Je n’appréciais pas spécialement les comédies de Feydeau, jusqu’à la semaine dernière. Un peu poussiéreuses, trouvais-je, et qui plus est souvent sur une thématique que je rejette profondément d’un point de vue idéologique, la « tromperie »… Et voici qu’une pièce, dont pourtant l’argument est fondé sur cette thématique, m’a réconciliée avec ce type de théâtre. Intriguée par les nombreuses critiques très positives découvertes sur le net, je suis en effet allée voir « Le Système Ribadier » aux Bouffes Parisiens.

Je ne puis m’empêcher de faire une brève digression sur ce théâtre qui combine en un espace restreint (trop restreint, me disaient mes jambes pendant la représentation, coincées entre les sièges du premier rang de la corbeille et la balustrade… à croire que les spectateurs de l’époque avaient des jambes plus petites que les miennes!)… qui combine, disais-je donc, tous les éléments architecturaux et décoratifs attendus d’un théâtre dans notre imaginaire, sans pour autant être surchargés de statuettes ou hauts reliefs dorés.




Le théâtre possède deux façades, qui lui donnent un air de pièce de monnaie.
Côté pile, une superbe façade en bois noir, située au sein du Passage Choiseul.
Côté face, une façade plus résolument « moderne », avec ses baies vitrées et ses enseignes lumineuses…
Si l’histoire du théâtre vous intéresse, vous la trouverez sur le site officiel, ou, pour ce qui concerne ses débuts, ce texte du XIXème siècle.



Mais revenons au présent… et donc à la pièce, sujet principal de cet article, n’est-ce pas?
Le décor surprend dès l’abord. Une espèce d’igloo stylisé. Au centre, une porte-fenêtre. A droite, rien d’autre apparemment que les « arches » en noir et blanc. A gauche, une caricature à la Daumier.

Très vite, on comprend que ce décor permet trois accès à la scène, car la porte-fenêtre s’ouvre… ou plutôt, non, pas comme une porte, mais comme une fenêtre dont les acteurs doivent enjamber le rebord. le code « cour » « jardin » est ainsi cassé, et ces trois accès permettent d’accélerer le rythme des entrées/sorties et de traduire en un ballet rapide celles des divers personnages, à certains moments de la pièce. Le mobilier est sobre, contrairement à d’autres décors qui retracent les intérieurs bourgeois de l’époque avec meubles, coussins, tentures et bibelots à confusion. Les spectateurs découvrent un ingénieux système autour d’une longue table centrale, très sobre, au centre de la scène. Mais je ne vous en dis pas davantage, pour le cas où vous iriez voir la pièce. Il faut ménager l’effet de surprise!

Les acteurs sont époustouflants de vitalité et de dynamisme, parvenant à garder un rythme très rapide (peut-être un peu trop à mon goût, parfois?) tout au long de cette pièce qui dure près de deux heures, sans entracte. Les répliques fusent, et Patrick Chesnay s’amuse visiblement à prendre à parti le public. Nouvelle parenthèse ici pour vous dire combien j’ai été séduite par le fait que, malgré la barrière lumineuse de la lampe, il parvient à capter tout le public, y compris les « pauvres » des derniers étages ou des côtés néfastes aux nuques…

Je ne vous en dis pas plus, vous laissant le loisir de découvrir cette mise en scène et interprétation de la pièce, qui, au-delà des poncifs du théâtre de boulevard, requestionne la place de la femme, car Angèle est intelligente, rusée et érudite – elle reconnaît un extrait de Musset, cite Antinoüs… et menace du divorce et surtout de se faire rendre sa dot!