N’étant pas fan de télévision, je ne connaissais pas l’émission permettant d’élire « Le village préféré des Français » (sic!) jusqu’au moment où elle s’est intéressée à notre petit coin de Picardie, d’abord autour d’Ault, puis, cette année, à propos de Mers-les-Bains, qui est ainsi devenu, à notre grande surprise, le 2ème village, après… Collioure. J’aime beaucoup la côte picarde, mais il ne me serait jamais venu à l’idée de comparer Mers et Collioure!
La conséquence est désastreuse : notre coin relativement tranquille ne l’est plus, et tout est envahi de touristes, parfois venus de bien loin… Or les infrastructures, notamment en termes de restauration, ne sont pas suffisantes pour ce flot brutal!
Prenons l’exemple de ce que l’on appellerait ailleurs « paillotte », installée sur les galets, La Belle Plage. J’aime la fréquenter, quand ma cabine de plage n’est pas encore installée, car elle a beaucoup de charme, avec sa structure de bois et sa magnifique vue mer.
Le Moscow Mule y est excellent, et accompagné, comme tous les autres apéritifs ou cocktails, de mini-toasts accompagnés de tomates délicieusement assaisonnées… les huîtres sont à un prix très abordables, et le camembert rôti me tente souvent.
J’ai pu y aller me reposer et restaurer la semaine dernière. Mais, cette semaine, pas une place de banquette, pas un fauteuil, pas une chaise de libre! Tout était comble, archi-comble… Quel dommage! La rançon du succès… car entendu sur l’esplanade : « On l’a vu à la télévision »…
Mais je ne désespère pas de pouvoir admirer à nouveau le couchant depuis la table où je me suis régalée…
J’ai découvert ce mardi soir, grâce à des ami-e-s, un superbe lieu dont j’ignorais l’existence jusqu’alors, dans un bourg peu éloigné de ma base picarde, Ault-Onival. Il s’agit de l’ancien dancing de l’ancien casino de cette station balnéaire jadis très prisée des gens du Nord-Pas-de-Calais, et toujours appréciée des habitant-e-s de ce qui est devenu « Hauts-de-France » (ne cherchez pas leur nom, ils n’en ont pas, et d’ailleurs les Picards, entre autres, se sont déchaînés en propositions humoristiques tant ils étaient en colère de voir disparaître leur région derrière cette dénomination étrange).
Une carte postale représentant le Petit Casino. Le dancing est à gauche, dans la rue perpendiculaire
Et voici ce qu’il en est aujourd’hui…
A l’intérieur, une magnifique salle avec un balcon superbement décoré et ceint de verdure.
Au sol, le souvenir des couples qui y ont dansé…
Je n’irai pas plus avant dans les photos du lieu, car il s’agit d’un domicile personnel, et, pour moi, l’intimité, même si elle est partagée le temps d’un évènement, doit être préservée. Et le lieu n’est pas l’objet de cet article! Mais, en l’occurrence, il fournit un précieux cocon pour des rencontres chaleureuses mais aussi passionnantes. Ce qui fut le cas en ce début du mois de Mai, où je fus reçue par la maîtresse de céans, qui m’expliqua plus tard ce qu’est l’association, qui est présentée en ces termes sur son site.
« C’est un lieu qui a pris naissance dans le dancing d’un ancien casino de bord de mer. L’ailleurs… est l’emplacement unique dans lequel il se pose : entre la naissance des falaises et les marais de la baie de Somme, dans un village arrêté dans le temps, décors naturels étonnants propices à la création. Lieu chargé d’histoires donc, et qui reprend sa route sur d’autres voies. Petit Casino d’Ailleurs… est avant tout un regroupement d’artistes d’univers différents, de disciplines différentes, tant dans le spectacle vivant, la danse, le théâtre ou le chant, que dans les arts visuels, la photographie, la vidéo documentaire ou de fiction. »
Sur la page Facebook d’Hélène Busnel, notre hôtesse, vous trouverez une présentation de cette rencontre par Didier Debril, ainsi que des photos. Pour ma part, juste des impressions que je tiens à partager avec vous, en quelques mots.
