Une journée à Saint Honorat

J’ai déjà évoqué sur ce blog l’un de mes endroits préférés, les îles de Lérins. Ou, plus précisément, Saint Honorat, que je trouve plus sereine et reposante que sa soeur Sainte Marguerite (mais ne vous y trompez pas, je ne parle pas des saint-e-s : Marguerite est morte en 275 et n’aurait pu rencontrer Honorat, mort, lui, en 430!)

Ce fut la destination choisie hier, pour la première des Journées du Patrimoine.

Et je n’ai pas regretté!
D’abord, parce qu’il a fait un temps superbe toute la journée, qui a permis de profiter pleinement de « ma » petite crique, sise à l’extrêmité ouest de l’île, face à l’Estérel. Baignade et « bronzade », avec pique-nique ensoleillé. Que rêver de mieux en cette dernière journée de l’été officiel?

Ensuite, parce qu’elle m’a donné l’occasion de découvrir l’intérieur du monastère, au-delà de la « clôture ». Belle découverte, accompagnée par des guides tous et toutes plus charmant-e-s les un-e-s que les autres. Dont deux moines âgés, qui ont tout fait pour expliciter leur vie, sans aucun prosélytisme.

Je ne vais pas vous faire une conférence sur l’histoire de l’île, mais pointer deux trois informations qui m’ont amusée ou intéressée.

D’abord, le fait qu’à l’origine les moines y étaient « ermites », comme le fondateur du monastère, qui vivait dans une grotte du massif de l’Estérel.

« Saint Honorat est né à Trèves vers 380. Il vécut en ermite dans cette grotte, d’où il apercevait les îles de Lérins dans le lointain. C’est alors qu’il décida d’y fonder une abbaye, qui vit le jour vers l’an 400 dans l’île qui porte aujourd’hui son nom. » (source)

Il emmena avec lui un autre moine, Saint Caprais. Mais alors que l’un s’élevait par la suite dans la hiérarchie et devenait évêque d’Arles, où d’ailleurs une église des Alyscamps porte son nom. Saint Caprais, lui, a donné son nom à l’une des sept chapelles de l’île, dont l’une a disparu. Les Journées du Patrimoine permettaient de visiter deux d’entre elles : celle du Saint Sauveur et celle de la Trinité. Toutes deux ont une architecture remarquable, au sens propre du terme. La première est octogonale, et offre une acoustique remarquable. Le guide l’a prouvé en chantant a capella un Kyrie. La seconde, malgré sa petite taille, présente deux styles très différents.

Le choeur est des plus romans… Vous remarquerez le « décalage » de la porte. Elle a été prévue seulement lorsque l’ensemble, très asymétrique, a été construit, et il a donc fallu la situer ainsi pour qu’elle donne sur le centre de la nef centrale!

On peut encore voir les traces des échafaudages.

Le choeur, lui, est byzantin. D’après notre guide, ce serait la seule chapelle byzantine de France. En Italie également, il n’y en aurait qu’une, à Ravennes. Trilobé, donc, avec un dôme central.

La pierre de l’autel est étonnante, d’un seul tenant… inutile de vous faire deviner son poids! Dans la colonne support, une « cache » désormais vide. Elle aurait abrité des reliques, on ne sait de qui.

On ignore aussi pourquoi ce style byzantin. Le seule rapprochement possible, c’est que les moines chantent a capella. Mais ils ne sont pas les seuls!

Pour la petite histoire, une légende rapporte que Saint Patrick aurait séjourné sur l’île et reçu du père abbé un trèfle, dont le trilobe évoque la Sainte Trinité. Il aurait ainsi par la suite choisi cette plante pour symboliser l’Irlande….

