Une journée à Saint Honorat

J’ai déjà évoqué sur ce blog l’un de mes endroits préférés, les îles de Lérins. Ou, plus précisément, Saint Honorat, que je trouve plus sereine et reposante que sa soeur Sainte Marguerite (mais ne vous y trompez pas, je ne parle pas des saint-e-s : Marguerite est morte en 275 et n’aurait pu rencontrer Honorat, mort, lui, en 430!)

Ce fut la destination choisie hier, pour la première des Journées du Patrimoine.

Et je n’ai pas regretté!
D’abord, parce qu’il a fait un temps superbe toute la journée, qui a permis de profiter pleinement de « ma » petite crique, sise à l’extrêmité ouest de l’île, face à l’Estérel. Baignade et « bronzade », avec pique-nique ensoleillé. Que rêver de mieux en cette dernière journée de l’été officiel?

Ensuite, parce qu’elle m’a donné l’occasion de découvrir l’intérieur du monastère, au-delà de la « clôture ». Belle découverte, accompagnée par des guides tous et toutes plus charmant-e-s les un-e-s que les autres. Dont deux moines âgés, qui ont tout fait pour expliciter leur vie, sans aucun prosélytisme.

Je ne vais pas vous faire une conférence sur l’histoire de l’île, mais pointer deux trois informations qui m’ont amusée ou intéressée.

D’abord, le fait qu’à l’origine les moines y étaient « ermites », comme le fondateur du monastère, qui vivait dans une grotte du massif de l’Estérel.

« Saint Honorat est né à Trèves vers 380. Il vécut en ermite dans cette grotte, d’où il apercevait les îles de Lérins dans le lointain. C’est alors qu’il décida d’y fonder une abbaye, qui vit le jour vers l’an 400 dans l’île qui porte aujourd’hui son nom. » (source)

Il emmena avec lui un autre moine, Saint Caprais. Mais alors que l’un s’élevait par la suite dans la hiérarchie et devenait évêque d’Arles, où d’ailleurs une église des Alyscamps porte son nom. Saint Caprais, lui, a donné son nom à l’une des sept chapelles de l’île, dont l’une a disparu. Les Journées du Patrimoine permettaient de visiter deux d’entre elles : celle du Saint Sauveur et celle de la Trinité. Toutes deux ont une architecture remarquable, au sens propre du terme. La première est octogonale, et offre une acoustique remarquable. Le guide l’a prouvé en chantant a capella un Kyrie. La seconde, malgré sa petite taille, présente deux styles très différents.

Le choeur est des plus romans… Vous remarquerez le « décalage » de la porte. Elle a été prévue seulement lorsque l’ensemble, très asymétrique, a été construit, et il a donc fallu la situer ainsi pour qu’elle donne sur le centre de la nef centrale!

On peut encore voir les traces des échafaudages.

Le choeur, lui, est byzantin. D’après notre guide, ce serait la seule chapelle byzantine de France. En Italie également, il n’y en aurait qu’une, à Ravennes. Trilobé, donc, avec un dôme central.

La pierre de l’autel est étonnante, d’un seul tenant… inutile de vous faire deviner son poids! Dans la colonne support, une « cache » désormais vide. Elle aurait abrité des reliques, on ne sait de qui.

On ignore aussi pourquoi ce style byzantin. Le seule rapprochement possible, c’est que les moines chantent a capella. Mais ils ne sont pas les seuls!

Pour la petite histoire, une légende rapporte que Saint Patrick aurait séjourné sur l’île et reçu du père abbé un trèfle, dont le trilobe évoque la Sainte Trinité. Il aurait ainsi par la suite choisi cette plante pour symboliser l’Irlande….

« Patrick, ou Patrice – né en 385 dans l’actuel Pays de Galles – c’est le nom de celui que l’on célèbre les 17 mars, dressé de vert autour d’une chope de bière (avec modération). On raconte qu’il aurait séjourné sur l’une des îles de Lérins, vers les années 411, après avoir été « enlevé par des pirates et vendu comme un esclave » (source)

Il faut préciser qu’il y avait souvent des incursions sarrazines dans les environs. Ainsi, à la grande Tour de l’île, correspondait une similaire sur le continent, qui permettait de prévenir de l’arrivée des pirates…

Deux verres, deux univers

Il y aurait beaucoup à dire sur la belle traversée de l’hexagone, entre Bretagne et Provence, mais je « saute » directement à Nice, pour revenir « en temps réel », ce qui, me semble-t-il, rend plus « vivant » ce blog.

