Une chorale japonaise en Pays Basque

C’est la curiosité qui m’a poussée à réserver pour un concert à Bayonne en ce 2 novembre…

Me voici donc en cette fin d’après-midi au balcon du théâtre de la ville, la Scène Nationale, pour aller assister à la prestation d’une chorale japonaise au nom bien… italien ! Sopra il Fiume (au-dessus du fleuve). C’est le dernier de la liste ci-dessus, et l’un des deux payants, mais les billets n’étaient pas excessivement chers… En préparant cet article, j’ai découvert que le nom de l’ensemble fait référence à une petite ville au nord de Tokyo, Kawagoe, surnommée « La Petite Edo ».

Je me suis renseignée sur le net, au préalable, et y ai appris les deux spécificités de cette chorale. D’abord, une moyenne d’âge peu élevée. Ce sont tou-te-s des jeunes. Ensuite, le fait qu’elle ne soit pas dirigée par un chef. Les choristes chantent en demi-cercle, sans personne au centre.

Je n’ai pas été déçue… Un répertoire éclectique, des chants superbement interprétés, des voix remarquables. Et j’ai été épatée par la tenue et la mémoire de ces jeunes qui ont chanté non seulement en japonais et en latin, mais aussi en anglais… et en espagnol, avec un bis de « La Cucaracha » (alias « Le Cafard ») chantée avec une originalité empreinte d’humour, accompagnée par la salle. Cela tranchait avec le silence recueilli qui avait accompagné l’ensemble du spectacle.

Dès le début j’ai été saisie par la beauté des chants japonais. Je n’ai pas trouvé le premier interprété par cette chorale, Seagull de Kinishita Hokiko, mais le voici par une autre… Hélas chanté avec moins de douceur. Même problème pour Orasho, de Chihara Odeki, que vous pourrez entendre ici. Idem aussi pour le dernier morceau, Yuyake d’Aizawa Naoto, accessible sur ce site. Mais vous pourrez accéder à l’Alleluiah chanté par le choeur hélas masqué ou à Salve Regina sans masques.

Très beau spectacle donc, avec des moments d’émotion et de transport, notamment par deux des chanteuses, soprano et mezzo-soprano. Je les ai mises en évidence sur la photo ci-dessous.

Mozart chez les Bernardins

La relation qu’entretenait Mozart avec la religion m’a souvent questionnée. D’où ma surprise lorsque j’ai découvert ce tout nouveau spectacle « immersif » proposé à Paris depuis hier…

Autre surprise : pas de problème pour obtenir une place au tout dernier moment! Et quand je dis « tout dernier »… Il était 16h20 pour une entrée à… 16h20! Car il faut retenir, pour pénétrer dans les lieux, et les flux se font toutes les 20 minutes. Le prix me paraissait assez élevé (32 euros), mais en cet après-midi où toute randonnée était exclue et tout déplacement rendu difficile par la chaleur, on ne comptait pas! Un petit café à l’ombre, avant de gagner le Collège et pour éviter la queue au soleil…

Un petit groupe d’heureux/ses élu-e-s participa donc avec moi à ce qui tient à la fois de la visite des lieux (que je n’avais jamais pu faire car les expositions et concerts déjà vus ici se tenaient au rez-de-chaussée), visite théâtralisée, de mini-concerts avec projections, de ballets, le tout impliquant au maximum le public, jusqu’à lui faire danser le menuet… Inutile de vous dire combien le rythme est soutenu pour que tout puisse se faire en 1h20.

Dès l’entrée, le petit groupe est happé par la musique et la narration…

Mais il est très vite entraîné par un joyeux Papageno vers la Flûte enchantée, où Mozart révèle son appartenance à la Franc-Maçonnerie.

Le grand réfectoire s’anime, s’illumine, prend des couleurs… et c’est ensuite le Mariage de Figaro, où Mozart reprend les critiques de Beaumarchais contre le droit de cuissage.

Papagayo nous entraîne ensuite vers le jardin, puis l’escalier menant au sous-sol. Dont je découvris donc alors avec beaucoup d’intérêt les différentes salles, servant jadis pour la plupart de cellier. Dans chacune, un accueil chaleureux, et une nouvelle oeuvre.

Loin de moi l’idée de vous en faire une présentation exhaustive. Juste trois moments forts… L’un assez ludique : deux personnes du public furent désignés comme chef-fe-s d’orchestre, devant assurer le tempo de deux symphonies sous l’oeil averti de leur hôte.

Le deuxième, magnifiquement esthétique : un mini-ballet de Mourad Merzouki sur La Petite Musique de Nuit.

Les jeux de lumière répondent à la musique et à la danse, et la petite salle voûtée se transforme…

Ambiance totalement différente dans la salle suivante, où nous sommes invité-e-s à nous recueillir pour quelques minutes du Laudate dominum.

Et je dois avouer que les projections, ici, pour moi, étaient quelque peu perturbantes une écoute intimiste.

La visite du sous-sol se termine, et la remontée dévoile le magnifique escalier, ainsi présenté sur le site de la Région:

« Cet escalier à vide central est entièrement en stéréotomie. La rampe d’appui est composée d’arcades à enroulement reliées par des étriers. Elles se rattachent à une plate-bande inférieure et supérieure par des billes. Des rouleaux sont placés entre les arcades« .

