l’occurrence, il s’agissait d’une chaconne, en sol mineur, de Tommaso Vitalli.
Un morceau m’a particulièrement émue : un adagio d’Alessandro Marcello, annoncé comme extrait d’un concerto pour hautbois. J’aurais aimé vous le faire entendre, mais je ne sais comment le retrouver. Si vous avez des idées?
Quant au lieu, il est surprenant et émouvant, lui aussi. Imaginez une place quasi-déserte, ouverte sur la nouvelle façade nord de la gare de Lyon, toute en baie vitrée, et fermée au nord par des immeubles « bétonnés ».
Dans l’un de ceux-ci, une chapelle, invisible de l’extérieur : aucun signe autre qu’une croix et le nom sur les murs. A l’intérieur, beaucoup de sobriété aussi, mais une ambiance très sereine, propice à l’écoute de la musique proposée.
Bref, une belle alliance pour échapper au brouhaha du Monde Profane.
Un avis sur un site de sorties partagées. Intriguée, je partage à mon tour l’idée. Le 17 à midi, ouverture de l’inscription à un concert à la Sorbonne, orchestre et choeur. « Inscrivez-vous vite, il y a peu de place ». Je partage immédiatement l’info. Pour en faire profiter d’autres, mais aussi parce que, ce jour-là, je travaille à Lille sans répit, déjeuner compris. C’est avec émotion que je retrouve donc le mardi soir, après une seconde longue journée de travail, l’édifice historique qui a accueilli, voici bien longtemps, très longtemps, une jeune fille de 17 ans en rupture d’hypokhâgne, et, dans un passé plus récent, une thésarde tardive qui avait demandé à soutenir en ces lieux, Amphithéâtre Dürkheim.
Cette fois, c’est un autre amphi que nous cherchons, l’Amphi Richelieu. La Sorbonne fait un peu « ruche » à mon arrivée. Dans la cour, dans le grand hall, dans d’autres amphis, une nuée de jeunes en tenue sombre. Que dis-je, sombre! Noire! Pas la tenue ordinaire des étudiant-e-s qui fréquentent ces lieux. Je suis intriguée par leur nombre, aussi.
L’amphi est déjà bien plein quand j’y pénètre. Il faut dire que le tiers environ des places les plus proches de la scène, face et côtés, sont marquées soit par des dossiers noirs soit pas des « réservé ». Une jeune « ouvreuse » explique que c’est pour le choeur et les invité-e-s. Le choeur? Etonnant, non? Ordinairement il est plutôt sur scène!
Montée donc par l’étroit escalier qui conduit à l’étage supérieure. Installation sur les bancs de bois toujours aussi durs, avec des dossiers raides qui n’épargnent pas le dos et un espace qui ne permet pas aux personnes de taille normale d’y placer leurs jambes… D’ailleurs mon voisin du rang suivant, un grand jeune homme tatoué et annelé, cheveux décolorés, ne parvient pas à glisser ses jambes longues, longues, longues, entre siège et dossier du rang précédent. Il passera toute la soirée à se tortiller en tout sens pour tenir bon. Comme mon voisin immédiat, un peu moins grand, mais qui cherchera une position à peu près tenable tout au long du concert.
La salle est pleine de spectateurs, et le spectacle des nombreuses places réservées, vides, est étrange…
Un organisateur se trémousse, puis prend la parole pour remercier, dire combien il est heureux, etc. Notamment parce que le Président de l’Université est dans la salle. Je ris intérieurement. C’est unE PrésidentE. Elle est d’ailleurs deux rangs devant moi, discrètement installée au sein de la foule du balcon. Seule la présence de deux jeunes hommes en tenue de gala, au rang suivant, qui se penchent régulièrement vers elle, a attiré mon attention…
Puis un grand escogriffe entre en scène. On nous a annoncé l’un des deux chefs. Mais ce n’est pas une baguette qu’il a en main! C’est un djembé! Et il ne se glisse pas derrière le pupitre! Il s’assied, oui, il s’assied sur le bord de la scène ! Et se saisit de son instrument, commence à en jouer doucement.
Au rythme de celui-ci, alors, arrivent sur scène, mais aussi dans les deux espaces permettant de descendre dans les rangées de sièges, trois longues files de jeunes, tout de noir habillé-e-s. Une cérémonie étrange. Intrigante. Trois vagues déferlant doucement (bel oxymore, n’est-ce pas?)…
L’arrivée des deux « ailes », au son du djembé
Et le chant commence. Tout doucement, d’abord. Puis de plus en plus fort. Jusqu’à emplir tout l’espace et enivrer les personnes présentes. Les choristes dansent en chantant… La surprise est totale.
Le reste du spectacle sera plus « classique ».
Voilà qui est plus orthodoxe !
Présentation de la saison 2022-2023. Le chef d’orchestre expose, explique, annonce, et introduit pour chacun des premiers spectacles les extraits qui seront joués et chantés. A chaque fois, la scène est recomposée, les musiciens et choristes alternent ou au contraire se retrouvent. Un vrai ballet. Et des morceaux très disparates, du 18ème au 21ème siècle.
Pour ce faire, l’orchestre évolue, du « grand » (enfin, le plus grand possible, vu l’étroitesse de la scène!) au quatuor…
Le chef Nicolas Agullo et son orchestre
Version quatuor
J’ai pour ma part particulièrement apprécié deux d’entre eux.
Le premier, une chanson composée par une jeune Ukrainienne à partir d’un discours de son président. Un jeu entre deux chanteuses, qui avaient pris place au plus haut des espaces latéraux, et le choeur situé sur scène. A capella. Emotion intense, partagée.
En haut, à gauche, à peine visible, l’une des deux chanteuses…
Il a pris place au milieu du premier rang du choeur, et le son de son saxophone donnait le rythme au chant, pour, en toute fin, s’allier à celui-ci. Autre émotion, mais différente.
La soirée s’est achevée sur un appel à la participation des auditeurs/trices. Car il est organisé deux fois dans l’année des concerts participatifs. L’un autour du Gospel. L’autre autour de chants de compositeurs actuels. Mais la salle a peu participé au Choeur des Gitans de Verdi, qui a clos cette étonnante soirée…
Ecran version karaoké
Seuls trois spectateurs sont restés particulièrement calmes, bien tapis dans la pénombre… Les connaissez-vous? En voici deux… Qui est le troisième?
Une dernière information : une captation du concert a été faite, annoncée… mais quand et où sera-t-elle disponible? Peut-être sur YouTube, où l’on peut voir beaucoup de vidéos du COSU?
Cela faisait un moment que j’avais noté cette date dans mon agenda, une fois n’est pas coutume. Un de mes amis m’avait annoncé que la chorale dont il fait partie allait chanter en ce mardi 27 septembre. Ce n’était pas la première fois. Mais j’avais raté les précédentes occasions. Alors, blocage de la date. Et me voici, en cette soirée d’un automne précoce – pas d’été indien, cette année! – en train de découvrir le quartier des Batignolles et son Temple.