Le crépuscule arrive vite, par rapport à l’Ouest! Et avec lui, l’envie de boire un verre…
Première destination : mon pub irlandais préféré.

La terrasse est pleine, car visiblement la police municipale veille plus que jamais, et deux grandes tables ont été supprimées sur la rue Rossetti. Je me réfugie donc à l’intérieur, presque vide, lui.

Et me voici en train de siroter la Guiness, servie ici à la pression (3,70 euros), en écoutant la musique et en observant le ballet du patron qui ne cesse d’entrer / sortir pour le service.

Que fait le serveur, me direz-vous? Eh bien, il achète sa nourriture. A une dame venue avec un grand sachet, d’où elle a sorti deux boites en plastique. Dans l’une, des pizzas de forme rectangulaire. Elle m’en propose une : 3 euros l’entière, 1 euro 50 la demie. Dans l’autre, des gâteaux dont je n’ai pas bien entendu le nom. Qu’elle vend aussi. Bref, le système D. Et le serveur maintenant mange sa pizza, debout derrière le bar, tandis que la dame range soigneusement la nourriture dans les boites, les boites dans le sachet. Discussion en anglais. « To morrow? » demande la dame. Il fait signe que non (on ne parle pas la bouche pleine!). « After to-morrow? » Nouveau signe de dénégation. Il cesse de mâcher. « I don’t know« . La vendeuse ambulante fait « Ok » et repart chercher d’autres chalands. Je continue à boire en attendant l’amie qui doit me rejoindre et en observant les habitué-e-s en terrasse, puis descends aux toilettes. Une magnifique cave voûtée m’attend en bas, hélas encombrée de caisses et de gros tonneaux de bière. Quand je remonte, je salue un homme, isolé au fond du bar. Il ne m’entend pas : il travaille. Apparemment, un architecte ou un graphiste : il manipule un stylet sur une tablette…

Mon amie arrive, et nous partons vers d’autres cieux. Elle trouve l’ambiance trop calme. Chacun ses goûts!

Direction l’église du Gesu (alias Saint Jacques le Majeur), toute proche. Nous n’allons pas à la messe, mais au bar. Car oui, l’église recèle un bar, dont Christophe, mon ami artiste-serveur au restaurant éponyme m’avait parlé. Il faut traverser les lieux saints, se diriger vers la droite, s’engager dans un passage voûté, aller vers la sacristie, et l’on débouche sur une belle cour ornée de plantes, au mobilier bric-à-brac et à l’ambiance sereine, qui tranche fortement avec l’animation des rues du Vieux Nice un soir d’août. Suivez-moi dans le dédale qui conduit à cet endroit caché.

Au passage, nous nous attardons d’abord devant la maquette de l’église baroque, de style ligure.

Puis pour jouer aux « djeuns » et prendre un « selfie ».

Au bar, une personne au genre indéfini nous sert le verre de rosé demandé, et, gentiment, nous tend d’abord des cacahouètes, puis des chips. Elle nous explique que le bar a été créé par une association, Bethel, pour gagner de quoi restaurer l’édifice. Voici ce que, par la suite, j’ai trouvé sur le net, concernant cette asso.

 » Objet : a pour objet : accueil des visiteurs, espace de détente, de dialogue et d’échanges entre visiteurs et entre bénévoles

Activités :

  • AMICALES, GROUPEMENTS AFFINITAIRES, GROUPEMENTS D’ENTRAIDE »

Joli, le « groupes affinitaires », non? On évite le terme « communauté »!

Elle nous explique ensuite qu’une table est libre au fond. Nous lui préférons finalement une banquette, à l’abri des regards derrière de grandes plantes vertes.

Un lieu idéal pour bavarder tranquillement. Et observer les lieux. Un grand patio qui jouxte l’église.

De belles plantes qui lui donnent un petit air de jardin d’hiver. Du mobilier de récupération ou fait de palettes et bois de récupération.