« Patrick, ou Patrice – né en 385 dans l’actuel Pays de Galles – c’est le nom de celui que l’on célèbre les 17 mars, dressé de vert autour d’une chope de bière (avec modération). On raconte qu’il aurait séjourné sur l’une des îles de Lérins, vers les années 411, après avoir été « enlevé par des pirates et vendu comme un esclave » (source)

Il faut préciser qu’il y avait souvent des incursions sarrazines dans les environs. Ainsi, à la grande Tour de l’île, correspondait une similaire sur le continent, qui permettait de prévenir de l’arrivée des pirates…

Découverte de l’Opéra Royal de Versailles

Loin d’être une royaliste convaincue, je ne fréquente guère le Château de Versailles, si ce n’est pour ses magnifiques Jardins. Mais en ce soir de fin mars, l’annonce d’un ballet d’un chorégraphe que j’apprécie, Angelin Preljocaj, est bien alléchante. M’y voici donc, aux portes du Palais… ou plutôt de son Opéra, aussi royal que la Chapelle voisine, et que les statues qui me font une haie d’honneur dans la galerie qui n’est pas des Glaces…

Une foule plutôt BCBG attend patiemment… Le temps d’admirer une maquette (de quoi???)…

… et de boire une petite coupe (on ne peut prendre du « gros rouge qui tâche », en de tels lieux!)…

… et c’est l’heure. A ma grande surprise, l’Opéra n’est pas aussi vaste que je l’imaginais.

Vous avez vu? On ne peut pas oublier qu’il est « royal »! Même en regardant la scène! J’ai la chance d’être placée au premier rang d’une Corbeille, premier dans deux sens : de face comme de côté, ce qui m’offre une superbe vue sur le rideau…

Le spectacle comporte trois oeuvres : Annonciation, Torpeur et Noces. Dans l’ordre chronologique, il faudrait placer le dernier en premier, le premier en deuxième, et le deuxième en trois. Car ce sont deux créations anciennes, et une plus récente : respectivement 1989, 1995 et 2023. Et, curieusement, mon ordre de préférence va du plus récent au plus ancien. Je m’explique : j’ai beaucoup apprécié Torpeur. Magnifique danse d’une lenteur et d’une profondeur exceptionnelles. En second, Annonciation. Tout aussi puissante, d’une même tension entre pureté / sérénité et érotisme / volupté.

Aussi étais-je « sur un petit nuage » durant la première partie, et suis-je sortie de la salle, tout à fait subjuguée, ravie, le sourire aux lèvres.

Un petit sandwich et une tartelette aux pommes plus tard, me revoici prête à « m’envoler » à nouveau. Euh… J’allais oublié « et une nouvelle flûte enchantée…

Hélas! Le troisième ballet est heurtant, violent, dérangeant. Je comprends qu’un artiste ait besoin de subventions pour survivre, mais de là à produire sur de tels sujets, il y a une marge. Certes, les interprètes sont toujours aussi bon-ne-s. Certes, la technique y est. Certes, j’ai apprécié certaines figures… Mais je n’ai pas du tout validé le rapprochement des deux premières et de la dernière oeuvre; et j’en voulais (oui, c’est le terme idoine) à celui qui m’infligeait une telle déception. Est-ce le chorégraphe ou la personne qui a fait le choix du programme? Quoi qu’il en soit, mauvais choix pour moi que ce « triptyque« …

Il n’en reste pas moins qu’on ne peut rester insensible à la créativité de Preljocaj, au côté « osé » de ses oeuvres, et à la virtuosité des danseuses et danseurs… et que j’ai passé une excellente soirée dans cet Opéra, tout royal qu’il soit… Vous pourrez en voir des extraits ici (et ailleurs, il y en a beaucoup sur le net). Je ne résiste pas à l’envie de copier pour vous deux photos qui évoquent les passages que j’ai adorés, ballets 1 et 2.

Et, franchement, les ovations étaient bien méritées. Dommage que, pour les saluts finaux, les artistes soient dans la tenue du dernier ballet… je préférais celle du deuxième!

La chapelle du Rosaire à Vence

« Cette œuvre m’a demandé quatre ans d’un travail exclusif et assidu, et elle est le résultat de toute ma vie active. Je la considère malgré toutes ses imperfections comme mon chef-d’œuvre. »

Ainsi Henri Matisse parlait-il de la Chapelle du Rosaire, à qui il consacra effectivement les années 1947 à 1951 (trois ans avant son décès). J’ai déjà vu maintes fois ce monument, mais je le revois toujours avec plaisir, comme à chaque fois que je le fais découvrir à d’autres. Pourtant, je ne suis pas une « fan » de cet artiste, même s’il est né dans une ville proche de mon lieu de naissance, et même si j’admire son oeuvre. Mais ce lieu aux lignes et aux décors épurés appelle profondément à la spiritualité, quelle qu’elle soit.