Au programme étaient annoncés « Suites profanes de la Renaissance ». Non, pas d’allusion à la superbe idée de notre président. Enfin, je crois. Mais à l’époque. Les Cours d’Amour commençaient à passer de mode, mais on continuait à célébrer l’Amour, voire les amours… Qu’elles soient réciproques ou non, désespérées ou heureuses. Et c’est là l’entrée choisie par le choeur et son directeur, Alain Lechevalier. Directeur – soit dit en passant – de cette chorale « A Coeur Joie » depuis 43 ans, puisqu’il en a été le fondateur en 1979 (vive le calcul!).
Deux parties elles-mêmes divisées en deux, des amours malheureuses, voire tragiques, à la célébration du bonheur amoureux. Occasion de réaliser que j’aime les extrêmes : ce sont la première et la quatrième qui m’ont le plus transportée! Mais l’ensemble était remarquable, et, malgré l’option annoncée de ne pas chercher à restituer la langue de l’époque, nous étions bien en pleine Renaissance, avec Josquin des Prés, Janequin et les autres.
Couleurs de l’Amour, donc, du noir au rouge (vu par les cultures asiatiques), en passant par toutes les nuances de gris (non, pas les 50) et de roses.
Couleurs de voix du Petit, puis du Grand Coeur, nous menant du désespoir à la Joie. A Coeur Joie, une vraie « communauté » qu’il fait bon découvrir et qui s’ouvre au public.
Le « Petit Choeur »
Le « Grand Choeur »
N’oublions pas les musicien-ne-s, et principalement la vieilleuse, qui a comblé nos oreilles lors des morceaux interprétés en solo ou avec l’organiste.
Annie Couture
Les intermèdes instrumentaux ont en effet rythmé le concert, avec des oeuvres de Janequin (encore lui!), mais aussi Sermisy, Lupi, Megret (non, pas l’inspecteur).
Bref, vous l’avez compris, un de ces moments de pureté et de bonheur partagé, comme je les aime.
Ah! J’allais oublier de vous donner le nom de cette chorale. Il signifie, en grec, « qui aime le chant ». Vous savez toutes et tous traduire « qui aime » en grec, tant il entre dans la composition de mots français, notamment avec toute la série des collectionneurs (pour la plus grande joie des jeux radiophoniques ou télévisés qui s’amusent à faire découvrir ce qu’est un tyrosémiophile, par exemple). Mais pour la suite du nom, j’en appelle à mon cher Bailly.
« μέλος, εος-ους (τὸ)
Iau propre :
1 membre, articulation, aussi bien de l’homme que des animaux ; primit. seul. au pl. IL. 7, 131, etc. ; OD. 11, 599, etc. ; PD. N. 1, 47, etc. ; ESCHL. Pers. 992 ; EUR. El. 1209 ; HDT. 1, 119 ; PLUT. Cor. 6, etc. ; au sg. STR. 83 ; GAL. 4, 589 ; ANTH. 9, 141 ; μέλη καὶ μέρη ou μέρη καὶ μέλη, PLAT. Phædr. 238 a, etc. les membres et les parties ; fig. au plur. membres ou parties d’un tout, NT. Rom. 12, 5 ; 1 Cor. 6, 15, etc.
2p. suite au plur. les membres, c. à d. le corps entier, NT. Rom. 6, 19, etc. ; 1 Cor. 6, 15, etc.
II membre de phrase musicale, d’où chant rythmé avec art (p. opp. à μέτρον, parole versifiée, métrique) particul. :
1 chant du rossignol, HH. 18, 16
2 chant des instruments (flûte, etc.) PD. P. 12, 19 ; THGN. 761 ; SOPH. (ATH. 175 f)
3 chant avec accompagnement de musique, défini comme un assemblage, PLAT. Rsp. 398 d ; d’où mélodie, PD. O. 9, 1 ; HDT. 5, 95 ; ARSTT. Pol. 8, 5 ; PLUT. Lyc. 21, M. 300 f ; à côté de μέτρον, PLAT. Rsp. 607 d ; au plur. joint à ᾠδαῖς, PLAT. Rsp. 399 c ; p. opp. à ἔπεσι, PLAT. Rsp. 379 a, etc. ; fig. ἐν μέλει, PLAT. Soph. 227 d, en mesure, en cadence, justement ; παρὰ μέλος, PD. N. 7, 69 ; PLAT. Leg. 696 d, Crit. 106 b, etc. ; LUC. Eun. 2, etc. (cf. πλημμελής) sans mesure, c. à d. sans raison, maladroitement
4p. ext. parole qu’on répète sans cesse, redite, SOPH. Aj. 976 ; EUR. Hipp. 879 ; AR. Pax 289
5au plur. τὰ μέλη, poésie lyrique, p. opp. à la poésie épique ou dramatique, PLAT. Rsp. 379 a, 607 a, etc.«
En rébus, cela donne donc.
« Mon premier aime. (Alternative : discipline scolaire abrégée, contrairement aux souffrances qu’elle inflige aux élèves)
Mon second désigne dans la langue d’Homère un chant cadencé. (Alternative : Il manque un outil pour compléter le désordre).
Mon tout est un volatile que l’on apprécie non pour sa chair, mais pour sa voix. »
Car oui, le nom de l’ensemble choral est celui de ce bel oiseau, lui-même chanté par Verlaine.
« Comme un vol criard d’oiseaux en émoi, Tous mes souvenirs s’abattent sur moi, S’abattent parmi le feuillage jaune De mon coeur mirant son tronc plié d’aune Au tain violet de l’eau des Regrets, Qui mélancoliquement coule auprès, S’abattent, et puis la rumeur mauvaise Qu’une brise moite en montant apaise, S’éteint par degrés dans l’arbre, si bien Qu’au bout d’un instant on n’entend plus rien, Plus rien que la voix célébrant l’Absente, Plus rien que la voix -ô si languissante!- De l’oiseau qui fut mon Premier Amour, Et qui chante encor comme au premier jour; Et, dans la splendeur triste d’une lune Se levant blafarde et solennelle, une Nuit mélancolique et lourde d’été, Pleine de silence et d’obscurité, Berce sur l’azur qu’un vent doux effleure. L’arbre qui frissonne et l’oiseau qui pleure. »
Eh oui, cet oiseau évoque pour les poètes plutôt des souvenirs douloureux qu’heureux, comme dans la très belle ode de John Keats. Mais les choristes et leur directeur ont fait le choix apprécié de ne pas en rester à la tristesse et de nous emmener vers le bonheur. Merci, Philomèle !
