Du personnel accueillant, cela existe encore !

Dans mes pérégrinations diverses à Nice et dans ses environs, je suis amenée à fréquenter des lieux de restauration divers. Et je dois avouer que j’ai bien de la chance, car toujours, jusqu’à présent, j’y ai rencontré des personnes accueillantes, faisant leur métier ou leur job d’été avec intérêt, professionnalisme et surtout sourire. L’accueil, le vrai. Alors j’ai eu envie de partager les adresses avec vous. Certaines personnes qui suivent ce blog depuis longtemps en reconnaîtront la plupart, je les prie de m’en excuser…

Chez Pippo à Nice

Un endroit célèbre pour les Nissarts, car il existe depuis bien longtemps! C’était autrefois, niché derrière l’église du port, l’équivalent traditionnel du « bar à tapas » : le « bar à socca ». C’est devenu un site touristique, dommage! Mais il n’a pas perdu en qualité ni en accueil. J’y suis allée deux fois cette semaine, et c’était toujours aussi bon aussi chaleureux. La pissaladière y est légère et excellente, et la socca est l’une des meilleures de Nice. Apéritif, vain, repas, pour moins de 50 euros à deux, en plus!

Le Gesu à Nice

Ce n’est plus totalement le restaurant typique que j’ai connu voici plus de 20 ans… Mais les gnocchis y sont toujours aussi bons, et l’ambiance sur cette place dominée par l’église Saint-Jacques est toujours aussi vivante. Il n’y avait que deux serveurs le soir où j’y suis retournée, mais leur efficience est extraordinaire. Et surtout, ils gardent le sourire et cherchent à faire plaisir!

Le Saint Nicolas à Monaco

J’y étais déjà allée l’an dernier, j’y suis retournée cette semaine, après l’exposition Turner. Une petite place calme, sur le Rocher, près de la cathédrale. Des raviolis ricotta épinards délicieux. Et un service avec le sourire, voire les plaisanteries (bon, parfois douteuses au niveau du genre) de la patronne et des serveurs. Une belle adresse!

Storie di Mare à Campo Rosso

Je n’ai pas pu profiter d’un dîner sur les galets, hier soir, car le temps ne le permettait pas (vent fort et risque de pluie). Mais la patronne s’était arrangée pour que nous ayons une jolie table face à la mer. Et le patron, son ami hongrois et deux jeunes serveuses nous ont servis avec le sourire, agrémentant ainsi, s’il en était besoin, un repas frais et authentique. Pour une trentaine d’euros par personne, avec dessert, café (vrai ristretto!) et Viognier de Toscane, ça vaut le détour. Belle salle, chaleureuse, qui m’a presque fait oublier que je ne pouvais pas dîner en plein air… Heureusement, j’avais pris la précaution de prendre l’apéritif sur le terrasse du bar voisin (là aussi, serveur accueillant et souriant, polyglotte), qui sert des Moscow Mule et du Pastis!

Une fête de la mer en catimini

Tous les ans, le 15 août, le port de Nice vibre aux couleurs non plus noire et rouge, mais blanche et bleue. Les pointus sont décorés, fleuris, embellis. Les marins se vêtent de blanc, avec une petite touche de bleu. La circulation est suspendue, et la foule assiste à la procession de la Vierge qui sort de l’Eglise de l’Immaculée Conception, face au port, traverse les quais et est embarquée sur un pointu, avec le prêtre qui va bénir les frêles embarcations et leurs propriétaires. Normalement, des pêcheurs. Mais depuis quelques décennies ils se font de plus en plus rares, comme je le disais dans un article où je présentais cette cérémonie. Ensuite, une messe est célébrée sur les quais, en grande pompe, par l’évêque et toutes ses troupes, en présence des élu-e-s, des habitant-e-s et de nombreux touristes, en milieu d’après-midi. C’est une des grandes traditions de la ville, que respectent tous ses habitants, quelles que soient leurs religions ou leur athéisme.

Cette année, pas moyen de trouver trace d’une annonce de ces festivités sur les sites, ni même dans les journaux. Et difficile de voir, sur le site consacré aux horaires des messes, s’il y en aurait une ce jour-là, vers le port. J’ai quand même réussi à en trouver une, annoncée à 18h30 dans l’église dont je parlais plus haut. Curieuse, je m’y rends. Eglise parée de bleu et blanc, mais vide, si l’on excepte quelques grenouilles…

Une Vierge au-dessus de l’autel, une autre sur le côté…

… et le troisième de l’autre côté…

Les cierges rouges ont été complétés par des bleus et blancs, ce qui donne un air républicain à la statue… mais n’est-ce réellement qu’une impression???