Vous ne savez pas ce qu’est la stéréotomie? Je l’ignorais aussi, et me suis précipitée sur le site de la BNF pour en savoir plus. Cette « technique de découpage et d’assemblage des pierres » « suppose une connaissance approfondie de la géométrie ».

« À partir du 16e siècle, cette technique fait l’objet de nombreux traités exposant des schémas complexes exécutés avec règle, équerre et compas. Cet art du trait dépend aussi du savoir-faire du tailleur de pierre, qui débite et taille les blocs, du calepineur, qui transforme les dessins de l’architecte en plans d’exécution, et de l’appareilleur qui trace ces plans directement sur le chantier.« 

Jugez par vous-même!

Le résultat?

Mais revenons à Mozart… Nous voici invité-e-s à apprendre le menuet.

De beaux fous-rires, quand nous dûmes mettre des perruques, puis apprendre en quelques minutes toute une séquence de menuet!

Genrées, les perruques! Plutôt blanches pour les femmes (ci-dessus), et grises pour les hommes (ci-dessous).

Mais la fin approchait… Dans tous les sens du terme ! Car c’est un prélat qui nous accueillit pour la dernière étape, dans l’oratoire. Je ne vous parlerai pas (ici et maintenant) longuement de ces trois extraits du Requiem, dont le Lacrimosa qui m’émeut toujours autant. Et cette ultime séquence me bouleversa. Et, une fois encore, je regrettai les projections murales qui n’auraient pas perturbé autant l’écoute si elles étaient restées telles qu’à notre entrée dans les lieux.

Inutile de vous dire, à la suite de cette narration, combien je vous encourage, quelles que soient vos idéologies et quel que soient vos âges, à participer à cette aventure. Et vous ne regretterez pas, je pense, la somme versée pour y parvenir…

Huellas

Sans préméditation aucune, me voici au Théâtre du Rond-Point, en cette soirée de janvier qui s’annonçait terne jusqu’à ce qu’une invitation me parvienne, au tout dernier moment… Je ne sais pas ce que je vais voir, mais je m’y précipite, grâce à un bus qui ne marque que la moitié des arrêts, et une petite marche qui me mène du Pont des Invalides jusqu’à ce théâtre, l’un de mes préférés à Paris… Je découvre, en surfant sur mon Iphone, que le titre est « Huellas »… et, toujours sur le net, que cela signifie « empreintes », « traces »… Le site du théâtre annonce un spectacle hybride, danse et cirque. Pas fana du cirque, je suis un peu inquiète, mais j’y vais…

L’architecture des lieux me plaît toujours autant, et la gentillesse du personnel n’a pas diminué : pas de cocktails à la carte? Pas grave, on me fait le Moscow Mule que je demande, rien que pour moi!

Mais vous ne lisez pas cet article pour que je vous parle de mes goûts… Alors, venons-en au spectacle. Dé-coif-fant! Etonnant! Impressionnant! Je ne trouve pas le mot qui pourrait le mieux le qualifier. Danse, acrobatie, mais aussi musique et chant emportent la spectatrice que je suis dans un véritable tourbillon entrecoupé de silence et d’obscurité. Ce sont aussi eux qui règnent au début. Le public reste coi, plongé dans le noir et, au départ, le silence. Assez long. Soudain rompu par une voix… puis un tambour… Et cela dure pour mon plus grand bonheur. La curiosité s’exacerbe. Un flash… On découvre un corps allongé. Un deuxième. Le corps est comme en suspension. Un troisième. Des sursauts… Le chant s’amplifie, le rythme du tambour s’accélère… Et l’on assiste à des tentatives d’un homme préhistorique, qui essaie de se dresser sur ses deux membres postérieurs…

La suite, je ne vous la raconterai pas, pour ne pas déflorer le thème du spectacle, qui se révèle progressivement, dans une succession de tableaux tous plus saisissants les uns que les autres, avec des rythmes et des figures dont la diversité témoigne de la virtuosité du chorégraphe et des danseurs, mais aussi du musicien et de la chanteuse-musicienne.

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé à la fois la musique et la danse, sur une thématique qui nous questionne au plus profond… A voir donc absolument!

Une fête de la mer en catimini

Tous les ans, le 15 août, le port de Nice vibre aux couleurs non plus noire et rouge, mais blanche et bleue. Les pointus sont décorés, fleuris, embellis. Les marins se vêtent de blanc, avec une petite touche de bleu. La circulation est suspendue, et la foule assiste à la procession de la Vierge qui sort de l’Eglise de l’Immaculée Conception, face au port, traverse les quais et est embarquée sur un pointu, avec le prêtre qui va bénir les frêles embarcations et leurs propriétaires. Normalement, des pêcheurs. Mais depuis quelques décennies ils se font de plus en plus rares, comme je le disais dans un article où je présentais cette cérémonie. Ensuite, une messe est célébrée sur les quais, en grande pompe, par l’évêque et toutes ses troupes, en présence des élu-e-s, des habitant-e-s et de nombreux touristes, en milieu d’après-midi. C’est une des grandes traditions de la ville, que respectent tous ses habitants, quelles que soient leurs religions ou leur athéisme.