Venez avec moi, entrez…

Avançons jusqu’à l’autel… Matisse a conçu chaque objet, depuis le crucifix qui orne cet autel jusqu’à la nappe sacerdotale, brodée de poissons (regardez bien, vous en verrez 3 sur le pan visible sur la deuxième photo ci-dessous).

Un livre est ouvert à la date du jour… le texte fait écho à l’actualité : « Va d’abord te réconcilier avec ton frère… Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire… »

La lumière filtrant à travers les vitraux de la façade sud se reflète dans les céramiques peintes de celle du nord, alors que le panneau du fond reste contrasté noir / blanc.

Si j’avais déjà vu la chapelle, je n’avais, par contre, jamais visité l’exposition qui relate sa conception. Elle est particulièrement intéressante, car présente des plans, des dessins, mais aussi des photos qui nous montrent les diverses phases de l’élaboration.

Hélène Adant (Hélène Mossoloff) a ainsi pris des clichés de l’artiste en pleine création. Pour information, cette photographe d’origine russe était la cousine de Lydia Delectorskaïa, qui fut le modèle et l’assistant de Matisse de 1926 à sa mort, sa dernière muse. Si vous voulez en savoir plus sur l’auteure des photos, voici quelques liens : ici et

On découvre qu’il y avait dans sa demeure une maquette de la chapelle, d’une taille lui permettant de créer in situ l’ensemble des vitraux et décors.

On le voit en train de concevoir le Christ qui orne l’autel.

On ressent une irrépressible émotion en lisant les extraits de missives manuscrites, comme celle-ci, qui questionne la préparation de la nappe ornée de poissons.

On le « voit » demander conseil aux religieux et religieuses qui lui apportent leurs lumières, comme ici pour les poissons, ou plus bas pour la conception du confessionnal.

Une photo le montre, peignant une esquisse en « grandeur réelle ».

Un projet revu à cause d’Aline

Cet avant-dernier dimanche d’octobre hésite entre le rose de noble cause et le noir/orange de cette fête hideuse importée d’un monde celtique revisité par le capitalisme. Que faire pour échapper à l’un (plages devenues terrains de sport) comme à l’autre (spectacles, animations, bals…)? La montagne y a peut-être échappé? Donc projet : direction arrière-pays niçois. Cela tombe bien : une « Fête des Châtaignes » est annoncée à Valdeblore. L’occasion d’apprécier l’ambiance d’un petit bourg montagnard, et d’acheter de quoi compléter la dinde qui sera bientôt sacrifiée sur l’autel des traditions familiales.

La route la plus courte, par la Vallée de la Vésubie, est impraticable, je le sais. De ce fait, il faut, d’après Mappy, plus d’1h30 pour atteindre l’objectif, en passant par la vallée du Var puis les Gorges du Cians. J’adore ces gorges, aux magnifiques teintes rouges. Cela motive les troupes pour un trajet que d’aucun-e-s trouvent un peu long, sachant qu’il est déjà 11h quand la décision est enfin prise! Mais haut les coeurs! La châtaigne attire, ainsi que l’idée d’un repas partagé avec les autochtones, et d’une belle randonnée sur les sommets environnants.

Je demande à mon copain Waze de m’indiquer le chemin vers Valdeblore. Refus successifs. Jamais vu un GPS se rebeller! Je mets « La Bolline ». Idem. Je recommence. Il finit par m’indiquer une route, de plus de 100 km et en trois heures. Je me dis que les sorcières d’Halloween ont déjà frappé! Et ne le crois pas. DIrection Digne, donc, par une voie Mathis qui se termine en piste dans un paysage d’après-guerre…

Le Var s’amuse à ressembler à un torrent grisâtre. La route est en travaux, mais pour cause de sécurisation des tunnels, ce n’est pas nouveau. Tout va bien et les premières clues sont passées dans la joie et la bonne humeur. Panneau de signalisation : Valberg et la Colmiane ne sont pas accessibles par la Vésubie. Nous le savons! Mais ce que nous ignorions et que nous apprend le panneau suivant, à l’entrée de la route du Cians, c’est qu’elle est aussi barrée! Il faut donc, effectivement, aller faire tout un tour pour accéder à ces coins.