Aucune n’est donc de sortie en ce jour de l’Assomption. Pas de fête donc? En fouinant, je découvre une petite affiche sur la porte.

Des personnes errent, en quête de la messe. Je leur montre l’affiche… Il ne leur reste qu’à tenter d’aller voir sur ce quai, situé de l’autre côté que celui où se déroule habituellement les festivités. Aucune procession en vue. Toujours mue par la curiosité, je fais de même. Tiens, tiens, petite agitation du côté des pointus. Et des gerbes de fleurs?

Visiblement, on les prépare!

Je continue à avancer, et aperçois, au loin, d’autres embarcations parées qui défilent dans l’indifférence générale.

Pas de bateau avec prêtre, mais, au loin, j’entends des chants. Je m’approche. Chants nissarts…

Dans un rectangle ceint de barrières, entourés du bleu non de la Vierge mais des uniformes de police, municipale et nationale, et de gendarmerie, plus des soldats armés, quelques personnes sont là pour assister à la messe prévue. On les a fouillées à l’entrée! Et il y a bien un orchestre typique. La Cimarde? Je ne sais, je suis trop loin pour le voir. Je repars donc, et trouve cette fois des équipages qui déchargent les gerbes de leur pointu. Il s’est donc bien passé quelque chose. Une bénédiction en cachette?Quelques Niçois ont compris, et viennent récupérer les fleurs. Des touristes de passage par là demandent s’ils peuvent aussi en avoir. On leur en donne. Et c’est ainsi que j’ai pu offrir à ma voisine, le lendemain, ce joli bouquet…

Une première : la barigoule

J’ignore comment j’ai fait pour n’avoir jamais rencontré la barigoule. Mais c’est un fait. Il s’est écoulé beaucoup de temps, et j’ai testé une quantité incroyable de plats de toutes contrées, sans jamais avoir goûté à celui-ci. La « barigoule ». Joli nom, n’est-ce pas? Et qui sent bon la Provence!

La barigoule, à l’origine, est un champignon. Un intéressant article d’un site spécialisé en étymologie en explique l’origine.

Nous devons cette explication en latin à un certain Anselmus Solerius Cemeliensis. En cherchant de qui il s’agissait – car je n’en avais jamais entendu parler -, j’ai découvert qu’il s’agit du pseudonyme d’un théologien jésuite, Théophile Raynaud, qui a vécu aux 16 et 17ème siècle, longuement : 1583-1663, et a écrit, entre autres, une étrange histoire des coiffes depuis l’Antiquité, et des satires contre les Dominicains.

Mais revenons à nos champignons. Selon les uns, ce serait le lactaire délicieux. Mais la plupart des auteurs s’accordent à penser qu’il s’agit plutôt de la pleurote du panicot.

Le site où j’ai trouvé cette belle photographie explique que ce serait un saprophyte.

« Ces pleurotes poussent directement sur les racines du chardon (genre Eryngium), dont les deux espèces les plus favorables au développement de ce champignon sont le panicaut champêtre et le panicaut maritime. »

Encore un nouveau mot pour moi, le « panicaut ». C’est un chardon qui pousse sur les sols calcaires. Voici le panicaut champêtre :

Et maintenant, le panicaut maritime, alias « chardon des dunes », « chardon bleu », « chardon des sables ». Beaucoup plus beau, non, cet autre « erygium »?

Mais revenons à nos champignons, qui sont désignés par un nombre impressionnant de termes. Jugez-en plutôt :

« pleurote du panicot, argouagne, argouane, beigoula, bérigoula, bérigoule, berigoulo, bolet dau baja preire, bouligoule, boulingoulo, bridoulo, brigoule, brigoulo, grigoulo, canicot, cardoueto, champignon de garrigues, champignon du panicaut, canquesto, congue, corgne, couderlo, congouerto, escouderme, fougga, gingoule, girboulot de panicot, onglet, oreille de chardon, oreillette, panichaou, panicau, ragoule, ringoule.« 

Il faut toutefois que je précise tout de suite, pour ne pas vous induire en erreur : ce ne sont pas du tout des « funghi » que j’ai mangés hier soir. Ce sont des artichauts. Car le terme employé sur la carte du Fran Calin est un raccourci pour l’expression « artichauts à la barigoule »! Quel rapport entre artichauts et barigoule? Un autre ecclésiastique, abbé cette fois, l’explique.

Ce serait donc à l’origine tout simplement un mode de cuisson identique? J’ai du mal à y adhérer. Mais passons, et revenons à notre plat.