Cette année, pas moyen de trouver trace d’une annonce de ces festivités sur les sites, ni même dans les journaux. Et difficile de voir, sur le site consacré aux horaires des messes, s’il y en aurait une ce jour-là, vers le port. J’ai quand même réussi à en trouver une, annoncée à 18h30 dans l’église dont je parlais plus haut. Curieuse, je m’y rends. Eglise parée de bleu et blanc, mais vide, si l’on excepte quelques grenouilles…

Une Vierge au-dessus de l’autel, une autre sur le côté…

… et le troisième de l’autre côté…

Les cierges rouges ont été complétés par des bleus et blancs, ce qui donne un air républicain à la statue… mais n’est-ce réellement qu’une impression???

Aucune n’est donc de sortie en ce jour de l’Assomption. Pas de fête donc? En fouinant, je découvre une petite affiche sur la porte.

Des personnes errent, en quête de la messe. Je leur montre l’affiche… Il ne leur reste qu’à tenter d’aller voir sur ce quai, situé de l’autre côté que celui où se déroule habituellement les festivités. Aucune procession en vue. Toujours mue par la curiosité, je fais de même. Tiens, tiens, petite agitation du côté des pointus. Et des gerbes de fleurs?

Visiblement, on les prépare!

Je continue à avancer, et aperçois, au loin, d’autres embarcations parées qui défilent dans l’indifférence générale.

Pas de bateau avec prêtre, mais, au loin, j’entends des chants. Je m’approche. Chants nissarts…

Dans un rectangle ceint de barrières, entourés du bleu non de la Vierge mais des uniformes de police, municipale et nationale, et de gendarmerie, plus des soldats armés, quelques personnes sont là pour assister à la messe prévue. On les a fouillées à l’entrée! Et il y a bien un orchestre typique. La Cimarde? Je ne sais, je suis trop loin pour le voir. Je repars donc, et trouve cette fois des équipages qui déchargent les gerbes de leur pointu. Il s’est donc bien passé quelque chose. Une bénédiction en cachette?Quelques Niçois ont compris, et viennent récupérer les fleurs. Des touristes de passage par là demandent s’ils peuvent aussi en avoir. On leur en donne. Et c’est ainsi que j’ai pu offrir à ma voisine, le lendemain, ce joli bouquet…

Un flamenco revisité

Superbe spectacle ce mardi 30 janvier, au Théâtre de Chaillot. Un flamenco totalement revisité, tout en gardant la sobriété et la virtuosité initiales.

Au départ, je me suis demandé si je ne m’étais pas trompée de programme. Car, dans une semi-obscurité, une musique lancinante, qui n’a rien à voir avec le rythme attendu, et des danseurs et danseuses tout de noir vêtu-e-s, bougeant lentement, très lentement, sur la scène elle aussi noire…

Je vous laisse la surprise, si vous allez voir ce spectacle (ce que je vous recommande vivement), mais progressivement tout s’anime, puis se calme à nouveau. Les corps obéissent au chant très doux d’une femme comme au chant traditionnel de l’homme, au violoncelle, au saxo, à la clarinette, et les claquettes deviennent aussi parfois instruments de musique.

Un décor également très sobre, mais qui révèle des surprises… Comme je le disais, au début totalement noir. Puis descendent des bouts de bois clair attachées à de longues cordes, de la même teinte. Ils vont ainsi remonter, descendre plus ou moins bas, remonter… Jusqu’au moment où le « danseur étoile », qui n’est autre que le chorégraphe, David Coria, en tire un bâton avec lequel il « joue » ensuite. Et jusqu’à la fin où les danseurs lient plusieurs de ces bâtons pour transformer la pépinière de jeunes pousses resserrées en une fûtaie bien claire…

De gauche à droite : la chanteuse-violoncelliste, le joueur d’instruments à vent et à percussion, le chanteur, les quatre membres de la troupe, et à l’extrême gauche, le chorégraphe David Coria

Les costumes du début sont élégants, comme il se doit dans le flamenco, et permettent de saisir les mouvements des corps, quand ils ne les amplifient pas. Par contre, ceux de la fin sont éclatants et décalés, et, pour ma part, j’ai regretté ce changement. La musique et la danse suffisaient à traduire l’évolution vers le festif, me semble-t-il.

Ainsi, ce spectacle est à la fois sobre et extrêmement riche, totalement envoûtant. Et j’ai même ri (intérieurement) en assistant au détournement complet des codes. Par exemple, quand ce sont deux grands gaillards qui se portent mutuellement, voire une femme qui porte un homme. Ceux du flamenco sont parfois totalement respectés, parfois aussi mis à mal en une transgression visiblement revendiquée.

Une performance extraordinaire, à la fois des chanteur.euse, des musicien-ne-s et des danseurs et danseuses. Une chorégraphie très innovante, foisonnante dans la sobriété. Bref, un concentré d’oxymores. Et un jaillissement d’émotions contradictoires… Bref, un vrai moment de bonheur intense, partagé par le public, qui a participé par moments, et ovationné à la fin.

Comme toujours, et volontairement, je n’avais pas lu les explications avant. Je viens donc d’en prendre connaissance, après avoir écrit ce qui précède. Et voici la présentation « officielle » du spectacle sur le site de la Maison de la Danse.