J’aime le jeudi soir aller écouter du jazz à la Péniche Le Marcounet. Ceux et celles d’entre vous qui me suivent depuis longtemps le savent bien. Mais en ce jeudi d’août, j’ai décidé de découvrir un groupe dont je n’avais jamais entendu parler. Ojos. Oui, Ojos, c’est son nom.
Un concert gratuit en plein air était annoncé à une heure raisonnable (19h) Cour Saint Emilion. Bon, je ne suis pas fan de cet endroit, mais ce n’est pas trop loin… Je regarde donc sur le net, et trouve des clips et autres vidéos. Cela me plaît. J’irai donc.
Arrivée sur place, je cherche. Pas de podium en vue. Comme il a plu, le concert est peut-être annulé? Mais au moins le podium serait encore là… Rien du côté du cinéma, je repars dans l’autre sens… et finis par découvrir, devant la FNAC, une installation assez rudimentaire, et quelques personnes qui squattent les rares bancs posés face à celle-ci. Il ne reste qu’à attendre… Deux jeunes sont en train de faire des réglages… Je reconnais la chanteuse découverte sur le net quelques heures auparavant. C’est donc là. Et le concert va avoir lieu. J’ai aimé. Mot affaibli mais le seul qui convienne.
J’ai aimé la personnalité des deux jeunes gens. Les gestes et la danse de la jeune femme. Sa voix aussi, bien sûr. Le jeu de guitare du musicien. La succession improbable de sons vifs et doux. De mots violents et tendres. Des langues espagnole et française. Une palette incroyable pour un concert qui, hélas, n’a pas duré longtemps. Car tel est le format de « Musiques en terrasses » à Bercy Village.
Une petite vidéo (mauvaise) qui vous donnera une idée…
La présentation sur le site n’est pas des meilleures. Jugez-en plutôt…
« 4 AOUT : Ojos
Hadrien et Elodie prêtent leur voix à des chansons originales et créatives, écrites et produites par leurs soins. Leurs compositions sont parsemées de slogans en espagnol, répétés plusieurs fois, les rendant plus mystérieuses. Le groupe s’identifie à de La Pop, mêlant français, anglais et espagnol. »
Pourquoi cette expression « prêtent leur voix »? Alors qu’il et elle écrivent leurs textes!
A la fin du spectacle, la plupart des spectateurs/trices dansaient, debout près des artistes. Une belle ambiance!
Je n’ai pas trouvé celui de la chanson que j’ai préférée, « Le Volcan qui dort« . On comprend mieux en écoutant sur YouTube que lors du concert… Ni celui de Corazon sin cara.
Mais en voici un autre, magnifique déclaration d’amour, « Seule« .
« Je traque le jour pour que la nuit ne s’arrête pas La nuit personne ne voit la couleur de mes pas Y olvidé como respirar
Que faut-il que je fasse je te sens jubiler si je m’efface J’essaierai d’avancer, arme au poing, résignée à te faire face Dime que dices tu, que dices a mi bella locura Avec toi je respire pas
C’еst trop facile de dire quе tu m’aimes quand j’suis sola J’écume mes mots le long des marches de notre immeuble Mais t’es trop beau quand tu m’enlaces et je suis plus d’humeur Y yo no puedo mas que tontería
Quand tu seras mort, quand t’auras tort, qu’est ce qu’il restera Y a plus que le silence de mes désirs quand tu t’en vas Regarde ce que t’as fait de moi«
Annonce inattendue dans le programme des Soirées Estivales offertes, comme chaque été, par le Conseil Départemental des Alpes Maritimes. Un petit rappel : ces soirées ont pour objectif de valoriser les artistes peu connus du coin, tout en faisant découvrir un village ou un bourg méconnu. Or, cette fois, le « méconnu » n’est autre que Cap d’Ail – vous savez, cette ville qui jouxte Monaco? Et les artistes, le choeur de l’Opéra de Nice! Evidemment, la curiosité l’a emporté, et direction la frontière monégasque. Une place de livraison disponible en haut de ville? Je prends. Et nous voici descendant des escaliers, et encore des escaliers, pour atteindre le niveau de la mer, où se situe l’Amphithéâtre de la Mer. J’espérais une jolie vue comme à Monte Carlo… Hélas non, il est tourné vers l’ouest, et c’est tout juste si l’on peut deviner l’eau. Très inconfortable aussi : choix entre des rangs de chaise sous le podium, ou des « marches » énormes, chauffées toute la journée par Phoebus, et qui plus est granuleuse. Mais ce n’est pas le pire. Il restait à venir.
Spots éblouissant la foule
Le choeur est de qualité, rien à dire. De beaux timbres même, surtout parmi les femmes, qui se distinguent parfois. Un répertoire varié, allant de Massenet à Verdi, du madrigal au Choeur des Esclaves… Pas de Mozart, comme annoncé dans le programme, mais ce n’est pas grave. Ce qui l’était davantage, c’est la manière dont a été traité le choeur et son chef. Imaginez : des lumières violentes, pas d’amplification si ce n’est pour les explications du Maestro – et le micro faisait baisser enfin l’intensité des projecteurs éblouissant les spectateurs/trices. Enfin, des essaims d’insectes tournant autour des bouches ouvertes pour le chant!
Dommage, vraiment, de voir des artistes traité-e-s ainsi! La première partie du programme n’a pas pu être appréciée, car on n’entendait pas les paroles. Triste pour les Fleurs de Massenet,
Encore plus pour les Roses de Rainer Maria Rilke…
A ce propos, j’ai découvert un compositeur dont je n’avais jamais entendu parler : Morten Lauridsen, un Américain d’origine danoise. Il a mis en musique des oeuvres du romantique Allemand… Mais quand on n’entend presque rien, comment en profiter?
Et c’était si dur pour le choeur, que son chef, Giulio Magnanini, a demandé pour la fin que les spots soient éteints!
Ah! J’allais oublier! Une jeune femme venue assister avec deux chiens qui se mettaient à hurler quand les aigus arrivaient, et deux petites filles qui dansaient en tapant des pieds, couvrant parfois les sons sotto voce du choeur!
Mais de bons moments cependant, notamment avec les airs d’opéra, et on ne se lasse pas de Nabucco, ni du Va Pensiero, n’est-ce pas? A propos, j’ai trouvé sur le net l’air chanté par le même choeur, durant le confinement de 2020… si vous voulez l’écouter?
Dans le précédent article, qui vous a fait voyager dans les Cieux, je faisais allusion à l’église Saint Julien le Pauvre. Vous la connaissez, si vous lisez ce blog depuis longtemps, car j’en ai déjà parlé ici. Pour les autres, c’est cette jolie petite église plus ou moins romane, blottie dans le petit parc -jardin Viviani – qui fait face à sa grande soeur, Notre-Dame, de l’autre côté de la Seine, et fait angle avec la rue Galande.