La recette est provençale. Or, dans cette contrée, les artichauts sont petits, violets, et très goûteux. Ce sont les mêmes que l’on trouve dans la Bagna Cauda dont je vous ai déjà entretenus. Rien à voir avec ceux du Léon qui vous ont été présentés voici peu!

En Provence, on cuisine à l’huile d’olive et aux « herbes ». Lesdits artichauts sont donc cuits dans cette huile. Puis leur foin est remplacé par une farce… à base de champignons, souvent.

Ce n’était pas le cas dans le plat que j’ai dégusté, qui comportait par contre du lard fumé, comme l’indique la carte.

Un plat fin et délicieux. Quatre artichauts, c’était trop pour moi ! Cependant, je me suis vraiment régalée des feuilles fondantes et des coeurs savoureux! A réitérer, donc. Mais je tenterai de trouver un restaurant où on les sert farcis de « barigoules »!

L’art du détour. Episode 3

Petit rappel pour celles et ceux qui n’auraient pas suivi les précédents épisodes… Retour aéroport – Villa : en temps normal, une vingtaine de minutes. Mais recherche de terreau pour agrumes servant de prétexte, je me retrouve d’abord dans un vallon, puis à Bellet, et enfin dans une vieille famille nissarte qui cultive les agrumes. Nous en étions au moment où je regagnais la Vallée du Var par une petite route de montagne. Autrement dit, où je me dirigeais vers l’ouest alors que ma Villa est plein est…Descente donc vers la vallée du Var, un Var qui est resté étonnamment en eau cet été, alors qu’on parlait de sècheresse! Passage devant le centre commercial… J’oublie de m’arrêter pour faire le plein, un des objectifs du détour! Car à l’ouest de Nice le carburant coût en moyenne 20 centimes de moins que de l’autre côté… Arrivée dans le coin des jardineries et entreprises d’horticulture, je m’aperçois que midi est passé depuis un bon moment. Or, ici, tout ferme entre 12 ou 12.30 et au moins 14 heures! Soleil oblige!

Une idée alors : pourquoi ne pas aller déjeuner « Chez Michel », à Castagniers? Je ne suis pas bien loin de ce village perché où l’enseigne existe depuis le début du XXème siècle et où m’entraînait autrefois une famille nissarde qui, comme les autres, allait, le dimanche midi, y faire ripaille. Direction donc Castagniers. Petite grimpette en lacet, et le tour est joué. Il y a de la place pour stationner, contrairement à la dernière fois que j’y suis venue!

L’auberge est toujours là, dominant la vallée, avec sa jolie terrasse devant l’église du village.

Un accueil souriant par un jeune couple, qui se relaiera pour nous servir. Les parasols sont agréables par cette chaleur, et j’adore déjeuner près de l’eau. Ici, une fontaine surmontée d’une étonnante statue.

L’ardoise est alléchante, et je choisis de déguster des gnocchis aux girolles. Un régal!

Accompagnés d’un vin du Var, car, comme je le disais dans le précédent article, le vin de Bellet est trop coûteux, ces petites auberges ne le servent pas. Des mignardises sont proposées en entrée, et il fait bon déjeuner tranquillement après le trajet Paris -Orly dans un bus surpeuplé, le vol Paris -Nice dans un avion sentant les produits chimiques, la route aéroport – Boulevard de la Madeleine – Chemin du Génie – Route de Bellet – Vallée du Var – Catagniers! Un peu de répit bien mérité, non? Bref, le temps a passé, et 14h sonnent à l’église. Un petit café? Oui, bien sûr. Quand j’ai enfin le courage de me lever de mon siège, c’est pour une petite promenade dans le village.

Un dernier regard sur l’auberge…

En face, la Mairie, joliment décorée d’une peinture abstraite.

La petite placette qui la jouxte est, elle, ornée d’une charrette fleurie, qui me rappelle les charrettes des marchandes de fleurs du Cours Saleya, naguère.

Comme, hélas, dans la plupart des villages français, on croise peu d’habitant-e-s. Mais leurs demeures font des clins d’oeil.

Ici une piscine avec vue imprenable sur les montagnes… Là, le rouge des statues animalières attire le regard…

Beaucoup d’oliviers, et je constate que la récolte doit être proche, quelle que soit la couleur du fruit.

Plus de 15 heures maintenant… les magasins sont ouverts, mais l’envie de plage est plus forte ! Pas de redescente, donc, vers la Vallée du Var. Direction : l’est. En passant par Tourrette-Levens, autre village perché que j’aime beaucoup. Et voilà comment, de 20 minutes envisagées, le trajet de retour de l’aéroport a occupé 6 heures de la journée. Comment aussi je suis rentrée avec un réservoir quasi-vide, et sans le terreau pour nourrir mes citronniers. Mais que de beaux et bons souvenirs!