« Après le bouleversant ¡Fandango!, le Sévillan David Coria revient avec Los Bailes Robados, un flamenco contemporain empreint de cris et de révoltes, soutenu par des jeux vocaux et sonores remarquables. S’inspirant de moments d’hystérie collective (la chorémanie) où des groupes se mettaient subitement à danser, sans relâche et jusqu’à la mort, il crée un manifeste politique qui invoque le désir d’être soi et d’agir dans la liberté, exorcisant la douleur et l’asservissement — criant pour la femme, le fou, le différent et les invisibles, pour tous les os brisés par leurs danses. Accompagné de sept interprètes d’exception dont le maître du chant flamenco David Lagos et la violoncelliste Isidora O’Ryan, il nous invite à un pas de deux avec la vie, avec des êtres aux corps ondulants qui, du chaos à l’harmonie, s’engagent dans une gestuelle hypnotique et vibrante. »

Mes recherches m’ont aussi amenée sur le terrain linguistique, comme toujours. Que signifie le titre? Exactement ce que j’avais imaginé : « Les bals dérobés ». En voici des extraits:

Enfin, vous pourrez voir des extraits du précédent spectacle de David Coria, Fandango, sur le net. Dont celui-ci, où l’on entend et voit le chanteur. Et si vous préférez découvrir David Lagos autrement, c’est ici, par exemple. Pour découvrir Isadora O’Ryan, vous pouvez entre autres regarder (et surtout écouter) cet extrait, ou aller sur sa chaîne You Tube. Quant à David Coria, il communique sur Instagram. Plusieurs vidéos d’extraits sont visibles, comme ici, ici ou encore là, avec des commentaires du chorégraphe.

Visions chamaniques (2)

Je vous ai laissé-e-s hier devant des oeuvres colorées et complexes, annonçant qu’il en existait, à l’inverse, de très « géométriques ». Avant de vous les présenter, je voudrais revenir sur trois autres aspects de l’exposition. Mais au préalable revenir sur ce que je comprenais mal au début de sa visite.

  1. Petit retour sur ce que l’on désigne par « ayahuasca »

En réalité, « ayahuasca » désigne à la fois la plante, de son nom scientifique « Banisteriopsis caapi« , et la boisson dont je vous ai décrit la composition dans le précédent article. D’où la perturbation cognitive en commençant la visite!

« Ayahuasca signifie littéralement en langue quechua “corde des cadavres” (ou “liane amère” pour ayaqhuaska), quelquefois hâtivement traduit par “liane des esprits” ou “liane des morts” (Deshayes, 2004). Dans cet article et sauf mention contraire, le mot ayahuasca se réfère à la boisson (et non à la liane seule). Également appelée yagé (langue tukano), natem (langue jivaro), caapi (langue tupi), daime et hoasca (usages religieux brésiliens) ou cha (“thé” au Brésil), la boisson ayahuasca est une substance psychédélique. »

L’article dont je viens de citer un extrait explique que l’exploitation actuelle de cette plante et son utilisation dans divers contextes pose des questions juridiques, résolues différemment selon les pays.

« En France, les principales molécules de l’ayahuasca ont été classées comme stupéfiantes en 2005. Cette décision n’a pas été prise suite à des réflexions scientifiques mais en réaction à un fait divers de “prise sauvage” – une prise sans cadre. Notons par ailleurs pour l’anecdote que la France a subventionné la création du centre Takiwasi au Pérou utilisant l’ayahuasca (Bois-Mariage, 2002). »

Centre auquel sont rattachés la plupart des artistes dont je vous ai présentés les statues et tableaux colorés…

Je vous encourage à lire cet article, qui vous apprendra tout ce qu’il faut comprendre sur la plante, ses composants, son usage et le chamanisme.

« Le chamanisme repose sur une conception du monde soutenue par « le postulat de l’existence d’un “monde” différent du monde phénoménal accessible par les sens usuels » (Escande, 2001, p. 21). Le chaman pourrait atteindre cet espace transcendantal de manière contrôlée et avoir ainsi un accès privilégié au monde invisible, celui des esprits. L’homme ordinaire, lui, ne pourrait accéder à ce “monde-autre” qu’à sa mort ou lors de rares occasions avec l’aide et la protection du chaman. Pour accéder à ce “monde-autre”, certaines sociétés avec chaman utilisent des plantes psychédéliques, d’autres non.« 

Les fameuses « planta con madre« , mal traduites, à mon sens, par « plantes-maîtresses« .

Claude Lévy-Strauss s’était intéressé à ce que l’on a appelé « efficacité symbolique » des plantes, liée aux chants des chamans.

Toute une section de l’exposition présente ces chants, et on peut les entendre et lire le sens des paroles. Ce n’est pas la moins intéressante, et j’aurais aimé disposer de plus de temps pour poursuivre cette écoute (peut-être dans un cadre plus intime?).

Mais j’ai pris le temps de « jouer » avec les senteurs proposées dans un petit recoin consacré au piripiri. Qu’est-ce? En le recherchant sur le net, j’ai fait une nouvelle découverte : il existe des « Parfumeurs sans frontière », comme me l’a appris un article consacré au piri-piri.