Richesse, diversité et véritables échanges
Qu’il s’agisse du panel d’intervenant-e-s ou du « public », j’ai trouvé la qualité des échanges exceptionnelle. Beaucoup d’écoute, du sérieux n’excluant pas le rire, de l’expertise sans flagornerie, bref, tout ce que j’aime. Et l’on a parlé arts, mais aussi langue, vie quotidienne et oiseaux…
Energies, profondeur et expression, de l’ « inspir » à l’ « expir » médié par la langue picarde
Rien de tel qu’un extrait saisi et noté sur mon téléphone : « Exploitation d’une langue terrienne pour reproduire la pensée proche du dessin« .
Une très grande profondeur, philosophique et j’allais dire « spirituelle », dans les textes qui ont été lus par les deux artistes, dont d’ailleurs j’ai beaucoup apprécié l’harmonie au-delà des (ou grâce aux) différences, Dominique de Beir et Anne Mancaux. Différences, y compris dans la manière de lire et prononcer le picard.
Dominique De Beir
Anne Mancaux
Désolée pour Anne, dont la tête a été coupée dans cette vidéo (pourtant prise avec!!! je suis toujours aussi nulle en technique). Voici donc, pour compenser, une photo d’elle prise lors de la présentation de son Bécédaire en picard, empruntée au Courrier Picard.
Le FRAC était représenté par son directeur en personne, Pascal Neveux, qui a expliqué le « mouvement de résistance » de ce fonds plutôt spécialisé en dessin. Je ne le connaissais pas, et comme je pense qu’il en est de même pour une partie du lectorat de ce blog, voici ce que Connaissance des Arts en disait lors de sa nomination:
« Pascal Neveux, docteur en histoire de l’art, a travaillé à Art Public Contemporain et à la galerie Jean-Gabriel Mitterand avant d’intégrer, en 1992, le Crédac Centre d’art contemporain d’Ivry-sur-Seine. De 1999 à 2006, il a dirigé le Frac Alsace. En 2006, il a été nommé directeur au Frac Paca de Marseille. Président de l’association Marseille Expos depuis 2013, il laisse un bilan positif de son passage dans la cité phocéenne. En plus de ses fonctions successives à la tête d’institutions renommées promouvant la création contemporaine, Pascal Neveux s’illustre dans le commissariat d’exposition et la publication d’écrits. Parmi ses ouvrages, Adrian Schiess : un discours sur la peinture, très banal, très traditionnel (Presses du réel, 2014). L’auteur y commente le travail de l’artiste suisse en parallèle de son exposition éponyme au Frac Paca. Il a assuré, entre autres, le commissariat de l’exposition « Life on Line – Claude Lévêque » à la Vieille Charité (2018). »
Il est rare que dialoguent aussi bien artistes entre eux, institutionnels et béotien-ne-s… Et c’est aussi une des facettes de cette soirée que j’ai particulièrement appréciée… En regrettant de ne pouvoir assister le samedi 10 mai à 19h à la performance dansée avec Hélène Busnel… Mais si vous lisez cet article et que vous n’êtes pas à l’autre bout de la France, allez-y et vous me raconterez?
Un dernier extrait des mots notés ?
« Une autre énergie naît de la rencontre des énergies »…
Jamais je n’aurais pensé photographier Mers-les-Bains et Le Tréport sous cet angle peu « touristique ». Mais l’occasion était trop belle, en ce lundi de Pâques, avec ce double arc-en-ciel qui me faisait de l’oeil!
Et, pour une fois, je n’ai pas haï mon Iphone qui enregistre toutes les photos d’abord en vidéo, car écoutez en regardant ceci :
La vue sur le port tout proche était aussi impressionnante… mais il ne restait plus qu’un bout de l’arc!