L’art du détour. Episode 2

Je vous ai laissé hier – haletant-e-s, j’en suis sûre, et attendant avec impatience la suite – sur les hauteurs du Bellet, au milieu des vignes. Objectif : redescendre côté ouest (je vous rappelle que c’est de là que j’étais partie!) pour aller acheter terreau pour agrumes et carburant pas trop cher dans la vallée du Var.

Nouveau chemin en lacet pour commencer la descente. Et tout à coup, une enseigne. Annonçant… un producteur d’agrumes. Vite, volant à droite, pour prendre un petit chemin et pénétrer dans une cour.

Hors du temps. C’est l’expression qui me vient en premier lorsque je sors. Un endroit hors du temps. Des serres. Des outils et engins un peu pêle-mêle. Un vieux Volkswagen décoré de jaune, bleu, etc. Et une maison sans âge, avec large baie vitrée ouverte sur la cour. Des tables rondes en métal et fauteuils semblent attendre des invités du XIXème siècle.

Une dame sort, s’essuyant les mains et s’excusant « Je reviens du marché ». Je lui explique ma quête. « Hélas, nous n’en avons plus en ce moment. Mais nous devrions en recevoir demain. » Pas envie de partir si vite… je poursuis donc la conversation. Et lui demande depuis combien de temps existe cette pépinière. « C’est la cinquième génération », me répond-elle. Je lui fais alors remarquer que cela vaudrait la peine d’écrire l’histoire de la famille. « C’est en cours ». Nous continuons à échanger, et elle m’explique, avant que je ne parte, qu’elle est contente de m’avoir rencontrée, que je suis fort sympathique, dénonçant les gens désagréables qu’elle reçoit parfois. Je quitte à regret ces lieux enchanteurs, me promettant d’y revenir plus tranquillement.

Avant d’écrire ces lignes, j’ai regardé sur le net ce que l’on voyait de cette famille. C’est le fils, Sébastien, qui a repris l’exploitation. On le trouve sur Facebook. Un article sur le net le présente en action. Mais surprise : un autre article de journal sur lui m’apprend que ses agrumes fournissent des tables de grands chefs, mais aussi que son grand-père n’est autre que le peintre Vincent Fossat, dont une rue de Nice porte le nom, et qui figure en bonne place au Musée Masséna.

La famille Del Fossat est d’origine italienne, installée à Nice dès le XVIème siècle. L’originalité de l’oeuvre de ce peintre réside dans le fait qu’il a été le peintre officiel du Muséum d’Histoire Naturelle, au moment de sa création par Barla, en 1846 – à cette époque, le Muséum se situait sur la Place Saint François, dans ce que l’on nomme « La Vieille Ville ». Il avait développé ses talents d’aquarelliste avec le corsaire Ambroise Louis Gameray, et faisait des planches botaniques et des reproductions d’animaux pour le musée, en aquarelles mais aussi en lithogravure comme le montre cet exemple emprunté à un très intéressant article scientifique à son sujet.

Mais en parallèle, il peignait les paysages niçois.

Il a entre autres peint le fameux « Château de l’Anglais » qui a été si défendu par les Nissarts récemment car menacé de destruction, et est actuellement en cours de rénovation.

Et le Pont des Anges qui enjambait le Var près de son embouchure.

Et l’on comprend mieux le nom donné à la Pointe de Rauba Capeu (le vent, « Voleur de Chapeaux »), en voyant cette oeuvre.

Si cela vous intéresse, vous pourrez trouver la biographie de ce peintre dans cet article. On y apprend notamment l’intérêt de Monod pour les oeuvres du Muséum.

« En septembre 1922, l’éminent professeur Théodore Monod, alors jeune assistant au Museum d’Histoire Naturelle de Paris visite le Museum de Nice et ne peut retenir un « long cri d’admiration », en découvrant les aquarelles. Il note dans ses carnets personnels en septembre 1922 : « Figurez-vous qu’il y a là quelque chose d’unique au monde : une collection d’aquarelles merveilleuses de champignons, de plantes et de poissons . Il y en a peut-être cinquante cartons représentant, peut-être, mille planches ou plus . Et tout cela est totalement inconnu, je suis un des rares privilégiés qui connaissent ce trésor inouï et d’une inestimable valeur . C’est l’œuvre d’un peintre -à la fois grand artiste et observateur scrupuleux- qui gagnait cinq francs par jour pour créer de l’Immortel, de la Beauté, les seules choses qui ne puissent passer ni vieillir.»