Une église qui a vécu une histoire pleine de rebondissements (histoire que j’ai déjà narrée, je n’y reviens donc pas), et est maintenant consacrée au rite grec melkite catholique. Une petite visite, mais limitée au côté droit… je n’ai pas pu me promener dans l’église avant le concert! Et le manque de luminosité explique la mauvaise qualité des photos…
Les Grecs (ainsi dénommés non par leur origine géographique mais parce que c’est la langue grecque qui est utilisée) Melkites Catholiques sont des catholiques de rite byzantin. Ce qui explique la présence de nombreuses icônes.
Chapelle latérale
Cela explique aussi la présence de l’iconostase où se trouvent, entre autres, les peintures représentant les 4 évangélistes et leurs symboles, sujet de ma verve d’avant-hier… Observons-le de haut en bas (pour la petite histoire, le haut avait disparu à une certaine époque!)…
Quel lien avec l’Opéra et l’Amour? Tout simplement, cette église accueille très souvent des concerts, dont celui qui fait l’objet de mon discours ce jour. Vous l’aviez peut-être compris, si votre regard s’est porté sur le piano de la photographie ci-dessus!
En ce jour de fête commerciale, rien de tel, pour contrecarrer les visées économiques, que de se nourrir de musique et de chants, n’est-ce pas? Et ce fut un régal.
Le pianiste est remarquable. Il faut dire que Philippe Alègre a une carrière riche, qui l’amène à jouer régulièrement dans les salles célèbres comme Cortot et Gaveau.
Philippe Alègre au piano
« Parallèlement à sa carrière de concertiste, il est depuis 2003 le fondateur et directeur artistique des « Nuits musicales du Rouergue », festival d’été au cœur de l’Aveyron. Il est également directeur artistique de « Piano Passion », série de concerts tout au long de l’année à l’église Saint-Julien -le-Pauvre à Paris. » (source)
C’est donc, si je comprends bien, l’instigateur de ce concert. Voilà qui explique le fait qu’il s’agisse à la fois d’un récital de piano, avec des morceaux interprétés en soliste, et d’un récital d’airs chantés par deux artistes, Clémence Lévy et Matthieu Justine.
Le public attend encore quand s’élève une voix du fond de l’église. Vêtue d’une longue robe rouge, la couleur symbolique de cette fête, une jeune femme s’avance, doucement, s’arrêtant de temps à autres pour créer une connivence avec le public, tout en continuant à chanter… Lorqu’elle arrive au choeur, le changement de sonorité est surprenant et fait comprendre comment l’acoustique est modifiée par l’architecture. Elle est ensuite rejointe par son comparse, et l’on saisit très vite une entente étonnante entre les deux artistes, qui semble aller bien au-delà du duo de chanteur/euse…
Je ne vais pas détailler le programme, ma mémoire n’est pas assez performante et il n’y a pas eu de document écrit. Mais il fut d’une extrême variété, allant de Franck Sinatra à un Ave Maria… Cette diversité fut pour moi un peu difficile à accepter, je dois bien l’avouer, même si la thématique était claire : l’Amour, comme l’indiquait le titre du concert. Mais voir swinguer sur le « Maria » de West Side Story dans une église, alors que quelques minutes plus tôt et plus tard on était envoûté par des airs d’opéra, demandait une certaine adaptabilité. Et il a fallu toute la dynamique du trio, et surtout de la jeune femme, pour que cela constitue au total un spectacle exceptionnel, avec une mise en scène bien réglée.
Lorsque j’ai cherché à en savoir davantage sur le duo, j’ai compris. D’abord, que mon hypothèse était juste : Clémence Lévy et Mathhieu Justine forment bien un couple à la ville comme sur la scène. Ils ont d’ailleurs tourné pendant le confinement une vidéo que je vous conseille de regarder.
Toujours pendant le confinement, lorsque celui-ci s’est un peu « ouvert », ils n’ont pas craint d’aller chanter et jouer en plein air. D’autres vidéos, sur leur site officiel, les montrent dans un décor de cités.
Cela correspond à leur engagement citoyen, explicité dans ce texte:
« L’émotion au cœur. La voix comme drapeau. L’opéra est universel, il n’a pas d’âge, de couleur, de frontière. Amener l’opéra et la musique classique là où on ne s’y attend pas. Faire un pas vers celles et ceux qui pensaient ne pas y avoir accès. Partager, toucher, vibrer ensemble aux sons des relations humaines dans une cité, une grange d’un petit village de campagne ou une école. C’est notre engagement aujourd’hui. Oui l’opéra et la musique classique sont accessibles à tous et l’accueil du public nous le confirme, concert après concert.«
On saisit mieux dès lors le nom de leur ensemble : Opéra en Liberté. Et sa devise : « L’opéra partout. L’opéra pour tous ». Car la soprano et le ténor se produisent aussi dans des contextes plus « classiques », comme on le voit sur cette vidéo.
Le public a suivi. Il a aimé. Il a vibré. Moi aussi. Vous savez, ces instants où tout à coup votre corps est parcouru par des picotements, comme une « chair de poule » généralisée? Et ceux où les larmes vous viennent aux yeux tant l’émotion est forte? Et ceux où vous vous surprenez à sourire en permanence (derrière votre masque) tant vous vous sentez heureux/euse?
Le public a applaudi. Ovations qui se sont terminées debout après deux « bis », ou plutôt deux nouveaux airs offerts.
Hier je vous ai laissé-e-s à la porte de l’église, tout en vous ayant alléché-e-s avec les artistes créateurs des vitraux et avec son architecture. Il est temps d’y entrer pour ce concert, dont l’affiche vous a peut-être séduit-e.
Le public est déjà installé (beaucoup de têtes grises et blanches!). Mais il reste un peu de temps pour observer l’environnement. les orgues, d’abord. Rien ne vous étonne? Regardez la photo…
Eh oui, elles sont placées en face de nous ! Pour ce qui me concerne, je les ai toujours vues dans le fond (ou, très rarement, sur le côté) des églises. Je suis allée vérifier sur le net, et vous pouvez faire de même, par exemple sur un site dédié aux orgues, un autre, très beau, sur les orgues à Saint Omer et dans l’Audomarois, et dans les photos de l’intéressant article dédié à l’histoire de l’orgue sur Wikipedia.
J’ai fini par découvrir le fin mot de l’histoire. Si vous revenez au plan et à ma description d’hier, on entre dans l’église depuis l’intérieur du bâtiment, et non, comme souvent, par un portail donnant sur l’extérieur. Vous me suivez? En 1931, l’orgue Abbey avait été placé « normalement », dans le fond.
« La construction du nouveau sanctuaire s’accompagna de l’installation d’un orgue de 47 jeux construit par la maison Abbey. Malheureusement, la compagnie fit faillite avant que les travaux soient terminés. La fin de la construction et du montage se fit à la hâte mais l’orgue souffrit de défauts de conception. Les tuyaux étaient placés dans une pièce annexe s’ouvrant en baie sur le sanctuaire. Cet emplacement, qui avait été jugé convenable par le facteur, s’avéra néfaste à la sonorité de l’instrument, le son ayant des difficultés à se projeter dans l’église malgré la pression du vent qui altère par ailleurs la beauté et la clarté des timbres.