Comme je l’enseigne à mes stagiaires, un projet doit pouvoir être réajusté. Pourquoi ne pas aller sur le plateau de Dina, que j’aime beaucoup, et revoir par la même occasion la jolie vallée de la Roudoule, voire revisiter son petit Musée si charmant? Et comme il est l’heure de déjeuner, un resto au passage. Il y a bien un micro-pique-nique qui nous vaut une horrible odeur de fromage dans le véhicule, mais il est destiné à être consommé en regardant le couchant…

A Puget-Théniers, un marché vient d’avoir lieu. En attestent la difficulté à accéder au parking, et l’odeur de vaches (ou autres bestiaux) qui envahit les lieux. La carte du seul restaurant ouvert ne tente pas. Trop ordinaire et trop cher. Mais en passant, nous avions vu, un kilomètre plus bas, un petit restaurant avec terrasse. Appel. Peu aimable, l’aubergiste demande où nous sommes. Quand je lui dis que nous pouvons être là rapidement, il accepte de nous recevoir. Il n’est pourtant que 13 heures… Un dimanche!

Nous sommes accueillis par un couple charmant. L’homme a retrouvé son sourire. La femme, elle, n’a pas perdu son accent « de pays de l’est ». Nous jouons à deviner son origine. Une table en terrasse, soleil hélas caché par de grands arbres. L’ardoise est alléchante, et vaut une belle hésitation. J’opte finalement pour une planche partagée en apéritif, puis un gratin de ravioles aux cèpes.

Comme vin? Je ne connais pas les deux vins de pays proposés, et en discute avec celle qui nous sert, pour finalement opter pour un Taradeau, qu’elle me dit préférer.

En attendant le repas, je vais profiter des nacelles de la terrasse voisine, en me balançant tranquillement au soleil…

Le repas est délicieux, le vin, très agréable, bien fruité et très tannique.

Nous apprenons que la dame est Polonaise, et que Basia est le diminutif de Barbara. Elle nous explique que, dans son pays, on utilise beaucoup de diminutifs pour les prénoms féminins. Quand nous lui demandons comment, de Pologne, on arrive à un bourg si éloigné de tout, elle nous répond que c’est une longue histoire, et nous n’en saurons pas davantage. Si ce n’est qu’elle est l’épouse de l’aubergiste, lui-même tenant ce restaurant depuis 25 ans, et qu’ils ferment pour partir au Mont Blanc en vacances avec leur fils… C’est donc le dernier repas qu’ils servent avant cette parenthèse. Le repas se termine par un Genepi fait maison. Et nous nous promettons de revenir à l’Auberge des Acacias

En discutant avec d’autres convives, nous apprenons que la vallée de la Roudoule est aussi fermée! Mon amie a envie d’aller aux champignons, on nous décourage (il n’y en aurait pas cette année) mais nous conseille d’aller à Collongues, en passant par le col de Saint Raphaël. Je suis déjà passée par ce col (et crois même me souvenir qu’un article de ce blog en parle), mais pas le village en question. Donc, changement de cap. Direction Collongues.

Au lieu de prendre une vallée vers le nord-est, nous prenons un col vers le sud-ouest. La vue est magnifique en montant, et le contraste entre ubac et adret, remarquable. Nous atteignons La Penne. Détour? Non, l’heure avance, et ici le soleil se couche tôt! Un petit arrêt près de la jolie chapelle du 11ème siècle (bon, d’accord, remaniée au 13ème), et nous admirons le village de loin, avant de reprendre la route.

A suivre…

Découverte d’une chapelle « moderne »

Un concert violon et orgue, voilà qui est suffisamment rare pour que cela donne envie d’y assister. Quand, de plus, il a lieu dans une chapelle de Paris dont vous n’avez jamais entendu parler… c’est encore plus alléchant!