« le Piri-Piri est une racine extrêmement dure, qu’il faut faire sécher avant de la broyer, pour la réduire en poudre et permettre son extractionAjoutée à de l’eau chaude, cette poudre servait traditionnellement à préparer un bain dans lequel les jeunes gens en âge de se marier s’immergeaient. Ce rituel leur conférait une sublime odeur boisée, ambrée, épicée et cuirée, irrésistiblement envoûtante, d’où son joli nom de Piri-Piri Amour.« 

2. Une fresque retraçant les études sur la plante et ses composants chimiques
La plante a été découverte tôt par les « explorateurs », et les savants en ont décrit les effets depuis plus de 300 ans, comme en témoignent ces herbiers. »
D’abord, une fresque retraçant l’histoire de l’étude de l’ayahuasca. Elle a été découverte tôt, et les savants explorateurs en ont décrit les effets depuis plus de 300 ans, comme en témoignent ces herbiers.

A cette occasion, j’ai découvert une science dont j’ignorais l’existence : l’ethnobotanique…

3. Les expériences psychédéliques

« This is the most powerful drug I have ever experienced« . Ce sont les termes employés par William S. Burroughs, écrivain de la beat generation, pour décrire son expérience d’ingestion de l’ayahuasca.

« Elle peut induire des états modifiés de conscience avec une modification des ressentis corporels, émotionnels et/ou intellectuels et une altération du vécu spatio-temporel. Des vécus angoissants sont fréquemment décrits ; des prises de conscience peuvent survenir. Certains pensent cette expérience comme l’induction d’une régression (sur le plan personnel, groupal et même transpersonnel) qui permettrait des vécus d’introspection, des ouvertures sur l’inconscient ou encore des expériences spirituelles et mystiques.« 

Certains scientifiques insistent sur l’importance, voire la primauté des « cadres » (en anglais, « set / setting ») dans la prise de psychotropes. L’utilisation de ces deux termes par Thimothy Leary a abouti au modèle « substance-set-setting » de Zindberg (1983).

« Ces états dépendant :

  • des molécules psychoactives du produit ;
  • du cadre interne (le “set”) : c’est l’état physique, psychologique, émotionnel et spirituel de la personne ; les attentes, la motivation et l’intentionnalité du sujet en font partie, ainsi que la préparation ayant précédé ou non l’ingestion ;
  • du cadre externe (le “setting”) : c’est l’environnement au sens large comprenant les stimulations sensorielles du lieu de prise, le contexte culturel et la législation locale, le rituel mis en place, la présence d’un tiers de confiance, etc. Les états internes et les perceptions de l’expérience par les personnes observatrices en font également partie ».

Une petite pièce noire présente d’autres expériences psychédéliques, dont l’une à partir d’une lumière que l’on doit fixer en fermant les yeux… Il devrait me manquer l’un des « cadres », car cela n’a abouti à rien… Alors que d’autres créent des oeuvres comme celle-ci!

4. Pour pousuivre avec l’art…

Vous avez déjà vu une poterie. En voici une deuxième, que je souhaite partager avec vous.

L’ayahuasca est utilisée pour teindre les textiles, ou dessiner sur eux…

Une vidéo montre une artiste shipibo en train de faire macérer les écorces, et de préparer la « boue » qui servira à de liant.

La graphie se fait avec des sortes de petits poinçons plats, dont la largeur définit celle du trait. Et voici le résultat… Bluffant, non?

J’espère que vous avez été aussi intéressé-e que moi en découvrant les liens entre psychotropes, chamanisme et arts, grâce aux Shipibo-Konibo. Une photo de l’un d’entre eux avant de les quitter?

Quittons-les, et quittons le Musée, non sans un regard sur un totem gigantesque…

La nuit est tombée, et les jardins du Musée sont parés de cierges lumineux, qui ne portent pourtant pas ombrage à la Vieille Dame…

Philomèle à Saint Nectaire… et souvenirs d’enfance

L’église de Saint Nectaire est l’une de celles que j’admire le plus. D’abord, parce qu’elle est de mon style préféré, le roman. Ensuite, parce que la pierre volcanique lui donne une teinte sombre remarquable. Enfin, pour sa situation, sur ce promontoire dominant la vallée. Mais je pourrai désormais ajouter une quatrième raison : son acoustique exceptionnelle.

Comme je l’ai précédemment narré, je venais y écouter un concert de la chorale francilienne Philomèle (alias « Rossignol »), dans le second répertoire qu’ils et elles interprètent cette année. J’avais entendu le « mozartien » en juin à Saint-Jacques-du-Haut-Pas, dans le 5ème. Cette fois, un florilège de « musique orthodoxe, baroque et classique ».

Un petit tour à l’église en arrivant : les choristes sont bien là, en train de répéter.
Un petit verre au café voisin… Une bière locale, bien sûr!

Pleine de saveurs et de finesse, dégustée en admirant l’église.

Un amusant ballet commence alors. Les choristes sortent, en petites grappes, en habit de « touristes ». Musicien-ne-s ont leur instrument à la main. Elles et ils partent vers le haut. Par la suite, j’apprendrai qu’on leur a préparé un vestiaire dans le local de l’association s’occupant de la paroisse. Puis les revoici, dans l’autre sens, entièrement revêtu-e-s de noir. Certain-e-s ont déjà mis leur écharpe ou leur pochette (rouge, jaune ou orange). D’autres les tiennent en main. Quand tout le monde est passé, direction le porche, puis l’intérieur des lieux.

