
J’avais hésité avant de réserver pour La Scala (de Paris, pas de Milan hélas) en ce mardi 26 janvier gris et terne. Mais curiosité oblige, j’ai finalement joint le théâtre pour ce faire, sachant que, jusqu’à présent, les surprises y étaient plutôt bonnes. Et il faut, me semble-t-il, encourager le « risque » en matière artistique.

L’étonnant rideau de scène
Si peu de spectateurs qu’on les a « surclassés », et que tout le monde s’est retrouvé en orchestre. Moi aussi, qui avait pourtant choisi le second balcon pour être au premier rang! Un petit conseil en passant – une fois n’est pas coutume!- Si un jour vous vous rendez dans ce théâtre, n’hésitez pas à prendre n’importe quel rang d’orchestre, le plan est tellement incliné qu’on voit bien de partout…

En scène, deux danseurs. J’hésitais à placer du féminin. Car l’un des deux a un aspect androgyne marqué. Par la suite, je la classerai plutôt côté « femme », malgré mon rejet intellectuel de la bi-catégorisation de sexe. Vêtus de tee-shirts et pantalons. Une scène plus que sobre : rien que le noir du plancher et du fond. Et une musique répétitive, qui peut parfois sembler lassante. La même répétitivité dans la chorégraphie, par moments. Mais une grâce, une souplesse, et un duo si assorti qu’on se laisse « prendre ». Aussi est-on tout surpris-e de sa brièveté. Je m’attendais à tout moment à voir surgir d’autres danseurs. Mais non. Le duo est et reste seul en scène pour la demi-heure (approximative) que dure le ballet.

Edouard Hue, danseur et chorégraphe, et Yourié Tzugawa
Ensuite, entracte. Nul-le ne s’y attendait, je pense, et personne n’a osé sortir. Pourquoi cet entracte? Pour installer un décor? Nous découvrirons que non, car la scène est tout aussi nue et noire lorsque le rideau se lève. Cette fois, dévoilant un ensemble de 9 danseurs et danseuses, dont les 2 qui nous ont déjà régalé de leur danse voluptueuse.
La seconde partie du spectacle m’a questionnée. Il faut avouer que je n’avais pas lu les commentaires ni les critiques en amont, et que je me suis questionnée sur la signification des tableaux à maintes reprises. Seul un texte en russe m’a éclairée vers la fin. Il y était question d’Ukraine, de chars et de vérité. Mais je n’avais absolument pas fait le lien avant, je dois bien l’avouer.
La succession de pièces extrêmement différentes ne m’a pas totalement séduite. Trop d’écart entre des morceaux très lents, voire sombres, et d’autres très enlevés, voire burlesques. Je n’ai pas non plus apprécié les costumes, il faut le dire. Un simple caleçon trop large. Un soutien-gorge de maillot de bain étriqué. Un tee-shirt de mauvais goût. Peut-être suis-je trop « classique »? Mais, pour moi, cela ne met pas en valeur le corps. Or, dans la danse, ce que j’apprécie, entre autres, c’est l’esthétique corporelle… Il faut dire que, de ce côté, il y a aussi des surprises, car certains membres de la troupe sont loin de correspondre à l’archétype du danseur / de la danseuse. C’est donc un parti-pris. Mais cela m’a gênée. Et surtout entraîné à focaliser sur certains – ou plutôt certaines, d’ailleurs – plus que sur d’autres. Sans compter que, pour moi, cela nuit à l’harmonie générale, à la synergie.

Beaver Dam Company
Je vous donne peut-être l’impression que je n’ai pas aimé ce spectacle? Ce n’est pas le cas. Je l’ai apprécié. Pour son côté novateur, justement. Pour la virtuosité et la grâce des interprètes. Pour certaines pièces à la chorégraphie remarquable. Il y eut donc de très bons moments, qui font oublier les autres…

La compagnie avec son chorégraphe, Edouard Hue. (remarquez à gauche les tas de vêtements, dépouilles d’une des dernières scènes)
Post-scriptum
Après avoir écrit ce qui précède, je suis allée rechercher la présentation du spectacle. C’est l’ascension de Donald Trump qui est représentée dans le second… Je ne l’avais pas deviné!
Si vous voulez avoir un aperçu, rendez-vous sur le site de La Scala. Pour une critique, c’est La Terrasse, ou encore ici.