L’Opéra Comique, ça vous dit quelque chose ? Historiquement, ce fut un tournant dans l’histoire de la musique : l’époque où l’on relia la musique et le théâtre. Pas forcément pour du comique, soit dit en passant…
1714… le Roi accorde aux comédiens le droit de s’exprimer, ce qu’ils faisaient déjà en transgressant ainsi l’interdiction, par des pantomimes, des panonceaux et des chansons! Il faut dire que Louis XIV avait chassé les Italiens de la Comedia Dell’Arte 21 ans plus tôt… Il était temps! Ainsi naquit l’opéra comique, alors accueilli au Théâtre de la Foire Saint Germain.

Ne le cherchez plus du côté de Saint Germain, il a depuis déménagé dans le 2ème arrondissement de Paris, rue Favart.

Il a fière allure, n’est-ce pas? Vous devez croire que je suis allée voir un spectacle hier… Erreur… Je participais à un repas organisé rue Favart. Mais pas à l’Opéra, dans un restaurant situé juste en face et dont l’histoire est liée au monde du spectacle et au monde politique. Les Noces de Jeannette, c’est son nom. Vous connaissez peut-être cet opéra-comique qui a été représenté plus de 1400 fois (merci à mon voisin historien pour cette information… et toutes les autres, transmises au cours de ce repas et qui me permettent de fanfaronner aujourd’hui (Grâce lui soient rendue).

Si cela vous intéresse, vous pouvez voir et écouter sur le net des extraits ici ou encore ici, avec Mady Mesplé. Il paraît que c’est une jolie « soupe »… à croire, comme le disait l’intervenant hier soir, que les bourgeois parisiens appréciaient ce genre. Jugez-en vous-même par le résumé de l’histoire.
« Dans un village de la campagne française, Jean, un jeune paysan sans famille, resté célibataire, s’est amouraché d’une fille sage et charmante, Jeannette, qui l’aime aussi et a accepté de l’épouser. Mais une fois devant le maire et le notaire, le promis est pris d’une soudaine crainte du mariage et il fuit la cérémonie avant d’avoir dit oui.
Jeannette paraît : elle veut savoir pourquoi il a changé d’avis. Jean avoue que la peur du mariage en est la cause et comme elle paraît prendre les choses du bon côté, il part rejoindre ses amis au cabaret. Lorsqu’elle le voit embrasser d’autres filles du village, Jeannette jure de se venger de cet homme qu’elle aime pourtant toujours.
Jean passablement éméché, revient chercher son bouquet de marié, pour l’offrir à ces dames. Mais Jeannette reparaît : elle déclare vouloir une revanche et lui dit que son père arrive, armé de ses pistolets. Jean, terrorisé, signe le contrat de mariage qu’elle lui tend, mais elle déclare qu’elle ne le signera pas, voulant simplement montrer au village que c’est elle et non lui, qui a refusé. Elle le fait sortir, signe à son tour, confie le papier à son petit cousin et informe Jean… qu’ils sont mariés ; car elle l’aime toujours !
Jean, fou furieux, promet à Jeannette que sa vie avec lui sera un enfer. Il brise tous les meubles et monte à l’étage cuver son vin. Jeannette ramasse l’habit de noce tout déchiré du garçon, le recoud, et fait remplacer le mobilier cassé par les meubles de sa dot. Elle met un couvert sur la table et disparaît dans la cuisine préparer un repas. Lorsque Jean reparaît, il est stupéfait de voir les nouveaux meubles et d’entendre Jeannette chanter dans la pièce voisine. Attendri, séduit, il déclare ne pas vouloir manger seul le repas qu’elle lui a préparé. Et les deux époux tombent dans les bras l’un de l’autre.«
Il n’empêche que quelques airs ont traversé les époques, comme vous avez pu en juger si vous avez écouté ce qui était proposé ci-dessus.
Bref, après vous avoir fait voyagé en architecture, topologie parisienne, musique et chansons, il est temps de revenir à l’objet de cet article : le restaurant.
On sait qu’historiquement il y a eu un restaurant dans ce coin dès le XVIIIème siècle, mais ce n’est pas celui qui est maintenant visible. Au XIXème naquit le Poccardi, à l’emplacement de l’actuel restaurant.

Le pluriel s’explique par le fait qu’il y avait deux restaurants du même nom, comme on le voir sur la carte postale ci-dessous…

Extérieurement, peu de changements : l’architecture est quasi-identique, et on entre toujours par la rue d’Amboise… (excusez la mauvaise qualité de la photographie… après la soirée!)

A l’intérieur, tout semble figé dans le temps : nappes brodées, affiches des différents spectacles… et le plaisir de pouvoir profiter d’espaces réservés, en toute tranquillité…


Je ne vous parlerai pas de la carte, car nous étions en groupe. Un des intérêts de ce restaurant : la privatisation des salles est gratuite, si le groupe entre dans les normes quantitatives fixées! Et les menus, de l’apéritif au café, vin compris, sont à des prix très raisonnables…