L’Agneau de Dieu, qui a donné son nom à la Chapelle

C’est ainsi que j’ai pu découvrir un espace parisien nouveau pour moi – alors qu’il n’en est pas loin!- et que j’ai entendu de beaux, voire très beaux morceaux, interprétés par un violoniste aguerri, Dominique Hofer, et un très jeune organiste, Jules Troivaux.

En préparant cet article, j’ai cherché à en découvrir davantage sur eux, et ai ainsi appris que Jules était le neveu du violoniste, et le fils d’une pianiste, Frédérique Troivaux. Il a d’ailleurs commencé par le piano avant d’en venir au violon.

Le programme était varié, allant de Bach à Vivaldi et Charpentier, en passant par des compositeurs moins célèbres, comme Corelli et Vitali, et alliant concerti, sonates, partita, et même une chaconne. Vous ne savez pas ce que c’est? Rassurez-vous, je l’ignorais aussi avant de m’enquérir, a posteriori, du sens de ce mot. Si je vous dis qu’elle se rapproche de la passacaille, je suppose que cela ne vous aidera pas beaucoup?

« En Espagne au xvie siècle, danse populaire à trois temps très animée ; elle s’accompagne avec des castagnettes et revêt alors un certain caractère érotique. On la dit originaire du Mexique, mais il semble que ce soit au Portugal qu’apparaissent, dans le genre ostinato, le passo forçado et les danses dérivées : la folia, le vil ao et la chacota qui précèdent la chacona espagnole. À l’époque baroque, c’est une danse de cour à 3/4, à tempo lent, avec variations contrapuntiques sur un ostinato de quatre ou huit mesures, en une phrase complète mélodico-harmonique (anacrouse-apex-désinence). La basse contrainte dans la chaconne instrumentale apparaît en Italie avec Frescobaldi, B. Pasquini, F. Mannelli et T. Merula. On peut en rapprocher le ground des Anglais. Elle est composée pour elle-même ou s’intègre dans une suite ou une partita. Elle figure dans les ballets de Louis XIII, les opéras de Lully. Vocale (chez Monteverdi, Purcell) ou instrumentale (Couperin, Pachelbel, Élisabeth Jacquet de La Guerre, Muffat, Corelli), elle connaît une grande vogue. Sa structure permit aux génies de la variation de s’épanouir : de Buxtehude (chaconnes majestueuses pour orgue) à Krenek et Busoni, en passant par Bach (chaconne pour violon), Rameau (Dardanus), Beethoven (Variations en ut mineur), Brahms (IVe Symphonie). On la rapproche de la passacaille avec laquelle elle se confond parfois. » (Encyclopedia Universalis)

En l’occurrence, il s’agissait d’une chaconne, en sol mineur, de Tommaso Vitalli.

Un morceau m’a particulièrement émue : un adagio d’Alessandro Marcello, annoncé comme extrait d’un concerto pour hautbois. J’aurais aimé vous le faire entendre, mais je ne sais comment le retrouver. Si vous avez des idées?

Quant au lieu, il est surprenant et émouvant, lui aussi. Imaginez une place quasi-déserte, ouverte sur la nouvelle façade nord de la gare de Lyon, toute en baie vitrée, et fermée au nord par des immeubles « bétonnés ».

Dans l’un de ceux-ci, une chapelle, invisible de l’extérieur : aucun signe autre qu’une croix et le nom sur les murs. A l’intérieur, beaucoup de sobriété aussi, mais une ambiance très sereine, propice à l’écoute de la musique proposée.

Bref, une belle alliance pour échapper au brouhaha du Monde Profane.

De chapelle en dolmen… découvertes plus ou moins ratées…

Je voudrais revenir sur l’article d’hier, pour signaler une erreur. En me promenant le lendemain matin dans le centre d’Erquy, j’ai visité l’office du tourisme, où l’on m’a remis un plan de la ville et des environs.

Ce que je désignais dans mon précédent article comme une église est en réalité la Chapelle des Marins. Rien d’étonnant donc à ce qu’elle domine ainsi la ville et le port. Elle ne défie pas le phare (ou vice-versa), selon l’image que j’en avais, mais au contraire lui répond, en protection bienvieillante des héros de la Mer.