Et une vierge de plâtre blanc, éclairée, dans un coin. La clientèle est mixte, aussi bien en âge qu’en genre apparent. Mais pas en origine. Que du blanc, et visiblement presque que de l’autochtone. Des couples. Des petits groupes d’amie-s. Une grande convivialité et de la sérénité. Ma copine craignait le prosélytisme. Il n’en est rien. Un bar alternatif comme beaucoup d’autres. Et être servi-e-s par un jeune homme à l’allure d’un participant des Marseillais ou de Koh Lanta, musclé et tatoué, sous le regard de la Vierge, avouez que cela a du piquant!

Un fest-noz en Normandie

Je vous ai laissé-e-s hier à Belleville-sur-Mer, plus exactement à l’entrée de la salle de spectacle, Scène-en-Mer. Trois groupes étaient annoncés pour fêter la Saint Patrick. Pénétrons donc dans ces lieux de culture celtique en plein pays normand…


Le premier a suscité mon étonnement. Un groupe de grands gaillards que l’on pourrait imaginer tout droit sortis des Highlands. En tenue superbe d’Ecossais. Le nom du groupe? Celtik en Caux. Voilà qui fait moins écossais, n’est-ce pas? Effectivement, ils sont bien du Pays de Caux, en Normandie. Un groupe de passionnés qui a fait partager sa connaissance du pays du Chardon, en présentant un savoureux cocktail d’histoire de l’Ecosse et de ses héros, de films consacrés à ce pays et de musique du cru. Je ne résiste pas à l’envie de vous faire voir leur « blason », qui allie Normandie et Ecosse…

Les musiciens se répartissent ceux des héros, au gré de ressemblances plus ou moins fantaisistes, car l’humour ne leur fait pas défaut.

J’ai tenté de capter quelques extraits, pour que vous en ayez une idée, mais le résultat n’est pas formidable. En ce petit village, la soirée a compté presque 500 participants payant!

Changement de tonalité (dans tous les sens du terme) avec le deuxième groupe, Ormuz. Beaucoup plus chantant, beaucoup plus poétique aussi. Et beaucoup plus breton, même si la plupart des chansons étaient hélas interprétées en français. Le fil conducteur choisi par le groupe est une noce bretonne, archive INA des années 1900. Vous pouvez regarder la vidéo sur YouTube. A chaque épisode les artistes relient une chanson. Par exemple, cette interprétation d’une chanson religieuse, Santez Anna, qui venait d’être introduite par une scène comique et quelque peu satirique : un prêtre sur scène, dont il est dit qu’il ne monte pas en chaire à moins de 8 grammes (d’alcool dans le sang!) et qu’il a inventé le Godspel breton…

Pour entraîner dans les ridées et andro, un petit groupe de personnes en magnifiques costumes bretons était venu d’une association, Les Bretons du Havre (source des photos : le site de l’association).

Les coiffes de Lorient adaptées à l’âge des femmes : la plus âgée avait la plus ancienne, mais aussi la plus belle.

Le public s’est élancé sur la piste… de quoi constater que peu provenaient de Bretagne, à en juger par l’inexpérience et la difficulté à apprendre!

Le dernier groupe va reprendre le flambeau, côté danse.

Le premier groupe était local, le deuxième venait du Nord, ce dernier arrivait de Dijon… et, si le morceau écouté vous a paru assez calme, Lemonfly a fait une entrée fracassante avec du Métal, qui rompait avec ce qui avait précédé. Son répertoire est très varié, et le batteur a le sens de l’animation, c’est le moins qu’on puisse dire! On a même eu droit à un demi strip-tease… et au déploiement d’une grande banderole pour nous apprendre le breton. Qu’était-il écrit dessus? Nanananananananananeno!

Saint Patrick peut donc reposer en paix (il a été bien fêté!) mais pas trop, si ces musiques et chants, entonnés à la fin par tout le public, lui sont parvenus, en alliant le trèfle au chardon et aux coquelicots.

Lord of the Dance

Celte de coeur, à défaut de l’être par mon origine (quoique…), j’aime l’Irlande et ses traditions, la musique celtique et les danses de ce pays. Alors, rien de plus naturel que d’avoir envie d’aller voir, pour une fois, un spectacle de musique « non classique ».
Qui plus est, jamais je ne suis allée à la Salle Pleyel. Une occasion en or, donc.

Un ascenseur hors du commun!

