Lorsque j’écrivais voici peu que la signification de « calli- » était « belle », je ne me suis pas apesantie, mais il y avait beaucoup à dire, en particulier pour qui aime la philosophie et l’art de la Grèce Antique. Car les Grecs anciens alliaient beauté physique et beauté morale – j’aurais plutôt tendance à utiliser l’adjectif « spirituelle ». J’ai retrouvé cette fusion dans les gestes des calligraphes que j’ai pu voir samedi dernier. L’un, en vidéo. L’autre, « en vrai ».
Le premier est Zhan Deqian. Une vidéo, malencontreusement projetée… au sol!… le montre créant l’une de ses oeuvres, avec une charmante assistante (l’une des femmes de sa vie? il semble avoir été un grand séducteur, marié au moins trois fois…).

Comme vous le voyez, les encres sont préparées en amont, ici. Ce n’est pas toujours le cas, comme je vous le montrerai plus tard.
La phase de préparation est une phase de méditation. L’artiste se concentre, la conception est de l’ordre du spirituel. Le premier geste est longuement réfléchi. Autant que l’occupation future de l’espace, que va marquer l’emplacement initial du pinceau.

Une des choses qui m’a le plus frappée, c’est l’importance de la tenue de celui-ci. A la fois dans la position du pinceau (plus ou moins verticale) et dans la pression (qui va donner la finesse du trait). La position de la main sur le pinceau joue aussi un rôle certain, faisant de celui-ci un véritable « instrument ». Cela nécessite une incroyable maîtrise de la main. Voici quelques exemples de ces positions, durant la création présentée dans cette vidéo.

Pour « étaler »

Pour un point ou un petit trait fin

Pour des traits moyens et plus longs (et, en appuyant, on densifie)

Pour écrire finement
Le principe est de ne pas revenir en arrière. Il faut donc être rapide, précis, et posséder une grande maîtrise, ce qui fut démontré dans la conception de cette oeuvre.

La pause du cachet, signature de l’artiste, est toute aussi méticuleuse. Admirez le beau geste… On ne voit même pas l’objet, tant il est couvert par les deux mains, l’une le maintenant pile à l’endroit où l’on souhaite l’apposer, bien vertical, et l’autre pressant pour qu’il soit net.

Et voilà, l’oeuvre est achevée. Accompagnée d’un texte que je ne puis hélas vous traduire, et qui n’était pas explicité…
