Exposition collective au Tréport

J’ai toujours une crainte quand on me parle d’exposition collective… Comme, d’ailleurs, je préfère une exposition autour d’un-e artiste à la visite d’un musée « traditionnel ». Mais parfois, cela « fonctionne ». C’est le cas pour celle de la Galerie Résonances, en cette fin d’année 2023.

Variété d’oeuvres, mais aussi variété d’arts et de techniques. Je ne présenterai pas dans cet article l’ensemble des artistes, et encore moins des commentaires critiques sur leur travail. Et préfère zoomer sur quelques-unes de celles-ci, qui ont particulièrement retenu mon attention.

Depuis que je l’ai vu travailler, je suis fascinée par le travail méticuleux qui aboutit aux oeuvres en linogravure… Une confidence : j’ai regretté de ne pas être plus douée de mes mains quand je n’ai pas pu participer aux ateliers que l’artiste a animés en ce même lieu, pour le plus grand plaisir des néophytes.

Témoignent de la patience et du talent nécessaires ces deux plaques de Jack Guerrier, aussi doué pour les beaux-arts que pour la littérature, comme en témoignent les poèmes dont l’écrin n’est autre qu’une linogravure, poèmes dont j’avais eu l’honneur, voici quelques temps de lire l’un d’entre eux. Pour cette exposition, il présente en quelques lignes ses oeuvres.

Hypothèse de la rédactrice : l’atelier imaginaire fait référence au « Café imaginaire », que vous pouvez découvrir dans ce blog.

J’ai sélectionné pour vous deux linogravures, dont l’une m’a littéralement séduite, tandis que la seconde m’a questionnée (positivement, bien sûr!)

Je ne parlerai pas de Jean-Claude Boudier, que je vous ai déjà présenté sur ce blog, ni de Micheline Bousquet, dont j’ai également déjà parlé, et qui nous a quitté-e-s trop tôt… Mais je m’arrêterai sur un tableau et une sculpture d’un autre artiste, que je n’apprécie pas humainement, à cause de sa morgue, de son sans-gêne et de son mépris des Autres (un exemple : lors du vernissage, il est arrivé largement en retard, et peu discrètement, n’a pas rejoint les autres artistes et, dans le public, s’est mis à parler à haute voix à certaines personnes, sans vergogne, pendant les prises de parole de ses collègues… puis est reparti directement, sans souci des personnes venues voir ses oeuvres). Je fais donc le choix ici de vous « montrer » ce qu’il fait, et que j’ai apprécié, mais ne citerai pas son nom. Les titres évoquent deux animaux : l’éléphant et… je vous laisse deviner celui de la sculpture.

Dans un coin de la galerie, une série de tondos tranche avec les parallélépipèdes…

Même si l’artiste, Philippe Colin, qui les a créés a fait le choix d’exposer aussi un petit carré discret – ou pas, car on ne peut s’empêcher de se questionner sur l’objectif de sa présence à cet endroit.

En quoi la forme géométrique du support contraint-elle ou au contraire libère-t-elle le peintre? Les oeuvres dénotent la dynamique de recherche de l’artiste. Qu’il s’agisse de mouvement, de couleurs, d’apports de matière « naturelle » comme les fleurs de bougainvillés ou d’orchidée que l’on voit sur certains tableaux ci-dessus. Ou d’exploitation de pigments naturels, comme l’indigo acheté sur les marchés de Conakry ou de N’Zérékoré.

Indigo qui a donné lieu voici peu à un autre atelier, toujours à la galerie, durant deux sessions où chacun et chacune a pu s’exercer à sa préparation et son utilisation.

Je terminerai par un petit mot à propos du vernissage lui-même, sous la houlette de celle que je qualifie de « tisseuse de liens », Sylvie Henrot. Elle a cette fois voulu placer l’art comme médium de paix, en cette période qui en a tant besoin et au moment où l’on vient de se remémorer l’une des grandes guerres qui a marqué notre histoire. « L’art apporte l’apaisement. Pourquoi s’en priver? Car…en vérité, je vous le (re)dis « qui veut la Paix, prépare la Paix« , a-t-elle déclaré en introduction. Chaque artiste (sauf les deux dont je vous ai parlé plus haut, l’une défunte et l’autre méprisant) ont pu prendre la parole, préparée pour certains, improvisée pour d’autres.

Sur la photo ci-dessus, durant l’exposé de Philippe Colin, on voit de dos, à droite, Didier Debril, qui accompagne la création artistique de ses ami-e-s par d’autres créations, notamment musicales, ou en saisissant leur univers et leurs gestes dans de superbes vidéos. Et l’amitié qui unit les un-e-s et les autres fait chaud au coeur en ces temps de marchandisation de l’art qui entraîne la concurrence entre les créateurs créatifs…

Oser écrire… à propos de tableaux…

Il y a de cela un grand nombre d’années, j’ai écrit à partir de tableaux. Et exposé, en même temps que le peintre. Oser exposer des poèmes en prose, c’est déjà énorme. Mais oser exposer des poèmes écrits à partir de ressentis, sur des oeuvres créées par d’autres, voilà qui me paraissait osé.

Or à ma grande surprise, ces minuscules productions pseudo-littéraires ont plu. Ont plu à l’artiste, ont plu au public. Et ont été données aux acheteurs/euses des tableaux.

Voici que m’a reprise cette envie, au moment où une série de tableaux, peints avec de l’indigo acheté sur les marchés guinéens, a été exposée. Envie de laisser surgir ce qui jaillissait en moi, de moi, lorsque je les regardais.

Ce sont ces six poèmes, écrits à propos de six tableaux de la série « Indigo », qui sont publiés sur ce blog pour la première fois.

L’artiste lui-même a été surpris de « l’interprétation » que je faisais de ses productions. Mais a accepté cette vision si personnelle et intime, donnant un nouveau « sens » à ce qu’il avait peint.

Je ne suis pas une écrivaine. Mais j’aime écrire ce que je ressens, produire à partir de mes émotions, et demande donc aux lecteurs/lectrices de l’indulgence pour la piètre qualité littéraire. C’est le vrai, le pur, l’authentique que j’ai recherchés, pas le travail du style comme l’aurait aimé notre vieux Boileau…