Nous étions ensemble hier au pied de la falaise de Mers-les-Bains… Alors, continuons la promenade, si vous le voulez bien, pour observer d’autres traces…
Je fus intriguée par des raies non rectilignes (a-t-on le droit d’adjoindre ces deux termes???) tracées sur le sable, alors que la mer venait juste de découvrir la plage, déserte depuis le retrait des ondes…
Qui avait pu ainsi laisser trace de son passage? Pas un humain à l’horizon… Mais un petit point attira mon attention, et je m’approchai…
Qui déambulait? Un petit vignot, alias vigneau, alias littorine… Ce que parfois ailleurs on nomme « bigorneau » : « Le bigorneau, petit gastéropode, du provençal bigorne, ressemble à une petite enclume. C’est le vigneau de Normandie. — (Éric Barré, Mers et marins en France d’autrefois, Éd. Archives et culture, 2004) »
Et il n’était pas seul à fendre courageusement l’étendue sableuse…
Procession ? Rencontre ? Poursuite amoureuse ? Je vous laisse imaginer…
Les ruisselets dûs au retrait des eaux laissent aussi de beaux dessins sur la plage. Jugez-en vous-même.
S’il n’y avait pas l’eau, on pourrait imaginer un paysage lunaire…
Mais regarder au loin re-situe les lieux : on aperçoit un phare. Point de phare sur l’astre lunaire, à ma connaissance… C’est celui du Tréport, que vous avez pu voir en noir et blanc voici quelques temps, parmi mes « essais ».
Traces de vie, donc, dans le lointain, qui contrastent avec l’étendue déserte devant moi et aux « restes rongés » de la superbe falaise.
Sans tous ces petits êtres qui animent ciel et plage, ce serait un paysage de fin du monde. Car en levant la tête vers le sommet de la falaise, on aperçoit des restes d’habitat humain, comme ceux d’une superbe demeure que mon oncle rêvait d’acheter quand il était jeune, et dont vous avez pu voir la photo dans un de mes textes portant sur les balades mersoises.
Un autre bâtiment ne va pas tarder à rejoindre le bas. Car le « carré » sombre que l’on aperçoit un peu plus loin n’est autre qu’un blockhaus, trace de la Seconde Guerre Mondiale, qui va bientôt s’effondrer sur le sable comme celui qui orne maintenant la vaste plage de sable proche de la Baie de Somme.
Nous voici revenu-e-s au point de départ, car vous retrouvez ici « l’exposition » dont je traitais hier. A propos, qui parmi vous pourrais m’expliquer pourquoi cet épi métallique est intact au large, mais de plus en plus érodé quand on s’approche de la terre?
Eh oui. Autant il fut aisé de parler de Jules et de Jeanne, autant il va m’être impossible de vous parler d’un seul Jean.
Sans doute ont-ils existé. Mais quant à connaître leur identité… J’ai écrit pour en savoir plus. Si j’ai une réponse, je vous la transmettrai, promis.
En réalité, il s’agit du nom d’un restaurant que je fréquente régulièrement quand je vais au Crotoy. Non qu’il soit beau. Non qu’il soit confortable. Non qu’on y mange spécialement bien. Mais il offre sur la Baie une vue incomparable, avec pour toile de fond le Hourdel, ce micro-port de pêche et de plaisance désormais très fréquenté par les personnes avides de cueillir la salicorne et surtout de découvrir les veaux marins.
Comme les photos ont été réalisées en hiver, la terrasse est entourée de baies en plastique qui, certes, ne sont pas du plus bel effet, mais au moins protègent du vent.
A la belle saison, tout est découvert et l’on peut profiter du soleil avec cette magnifique vue, tout en dégustant moules frites, fruits de mer, poisson ou ficelle picarde…
Comme vous pouvez le constater, ce n’est pas qu’un restaurant, mais aussi un hôtel, dont certaines chambres offrent une vue incomparable sur l’embouchure de la Somme.
Vous voulez une autre adresse de restaurant avec vue mer au Crotoy? Mais, cette fois, avec vue sur Saint-Valéry et les huttes de chasse qui ne flottent que lors des très grandes marées, comme je l’ai découvert ce dimanche? Je vous explique.
Lors des grandes marées, les huttes posées sur le fond de la Baie offrent un spectacle que je trouve magique : la mer les porte, elles deviennent navires ancrés.