Commence enfin le concert. D’abord avec « le petit choeur ». Les autres se tiennent près de nous, dans les travées latérales. Le chef explique le programme, présente les compositeurs, resitue les oeuvres..

Il dirige avec passion chanteurs/euses et musiciennes (violon, violoncelle et orgue). Une soliste laisse coi le public, avec un Ave Maria très difficile à interpréter.

Le Soleil descend, et les rayons, pénétrant par le portail laissé ouvert, viennent taquiner les artistes placés au centre du dernier rang. On le voit éblouir le premier…

… puis venir taquiner mon ami José Dhers…

… avant de mettre en lumière son voisin, en train de se désaltérer…

A la fin, les choristes se déplacent, et viennent entourer le public. Ce dernier morceau restera inoubliable, je pense, pour les auditeur-e-s présent-e-s! Un instant d’émotion intense.
C’est hélas le moment de se séparer. Pour ma part, je vais revoir la Vierge en majesté dite « Notre-Dame-du-Mont-Cornadore » (le site des eaux réputées de la ville thermale).

Hélas maintenant elle est enfermée dans une vitrine qui cache une partie de sa beauté.


Quand j’étais enfant, voici comment je la voyais (source de la photo).

Inutile de vous dire combien j’étais déçue! Par contre, je suis toujours aussi effrayée par le buste de Saint Baudime, reliquaire en chêne recouvert de cuivre repoussé et doré.

Il est temps de quitter l’église pour aller dîner, car ici, on mange tôt. Encore plus ce soir, nous apprendront les serveurs/euses, car il y a une soirée à Murol, avec défilés et feu d’artifice, et le personnel veut y assister!

Pendant que je me régale d’une tartelette au Saint Nectaire et d’une part de tarte aux myrtilles (oui, je sais, pas très équilibré, ce repas!) avec un verre de Chanturgue, le couchant sublime l’architecture romane…

Puisque j’en suis à faire une sorte de « pélerinage » sur les lieux de mon enfance et adolescence, autant continuer… Direction « le dolmen », car je veux retrouver la prairie prêtée à mes parents pour y placer leur caravane, par le docteur Roux (neveu du collègue de Pasteur), pour que mon petit frère puisse faire tranquillement sa cure chaque année. Une calamité, vous l’imaginez, pour l’enfant, et encore plus l’adolescente que j’étais! Plus de copains ni copines. Je n’ai jamais autant lu, enfermée dans ma tente. Notamment, je me souviens, toute la série des « Jalna ». Renny Whiteoak m’avait séduite! Voiture garée, reste à explorer à pied. Sans avoir trouvé le dolmen, je reconnais la prairie, et revois en images la caravane et son auvent, et les deux petites canadiennes à sa gauche. Il faut dire que films et photos familiales ont aidé à visualiser les souvenirs! Une pensée émue pour le médecin, doux et gentil, qui aimait tant son petit malade, accompagné année après année. En recherchant son nom sur le net, je viens d’apprendre qu’il était également maire de la ville. Sa villa s’appelait… « Villa du Dolmen »… Nous étions donc bien dans sa propriété!

« La Villa du Dolmen appelé aussi la Villa du Dr Roux ». Mr Roux a été Maire de St Nectaire de 1945 à 1965 et il était aussi un médecin réputé. » (source)

J’ai aussi découvert qu’il avait publié un livre en 1978…

Une fois le terrain trouvé, il ne reste plus qu’à chercher le dolmen. Et il est bien là, juste à côté! Pour info, si cette période vous intéresse, il y a 6 mégalithes sur la commune de Saint-Nectaire : deux dolmens et quatre menhirs.

La nuit tombe, et l’église est désormais éclairée. Pardonnez la mauvaise qualité de l’image, mais je voulais terminer par ce spectacle, plus beau en réalité qu’en photo…

Mozart et ses amis

Ce titre n’est pas de moi : je l’ai trouvé sur le programme d’un concert qui avait lieu hier soir, et qui sera renouvelé le 13 juin. Une chorale – pardon, un « ensemble choral », car il y a également des musiciens – dont je vous ai déjà parlé, voici bien longtemps, et qui porte le nom d’un oiseau réputé pour ses chants : Philomèle, alias le Rossignol.

Le programme s’est réparti en fonction de la composition du choeur : d’abord « petit choeur », puis ensemble. Avec un intermède : un air interprété en solo par la soprano. Très belle voix, hélas un peu « timide » au regard de l’orchestre.

J’ai particulièrement apprécié certains morceaux, notamment en première partie, et ai découvert des compositeurs que je ne connaissais pas, ces fameux « amis » de Mozart. Permettez que je vous en dise un mot? En adoptant l’ordre proposé par l’affiche…

Eybler, d’abord. Pas seulement un ami : son élève. C’est l’un de ceux qui ont poursuivi la composition du Requiem après la mort de Wolfgang Amadeus, à la demande de son épouse Constance.