J’ai trouvé un portrait de lui, mais dont la reproduction est interdite. Vous le verrez ici.

Qu’est-ce qui relie le peintre à la belle propriété horticole? Cela reste à découvrir… En attendant, nous poursuivons la descente vers la Vallée du Var… ce sera l’objet d’un troisième épisode…

L’art du détour. Episode 1

Un petit détour, d’abord, pour demander à mes fidèles lecteur-e-s de me pardonner pour ce long silence. L’accompagnement de la finalisation de mémoires est à la fois chronophage et source de surcharge cognitive! Me voici un peu plus sereine (il n’en reste plus que deux) et donc prête à reprendre le dialogue (ou monologue?) avec vous. J’ai quitté les 11 degrés parisiens pour revenir ce week-end à Nissa la Bella… et dès l’aéroport, c’est un autre univers!

Comment faire plus de 50 kilomètres pour rentrer de l’aéroport à son domicile? Voilà ce que j’envisage de vous narrer ce jour…

Vous le savez ou l’ignorez, l’aéroport de Nice est l’un des rares à être situé en pleine ville. Il a été construit sur la mer (au prix de vies humaines, soit dit en passant), à l’extrémité ouest de la « piu bella cita del mondo ». Certes, la Villa qui m’abrite est à l’est, mais le chemin ne fait qu’une douzaine de kilomètres. Alors, que s’est-il passé? Permettez que je vous le narre?

Au départ, le projet d’acheter du terreau pour agrumes. L’un de mes (deux, n’imaginez pas un verger!) citronniers va mal, et le second, planté l’an dernier, grandit lentement. Donc, direction une enseigne trouvée sur le net, promettant des terres diverses pour les plantations (Terre Terre!). Waze me conduit dans un des vallons de Nice. La voie commence par une large avenue, puis se rétrécit au fur et à mesure que l’on monte. Je connais mal ce coin de la ville, jadis peuplé d’Italiens et, sur ses hauteurs, d’Arméniens. A vrai dire, je ne suis jamais passée par là. Donc ravie de la découvert du Boulevard de la Madeleine! Adresse trouvée. Pas trace d’une boutique. Même pas d’un hangar ou d’une réserve. Ni d’un terrain horticole! Or les autres enseignes – que je connais, elles! – sont toutes situées dans la vallée du Var. Vallée qui longe… l’aéroport! Waze conseille de « redescendre » pour reprendre la Prom’. Mais pas question – celles et ceux qui me connaissent bien le savent – pas question de reprendre le même chemin! Je poursuis donc la « montée » du vallon. L’avenue est devenue rue, mais maintenant devient rue très étroite, pour finir dans une clue! C’est vert, c’est beau! On ne se croirait pas en ville… et pourtant c’est toujours Nice!

Un premier lacet, me voici sur le « Chemin du Génie ». Les lacets se succèdent dans une montée à flanc de montagne. La vue est superbe. Mais je crains de rencontrer un quelconque véhicule! Car l’aplomb est vertigineux… Il fait partie du GR de 42 km qui traverse Nice, Lou Camin Nissarte.

Je rejoins alors la route de Bellet. Mais avant, petit arrêt photo. Un instantané vers le Nord-Est…

… et un autre vers le Sud (en contre-jour, normal : il est midi!)

Tentation d’aller visiter les Châteaux de ce quartier niçois (en écrivant, j’ai vérifié : ce n’est pas une commune, mais un bout du territoire de la ville). Quel Français, hors Alpes Maritimes, connaît les vins produits sur ces collines. Il faut avouer que 650 hectares, c’est peu. Mais quand même! Certes, ils sont un peu chers… au point que je n’en ai jamais bu! Promis, je les goûterai un jour pour vous.

Que faire? Redescendre pour regagner sagement l’est et ma maison, ou revenir vers l’est pour aller acheter la terre à agrumes?

La suite au prochain épisode…

Deux verres, deux univers

Il y aurait beaucoup à dire sur la belle traversée de l’hexagone, entre Bretagne et Provence, mais je « saute » directement à Nice, pour revenir « en temps réel », ce qui, me semble-t-il, rend plus « vivant » ce blog.

Le crépuscule arrive vite, par rapport à l’Ouest! Et avec lui, l’envie de boire un verre…
Première destination : mon pub irlandais préféré.

La terrasse est pleine, car visiblement la police municipale veille plus que jamais, et deux grandes tables ont été supprimées sur la rue Rossetti. Je me réfugie donc à l’intérieur, presque vide, lui.