Impossible de pénétrer à l’intérieur… J’aurais aimé voir si elle est aussi belle dans sa simplicité que celle de Sainte Marine… Apparemment, elle abrite aussi des pièces évoquant les risques vécus par les marins du coin qui, peu avant sa construction (1867), remplacèrent la pêche en Terre-Neuve par celle d’Islande. Beaucoup de ces jeunes marins qui partaient au printemps ne revenaient pas à la fin de l’été. C’est à Paimpol que Loti a situé son roman, mais on pourrait imaginer les mêmes scènes à Erquy… Pour en connaître davantage sur la chapelle actuelle, qui en a remplacé une autre, détruite au moment de la Révolution, dédiée aux sept saints de Bretagne.

Quant à l’église elle-même, bien sûr, je ne l’ai pas oubliée et voulais la visiter. Hélas un corbillard arrêté devant indiquait clairement que ce n’était pas le bon moment… ce que confirma un charmant jeune croque-mort qui attendait là.

Mais après ce détour précisant l’erreur commise la veille, revenons au petit matin. Les chambres de ce petit hôtel ont été bien pensées, car leur baie vitrée offre une vue incomparable de 180 degrés sur la baie…

A gauche
… comme à droite

Aussi belle vue de la salle de restaurant, où le petit-déjeuner est aussi copieux que délicieux.

Après une petite sieste post-prandiale, départ pour une visite du bourg. Le petit centre ville est très animé, mais peu caractéristique de l’architecture bretonne, à quelques exceptions près…

Je cherchais en vain la halle annoncée… elle est réduite à une espèce de mini hangar, qui doit abriter le marché hors temps de fête. Décevant, donc, globalement, ce centre, mais orné d’étonnants décors….

Quand balais et pelles rivalisent avec le Street Art…
Les feuillages auraient pu s’aligner aux troncs et branches!
Vous avez dit « coquilles »?

Chose promise, chose due… je me dirige vers l’église. Séduite par une petite place située sur son flanc nord, je regrette que la terrasse soit fermée. Il doit faire bon s’y attarder au soleil!

Elle a succédé à un café peint par un natif de la ville, Léon Hamonet.

Si vous voulez en savoir plus sur ce peintre, né en 1877 à Erquy, je vous conseille le site qui lui est dédié. Son petit-fils a écrit une biographie émouvante, accessible en ligne.

Une ruelle m’attire. Elle permet de contourner l’église, et je m’y engage donc.

Une date qui me questionne…

Au passage, une date m’intrigue. J’avais l’impression que l’église était plus ancienne… Je continue à être surprise par les formes surprenantes des différentes parties de l’église, qui forment un ensemble assez hétérogène…

Comme dit plus haut, je n’ai pu visiter l’église. Ce n’est donc que plus tard que j’ai mieux compris cette impression. L’édifice a en effet été remanié à de multiples reprises.

Je regrette d’autant plus de n’avoir pu voir l’intérieur qu’il abrite un remarquable bénitier à cariatides du XIIème siècle.

Laissant l’église derrière moi, je repars vers le centre ville, délaissant des ruelles pourtant bien tentantes… décidément, il me faudra revenir!


Un dolmen est annoncé par le dépliant. Direction donc la campagne proche. Mais tours et détours n’y ont rien fait… Il n’est signalé nulle part dans le coin où je le recherchais, et je dus donc me résoudre à abandonner mon projet. Voici donc tout ce que j’ai pu en voir… une des photos du site de la ville

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Dolmen avec cairn, dit de La Ville Hamon

Une petite devinette : de quel type de pierres est-il fait? (facile!)… c’est pour en savoir plus à ce sujet que ma destination suivante fut le Cap d’Erquy. Mais ce sera un autre article…

Grignan – Episode 2

J’avais promis de poursuivre le récit de la découverte de Grignan… je tiens donc parole, et vous livre la narration de la promenade faite à l’aube de ce début d’août.

Pas de préméditation. Je n’avais rien lu au préalable. Je suis donc partie le nez au vent (sans vent mais avec un nez sentant les odeurs multiples de la Provence).