De plus, la console était située dans le côté opposé de l’église. La transmission électropneumatique d’Abbey s’avéra extrêmement fragile, ajoutant au retard d’émission du son et causant de nombreuses pannes et réparations coûteuses. »
Petite parenthèse ; je vous invite à aller découvrir l’histoire de la famille Abbey, qui oeuvrait à Versailles, puis à Montrouge; c’est passionnant! Et on y découvre que 1931 marque justement la fin de cette aventure familiale.
« le 1er août 1930, John Abbey meurt. Son fils John Marie décède à son tour le 28 octobre 1931. L’entreprise ferme définitivement ses portes. Les derniers orgues fabriqués sont ceux de l’église Sainte-Anne de la Maison Blanche, 1927-1928 (actuelle église Sainte-Anne de la Butte-aux-Cailles), de la Chapelle Sainte-Thérèse de l’Œuvre des orphelins d’Auteuil (actuels Apprentis d’Auteuil) et de l’Église américaine de Paris.«
Peut-être les problèmes de l’orgue Abbey sont-ils liés aussi à cette époque perturbée pour l’entreprise et ses créateurs?
Bref, il fallut le remplacer. Mais les ennuis ont duré une vingtaine d’années, et ce n’est qu’au début des années 50 que le projet fut amorcé par l’organiste titulaire, Edmond Pendleton.
Un organiste qui sort du commun… Né en 1899 à Cincinnati, il fit des études de composition, et devint ensuite chef d’orchestre. Puis tour à tour, pour gagner sa vie, saxophoniste et pianiste, puis organiste improvisateur (c’est là que nous le rencontrons). Il reprit la composition pendant la seconde guerre mondiale, dans les Alpes où il s’était réfugié, avant de revenir à Paris… jouer de l’orgue, entre autres. Il était ami, entre autres, de James Joyce, Ernest Hemingway et Pablo Picasso. (source)
Donc, la guerre finie, il se soucie de faire remplacer l’orgue à son retour. Mais ce n’est qu’en 1984 que la décision fut prise.
» Edmond Pendleton, organiste et chef de choeur de l’église de 1935 à 1975, amorça le projet qui se concrétisa seulement en 1984 lorsque le choix du conseil de fabrique se porta sur Rudolph von Beckerath. Suite aux leçons apprises de l’expérience précédente, il fut décidé que le nouvel instrument serait placé dans le sanctuaire contre le mur du fond du choeur. La conception de l’instrument, selon le « Werkprinzip », est due à Gerhard Scharenberg. Chaque plan sonore possède son propre buffet, le tout enchâssé dans un meuble de style gothique. Le récit (3è clavier) surplombe les claviers, les tuyaux sont en boîte expressive, à l’exception du jeu de Violprincipal 8′, en façade masquant les jalousies. Au centre du buffet, le Grand Orgue (2è clavier) avec les petits tuyaux du Principal 8′ en montre. Au sommet du buffet, le Positif (1er clavier), avec le Principal 4′ en montre. La Pédale est divisée en deux buffets encadrant l’ensemble, le Principal 16′ en montre.
La construction, en atelier, commença en juillet 1987 et dura neuf mois. L’instrument, opus 208 de la maison Beckerath, arriva à Paris le 7 avril 1988 pour être monté sous la responsabilité de Klaus Schmekal. Six sommiers, largement dimensionnés, construits en pin de l’Orégon, accueillent les 3328 tuyaux de fabrication artisanale dont 116 sont en bois (basses de Gedackt 16′, du Bordun 16′, de la Rohrflöte 8′; jeux de Violprincipal 8′ et Gedackt 8′) Les tuyaux de métal sont en alliage étain-plomb à 78% de Zn pour les Montres, 56% pour les Principaux, 46% pour les résonateurs d’anche et 36% pour les Flûtes. La préharmonisation de Hans Ulrich Erbslöh a été parachevée par Rolf Miehl et Timm Sckopp. Les motifs d’ébénisterie sont de Gunther Hamann.
L’inauguration se déroula du 7 au 9 octobre 1988. Richard Gowman (St. George’s Church), Connie Glessner (St. Michael English Church), Nicolas Gorenstein (Saint-Jacques-du-Haut-Pas), François-Henri Houbart (La Madeleine), Susan Landale (Saint-Louis des Invalides), Marie-Louise Jacquet-Langlais (Sainte-Clothilde), Gaston Litaize (Saint-François-Xavier) s’y firent entendre.«
Tout cela est un peu technique, et nous allons l’abandonner pour aller voir le vitrail situé au-dessus.
Hélas la photo est mauvaise, mais cela ne vous empêche pas de remarquer, comme moi, la beauté de la déclinaison de bleus… J’ai désespérément cherché sur le web une meilleure photo, en vain. (Par contre, vous pourrez voir tous les vitraux sur ce site d’un passionné.) Et vous pourrez aussi remarqué l’évocation de l’étoile de David, à 6 branches.
Quelques oeuvres décorent aussi les lieux, comme ce tableau que j’ai pu voir près du banc où je me trouvais.
Plus le temps, disais-je, car l’artiste arrive…
Bien sûr, vous ne verrez pas d’autre photo du concert, car je n’en prends jamais. Nous allons donc nous concentrer, si vous le voulez bien, sur la musique.
Liszt jeune
Le récital a commencé avec des pièces dont j’ignorais totalement l’existence : 6 consolations, de Liszt. Une très belle harmonie. Et, vraiment, « ça me parle »… Vous pouvez les entendre en ligne, il en existe de nombreuses interprétations, comme celle de Zilberstein. Pourquoi ce titre ? Il semble qu’il y ait deux hypothèses explicatives. L’une rattache le titre à celui d’un recueil de poésies de Sainte-Beuve, précédé d’une longue dédicace à Victor Hugo. L’oeuvre intégrale est accessible sur le net ici. J’ai beaucoup aimé les deux exergues, l’une de Chateaubriand et l’autre de Pétrarque.
« On ne hait les hommes et la vie que faute de voir assez loin. Étendez un peu plus votre regard, et vous serez bientôt convaincu que tous ces maux dont vous vous plaignez sont de purs néants. (René).
« Credo ego generosum animum, præter Deum ubi finis est noster, præter seipsum et arcanas curas suas, aut præter aliquem multa similitudine sibi conjunctum animum, nusquam acquiescere ». (Petrarca, de Vita solitaria, lib. I, sect. 1)
Je vous en ai choisi un sonnet, qui est précédé d’un vers d’Horace : « Fallentis semita vitae »
« Un grand chemin ouvert, une banale route À travers vos moissons ; tout le jour, au soleil Poudreuse ; dont le bruit vous ôte le sommeil ; Où la rosée en pleurs n’a jamais une goutte ;
— Gloire, à travers la vie, ainsi je te redoute, Oh ! que j’aime bien mieux quelque sentier pareil À ceux dont parle Horace, où je puis au réveil Marcher au frais, et d’où, sans être vu, j’écoute !