Et me voici en train de siroter la Guiness, servie ici à la pression (3,70 euros), en écoutant la musique et en observant le ballet du patron qui ne cesse d’entrer / sortir pour le service.

Que fait le serveur, me direz-vous? Eh bien, il achète sa nourriture. A une dame venue avec un grand sachet, d’où elle a sorti deux boites en plastique. Dans l’une, des pizzas de forme rectangulaire. Elle m’en propose une : 3 euros l’entière, 1 euro 50 la demie. Dans l’autre, des gâteaux dont je n’ai pas bien entendu le nom. Qu’elle vend aussi. Bref, le système D. Et le serveur maintenant mange sa pizza, debout derrière le bar, tandis que la dame range soigneusement la nourriture dans les boites, les boites dans le sachet. Discussion en anglais. « To morrow? » demande la dame. Il fait signe que non (on ne parle pas la bouche pleine!). « After to-morrow? » Nouveau signe de dénégation. Il cesse de mâcher. « I don’t know« . La vendeuse ambulante fait « Ok » et repart chercher d’autres chalands. Je continue à boire en attendant l’amie qui doit me rejoindre et en observant les habitué-e-s en terrasse, puis descends aux toilettes. Une magnifique cave voûtée m’attend en bas, hélas encombrée de caisses et de gros tonneaux de bière. Quand je remonte, je salue un homme, isolé au fond du bar. Il ne m’entend pas : il travaille. Apparemment, un architecte ou un graphiste : il manipule un stylet sur une tablette…

Mon amie arrive, et nous partons vers d’autres cieux. Elle trouve l’ambiance trop calme. Chacun ses goûts!

Direction l’église du Gesu (alias Saint Jacques le Majeur), toute proche. Nous n’allons pas à la messe, mais au bar. Car oui, l’église recèle un bar, dont Christophe, mon ami artiste-serveur au restaurant éponyme m’avait parlé. Il faut traverser les lieux saints, se diriger vers la droite, s’engager dans un passage voûté, aller vers la sacristie, et l’on débouche sur une belle cour ornée de plantes, au mobilier bric-à-brac et à l’ambiance sereine, qui tranche fortement avec l’animation des rues du Vieux Nice un soir d’août. Suivez-moi dans le dédale qui conduit à cet endroit caché.

Au passage, nous nous attardons d’abord devant la maquette de l’église baroque, de style ligure.

Puis pour jouer aux « djeuns » et prendre un « selfie ».

Au bar, une personne au genre indéfini nous sert le verre de rosé demandé, et, gentiment, nous tend d’abord des cacahouètes, puis des chips. Elle nous explique que le bar a été créé par une association, Bethel, pour gagner de quoi restaurer l’édifice. Voici ce que, par la suite, j’ai trouvé sur le net, concernant cette asso.

 » Objet : a pour objet : accueil des visiteurs, espace de détente, de dialogue et d’échanges entre visiteurs et entre bénévoles

Activités :

  • AMICALES, GROUPEMENTS AFFINITAIRES, GROUPEMENTS D’ENTRAIDE »

Joli, le « groupes affinitaires », non? On évite le terme « communauté »!

Elle nous explique ensuite qu’une table est libre au fond. Nous lui préférons finalement une banquette, à l’abri des regards derrière de grandes plantes vertes.

Un lieu idéal pour bavarder tranquillement. Et observer les lieux. Un grand patio qui jouxte l’église.

De belles plantes qui lui donnent un petit air de jardin d’hiver. Du mobilier de récupération ou fait de palettes et bois de récupération.

Et une vierge de plâtre blanc, éclairée, dans un coin. La clientèle est mixte, aussi bien en âge qu’en genre apparent. Mais pas en origine. Que du blanc, et visiblement presque que de l’autochtone. Des couples. Des petits groupes d’amie-s. Une grande convivialité et de la sérénité. Ma copine craignait le prosélytisme. Il n’en est rien. Un bar alternatif comme beaucoup d’autres. Et être servi-e-s par un jeune homme à l’allure d’un participant des Marseillais ou de Koh Lanta, musclé et tatoué, sous le regard de la Vierge, avouez que cela a du piquant!