C’est pourquoi, alors que je travaillais le samedi, j’ai foncé vers la Baie ce week-end, et vers Le Crotoy ce dimanche midi. Marée haute prévue à 13h07, il était impératif de déjeuner face à la scène. Voiture à peine garée, je fonce vers la Place Jeanne d’Arc (oui, on la retrouve!) et cherche d’où, à part Chez Mado, le restaurant historique, si typique jadis, devenu selon moi un peu surfait, avec des prix exorbitants. Analyse fait, c’est le Restaurant du Port que je choisis.
Hélas, la dame qui me reçoit me dit qu’il ne reste que les tables du fond, avec vue… sur le manège! Je lui expose mon désarroi et lui explique pourquoi je suis venue. Cela l’attendrit? la fait rire? lui fait penser qu’elle a affaire à une cinglée? En tout cas, elle va vers la table centrale, modifie les réservations, et me la consacre. Gentil, non?
Huttes sur le banc central de la Baie, face à Saint Valéry
Voilà qui m’a permis de déjeuner en chemisier, en plein mois de mars, d’huîtres et d’une parillade de poissons, avec une vue imprenable sur les huttes…
12h50… 13h… Le suspense est à son comble… 13h07… rien. 13h15… toujours rien.
Elles ne se sont pas soulevées! La marée n’est pas assez forte. J’ai ainsi appris qu’un coefficient de 100 ne suffit pas, surtout avec une onde sereine, et qu’il faut au moins 110 pour qu’elles frémissent!
Le perroquet qui trône dans la salle de restaurant me semble se moquer…
Une consolation : les belles images qu’offre cette Baie dont je ne me lasse pas…
Difficile de traduire la force du courant par une photo. Mais on la devine sur celle qui précède, non? Les bateaux quittant le port à ce moment – des touristes, bien sûr, car les professionnels connaissent leur baie… – ont bien du mal à le remonter et partent de gauche et de droite, sans parvenir à l’affronter.
La mer envahit très vite les zones ordinairement asséchées. Ici, elle commence à monter sur les berges environnant le port, pour la plus grande joie des canards.
Derrière l’écluse, elle va plus lentement, car l’eau est régulée.
Cela permet de profiter des couleurs grises et ocre des fonds vaseux.
Les épaves ligneuses sont épargnées, et pourront continuer à servir de refuge aux animaux perdus.
Un petit tour à Doullens en ce samedi frais mais ensoleillé, qui évoquerait davantage l’automne que le « presque été » de début juin. De manière étonnante, alors que dans ce bourg, durant le confinement, personne ne portait de masque, et que les gens bavardaient tranquillement dans la rue sans respecter les distances, voire se serraient la main, voici qu’aujourd’hui on circule au milieu de personnes au visage masqué! Un peu à contretemps, dans le coin!
Un petit tour dans la ville pour le touriste accueilli… et pour mon propre plaisir. Je ne résiste pas à l’envie de refaire des photos dans l’église détruite, dont une amie photographe disait le week-end dernier qu’elle aimerait y faire des « shootings ». Ce qui m’a conduite à aller immédiatement rechercher la signification de ce terme. J’ai ainsi appris que « shooter » signifie « déclencher ». Et que « shooting » peut signifier « tir, fusillade ». Mais bien sûr, elle ne parlait pas de cela. Donc je prends le second sens… « Séance pendant laquelle un modèle (ou plus souvent un mannequin) est photographié autour d’un thème défini par un photographe professionnel ». Ainsi, je ne pourrai jamais faire de « shooting »! Ni d’un côté de l’appareil, ni de l’autre! Par contre, j’ai appris entretemps que je pourrais faire des « photos boudoir » (encore une expression que je ne connaissais pas!) comme me l’a appris « Helenina Sâme« .
Mais revenons à l’église en question… Je prends vraiment plaisir à jouer avec ces ruines, dans une lumière pourtant peu favorable. Un regret : les pigeons, ordinairement nombreux, ont quasiment déserté les lieux. Sont-ils confinés ailleurs?
Un petit détour par l’histoire? Je ne vais pas paraphraser, mieux vaut copier… le site officiel de la mairie.
