J’ai reçu hier un courriel, sur ce que je nomme ma « boîte de dérivation », c’est-à-dire l’adresse que je réserve aux « commerces » en tout genre, d’un de mes amis, qui me demandait si je l’avais « blacklisté »…
Ce terme m’a interloquée, d’où le billet de ce matin… Interloquée, d’abord, parce que l’ami en question est un érudit, qu’il aime notre belle langue, et qu’il écrit lui-même de belles nouvelles pleines de poésie, en un français châtié. Pourquoi avoir utilisé ce mot à consonance anglophone, alors que nous avons un beau « inscrit sur la liste noire », certes un peu plus long, mais pas tant que cela (3 syllabes si les e restent muets, 2 si on remplace « inscrit » par « mis », plus courant).
Et l’idée même convoquée par son utilisation me choque. « Blacklister »… Jamais je ne fais cela, sauf dans des cas de force majeure, si je m’estime en danger. Il est si aisé d’expliquer à une personne qu’on ne souhaite pas, qu’on ne souhaite plus communiquer avec elle, et de lui en expliciter les raisons, non? Surtout quand cette personne est ouverte, vous respecte et se respecte!
Alors, pourquoi ce mot, me direz-vous? Je n’en sais rien. La seule hypothèse plausible, pour moi, sur l’instant, a été une forte émotion qui l’a poussé à enfreindre ses propres normes et à se laisser aller à un vocabulaire qui évoque la prohibition et le « milieu »… à moins qu’il ne s’agisse d’une provocation destinée à me faire réagir. Elle a réussi, puisque j’ai commis ce billet…