« Le 30 mai 1790 Mozart a écrit Eybler: « Je certifie par la présente que M. Joseph Eybler est un digne élève de Albrechtsberger, un grand compositeur, également préparé en musique de chambre et dans ce sacré, compétent dans l’art de la chanson ainsi qu’un joueur habile de l’orgue et le clavecin , bref, un jeune musicien dont, malheureusement, sont rarement égaux ». » (source)

Adlegasser, ensuite. Vous pourrez entendre notamment les Litanies sur le net ici. A l’inverse d’Eybler, il n’est pas plus jeune que Mozart, mais appartient à la génération intermédiaire entre celui-ci et son père Léopold. Ce qui explique peut-être que papa et fiston assistèrent de concert (bon, d’accord, très mauvais jeu de mots) à ses noces. Enfin, aux 3èmes, car ce séducteur aux compositions très variées s’est marié trois fois, avant de décéder à 48 ans, en 1777, alors qu’il jouait de l’orgue. Savez-vous qui prit sa place en tant qu’organiste à Salzbourg? Mozart, bien sûr!

Le dernier, Frantisek Ignac Antonin Tuma, est un Bohêmien. Un vrai. Né en Bohême en 1704. Mais décédé à Vienne. Je n’en avais jamais entendu parler. Une émission intéressante de France Musique a été consacrée à son Stabat Mater.

Vous êtes un peu perdus? Résumons-nous. Voici le quarté dans l’ordre, concernant les naissances.

L’ordre est le même pour les décès, mais l’un a vécu deux fois plus âgé que Mozart!

Vous comprenez peut-être pourquoi je me questionnais sur le terme « amis »? Quoi qu’il en soit, une belle harmonie entre les différentes pièces qui ont été interprétées. Hélas, je serais bien incapable de vous citer celles que j’ai préférées. Mais la Missa Solemnis, en do majeur KV 37, pour les puristes, est intéressante. Composée en 1780, elle a été jouée pour le couronnement du roi de Bohême, Léopold, l’année de la mort de Mozart, et en sa présence, selon le choix de son ennemi Salieri… « Intéressante », mais ce n’est pas ce que je préfère dans l’oeuvre de Mozart. Sans doute pour quoi j’ai préféré la première partie du concert. Mais l’ensemble était remarquable, y compris les musiciens. Pour celles et ceux qui seraient disponibles le 13 juin, ou qui visiteraient l’Auvergne en juillet, allez les écouter! Dans un édifice que je connais depuis mon enfance et qui est pour moi l’une des plus belles églises de France, le 14 juillet, notamment : à Saint Nectaire, ce doit être fantastique!

Une bulle musicale

Quoi de mieux pour clore les fêtes de Pâques que de vivre un concert « prenant »? C’est ce qui m’est arrivé hier, et je me suis félicitée d’avoir choisi de rentrer plus tôt du bord de mer pour assister à la représentation du Messie (alias Messiah) de Haendel dans une église que je vous ai déjà présentée, celle de l’Ile Saint Louis.

Vous avez peut-être remarqué, au-dessus de l’autel, le triangle rayonnant entourant le tétragramme et le pentagramme (entre parenthèses, ces deux mots sont troublants : le premier désigne 4 lettres, alors que le second indique 5 branches…) ?

Tétragramme et pentagramme : du trois au cinq…

Et j’ai été frappée par l’oecuménisme d’une autre manière : le public était très mixte, et la kippa bien présente. Vous remarquerez que l’illustration choisie pour le programme est tout aussi oecuménique!

Mais revenons à l’un des oratorios composé par Haendel, le Messie (1741). Au passage, la date est proche de celle de l’anniversaire de son décès, le 14 avril, qui était en cette année 1759 le jour du Samedi Saint.

Si vous voulez décrypter…

Un Monsieur, devant moi, fait littéralement « dégager » une vieille dame pour qu’elle laisse libre une place sur laquelle il fait s’asseoir… un enfant. J’en suis choquée. Et sa « prétention » est à l’image de sa goujaterie… Seule vision négative durant ces deux heures de Bonheur Partagé.

Un « personnage » – il ne s’est pas présenté, et ce qualificatif lui va si bien! – introduit le spectacle, précisant qu’il salue la présence d’un célèbre compositeur, Dominique Probst. Il le désigne. L’artiste se lève. C’est justement le « prétentieux » que je venais de remarquer! Dommage… En préparant ce texte, j’ai regardé sur le net, et trouvé sa biographie ici et . Il n’est autre que le fils de Gisèle Casadesus et de Lucien Pascal (Probst), directeur de la Comédie Française. Et neveu de Jean-Claude Casadesus. Son épouse est comédienne, l’une de ses filles, Barbara, aussi, et la seconde, Tatiana, chante aujourd’hui. Si j’ajoute qu’un film a été tourné sur sa biographie, il faut avouer qu’il y a de quoi prendre la grosse tête! En continuant mes lectures, j’ai compris que la dame « en retrait » près de lui n’est autre que l’actrice Catherine Chevallier. Et le petit garçon qui dormait sur ses genoux, leur petit-fils, dont la maman chantait ce jour.

La soprano Tatiana Probst est vraiment lumineuse, et sa voix, à la fois chaleureuse, intense et souple. J’ai vraiment adoré son interprétation et le rayonnement de sa personne. Vous pouvez la voir sur cette (mauvaise) photo, aux côtés de l’alto, ici souriante alors qu’au contraire de sa collègue, elle avait gardé un air triste tout au long du concert.