Les mésaventures de l’église « aux quatre sans cloches »
La principale originalité de l’Eglise Saint Pierre est constituée par son triforium, sorte de galerie ogivale de l’Eglise Saint Pierre, qui développe sur la face Nord ses élégantes arcades et ses légères colonnettes d’un effet gracieux. De jolis piliers séparent les bas-côtés dans le sens de la largeur, avec leurs moulures, leurs volutes aux angles et leurs feuilles à trois lobes.
En 1522, les Impériaux saccagent tout, et enlèvent même les cloches pour les fondre et en faire des canons. Aux heures tragiques du 31 juillet 1585, pour échapper au massacre des Espagnols, quelques habitants parviennent à se cacher dans l’Eglise. Mais les Espagnols poussent le meurtre jusqu’au pied de l’autel. L’Eglise est incendiée et n’a plus de toit. Pendant de longues années, la consolidation de l’Eglise exige des travaux qui sont effectués par morceaux, suivant les revenus disponibles. En 1692, on répare les murailles et les couvertures, on démolit le clocher pour établir une nouvelle tour. On la bâtit légère et l’agrémente de quatre clochetons, lesquels hélas restent vides par raison d’économie.
Les Doullennais s’amuseront longtemps des « cinq clochers de St Pierre » avec ses quatre sans (cent) cloches.
1790, l’Eglise est fermée et son mobilier est confisqué. Elle n’est vendue que le 28 thermidor de l’an VIII pour 8125 Francs. En 1864 : elle sera revendue 7000 Francs. Laissée mutilée par la tourmante révolutionnaire, l’Eglise Saint Pierre subit les destinations de ses propriétaires successifs. Elle est tour à tour et à la fois grange à récoltes, hangar, remise à tonneaux, atelier de menuiserie, communs de ferme etc…
Je me suis intéressée au jeu du ciel et des plantes environnantes avec les ouvertures résultant de la destruction importante de cette église.
Par contre, je n’ai pas bien compris les objectifs de la décoration extérieure, toute nouvelle… Des « fresques » d’une rare laideur, rappelant la Première Guerre Mondiale… Je vous laisse en juger par vous-même…
Une concurrente qui s’est refait une beauté
Non loin de l’église Saint Pierre, qui n’a pas encore trouvé les clés de son Paradis ni un financement pour sa restauration, l’église Notre Dame, elle, éclate de blancheur après sa récente rénovation.
Consacrée par Thomas Becket en 1170, elle a aussi subi beaucoup de coups durs, dont un incendie au 16ème siècle et le destruction de sa flèche lors de la Révolution. Mais elle garde encore fière allure…
Et son choeur fut reconstruit, contrairement à la sacristie détruite, elle, en 1913…
Décidément, difficile de garder son intégrité quand on est une église sur ces terres de combats à travers les siècles!
En face d’elle, un étrange bâtiment attire l’attention par sa forme étonnante et la sobriété exceptionnelle de sa façade.
La Tour de Pise locale
Il est temps de se rendre à la pizzeria dont je veux fêter la réouverture ce soir. Mais avant, un dernier petit tour pour voir le clocheton du beffroi nous saluer en se penchant…
Des retrouvailles avec La Pizza Dorée
Contrairement à Paris, on peut ici dîner à l’intérieur des restaurants. Heureusement, car il fait 14 degrés dehors, avec un ressenti plus froid en raison du fort vent nord-ouest qui souffle depuis le midi… Heureuse de retrouver ces lieux qui font tout pour vous rappeler que vous allez manger italien…
Encore un vrai lieu de vie, où l’atmosphère est chaleureuse. On s’y retrouve d’habitude dans une proximité forte, car les lieux sont exigus. Personnes venues pour dîner ou pour prendre leur pizza à emporter devisent gaiement entre elles et avec le patron et son équipe. Ce soir, l’atmosphère est différente. Il faut respecter le mètre de « distance physique » (non, je ne dirai toujours pas « sociale »), et porter le masque pour se déplacer.
Et il y a moins de monde que généralement… Dommage, car la carte est sympa, les plats et boissons peu chers (à trois avec apéritif, vin, pizza et dessert : 56 euros!), et les pizzas fort agréables, même si elles ne valent pas celles de Nice.