Le printemps en février

La journée fut magnifique… Plutôt envie d’aller promener et bronzer que de travailler… Donc, ce midi, direction La Turbie, via le col d’Eze. De manière étonnante, le bourg ne semble pas souffrir de la situation. Du monde dans les rues, une ambiance plutôt gaie avec des gens en terrasse des cafés (mais debout, bien sûr!), et les restaurants, boulangeries et bars proposant toutes sortes de plats à emporter. Le pique-nique était dans la voiture, mais j’avais trop envie de salade niçoise et de pan bagnat. Donc direction une boulangerie à l’enseigne attrayante : « Ma première boulangerie« . Un régal pour les yeux et le nez, à l’intérieur. Avec des pains superbes, visiblement faits avec goût. Et des petits plats pour le repas. Sans compter les bugnes (c’est de saison!). Et ils ne manquent pas de l’humour qui se fait si rare ces derniers temps..

La salade niçoise était bonne, mais sans plus. Car il lui manquait le mesclun, remplacé par la laitue…normal en ce mois de février, me direz-vous… Par contre, le pan bagnat était excellent, bien « bagnato », avec malgré tout une croûte bien croustillante. Quant aux bugnes… j’ai eu du mal à en laisser!

Pas de visite au Trophée ce jour, car direction la plage. Le port de Beaulieu est bien triste, avec bateaux désertés et terrasses désertes. La plupart des boutiques et restos sont fermés. Et la plage voisine est presque vide malgré les 20 degrés, un soleil radieux et une mer très calme.

Les villas affichent toujours leur aspect prétentieux, qu’elles soient en bord de plage ou en à-pic sur l’impressionnante falaise.

Mais le littoral présente un aspect étrange… Des mini-collines l’ont envahi… Faites de végétaux séchés, elles gênent l’accès à l’anse où les enfants se baignent sans danger, quel que soit le temps et le nombre de méduses.

Cela semble faire le bonheur des goélands et pigeons, qui s’ébattent gaiement au piémont.

Quant à leurs collègues humains, ils et elles se promènent, bronzent, lisent… Deux jeunes femmes discutent devant une bouteille de blanc. Une silhouette de nageuse dans le lointain. Trois jeunes gens bavardent plus qu’ils ne pêchent, canne en l’air. Des enfants s’égaient, d’autres jouent avec le sable, ou regardent les petites méduses transparentes à forme d’hippocampe…


Le sol est parfois jonché de troncs, branches, morceaux divers d’arbres aux formes parfois torturées.

Et l’un d’entre eux attire mon regard, car il provoque une image plutôt étonnante, d’un être humain aux formes très allongées…

Sur le chemin du retour, pause humour avec l’abri des personnes qui ont édifié les mini-monts..

Fascination pour le citron

J’ai retrouvé avec plaisir Nissa la Bella et la chaleur, le ciel bleu et mes citronniers. L’un d’entre eux a souffert, une branche est à moitié cassée, et je me suis surprise à rechercher hier sur le net comment soigner l’arbre qui égaie tellement la verdure et dont le jaune tranche sur le bleu profond du ciel méditerranéen!

Les citrons, il y en a ici toute l’année, c’est incroyable! Et, cette fois, ils sont encore plus beaux et plus nombreux que d’habitude… Je sens que je vais aller solliciter mon voisin italien et son épouse nissarde pour qu’il et elle m’aident à faire du Limoncello avec cette abondante récolte.

Limone nella Villa Felicita, Georges Oucif

Le citron sous tous ces aspects…

De la citronnade fraîche au Mojito, une évocation d’été et de chaleur… De la rondelle dans le Martini à l’apéritif au Limoncello en digestif, il encadre les bons repas… Du jus intégré à la sauce crème fraîche des coquilles Saint Jacques à celui que l’on verse délicatement avec l’huile d’olive vierge sur un délicieux poisson, il aggrave ma gourmandise.

Ingrédient d’un savon qui prend parfois sa forme, d’une lingette parfumée prête à effacer sur nos mains les odeurs désagréables, ou noyé, en tranche, dans une coupelle d’eau tiède comme « rince-doigts », il embaume notre peau, comme les parfums dans la composition desquels il entre si souvent…

Sur ses arbres nourriciers, le fruit est un mini-soleil, reproduit à foison.

Et comment ont fait les Mentonnais privés cette année de la Fête et de ses chars?

Jonchant le sol hier, un citron a attiré notre regard, et un ami l’a photographié… Je vous présente donc « Monsieur Citron ».

Citron farceur, Georges Oucif

Quand Gorbio rime… et rythme avec flamenco…

L’an dernier, Michel Isnard, maire de Gorbio, annonçait sa décision de se retirer… et ses craintes de voir disparaître le festival flamenco qu’il organisait chaque année avec la complicité amicale d’Isabelle. Moi qui aimais ces soirées, j’ai donc pensé qu’elles allaient disparaître, comme avaient disparu avant elles les festivals Tahiti et Afrique organisées aussi dans ce petit village perché au-dessus de Menton, si discret mais si vivant.

