J’avais vu et revu les ballets de Forsythe en Avignon jadis, et il en est un annoncé à Paris à un moment où je m’y trouve… L’occasion est trop belle… Me voici donc à l’Opéra… saisie d’entrée de jeu, c’est le cas de le dire… par des pneus… ce n’est pourtant pas le Salon de l’Agriculture en ce moment!

Apparemment je ne suis pas la seule à trouver vraiment très décalées ces « oeuvres d’art », à savoir des pneus de tracteur recouverts de doré… Mais je ne suis pas critique d’art ni même experte… D’après mes recherches a posteriori sur le net, ils ont fait polémique ! Ils font partie des installations imaginées par l’artiste pour le 350ème anniversaire de l’Opéra Garnier.
Me séduisent davantage les somptueux vêtements portés par les artistes à diverses époques…

Après avoir visité l’étage, me voici installée pour le spectacle, avide de revoir un de mes chorégraphes préférés… Mais il n’est prévu que dans la seconde partie.
Le premier ballet présenté est un mixte condensé de théâtre nô et de légendes celtes… Etonnant, n’est-ce pas? Et déroutant, il faut l’avouer. Un peu long, parfois. Hésitant entre le statique et la danse, entre deux mondes, entre des mythologies et cultures si opposées que l’on a du mal à en apprécier la rencontre… Voici ce qu’en dit le site officiel.
« Invité pour la première fois à l’Opéra national de Paris, le chorégraphe Alessio Silvestrin revient sur sa rencontre avec Hiroshi Sugimoto et la naissance d’At the Hawk’s Well. Création pour les danseurs du Ballet de l’Opéra national de Paris, cette pièce s’inspire d’un texte du poète irlandais W.B. Yeats et du théâtre nô. Œuvre totale, réunissant également le compositeur Ryoji Ikeda et le couturier Rick Owens, elle sonde notre rapport au temps, à la mort et à l’identité. »

Bien sûr je n’ai pas pris de photos autres que celle de la fin, un peu floue comme vous pourrez le constater… Mais vous pourrez lire un article à ce sujet ici. En voir des extraits ici, ici et là, avec un entretien avec Alessio Silvestrin, le chorégraphe, qui parle de sa collaboration avec Hiroshi Sugimoto: « un grand exercice d’assemblage », comme il le qualifie lui-même. Et aller le voir, pour vous faire votre propre idée… Certains passages m’ont séduite, mais d’autres m’ont ennuyée… Manque de culture asiatique, peut-être? Mais aussi trop faible connaissance de la littérature irlandaise, en particulier de Yeats... et du poème concerné, dont je n’ai pas trouvé la traduction.
J’ai découvert de nombreuses versions de l’interprétation du texte de Yeats, à travers le monde et les époques. En voici une à Sao Paulo en 2015, une version de Nigeal Keay en 2012, et une traduction dans une langue asiatique que je n’ai pas identifiée (japonais?).
A l’entracte, visite des différents espaces de l’Opéra, une coupe à la main… des plafonds à faire tourner la tête…

… des rideaux comme on ne voudrait pas avoir chez soi… mais qui n’en sont pas moins somptueux…

… et des tableaux plus qu’évocateurs…

Un petit salut aux Maîtres dont les bustes sont disséminés dans les espaces…

… et il est grand temps de regagner l’orchestre, pour la suite du spectacle, tant attendue!
Pas de déception, si ce n’est la brièveté du ballet. Le grand Forsythe n’a pas changé, et magnifie toujours autant les corps de ses danseuses et surtout danseurs. Puissance et grâce unies pour le plus grand plaisir des spectateurs… et spectatrices dont je suis! Un pur moment de bonheur… ou plutôt des moments, en fonction des « tableaux »…
On peut voir sur le net un teaser sur la préparation du spectacle, et des extraits de Blake works ici et là.
Une soirée donc pleine d’intérêt, mettant en question l’interculturalité, et confortant mes goûts anciens, pour la chorégraphie et les danseurs de Forsythe…
Blake works est un ballet à voir absolument, comme tant d’oeuvres du chorégraphe!