Un petit Americano réchauffe l’ambiance, et la famille de la table voisine est bien sympathique, avec cette petite qui voudrait danser sur les rocks endiablés en fond sonore…
Au fait, savez-vous pourquoi on a appelé ainsi ce breuvage? Je vous laisse chercher ou je vous le dis? Bon, d’accord, vous êtes un peu fainéant-e en ce dimanche matin… Ce cocktail, créé en 1861 dans le bar de Gaspare Campari, doit son nom au fait qu’il était fort apprécié des Américains qui fréquentaient les lieux en 1917…
Gaspare Campari en famille…
La magie du Spritz
Si vous voulez en savoir davantage sur cette boisson, mais aussi sur d’autres, je vous conseille ce site, auquel j’ai emprunté l’image ci-dessus. On y apprend ainsi que la première dénomination fut « Milano-Torino »… Personnellement, je préfèrerais boire un « Milano-Torino » qu’un « Americano »… mais on ne peut refaire l’histoire!
Fin d’après-midi dans le joli village de Lucheux. Avec des ami-e-s, nous décidons d’aller boire un verre au café du village. Eh oui, il y a un café, dans ce petit bourg picard! Et un café bien vivant et accueillant, que je vais vous faire découvrir.
Mais avant, je vous emmène sur le chemin qui y mène. Celles et ceux qui suivent mon blog reconnaîtront certains détails. Je laisse les autres découvrir. D’abord, le beffroi… qui, dit-on, abrita Jeanne d’Arc (où n’a-t-elle pas dormi? elle concourt sur ce point avec Napoléon…)
Puis la Maladrerie qui abrite la Mairie…
Et enfin on arrive à destination, le café du village.
Son nom ? Bar de la Source. Il faut dire que, des sources, il y en a beaucoup ici. L’eau de Lucheux était célèbre autrefois. Elle est connue depuis l’Antiquité, et les Moines du Moyen-Age et des siècles suivants l’ont exploitée pour ses vertus thérapeutiques. Bien plus tard, elle est devenue la Cristalline, et sa production industrielle faisait vivre une partie des habitant-e-s du coin. Hélas, les nitrates l’ont envahie, et l’usine a été délocalisée. Il en reste des bâtiments transformés en hangar agricole, et les fonds de la société n’abondent plus les caisses municipales, tandis que les personnes qui y travaillent doivent désormais faire des distances énormes si elles veulent garder leur emploi.
Mais revenons au Bar de la Source. Il a été repris voici quelques années par un homme charmant, qui aime visiblement son activité. Il a peu à peu transformé ce qui n’était qu’un petit bar fermé en un lieu de vie. Des jeux, d’abord. Des soirées repas convivial, ensuite. Puis création l’an dernier d’une terrasse. Et, cette année, décoration de celle-ci.
C’est devenu le lieu de rencontres incontournable, et permet aux populations très hétérogènes du village et des alentours de faire connaissance. Les enfants peuvent s’égayer dans le jardin. Parties de billard ou de baby-foot mêlent les générations. Et l’accueil est remarquable. Hier soir, un pâté picard nous a été offert pour accompagner la Chouffe et le Pastis… Les animaux sont aussi de la partie…
Un mot encore : pendant la période de confinement, le bar s’est transformé en mini-épicerie, et garde encore cette fonction, permettant aux producteurs du coin d’écouler ainsi leurs légumes, fruits et fromages. On y trouve ainsi de délicieux fromages de chèvre à côté de fraises provenant du village… Un régal… Bref, vous l’avez compris, j’étais heureuse de voir valider une de mes thèses : un café authentique et chaleureux est vraiment créateur de lien social et source de vie pour un village tel que celui-ci. Bref, c’est bien le Café de la Source… de Vie luchéenne.
Il ne reste qu’à redescendre en traversant la Place, source de conflits internes parmi les villageois. Place du 8 Mai 1945 ou Place du Beaubourg? Tout au long du chemin, des maisons témoignent de la reconstruction du village au début du 18ème siècle, et l’on peut admirer les appareillages de briques et de pierres blanches.