Oh ! que j’aime bien mieux dans mon pré le ruisseau Qui murmure voilé sous les fleurs du berceau, Qu’un fleuve résonnant dans un grand paysage !
Car le fleuve avec lui porte, le long des bords, Promeneurs, mariniers ; et les tonneaux des ports Nous dérobent souvent le gazon du rivage. »
Effectivement, des échos, dans ces poèmes, avec ce que j’ai ressenti en écoutant avec bonheur les six morceaux… Le recueil date de 1830, et les pièces pour piano solo, des années 1844-1849. Donc pas impossible…
La seconde hypothèse évoque le poème de Lamartine « Une larme, ou Consolation ».
« Tombez, larmes silencieuses,
Sur une terre sans pitié; Non plus entre des mains pieuses, Ni sur le sein de l’amitié !
Tombez comme une aride pluie Qui rejaillit sur le rocher, Que nul rayon du ciel n’essuie, Que nul souffle ne vient sécher.
Qu’importe à ces hommes mes frères Le coeur brisé d’un malheureux ? Trop au-dessus de mes misères, Mon infortune est si loin d’eux !
Jamais sans doute aucunes larmes N’obscurciront pour eux le ciel; Leur avenir n’a point d’alarmes, Leur coupe n’aura point de fiel.
Jamais cette foule frivole Qui passe en riant devant moi N’aura besoin qu’une parole Lui dise : Je pleure avec toi !
Eh bien ! ne cherchons plus sans cesse La vaine pitié des humains; Nourrissons-nous de ma tristesse, Et cachons mon front dans mes mains.
A l’heure où l’âme solitaire S’enveloppe d’un crêpe noir, Et n’attend plus rien de la terre, Veuve de son dernier espoir;
Lorsque l’amitié qui l’oublie Se détourne de son chemin, Que son dernier bâton, qui plie, Se brise et déchire sa main;
Quand l’homme faible, et qui redoute La contagion du malheur, Nous laisse seul sur notre route Face à face avec la douleur;
Quand l’avenir n’a plus de charmes Qui fassent désirer demain, Et que l’amertume des larmes »
Personnellement, j’adhère moins à cette dernière, car certaines des pièces sont plus joyeuses que cela. La troisième, d’ailleurs, serait un arrangement d’un air populaire hongrois, et la cinquième, un madrigal.
Scriabine à 24 ans
La deuxième oeuvre interprétée par la pianiste est de Scriabine. Je devrais écrire « série d’oeuvres » ou mettre le terme « oeuvre » au pluriel : Opus 11, 1 et 2, Opus 14. Prélude op.16 n°1. Plusieurs « opera » au sens latin du terme, qui d’ailleurs, je viens de le remarquer, ne s’emploie pas en français : on dit « des opus ». Bizarre! J’ai, de loin, préféré l’Opus 16 aux autres, car plus sensible et plus doux. Je vous conseille d’écouter son interprétation par Igor Zukhov. Si vous voulez en savoir plus sur Scriabine, il y a eu en janvier 2022, pour les 150 ans de sa naissance, une émission dédiée sur France Culture.
On avance dans le temps, avec Les Jeux d’Eau. Ecoutons leur compositeur en parler:
« « Les Jeux d’eau, parus en 1901, sont à l’origine de toutes les nouveautés pianistiques qu’on a voulu remarquer dans mon œuvre. Cette pièce, inspirée du bruit de l’eau et des sons musicaux que font entendre les jets d’eau, les cascades et les ruisseaux, est fondée sur deux motifs à la façon d’un premier temps de sonate, sans toutefois s’assujettir au plan tonal classique. » (Maurice Ravel, esquisse autobiographique, 1928)
Elle s’inscrit dans la lignée de Liszt, tout en réclamant fortement sa modernité. En l’écoutant, j’ai pensé à Saint-Saëns, mais j’ai appris par la suite que celui-ci l’avait détestée et traitée de « cacophonie » ! Désolée, Meister, je ne suis pas d’accord avec vous, elle m’a beaucoup plu.
Liszt au piano
Retour à Liszt en fin de concert, pour les Variations sur un motif de Bach. Moins adepte de ce genre de musique. Et je me suis demandée, en bonne ignare que je suis, ce que signifiait le titre. Jusqu’à ce que je comprenne qu’en réalité, il ne s’agit pas de reprendre son prédécesseur, mais d’adopter une technique.
« En musique, le motif BACH désigne le motif formé par les notes si la do si. Cette séquence de notes s’écrit B A C H en notation allemande (le si bémol s’écrit B et le si bécarre s’écrit H) et forme le nom de famille de Jean-Sébastien Bach.
La première occurrence de cette suite est due à Jan Pieterszoon Sweelinck — il est possible, mais pas certain, que celui-ci l’ait écrite en hommage à l’un des ancêtres de Johann Sebastian, eux-mêmes des musiciens réputés.
La notation allemande, particulière, permet d’écrire BACH en toutes lettres alors que la notation anglaise par exemple, ne connaît pas le « H », utilisé pour noter le si naturel. De même, le mi bémol, noté E bémol en notation anglaise, est un « Es », se prononçant comme la lettre « S », en notation allemande. » (Wikipedia)
Voilà, vous savez tout… ou presque… alors que pour ce qui me concerne, je n’en ai pas encore saisi toute la finesse…
Bref, ce fut un beau concert offert par cette pianiste, qui a joué avec beaucoup de finesse et de doigté pour un public hélas trop peu nombreux. Un seul regret de ma part : je l’ai trouvée un peu « froide ». Mais peut-être est-ce explicable? Je ne vous ai encore rien dit d’elle, et voulais finir par quelques mots à son sujet. Mais visiblement la communication est maîtrisée… Impossible de trouver une biographie autre que ce qui en est dit sur son site personnel. Elle y explique notamment son attrait pour Scriabine.
Si elle est très touchée par Brahms, Liszt et sa Sonate, la musique française, dans laquelle elle baigne depuis son enfance, Bach, vers qui elle revient toujours, c’est Scriabine qui entre puissamment en résonance avec ce qu’elle est aujourd’hui.