Une ferme où l’on vend des tomates à un euro le kilo… Des villas et chambres d’hôtes… Une gendarmerie au style architectural plus que douteux… et, au loin, j’aperçois une chapelle… Ce sera donc mon premier but. Le soleil commence à en caresser le faîte, et découvre un cimetière niché autour d’elle. Je longe donc la salle des fêtes (devinez comment elle s’appelle?) et me dirige vers celui-ci.

Celles et ceux qui me suivent depuis un moment savent combien j’aime errer dans les cimetières. On y apprend tant des « familles » de la zone… On essaie de deviner les vies… On découvre parfois les circonstances des morts… Les liens sociaux, faibles ou forts, y transparaissent. Et des traces d’affection et d’amour…

Ce cimetière n’échappe pas à la règle.

Mais une spécificité me frappe d’abord. Sans doute le terrain est-il trop dur, et les tombes ne sont pas toutes creusées. On trouve des coffres comme dans les régions montagnardes. Et certains sont littéralement surchargés de plaques…

J’essaie de comprendre la topologie et de repérer les quartiers les plus anciens. Mais presque tout le cimetière est ancien, et je suis surprise du très grand nombre de tombes menacées d’être reprises car les concessions sont arrivées à échéance.

Pourtant il y a bien des traces de vie plus récentes. Ici un motard, là une personne engagée dans une association de boules, là-bas une femme qui visiblement aimait les chats… Un homme mort jeune, dont la pierre offre aux regards un long poème.

Mais aussi de plus anciennes, et des traces des guerres et des maladies. Des successions de générations, aussi. Que sont devenu-e-s les descendant-e-s?

Il est temps maintenant de découvrir la chapelle, dont j’apprends qu’elle est dédiée à Saint Vincent.

A l’intérieur, un style très épuré, et de belles lumières. Des plaques expliquent qu’il s’agit d’une oeuvre artistique. Les vitraux étaient sans doute disparus. On a placé devant chaque verre blanc une plaque de couleur. Ici bleue, là verte, ailleurs jaune…

Quand je photographie une des plaques, je découvre avec surprise que la photographie ne correspond pas du tout à ce que l’oeil avait révélé. J’ai essayé de saisir cet étrange phénomène.

En 1, la photo telle qu’obtenue spontanément. En 2, la photo avec focus sur la plaque. Et en 3, la mauvaise photographie de l’ensemble, vu du choeur.

Le cimetière est vaste, et j’ai passé un long moment à m’y promener, entre fleurs de céramique (?) et fleurs en pot ou coussins.

Mais les plus belles sont sans conteste les fleurs naturelles qui reprennent possession des lieux…

Exposition à la Chapelle de Kerbader (Fouesnant les Glenan)

Reportage de notre correspondant en Bretagne…

Une exposition collective d’artistes est organisée comme chaque année par l’association Les amis de Kerbader, dans la chapelle éponyme. Anne-Marie Dalhen, la dynamique présidente, y réunit un grand nombre d’artistes, essentiellement bretons, voire du Finistère.

Chaque semaine l’exposition est entièrement renouvelée. Cet article ne reflète donc que les oeuvres présentées du 22 au 29 juillet 2019.

Impossible de faire un commentaire exhaustif sur les nombreux/euses artistes, c’est donc Suite à son exposition été 2018 en Ardèche, Abstr’Onirique, Philippe Colin présente une nouvelle série de ses dernières oeuvres, Ma Br’Onirique. Pour celles et ceux qui ignorent tout de la langue bretonne, « Ma Bro », c’est « Mon Pays ».

 » O Breizh, ma bro, me ‘gar ma bro ! », selon l’hymne national breton… autres versions ici, Tri Yann, version symphonique

Eclats de mer sur les rochers, soleils levant / couchant sur le Bout du Monde…

… ou encore vert frais des Marais, tels ceux de Mousterlin…

Autant d’évocations, d’interprétations… je précise qu’elles sont de moi, non du peintre lui-même, qui se refuse à toute traduction de ses oeuvres… (voir son site)

Parmi les autres, l’oeil est attiré par une série de tableaux composés à partir d’écorces d’arbres.

La peinture de Claudine Jacq est fraîche, variée, et d’une originalité certaine.

Bref, une exposition à voir absolument si vous avez la chance de passer par « Ma Bro » d’adoption…