Beau temps sur la côte picarde hier, mais un phénomène étrange…
Les rochers émergeant du sable, ainsi que les blocs tombés des falaises, étaient entourés d’une belle écume blanche qui tremblotait sous le souffle d’Eole…
Je n’avais jamais vu cela à ce point, et si quelqu’un-e en a l’explication, qu’il/elle me la donne!
Une magnifique écume, qui donne au minéral un air d’art pauvre, digne du Centre qui porte le nom d’un de nos anciens présidents…
Je vous en livre quelques photos, et j’ai regretté de ne pas avoir mon appareil (celles-ci sont faites grâce à la marque à la pomme)…
Le saviez-vous? Une côte de falaises commence au sud de la Baie de Somme, plus précisément à Ault – je vous parlerai un jour du Hâble d’Ault, un de mes lieux de prédilection, promis… Elle s’élève doucement, pour ensuite se poursuivre loin, bien loin vers le sud… parfois « cassée » par les cours d’eau qui viennent abonder la Manche, comme c’est le cas de la Bresle, qui a creusé une large vallée séparant deux départements (Somme et Seine Maritime) et deux régions (naguère Picardie et Haute Normandie, à présent Normandie et Hauts de France), mais aussi deux villes, Mers-les-Bains et Le Tréport. En choisissant le titre de cette partie de mon blog, j’ai longuement hésité à exploiter le niveau « région », tant il me paraît difficile d’ainsi cloisonner ce qui pour moi ne constitue qu’un seul site, d’ailleurs dénommé « Les trois villes soeurs », à savoir Mers-les-Bains, Eu et Le Tréport. Même si l’histoire, l’économie et la politique en ont fait des soeurs ennemies…
En ce samedi de mars où le soleil joue à cache-cache avec les nuages dans une douceur incroyable (15 degrés), me voici donc dévalant les galets de la plage de Mers pour atteindre le sable et marcher ainsi entre mer et terre, dans un no man’s land dont s’emparent deux fois par jour joyeusement les oiseaux, et où réside une faune marine très discrète.
Le paysage y est étonnant, avec les blocs de falaise qui progressivement construisent un univers lunaire.
Des formes étranges évoquent des édifices, des champignons, des animaux mêmes…
Les galets éclatés sont autant de joyaux que l’on découvre parfois au détour d’un bloc d’albâtre, dont la blancheur fait ressortir encore davantage la couleur vive exaltée par l’eau et la lumière conjointes.
La faune est extrêmement riche, et il n’entre pas dans mes intentions de faire ici un cours de SVT… Juste quelques zooms sur ces petits êtres apparemment fragiles…
Les bigorneaux ou « vignots », comme on les appelle ici…
Un cousin que je ne connais pas…
Lorsque j’étais plus jeune, il y avait énormément de patelles, pour la plus grande joie des enfants. Elles sont désormais beaucoup plus rares, et souvent très abîmées par les autres espèces.
Une patelle ou « chapeau chinois », bien abîmée…
Les anémones de mer sont regroupées sur des zones très spécifiques. Elles se déguisent en pierres noires, et seul le toucher permet de remarquer combien elles sont vivantes… et visqueuses…
Peut-on être mieux dissimulatrice?
Les falaises sont de plus en plus rongées par les flots, malgré les défenses inventées par l’Homme. Et plus on s’éloigne de celles-ci, plus on peut l’observer. Rongées par le bas, elles sont creusées d’anfractuosités qui évoquent des grottes.
Rongées par le bas, disais-je, elles s’effondrent dans des éboulis de plus en plus fréquents et de plus en plus importants, qui effacent le sable et révèlent des tableaux géologiques…
Un éboulis récent, et, au loin, le dernier auquel j’ai assisté cette année
Une oeuvre d’art?
Les éboulements révèlent parfois des édifices cachés, comme ce blockhaus désormais bien visible… et menaçant!
Quand j’étais petite, je venais avec mon grand-père « aux moules »… Il n’y en a plus guère, mais on peut remarquer les traces des travaux des Hommes à travers les temps, qui désormais font davantage penser à l’art sculptural moderne.
Est-ce en hommage à la falaise effondrée ou simplement pour relier terre et mer qu’un-e inconnu-e a laissé sur le rivage cette fleur que la mer emportera dans son prochain flux?