Moi qui n’aime pas le « clinquant », j’ai été servie! Paillettes à profusion, images peu esthétiques et aux couleurs violentes, costumes tout droit sortis pour la plupart des vestiaires de Walt Disney, et même poupées Barbie sur la scène, avec la Super Barbie aux cheveux faussement blonds, l’une des danseuses « étoile »… Sans compter des armées d’hommes aux airs de Prussiens mal dégrossis, et une fausse flûte faussement brisée… Je me suis même demandé à un moment donné s’il ne fallait pas y voir du second, voire du troisième degré!

Une bande son elle aussi assez violente, diffusée trop fort, avec une acoustique déplorable…

Mais alors, me direz-vous, vous n’avez pas aimé ce spectacle?

Eh bien si, je l’ai apprécié. De manière inégale selon les moments, mais je me suis laissée transporter par le rythme, la danse, l’atmosphère. Inégale selon les moments, disais-je.

Quelques exemples. La danseuse incarnant une sorte d’elfe au costume ajusté sur un corps parfait, semblant voler sur la scène parfois, et introduisant de l’humour dans des moments inattendus… La chanteuse interprétant avec tant d’émotion des chansons plutôt « romantiques » (mais je ne puis le jurer, je n’ai pas compris la moindre parole…). La danseuse incarnant si bien la Tentation, opposée à la Super Barbie censée représentée la Princesse de Coeur et évoluant sur scène avec tant de lascivité parfois, tant de perversité aussi…

Et bien sûr le Seigneur de la Danse, voire le Dieu… Nous dirions plutôt le Roi… celui qui a laissé tout le public pantois, en sautant, glissant, virevoltant, et en faisant moultes démonstrations de sa virtuosité en claquettes…

Bref, un spectacle qui nous ramène à l’enfance, et nous entraîne loin de la noirceur quotidienne, dans les vertes prairies d’Irlande comme dans une satire des Enfers de Dante. Et que la musique irlandaise est poignante comme dansante!

Il me reste un point à éclaircir : qui est ce « Lord of The Dance » que tend à remplacer celui que l’on voit sur scène? Une projection en préambule, puis en fin du spectacle montrait un danseur visiblement idôlatré, à juste titre semble-t-il, vu sa virtuosité. Qui est-il? Eh bien, j’ai trouvé, en recherchant des informations sur le ballet. Il s’agit de celui qui a interprété le rôle principal depuis sa création en 1996 jusqu’en 1998, date à laquelle il déclare renoncer à danser (il a alors 40 ans), Michaël Flatley. Ce sont donc d’anciennes versions du ballet qui sont projetées, jusqu’au final où on voit le même extrait sur scène et sur écran. Vous pouvez le voir sur cette vidéo ou celle-ci ou encore celle-là. Qui est son remplaçant? Pas trouvé son nom, mais vous pouvez le voir ici ou , en alternance avec la vedette qu’il a remplacée, et qui est le créateur de l’oeuvre.

Une Irlande colorée

J’eusse pu tout aussi bien intituler cet article « Une Irlandaise coloriste »! Car c’est d’une peintre qu’il s’agit, peintre que j’ai découverte récemment, en découvrant un de ses tableaux, tout à fait fortuitement.

Et j’ai aimé.

D’où ce petit article à son sujet, pour le cas où certain-e-s partageraient mes goûts picturaux.

Oh! rien à voir avec les Grands, ni les Grandes. Mais oser à ce point faire cohabiter des couleurs vives pour représenter son pays… Voilà qui m’a séduite.

D’abord, le tableau en question.

Vera Gaffney Art |Irish Artist |Limited edition print artwork

Et un autre, intitulé « Sligo Wave »

La mer est un de ses thèmes préférés, mais elle peint également des paysages irlandais, comme celui-ci, où elle reprend un autre de ses sujets favoris, les fleurs.

Vera Gaffney - Foxford Way | Quadros

Toute une série « lune » m’a quelque peu questionnée. En effet, j’aime beaucoup l’abstrait de ces tableaux, mais moins la taille de la « lune » dans chacun d’entre eux…

Vera Gaffney (20th/21st Century) 'Lun No Lae

A vous de me dire ce que vous en pensez?

Alors que j’avais déjà posté cet article, un lecteur attentif me fait remarquer qu’il manque… Le nom de l’artiste! Quelle étourdie fais-je! Le voici donc : Véra Gaffney. Son site est ici, et vous pourrez trouver d’autres tableaux sur des sites de galeries, comme celle-ci, située à Dublin..