Burlesque ou navet ? Débat autour d’un film…

En raison de la programmation qui, cette année, s’arrête le 24 août, c’était la dernière occasion d’assister à une séance de cinéma de plein air à la citadelle de Villefranche-sur-Mer. Cela fait des années que je vous parle de ma fascination pour ce cadre idyllique, entre mer et étoiles… Proposition d’une amie, acceptée, d’un film comique.

A la sortie, débat entre spectateurs/trices. Je ne ferai pas de statistiques, mais, dans le trio, deux avaient détesté, et un avait apprécié.
Apprécié quoi? Un côté burlesque. La satire de la SNCF. Des répliques hilarantes.

Détesté quoi? Le côté trop burlesque. Des situations attendues : groupe de personnes en situation de handicap, de jeunes de banlieue, de junkies…

Je ne vous raconterai pas l’histoire : je n’en ai vu que la moitié et ne sais pas si le train a percuté un obstacle, si la drogue est bien arrivée, ni si Artus et Elsa Zylberstein (qu’allait-elle faire dans cette galère?) sont « tombés en amour », comme disent nos cousins Québécois… J’ai en effet préféré d’abord rêvasser sous les étoiles, puis m’endormir.

Mais la conversation dans la voiture au retour était animée entre les deux protagonistes. L’une animée d’un violent sentiment de remords de nous avoir entraîné-e-s dans ce traquenard, l’autre, naguère fan des Monthy Python, défendant le film et disant qu’il avait apprécié certains passages.

A vous de voir si l’aventure vous tente…

Départ au Terminus

En ce lundi matin, il est temps de repartir travailler, et donc de quitter Bordeaux. Arrivée un peu tôt à la gare, je décide d’aller prendre un jus de fruits. Le quartier de la gare est en chantier, donc peu agréable, comme Paris ces dernières années… Plusieurs bars se font concurrence aux alentours, dont certains encore fermés, car il est bien tôt. Mon choix se porte sur celui qui me semble le plus ancien, de par son architecture : le Terminus. Un nom d’une banalité affligeante, certes. Mais tant pis. En outre, c’est celui où il y a le moins de monde. Quelques personnes en terrasse. Mais nul être humain autre que le serveur à l’intérieur. Cela me donne tout loisir de photographier.

Comme j’ai voulu connaître un peu mieux son histoire, j’ai effectué des recherches. Créé en 1923, il se dénommait jadis « Hôtel du Faisan », et voici une carte postale ancienne dénichée sur le net.

La dénomination « Terminus » est plus tardive, comme vous pouvez le constater. On la voit sur cette autre carte, nettement plus récente, à en juger par le parc automobile et les tramways.

A l’intérieur, des photos rappellent ce passé. Il vient juste d’être rénové, mais on a gardé certains éléments Art Déco qui évoquent sa splendeur d’autrefois. Je vous entraîne dans une petite visite?

L’heure du départ approche, il est maintenant temps de gagner la gare toute proche. Pourquoi s’appelle-t-elle Saint-Jean? Je n’ai pas trouvé… si vous le savez, merci de placer un commentaire!

Plus ancienne que l’hôtel, elle date de 1855, année où la Compagnie du Midi créa la Gare… du Midi. Pourquoi est-elle si loin du centre ville? Parce que sa construction, envisagée au centre, sur les quais, a donné lieu à une levée de boucliers des riverains, et a donc été décalée plus loin. Dommage, non? Comme si les gares d’Orsay, d’Austerlitz et de Lyon avaient dû être construites en banlieue… L’intérieur garde trace du passé, par sa superbe verrière et une carte dont je me suis demandé, sur le moment, pourquoi elle était tronquée et n’allait pas jusqu’à englober Paris. J’ai compris : la construction de la gare est liée à l’implantation de la ligne Bordeaux-Sète. A l’époque, on ne reliait pas tout à la capitale!