« Il rassemble maintes qualités que je recherche au piano : l’harmonie hyper sophistiquée aux couleurs raffinées, la superposition de mélodies créant de multiples plans sonores, la diversité des états émotionnels parfois opposés ; mais ce qui me touche plus que tout est la singularité de son imaginaire. »
Son dernier disque
Il est temps de tourner la page, la dernière des partitions et celle de ces belles découvertes. Un dernier regard « to the American Church ». Au fait, je suis maintenant capable de vous dire pourquoi « église » et non « temple » (vous vous souvenez de mon questionnement dans le précédent article?). C’est que les lieux accueillent différents cultes, diverses religions… Quant à moi, j’espère y retourner admirer les vitraux et écouter d’autres concerts…
Jamais je n’étais allée dans ce théâtre à l’histoire si marquée… Et j’en étais ravie, je dois bien l’avouer, de découvrir enfin l’édifice. En écho aux Années 30 qui ont marqué ma semaine, depuis la discussion sur les costumes de l’époque pour une pièce de Sacha Guitry qu’un de mes amis va jouer en amateur, jusqu’à l’architecture de Boulogne-Billancourt, en passant par le Musée qui leur est consacré… Il ne manquait plus que l’architecture et les oeuvres de ce théâtre, typique de l’Art Nouveau annonçant l’Art Déco !
Avant de pénétrer dans la salle, une visite s’imposait…
Vous l’avez compris, les escaliers aux fers si artistiquement stylés et aux détails si travaillés m’ont particulièrement intéressée. Mais je le fus aussi par les tableaux qui ornent les murs, à tous les étages.
Comment ne pas penser aux vers de Baudelaire ?
« Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. »
C’est une Invitation à d’autres Voyages que nous propose le théâtre. D’abord, un voyage dans le temps. En effet, une série de vitrines propose des objets, maquettes, affiches et photographies qui évoquent les divers spectacles célèbres qui s’y sont déroulés, ainsi que les acteurs et hôtes qui ont fréquenté ces lieux.
Je ne connaissais pas les ballets suédois, et me suis donc intéressée au sujet. C’est ainsi que j’ai découvert un documentaire très bref et intéressant à ce sujet. Vous le trouverez ici. Quant à l’histoire du théâtre lui-même, un exposé très complet est en ligne ici.
La sonnerie retentit. Il est temps de pénétrer dans la salle…
Dans un premier temps, j’essaie de décrypter ce qui est peint et écrit tout autour du plafond lumineux…
En effectuant mes recherches plus tard, j’ai compris pourquoi je n’avais pas compris; ce n’est pas un texte, mais un ensemble de textes qui se lisent… en croix! Voici la présentation qui en est faite.
» Il y illustre quatre thèmes dans les écoinçons : l’Orgue, l’Orchestre, le Chœur et la Sonate. Et entre deux, les phrases suivantes. – Au-dessus de la scène : « Aux rythmes dionysiaques unissant la Parole d’Orphée, Apollon ordonne les jeux des Grâces et des Muses ». En effet, nous apercevons parmi les personnages Apollon, Orphée et sa lyre, Eurydice, Ariane… – A gauche de la scène : « Du cœur de l’Homme de toutes les voix de la nature jaillit la symphonie ». Beethoven et ses œuvres, représentées par des femmes.
– A droite de la scène : « l’Architecture de l’Opéra classique ennoblit les passions et les destins tragiques ». On y voit l’opéra baroque de Versailles, le compositeur Glück, Don Juan et Papageno de Mozart, Agathe, Carmen de Bizet… – Et derrière le public, en face de la scène : « Sur les cimes dans l’angoisse et le rêve, drame lyrique ou poème, la Musique s’efforce vers un pur idéal ». Sur la gauche Chopin est adossé à un rocher, Wagner est représenté par des personnages de ses œuvres (Parsifal, Brünnhilde, Tristan et Yseult), Mélisande sous les traits de l’actrice Yvonne Lerolle, aux côtés de la fille de Maurice Denis… »
Car c’est Maurice Denis qui est l’auteur des fresques, dont il a voulu qu’elles représentent l’histoire de la musique, en s’appuyant sur ses conversations avec Vincent d’Indy.
Le lustre lui-même est exceptionnel à plus d’un titre. Par son esthétique, d’abord.
Mais aussi parce que c’est lui qui assure l’excellente acoustique de la salle. Qui pourrait deviner les prouesses techniques que cache cette merveilleuse apparence? Je vous invite à visionner ce documentaire qui explique ce qui est dissimulé entre le plafond et le lustre, avant de présenter des détails de l’oeuvre de Maurice Denis.
Mais il est temps de se concentrer sur la scène… les musiciens commencent à entrer, puis les chanteurs, puis le chef d’orchestre…
Le silence se fait, et le ténor va se placer à la droite du chef… Je découvre alors que les paroles sont traduites et projetées à trois endroits. En grand, au-dessus de la scène. Et en plus petit, à droite et à gauche, beaucoup plus bas. Au début, j’apprécie de comprendre ce qui est dit, car l’anglais de cette époque, qui plus est, chanté, n’est pas aisément compréhensible pour la mauvaise anglophone que je suis. Par la suite, j’en suis venue à me demander si cela ne constituait pas plutôt un obstacle, comme un paravent entre l’oeuvre et l’auditeur-e…
Moi qui avais déjà assisté à une représentation de la même oeuvre à la Madeleine deux ans avant, j’ai trouvé fort peu de ressemblances entre les deux interprétations. Il faut dire que la première était plutôt perturbée, comme je l’ai narré dans l’article Le Messiah que je lui ai consacré sur ce blog. Un point commun cependant : la soprano, dans les deux cas, a une voix trop faible, qui est couverte par la musique, et peu audible pour les spectateur-e-s. N’était-elle pas en forme, ou n’a-t-elle pas suffisamment levé la tête pour que la machinerie placée dans le lustre saisisse mieux les sons ? Marie-Henriette Reinhold ne semblait pas très à son aise sur scène. Il serait intéressant d’en connaître la raison… Très peu de vidéos sur elle en ligne, mais celle-ci démontre bien la puissance de sa voix. Un mystère, donc, que ce qui pourrait apparaître comme une contre-performance.
L’orchestre joue avec coeur et talent, sous la direction d’un chef expressif, qui par moments « danse » sur la scène. Hans Christoph Rademann n’hésite pas à quitter le pupitre pour être au plus près des musicien-ne-s et du choeur. Si cela vous intéresse, vous pourrez le voir en action, dans le Magnificat (Bach) sur cette vidéo.
La « basse » est interprétée par le bariton Tobias Berndt. Une véritable prouesse lors de la deuxième partie de l’oratorio… et le public l’a reconnue, à en juger par la force des applaudissements en fin de spectacle! On peut en avoir un aperçu dans son interprétation d’un autre air de Händel, en ligne ici.
Le ténor est Islandais. Benedikt Kristjansson a bien modifié son apparence depuis le temps où il enregistra la Passion de Saint Jean de Bach. Plus de cheveux longs… et il paraît bien « sage »… trop, à mon goût, trop de retenue dans son expression, c’est dommage… Mais je ne suis pas spécialiste, loin de là!