La soprano Tatiana Probst et l’alto Laeticia Gopfert

Mais, après ces digressions, revenons au début du concert, quand l’orchestre s’installe.

Un orchestre remarquable, en accord parfait tant en interne qu’avec les solistes et le choeur. Les choeurs, devrais-je dire, car il y avait deux chorales, avec un chef pour l’un et une cheffe pour l’autre. Une mention spéciale au « choeur » ainsi formé, qui a fait raisonner, avec intensité et émotion, l’oeuvre de Haendel. Quant aux solistes, j’ai préféré la soprano à l’alto, et le baryton basse au ténor. Celui-ci ne semblait pas au mieux de sa forme, alors que Jean-Louis Serre nous a fait vibrer à maintes reprises.

A gauche Pierre Vaelo, ténor, et à droite, Jean-Louis Serre, baryton

Ce furent presque deux heures de vibrations et d’émotions pour un public totalement sous le charme. En ont témoigné les applaudissements enthousiastes à destination des solistes, de l’orchestre, des chef-fe-s de choeur et du choeur lui-même.

Le « personnage » et la cheffe de choeur, Solène Labour

Les deux solistes et le chef d’orchestre Frédéric Loisel

J’ai fait une exception à une règle pour moi sacro-sainte : ne pas enregistrer durant le concert. Lors de la reprise de l’Hallelujah par le choeur, j’ai capté quelques moments de la fin, pour vous les partager. Vous pourrez voir et entendre cette « finale de final », et peut-être comprendrez-vous mieux mon plaisir, j’allais dire le Bonheur pur. Vous n’entendrez hélas pas les solistes, qui se trouvaient à ce moment sur les côtés, hors champ; mais Tatiana Probst chantait aussi…

Un fest-noz en Normandie

Je vous ai laissé-e-s hier à Belleville-sur-Mer, plus exactement à l’entrée de la salle de spectacle, Scène-en-Mer. Trois groupes étaient annoncés pour fêter la Saint Patrick. Pénétrons donc dans ces lieux de culture celtique en plein pays normand…


Le premier a suscité mon étonnement. Un groupe de grands gaillards que l’on pourrait imaginer tout droit sortis des Highlands. En tenue superbe d’Ecossais. Le nom du groupe? Celtik en Caux. Voilà qui fait moins écossais, n’est-ce pas? Effectivement, ils sont bien du Pays de Caux, en Normandie. Un groupe de passionnés qui a fait partager sa connaissance du pays du Chardon, en présentant un savoureux cocktail d’histoire de l’Ecosse et de ses héros, de films consacrés à ce pays et de musique du cru. Je ne résiste pas à l’envie de vous faire voir leur « blason », qui allie Normandie et Ecosse…

Les musiciens se répartissent ceux des héros, au gré de ressemblances plus ou moins fantaisistes, car l’humour ne leur fait pas défaut.

J’ai tenté de capter quelques extraits, pour que vous en ayez une idée, mais le résultat n’est pas formidable. En ce petit village, la soirée a compté presque 500 participants payant!

Changement de tonalité (dans tous les sens du terme) avec le deuxième groupe, Ormuz. Beaucoup plus chantant, beaucoup plus poétique aussi. Et beaucoup plus breton, même si la plupart des chansons étaient hélas interprétées en français. Le fil conducteur choisi par le groupe est une noce bretonne, archive INA des années 1900. Vous pouvez regarder la vidéo sur YouTube. A chaque épisode les artistes relient une chanson. Par exemple, cette interprétation d’une chanson religieuse, Santez Anna, qui venait d’être introduite par une scène comique et quelque peu satirique : un prêtre sur scène, dont il est dit qu’il ne monte pas en chaire à moins de 8 grammes (d’alcool dans le sang!) et qu’il a inventé le Godspel breton…

Pour entraîner dans les ridées et andro, un petit groupe de personnes en magnifiques costumes bretons était venu d’une association, Les Bretons du Havre (source des photos : le site de l’association).

Les coiffes de Lorient adaptées à l’âge des femmes : la plus âgée avait la plus ancienne, mais aussi la plus belle.

Le public s’est élancé sur la piste… de quoi constater que peu provenaient de Bretagne, à en juger par l’inexpérience et la difficulté à apprendre!

Le dernier groupe va reprendre le flambeau, côté danse.

Le premier groupe était local, le deuxième venait du Nord, ce dernier arrivait de Dijon… et, si le morceau écouté vous a paru assez calme, Lemonfly a fait une entrée fracassante avec du Métal, qui rompait avec ce qui avait précédé. Son répertoire est très varié, et le batteur a le sens de l’animation, c’est le moins qu’on puisse dire! On a même eu droit à un demi strip-tease… et au déploiement d’une grande banderole pour nous apprendre le breton. Qu’était-il écrit dessus? Nanananananananananeno!

Saint Patrick peut donc reposer en paix (il a été bien fêté!) mais pas trop, si ces musiques et chants, entonnés à la fin par tout le public, lui sont parvenus, en alliant le trèfle au chardon et aux coquelicots.