Il a suffi d’une recherche sur le net, destinée à trouver un endroit intéressant à visiter non loin de La Défense, pour que, ce jour-là, je me retrouve dans le pavillon de la Suède et de la Norvège de l’Exposition Universelle de 1878 – vous savez, celle qui a donné naissance au Trocadéro?
Si vous connaissez l’emplacement de celle-ci, vous allez vous dire que je perds la raison… La preuve dans le panorama de celle-ci…

On est loin de La Défense, n’est-ce pas? Alors, comment le pavillon de la Suède et de la Norvège a-t-il pu « glisser » du centre de Paris à Courbevoie?
Il faut revenir près de 10 ans en arrière pour le comprendre. Les berges courbevoisienne de la Seine, à cette époque, commençaient à attirer nobles et bourgeois. Il faut aussi se souvenir que c’est là que s’était amarré le bateau ramenant les cendres de Napoléon. Je ne vais pas vous retracer toute l’histoire, mais vous expliquer pourquoi on trouve dans ces lieux une maquette de La Belle Poule.

La Belle Poule ne pouvait remonter la Seine. Elle s’arrêta à Cherbourg. Et, le 18 décembre 1840, les cendres furent transbordés sur le vapeur Normandie. Elles auraient pu être transportées par voie terrienne, mais le gouvernement craignait trop les émeutes et a privilégié la voie fluviale…

(tableau exposé au Château de Versailles)
Et le relais continue…. Après un arrêt au Havre, c’est à Val-de-la-Haye, non loin de Rouen, qu’elles sont chargées le 9 décembre sur le bateau La Dorade, qui s’amarra au quai de Courbevoie le 14.

(tableau exposé à La Malmaison)

Cela explique que le Musée Roybet Fould consacre une pièce à cet évènement. On y trouve notamment une étonnante collection d’assiettes.


Est-ce cet évènement qui poussa à investir sur les terrains du coin? La proximité de Paris? La beauté des paysages? Toujours est-il qu’en cette année 1869 George Barbu Stirbai, né en 1828 à Bucarest, en Valachie (une des provinces constitutives de ce qui devint en 1861 la Roumanie), commença à acheter des terres le long de ces berges, et vint s’installer au Château de Bécon.

Comment ce Roumain est-il devenu ministre des Affaires Etrangères en France de 1866 à 1867, j’avoue ne pas l’avoir compris… Si vous avez des idées, je suis preneuse… Placez un commentaire!

Le Prince de Valachie – eh oui, il était prince! il en existe hors des contes de fée…- n’est pas resté seul dans ce domaine. Il épousa sa maîtresse, une femme étonnante, Valérie Wilhelmine Joséphine Simonin. Ne la cherchez pas sous ce nom, elle est plus connue sous trois autres noms : Mme G. Fould, Melle Valérie et… Gustave Haller.
Vous voulez des explications? Le premier est son nom d’épouse. Le second, son nom de scène, et le troisième, son nom d’artiste.
« Mlle Valérie », c’est son nom de théâtre. « Elle entre au Conservatoire de Paris en 1850, y suit le cours de déclamation de Samson et remporte le 1er prix de comédie en 1852. Elle débute alors au Théâtre de l’Odéon dans l’Honneur et l’Argent. En juillet 1853 jusqu’en 1858, elle est pensionnaire au Théâtre Français. »
La jeune Valérie a défié sa famille en épousant le fils d’Achille Marcus Fould, banquier et ministre, et est parti avec son époux, Gustave-Eugène Fould, homme politique et écrivain – homme de théâtre, pourrait-on dire, connu sous le nom de Jalin, vivre à Londres. Alors que, née d’un père chimiste, restaurateur de livres anciens, après avoir bénéficié d’une éducation très ouverte et d’une instruction étendue, elle s’était orientée d’abord vers le théâtre, elle en vint ensuite à la sculpture et devint l’élève de Carpeaux – une des raisons de la présence d’oeuvres du Valenciennois dans cet endroit.

Elle a exposé une sculpture au salon de 1857 et son oeuvre y fut remarquée. Mais elle s’adonnait aussi à la littérature sous le même pseudo. Elle relia écriture et beaux-arts en écrivant sur la peinture, dont elle devint une des pièces maîtresses quand fut enfin reconnue aux femmes le droit d’exposer et d’être primées.
« Avant-hier a eu lieu la première réunion du jury d’admission pour le Salon des artistes Femmes exposant au Palais de la Femme. Le jury est composé de Mmes Demont-Breton, Gustave Haller (sculpteur), Achille Fould, Coutan-Montorgueil, Léon Comerre, Huillard, Pégard et Vallet-Bisson. » (La Presse, 10 mai 1900)

Relisez la liste ci-dessus. Remarquez-vous quelque chose? « Achille Fould »… si vous m’avez bien lue jusqu’ici, cela doit vous rappeler des souvenirs… Qui est cette femme dénommée « Achille Fould », comme le beau-père de Valérie. Ce ne peut être lui, il est mort en 1867. Ni son fils, mort en 1884 après des années de paralysie. Non, c’était une de leurs descendantes… La fille de Valérie. Car, de son mariage avec Gustave-Eugène Fould étaient nées deux filles : Consuelo, en 1862, et Achille Valérie, en 1865. Toutes deux devinrent… peintres. Et eurent droit chacune, comme atelier, à… un pavillon de l’Exposition de 1878. On y revient! Car Le Prince, ami, amant, puis époux de leur mère les considéra comme ses propres filles. Chacune eut droit à un atelier sur les terrains proches du château de Becon…. on y revient.
Pour la cadette, le pavillon des Indes.


Pour l’aînée, le pavillon de la Suède et de la Norvège. Le seul que j’ai pu visiter.





Je reviendrai dans un prochain article sur ce que contient ce Musée si étonnant…
On comprends mieux tout ce mélange
Bravo pour la clarté du récit
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Merci de votre compréhension… Je n’étais pas sûre de moi en écrivant cela… Mais je voulais donner « un autre sens » à la visite de ce petit musée…
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