Heureuse surprise que de découvrir sur le site de la bourgade qu’un 19ème festival allait avoir lieu cette année. Vite, inscription… et, le soir dit, arrivée précoce sur le site, de manière à trouver une place de parking, ce qui n’est pas une mince affaire là-haut! En descendant du parking, nous voyons que notre repas se prépare… ça sent bon la paëlla!

Cuisson sur place de la paëlla, toujours aussi bonne!

Et puis le plaisir d’aller retrouver le personnel des Terrasses et leurs habitué-e-s, pour un apéritif sur la place. Toujours aussi sympathique.

Le bar restaurant Les Terrasses, sur la place de Gorbio


Et la vue sur l’orme vétuste est toujours aussi belle…

L’orme, et des volets en trompe-l’oeil…

La table voisine, au café, était occupée par trois personnes fort sympathiques… A notre plus grande joie, nous les retrouvons placées à la même table que nous… 6 plus trois égal 9, nous respectons donc bien la règle actuelle du « 10 au plus »…

Deux jours plus tard, nous nous retrouverons, cette fois à une table proche de la scène, sur invitation de l’ancien maire en personne, qui nous a fait la gentillesse de nous la réserver…

Le spectacle commence par la musique et les chants, comme toujours. J’apprécie toujours autant les voix extraordinaires des trois chanteurs, soutenues par les guitares et percussions. J’aime particulièrement celle de Jesus de La Manuela, qui me fait toujours autant vibrer (surtout lors des messes gitanes!), alors que d’autres lui préfère la puissance de celle d’Emilio Cortes ou la force étonnante (et détonnante si j’ose) de Cristo Cortes.

La plus jeune des danseuses entre en scène la première… Sa virtuosité ne fait pas de doute, bien que je la trouve un peu « froide » et « technique ».

Céline Daussan

Ce qui m’a toujours frappée dans ces spectacles, c’est la connivence manifeste des artistes entre eux, allant parfois jusqu’à la manifestation de soutien et d’admiration.

Après elle, ce sont deux jeunes danseurs qui se succèdent, avec deux styles très différents. J’avoue avoir un faible réel pour le second, Lucas del Luco.

Lucas del Luco

Puis vient le tour de Lisa Carmen, dans une sublime robe telle qu’on les imagine en pensant « flamenco ». Rien à faire, je préfère nettement ce style à la robe courte avec tablier des premières danses…

Lisa Carmen

Elle évolue, joue avec les volants, avec le châle, et se révèle d’une souplesse remarquable…

Puis arrive le tour de celle qui m’enchante depuis plusieurs saisons. J’admire sans vergogne son magnifique visage à la beauté pure et sérieuse.

Un autre des stéréotypes du flamenco me réjouit : la danse subtile des mains et des doigts… Elle en possède tout l’art…

Pas besoin de chichis, de recherche de virtuosité extrême, d’esbrouffe… Toute la force de la retenue, de la violence contenue, de la passion réservée donne cette puissance attendue du flamenco, pour ce qui me concerne.

Avec le chanteur Cristo Cortes

Une finale en apothéose pour cette troisième soirée de festival, avec l’ensemble des danseurs/euses… puis les personnes qui sont à l’origine de ces soirées bonheur…

Nous saluons avec révérence Luis de Almeiria, et prenons grand plaisir à constater qu’Isabelle Cortes n’a pas perdu de son dynamisme, et n’a besoin ni de robe extraordinaire ni de talons pour danser à merveille…

Michel Isnard et Luis de Almeria
Luis de Almeria et Isabelle Cortes

Michel Isnard prend ensuite la parole, pour un « adieu » au public – il passe la main pour la suite des festivals – et un vibrant message d’amour…

Bien sûr, les deux maires qui se sont succédés n’ont pas manqué de souligner que, sans la force, le courage et le dynamisme des nombreux/euses bénévoles, rien ne serait possible. Et ce sont elles et eux qui envahissent la scène en fin de soirée pour un défoulement bien mérité avec le nouvel élu, Paul Couffet, qui visiblement ne manque pas de tonus.

La soirée se termine donc dans une belle ambiance, et nous saluons les organisateurs et nos trois voisins de table, que nous espérons revoir…

C’est alors une petite balade nocturne pour faire découvrir le vieux village à mon hôte.

Montée et descente des rues pavées et souvent couvertes, pour arriver devant l’église Saint Barthélémy (1683) à la façade toute en trompe-l’oeil.

Au passage, des portes attestent de l’ancienneté des édifices…