Ma préférée, et de loin, fut Dorothée Mields. Gracieuse malgré une robe vraiment affreuse et qui ne l’avantageait pas, la soprano (annoncée ici comme ténor?) m’a conquise dans les (trop rares) airs qu’elle a interprétés. Vous pouvez la voir et l’écouter sur cette vidéo ou cette autre. Et j’aime beaucoup l’entendre dans ce morceau.
Le choeur, quant à lui, s’est révélé exceptionnel et a séduit le public, qui aurait aimé un « bis » à la fin de la représentation.
J’attendais avec impatience le Hallelujah, me demandant si, comme cela se fait dans certains pays, le public allait se lever pour l’entendre. Ce ne fut pas, à mon sens, le « morceau d’éclat » de l’ensemble. Par contre, le « Amen » final a emporté / transporté / enthousiasmé, au sens profond du terme – allusion à theos, le Dieu – la salle. J’en ai écouté plusieurs versions en ligne, dont celle-ci qui a beaucoup de grâce, mais aucune n’atteint la puissance, la force, la beauté prenante de celle que j’ai entendu en ce mois de janvier 2022.
Malgré les petits « bémols » – c’est le cas de le dire! – que je me suis permis dans ce qui précède, ce fut un spectacle remarquable, et des moments très émouvants, de ceux qui marquent la mémoire. S’il en est parmi vous qui ne connaissez pas l’oeuvre, vous pouvez la découvrir dans son intégralité lors d’un enregistrement à la Grace Cathedral de San Francisco.
« Standing ovation » pour le choeur, les chanteur-e-s, l’orchestre et son chef, qui a duré longtemps… Hélas le public n’a pas eu droit à un « bis » quelconque, dommage!
Pour cause de crise sanitaire deux séances ont été annulées de ce… comment l’appeler? Ballet? Performance? Spectacle complet? L’oeuvre – et j’utilise ce terme bien volontairement, car je la considère comme telle – de Mourad Merzouki (mais pas seulement!) – tient de diverses disciplines et, en cela, possède l’originalité de l’intersectionnalité (au sens large). De la danse, de la musique, du numérique, du mime, du cirque… et, concernant la danse, du hip hop, de la brake dance, de la danse classique, de la roller dance, etc. Bref, une richesse, un foisonnement… mais bien ordonné, agencé, pensé… je suis restée « bluffée » après, mais j’étais « prise » dans les mailles de ce filet de pixels, comme la danseuse acrobate contorsionniste à un moment donné.
Et j’ai eu bien de la chance que celle du 6 janvier soit maintenue!
Les danseur-e-s de la Compagnie Käfig sont remarquables. Ils et elle nous ont donné après la longue ovation debout un aperçu de leurs talents divers, car il s’agit bien ici de complémentarité, de diversité, de partage…
J’ai découvert un compositeur que je ne connaissais pas, Armand Amar, et me suis promis de rechercher d’autres oeuvres de celui dont on vante le « syncrétisme ». J’aimerais notamment assister à une représentation de l’Oratorio Mundi, dont vous trouverez des extraits ici.
Les compositions musicales impulsent un rythme aux scènes diverses, et les corps se tordent, se contorsionnent, partent en vrilles ou en volutes… c’est le mot qui me vient à l’esprit en revoyant certaines figures.
L’espace lui-même est « tordu », transformé par les filets ou les points projetés. Au point que l’on voit courir l’immobile, ou stagner le mobile… le temps lui-même semble perturbé…
Il est difficile de rendre compte d’un tel spectacle en quelques mots. Télérama a utilisé le terme « féériques » pour le qualifier. J’y adhère…
Lorsque j’ai recherché pour vous des extraits filmés, je me suis rendu compte que la bande-annonce sur le site du 13ème art reflète les mouvements, mais trahit la musique, et permet mal d’appréhender les scenarii divers. Car il y a bien une forme de narration, mais presque imperceptible, et l’intellect est pris en défaut… n’est-ce pas ce que l’on peut parfois attendre de l’art?
Dernière minute : au moment de clore cet article, j’ai trouvé ici la bande intégrale du spectacle filmé par Arte. Mais, bien évidemment, cela ne « rend » pas ce que l’on vit et ressent dans la salle…
Ce week-end avait lieu au Lycée Henri IV un concert, auquel je n’ai pu assister. Mais un ami musicien, membre de l’orchestre, a eu la gentillesse de l’enregistrer pour moi. Cela me permet de vous en faire part…
Ce concert était joué par l’Orchestre symphonique du lycée Henri IV (composé essentiellement d’élèves et anciens élèves de l’établissement, si l’on excepte 10% de professionnel-le-s), en hommage à sa cheffe récemment disparue, Marie-Christine Desmonts, violoniste avant la direction d’orchestre. Vous pourrez trouver ici des images de celle-ci, et là sa discographie… Pour ma part, j’ai apprécié celle où elle dirige Egmont (dont l’Ouverture fait partie du programme) pendant qu’un jeune homme danse… c’était au Lycée Turgot, en présence d’un ministre et d’un footballeur, pour un évènement intitulé Inégalités et Hip Hop (source).
Egmont, comme je viens de le dire, était au programme. Au départ, un « héros » ayant inspiré Goethe.
Le Comte d’Egmont (1522-1568)
Lamoral, comte d’Egmont, avait été exécuté comme un protestant alors qu’il était catholique, pour sa prise de position non-violente lors de la crise iconoclaste de 1566… De quoi nourrir l’imaginaire de Goethe, puis, par la suite, en 1810, la verve musicale de Beethoven. Voici l’enregistrement lors du concert…
Vous trouverez l’Ouverture sur le net, sans problème, car c’est l’un des extraits les plus fréquemment interprétés. Ici, par exemple, sous la direction de Daniele Gatti.
Le choix s’était aussi porté sur la symphonie n°3 de Mendelssohn, dite « Ecossaise ». Pourquoi ce qualificatif? En référence, dit l’histoire, à Marie Stuart et aux paysages de son pays envahi par la brume…
Il a fallu 13 ans pour que cette oeuvre voie le jour. En effet, sa composition, initiée lors d’un voyage en Ecosse en 1829 par un compositeur de 20 ans, a été interrompue par un voyage en Italie, pour n’être reprise que 12 ans plus tard à Londres. Et décidément elle est vouée au 13… car c’est un 13 juin (1843) que le reine Victoria l’applaudira…
Si vous souhaitez en entendre d’autres interprétations, pour une étude comparative digne de l’émission du dimanche, sur France Musique, dont je parlais récemment… on trouve surtout des extraits sur le net, mais il y a cette interprétation de la Philharmonia sous la direction d’Otto Klemperer que je vous laisse découvrir…
Un concert sincère, émouvant, en hommage à une cheffe d’orchestre généreuse et experte. Nous attendons d’autres concerts avec impatience, désormais sous la baguette de Jane Latron.