La carte met en évidence la volonté de relier Bordeaux à la Méditerranée, d’une part (à partir de 1852) et au Pays Basque, à Irun, d’autre part (1854). Vous voyez aussi sur cette carte les lignes maritimes au départ de ce qui fut un port renommé… mais c’est une autre histoire…

Chants corses à Saint Louis en l’Ile

En ce sinistre dimanche de septembre, où Paris respire tellement bien qu’elle est pratiquement vidée de tous ses passant-e-s, sous un ciel de plomb, entre deux averses et parcourue par une bise glacée, l’idée d’aller voir un concert a été partagée par un certain nombre de personnes, à en juger par la quantité de spectateurs/trices en l’église Saint Louis… J’étais de ce nombre, pour entendre l’ensemble Sarocchi que je ne connaissais que de nom.

Et je n’ai pas été déçue.

Une très grande variété, telle est l’expression qui me vient en tête en revivant ce concert.

Bien sûr, de la polyphonie. Chants sacrés, mais aussi chants profanes. J’ai particulièrement apprécié l’Ave Maris Stella pour les premiers… tout en appréciant l’Introït, le Kyrie Eleison, etc. Et j’en ai profité pour apprendre ce que sont les paghjelle. En voici une présentation sur un site qui répertorie 300 textes de paghjelle…

« La paghjella est une des formes du chant polyphonique traditionnel. C’est le chant de fête par excellence car on l’entonne durant toutes les manifestations festives (fêtes patronales, banquets, noces etc.) Ne pas confondre la paghjella avec d’autres formes de polyphonies qui s’en inspirent dans le style de chant comme les « Terzetti » ou « Terzine » (tercets hendécasyllabiques le plus souvent rédigés en toscan), les « madricali » (chants d’amour à métrique libre en toscan également) et surtout le chant religieux tiré de la liturgie romaine, la plupart du temps en latin parfois appelé « messa in paghjella » (messe en paghjella).
Il s’agit d’une poésie profane composée d’un sixtain d’octosyllabes, certains pensent qu’il s’agit plutôt de 3 vers de seize pieds. »

Mais aussi, des chants traditionnels ou plus « modernes »… Un sacré voyage dans les montagnes corses fleurant bon le thym sauvage… L’Alcudina du sud de la Corse, particulièrement… « L’enclume »… dont je connais surtout Bavella comme beaucoup de « continentaux »… ou les églises des villages, quand un prêtre dénonçait un vol d’instrument agraire en chantant… Ou encore dans les auberges, quand une aubergiste vilipendait l’arrivée du train qui menaçait son activité d’accueil des muletiers dont les chemins se croisaient à sa porte… Vous trouverez les paroles de A canzona di u trenu sur ce site, qui répertorie de nombreuses paroles de chansons traditionnelles. Le violon jadis présent dans le groupe a été remplacé par la contrebasse qui a eu bien du mal à essayer d’imiter le sifflet du train, pour la plus grande joie du public!

Une autre forme musicale typique : le lamento. Celui du berger, U lamentu di u pastore, interprété en solo par un jeune chanteur du groupe, Ghjuvan Petru Pieve. Ou encore celui du bandit d’honneur Ghjuan Camellu Nicolai, assassiné à 25 ans, dont j’ai trouvé une version datant de plus de cinquante ans ici.

« Je suis devenu bandit,

Un bandit à la fleur de l’âge,

Parce que le destin maudit

A frappé mon frère au village… »

Ecouter tout un concert de polyphonie est parfois un peu difficile… Mais permet d’en saisir toutes les facettes. La variété des pièces est un pari un peu risqué. Que j’ai trouvé pour ma part gagné. Car le public était conquis, comme je l’ai été. Les instruments aussi m’ont surprise.

La cetera était accompagnée d’instruments « classiques », mais aussi à un moment donné d’un instrument indien, shruti box…

Shruti box

Une autre originalité du groupe, dont les membres sont au nombre de 4, alors qu’habituellement une polyphonie corse concerne trois voix… (pour les membres du groupe, voir ici).

Démonstration du jeu de mora, en plein concert!

Et bravo au groupe, et à son fondateur qui a réussi ce pari, de faire rire avec le jeu de la mora, ou pleurer d’émotion à l’écoute de certains morceaux… jusqu’à l’hymne final, réunissant le public et les musiciens…